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un projet, et que j'entende la voix, elle désapprouve et défend ce qu'il médite. Je vous citerai des témoins.

Vous connaissez le beau Charmide, fils de Glaucon il vint un jour me dire qu'il allait courir le stade aux jeux Néméens. A peine commençait-il de parler, que j'entendis la voix. J'essayai donc de le retenir : « Mon ami, lui dis-je, quand tu parlais, la voix du Génie s'est fait entendre; ne va pas aux jeux Néméens. Elle te dit peut-être, répondit-il, que je n'aurai pas la couronne; mais si je manque la couronne, je me serai toujours exercé, mon temps n'aura pas été perdu. » Il y alla demandez-lui ce qu'il lui revint de s'être exercé.

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Demandez encore à Clitomaque', frère de Timarque, le langage que lui tint son frère allant à la mort comme le Génie l'avait prévu, et ce qu'il avait déjà dit à Evathlus, le coureur, qui lui offrit un asyle dans sa fuite. Il vous rapportera ainsi les dernières paroles de Timarque: « O mon frère, je vais cependant à la mort, pour n'avoir pas voulu obéir à Socrate. » Voici d'où venait ce discours. Lorsque Timarque se leva de table avec Philémon, fils de Philémonide son seul complice, pour aller tuer Nicias, fils d'Héroscamandre il me dit au moment de partir: «Eh bien, Socrate, il faut pourtant que je vous quitte. Restez à table, vous autres; je reviendrai tout à l'heure, si je puis. » Alors j'entendis la voix. << Non, dis-je à Timarque, ne sortez pas, mon Gé

τὸ δαιμόνιον. Καὶ ὃς ἐπέσχε· καὶ διαλείπων χρόνον, αὖθις ὡρμᾶτο ἰέναι, καὶ ἔφη· Εἶμι δὴ, Σώκρατες. Αὖθις ἐγένετο ἡ φωνή· αὖθις οὖν αὐτὸν ἠνάγκασα ἐπισχεῖν. Τὸ τρίτον βουλόμενος με λαθεῖν, ἀνέστη, οὐκέτι εἰπών μοι οὐδὲν, ἀλλὰ λαθὼν ἐπιτηρήσας ἄλλοσε τὸν νοῦν ἔχοντα· καὶ οὕτως ᾤχετο ἀπιών, καὶ διεπράξατο ἐξ ὧν ᾔει ἀποθανούμενος. Ὅθεν δὴ τοῦτο εἶπε πρὸς τὸν ἀδελ φὸν, ὅ περ νῦν ὑμῖν ἐγώ, ὅτι ἴοι ἀποθανούμενος διὰ τὸ ἐμοὶ ἀπιστῆσαι.

Ἔτι τοίνυν περὶ τῶν ἐν Σικελίᾳ πολλῶν ἀκούσεσθον, ἃ ἐγὼ ἔλεγον περὶ τῆς διαφθορᾶς τοῦ στρατοπέδου. Καὶ τὰ μὲν παρεληλυθότα, τῶν εἰδότων ἐστὶν ἀκοῦσαι· πεῖραν δ ̓ ἔξεστι νυνὶ λαβεῖν τοῦ σημείου, εἰ ἄρα τὶ λέγει. Ἐπὶ γὰρ τῇ ἐπὶ στρατείαν ἐξορμῇ Σαννίωνος τοῦ καλοῦ, ἐγένετό μοι σημεῖον· οἴχεται δὲ νῦν μετὰ Θρασύλλου στρατευσόμενος εὐθὺ Ἐφέσου καὶ Ἰωνίας· ἐγὼ οὖν οἴομαι ἐκεῖνον ἢ ἀποθανεῖσθαι, ἢ ὁμοῦ τὶ τούτῳ ἐλᾶν, καὶ περί γε τῆς πραγματείας τῆς ἄλλης πάνυ φοβοῦμαι.

Ταῦτα δὴ πάντα εἴρηκά σοι, ὅτι ἡ δύναμις αὕτη τοῦ δαιμονίου τούτου καὶ εἰς τὰς ξυνουσίας τῶν μετ ̓ ἐμοῦ ξυνδιατριβόντων τὸ ἅπαν δύναται. Πολλοῖς μὲν γὰρ ἐναντιοῦται, καὶ οὐκ ἔστι τούτοις ὠφεληθῆναι μετ ̓ ἐμοῦ διατρίβουσιν, ὥστε οὐχ οἷόν τέ μοι τούτοις ξυνδιατρί βειν. Πολλοῖς δὲ ξυνεῖναι μὲν οὐ διακωλύει· ὠφελοῦνται δὲ οὐδὲν ξυνόντες. Οἷς δ ̓ ἂν ξυλλάβηται τῆς ξυνουσίας ἡ τοῦ δαιμονίου δύναμις, οὗτοί εἰσιν ὧν καὶ σὺ ᾔσθησαι· ταχὺ γὰρ παραχρῆμα ἐπιδιδόασι. Καὶ τούτων αὖ τῶν ἐπιδιδόντων, οἱ μὲν καὶ βέβαιον ἔχουσι καὶ παραμόνι

nie vient de m'avertir.» Il demeura; mais peu de temps après il se leva encore, et me dit : « Je m'en vais, Socrate. » J'entendis encore la voix, et je l'obligeai une seconde fois de rester. Enfin, voulant m'échapper, il se leva sans me rien dire, profita d'un moment où j'avais l'esprit ailleurs, sortit bien vîte, et alla mériter la mort. Vous voyez ce qui lui faisait dire à son frère qu'il mourait pour ne m'avoir pas obéi.

Vous apprendrez aussi de plus d'un Athénien, ce que je dis autrefois sur l'expédition de Sicile et sur nos désastres. Mais sans parler du passé dont vous avez tant de témoignages, aujourd'hui même on peut mettre à l'épreuve ces avertissemens divins: car, lorsque le beau Sannion est parti pour l'armée, j'ai entendu quelque chose; et comme il marche maintenant avec Thrasylle sur Éphèse et l'Ionie, je crois ou qu'il y mourra, ou qu'au moins un malheur le menace, et toute l'entreprise même me fait trembler.

Sache donc, ô Théagès, que pour ceux qui veulent s'attacher à moi, tout est soumis également aux ordres de cet Esprit céleste. Il en est qu'il repousse, et qui ne sauraient trouver aucun avantage dans ma société ; aussi ne puis-je vivre avec eux. D'autres, qu'il ne m'empêche pas de voir, n'en retirent pas plus de fruit. Mais ceux dont il protège l'amitié pour moi font réellement, comme tu le dis, des progrès rapides. Cependant il n'en est qu'un petit nombre chez qui la vertu soit puissante et durable; les autres profitent merveilleusement tant qu'ils sont près

μον τὴν ὠφέλειαν· πολλοὶ δὲ, ὅσον ἂν μετ ̓ ἐμοῦ χρόνου ὦσι, θαυμάσιον ἐπιδιδόασιν· ἐπειδὰν δέ μου ἀπόσχωνται, πάλιν οὐδὲν διαφέρουσιν ὁτουοῦν. Τοῦτό ποτε ἔπαθεν Ἀριστείδης ὁ Λυσιμάχου υἱὸς τοῦ Ἀριστείδου. Διατρίβων γὰρ μετ ̓ ἐμοῦ, πάμπολυ ἐπεδεδώκει ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ· ἔπειτα αὐτῷ στρατεία τὶς ἐγένετο, καὶ ᾤχετο ἐκπλέων. Ἥκων δὲ κατελάμβανε μετ ̓ ἐμοῦ διατρίβοντα Θουκυδί δην τὸν Μελησίου υἱὸν τοῦ Θουκυδίδου. Ὁ δὲ Θουκυδί δης τῇ προτεραίᾳ μοὶ δι ̓ ἀπεχθείας ἐν λόγοις τισὶν ἐγεγόνει. Ἰδών με οὖν ὁ Ἀριστείδης, ἐπειδὴ ἠσπάσατό τε · καὶ τἄλλα διελέχθη· Θουκυδίδην δέ, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἀκούω σεμνύνεσθαι ἄττα πρός σε, καὶ χαλεπαίνειν ὥς τι ὄντα. Ἔστι γὰρ, ἔφην ἐγώ, οὕτως. Τί δέ; οὐκ οἶδεν, ἔφη, πρίν σοι ξυγγένεσθαι, οἷον ἦν τὸ ἀνδράποδον; Οὐκ ἔοικέ γε, ἔφην ἐγὼ , νὴ τοὺς θεούς. Ἀλλὰ μὴν καὶ αὐτός γε, ἔφη, καταγελάστως ἔχω, ὦ Σώκρατες. Τί μάλιστα, ἔφην ἐγώ. Ὅτι, ἔφη, πρίν με ἐκπλεῖν, ὁτῳοῦν ἀνθρώ πων οἷός τ' ἦν διαλέγεσθαι, καὶ μηδενός χείρων φαί νεσθαι ἐν τοῖς λόγοις, ὥστε καὶ ἐδίωκον τὰς ξυνουσίας τῶν χαριεστάτων ἀνθρώπων· νυνὶ δὲ τοὐναντίον· φεύγω, ἄν τινα καὶ αἰσθάνωμαι πεπαιδευμένον· οὕτως αἰσχύνο μαι ἐπὶ τῇ ἐμαυτοῦ φαυλότητι. Πότερον δὲ, ἦν δ ̓ ἐγώ, ἐξαίφνης σὲ προὔλιπεν αὕτη ἡ δύναμις; ἢ κατὰ σμικρόν; Κατὰ σμικρὸν, ἦ δ ̓ ὅς. Ηνίκα δέ σοι παρεγένετο, ἦν δ ̓ ἐγώ ; πότερον μαθόντι παρ ̓ ἐμοῦ τί παρεγένετο, ἤ τιν ἄλλῳ τρόπῳ ; Εγώ σοι ἐρῶ, ἔφη, ὦ Σώκρατες, ἄπιστον μὲν, νὴ τοὺς θεοὺς, ἀληθὲς δέ. Ἐγὼ γὰρ ἔμαθον παρὰ σοῦ οὐδὲν πώποτε, ὡς αὐτὸς οἶσθα· ἐπεδίδουν δὲ, ὁπότε σοὶ ξυνείην, κἂν εἰ ἐν τῇ αὐτῇ μόνον οἰκίᾳ εἴην, μὴ ἐν

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de moi, et, dès qu'ils m'ont quitté, ils ressemblent au vulgaire des hommes. C'est ce que j'ai vu dans Aristide, fils de Lysimaque, et petit-fils d'Aristide le juste. A mes côtés, il se perfectionna beaucoup de temps; mais il fallut qu'il s'embarquàt pour quelque expédition. A son retour, il trouva au nombre de mes amis Thucydide, fils de Mélésias, et petitfils de Thucydide; la veille, dans une discussion, il s'était faché contre moi. Aristide vint me voir. Après les premiers embrassemens et les premiers discours « Socrate, me dit-il, j'apprends que Thucydide fait le fier et s'emporte avec vous, comme s'il était quelque chose. On vous a dit vrai, lui répondis-je. Quoi, s'écria-t-il, ne se souvient-il plus quel esclave il était avant de vous connaître? Je crois en vérité, dis-je alors, qu'il ne s'en souvient plus. Et moi, reprit Aristide, je ne suis guère moins ridicule que lui. - Que voulez vous dire ? C'est qu'avant mon départ, je pouvais m'entretenir avec tout le monde sans paraître inférieur à personne, et je recherchais même la conversation des meilleurs esprits; mais depuis mon retour, j'évite jusqu'à la rencontre des sages': tant j'ai honte de ma faiblesse ! -- Est-ce tout d'un coup que cette force intérieure vous a quitté ? — Non, c'est peu à peu. Mais quand vous était-elle venue? Est-ce pendant que vous vous instruisiez auprès de moi, ou par quelque autre moyen? - O Socrate, me répondit Aristide, je vais vous dire une chose admirable, mais vraie je ne me suis jamais instruit auprès de vous, et vous le savez bien; je profitais cependant, ne fût-ce qu'en habitant la même demeure, sans être toujours PENSÉES DE PLATON.

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