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ignorons, nous aimons mieux faire mal en ne croyant que nous. Evitez ces folies de l'amourpropre, suivez ceux qui valent mieux que vous, et suivez-les sans rougir.

D'autres préceptes moins généraux et souvent répétés, mais également salutaires, doivent revenir sans cesse dans votre mémoire et vos discours. A mesure que les flots s'écoulent, d'autres flots succèdent, et le souvenir est comme un réservoir où s'alimente la sagesse.

Je rappelle seulement qu'il faut craindre l'excès des ris et celui des larmes, et s'avertir l'un l'autre que

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sage renferme les transports de la joie et les déchiremens de la douleur, qu'il se montre partout le même, et dans les prospérités où le place son Génie tutélaire, et parmi les obstacles que d'autres Génies lui opposent sur la route pénible de sa destinée. Espérons toujours en Dieu : ce Dieu qui aime la vertu, s'il lui envoie des calamités, les rendra bientôt plus légères pour les remplacer par des faveurs; et les biens dont il la récompense, loin d'être passagers comme les maux, seront inséparables de son heureux avenir. Vivons au milieu de ces espérances doux charme de notre mémoire ; ne les oublions jamais, et que sans cesse rappelées par chacun de nous, elles embellissent nos travaux et nos plaisirs.

BONHEUR DE LA VERTU. Voilà donc les devoirs de l'homme, voilà comment il doit les remplir. Mais toutes ces maximes semblent moins humaines que

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πινα νῦν ἡμῖν οὐκ εἴρηται· δεῖ δέ· ἀνθρώποις γὰρ δια λεγόμεθα, ἀλλ ̓ οὐ θεοῖς.

Ἔστι δὴ φύσει ἀνθρώπειον μάλιστα, ἡδοναὶ καὶ λύπαι καὶ ἐπιθυμίαι· ἐξ ὧν ἀνάγκη τὸ θνητὸν πᾶν ζῶον ἀτεχνῶς οἷον ἐξηρτῆσθαί τε καὶ ἐκκρεμάμενον εἶναι σπουδαῖς ταῖς μεγίσταις. Δεῖ δὴ τὸν κάλλιστον βίον ἐπαινεῖν, μὴ μόνον ὅτι τῷ σχήματι κρατεῖ πρὸς εὐδο ξίαν, ἀλλὰ καὶ ὡς, ἄν τις ἐθέλῃ γεύεσθαι, καὶ μὴ νέος ὢν φυγὰς ἀπ ̓ αὐτοῦ γένηται, κρατεῖ καὶ τούτῳ ἃ πάντες ζητοῦμεν, τῷ χαίρειν πλείω, ἐλάττω δὲ λυπεῖσθαι παρὰ τὸν βίον ἅπαντα. Ὡς δὲ ἔσται τοῦτο σαφές, ἂν γεύνται τις ὀρθῶς, ἑτοίμως καὶ σφόδρα φανήσεται. Ἡ δὲ ὀρθότης τίς, τοῦτο ἤδη παρὰ τοῦ λόγου χρὴ λαμβάνοντα σκοπεῖν, εἴτε οὕτως ἡμῖν κατὰ φύσιν πέφυκεν, εἴτε ἄλλως παρὰ φύσιν.

Βίον δὲ χρὴ παρὰ βίον ἡδίω καὶ λυπηρότερον ὧδε σκοπεῖν· ἡδονὴν βουλόμεθα εἶναι ἡμῖν, λύπην δὲ οὔθ ̓ αἱρούμεθα, οὔτε βουλόμεθα· τὸ δὲ μηδέτερον ἀντὶ μὲν ἡδονῆς οὐ βουλόμεθα, λύπης δὲ ἀλλάττεσθαι βουλόμεθα. Λύπην δὲ ἐλάττω μετὰ μείζονος ἡδονῆς βουλόμεθα· ἡδο νὴν δὲ ἐλάττω μετὰ μείζονος λύπης οὐ βουλόμεθα. Ἴσα δ ̓ ἀντὶ ἴσων ἑκάτερα τούτων οὐχ, ὡς βουλόμεθα, ἔχοιμεν ἂν διασαφεῖν· ταῦτα δὲ πάντα ἐστὶ πλήθει, καὶ μεγέθει, καὶ σφοδρότησιν, ἰσότησί τε, καὶ ὅσα ἐναν τία ἐστὶ πᾶσι τοῖς τοιούτοις, πρὸς βούλησιν διαφέροντα τε καὶ μηδὲν διαφέροντα πρὸς αἵρεσιν ἑκάστων.

Οὕτω δὴ τούτων ἐξ ἀνάγκης διακεκοσμημένων, ἐν ᾧ

divines, et il faut parler pour la terre, le législateur ne s'adresse pas à des dieux.

Toute l'humanité n'est que plaisir, douleur, passion; ce sont là les puissans ressorts qui font mouvoir nécessairement chaque être mortel, c'est là le grand intérêt de la vie. Ainsi, pour louer la vertu, ne disons pas seulement qu'il est beau, qu'il est honorable de l'aimer; ajoutons que si vous l'aimez toujours, si vous ne l'abandonnez pas dès vos premiers ans comme un transfuge, il n'est rien qui puisse mieux vous donner ce que vous cherchez sur votre route, et faire naître la joie, écarter le chagrin. Cette vérité ne sera point douteuse pour quiconque en voudra faire l'épreuve de bonne foi. Mais quelle épreuve ? voyons si celle que je propose s'accorde avec la nature humaine, ou contredit ses lois.

Règles à suivre dans le parallèle de nos conditions plus ou moins heureuses : nous désirons le plaisir; nous sommes si loin de préférer la douleur, que nous ne la désirons jamais; l'état moyen n'est rien pour nous auprès du plaisir, mais vaut mieux que la douleur. Peu de peine et beaucoup de plaisir nous charme; peu de plaisir et beaucoup de peine nous tourmente. Mais ce qu'il est difficile de régler, c'est notre sentiment sur un état où l'un et l'autre se contrebalance: tout dépend du nombre des plaisirs ou des peines, de leur genre, de leur vivacité, du plus ou moins d'équilibre ; voilà ce qui fait notre choix et notre volonté.

Ces principes établis, supposez une condition où

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μὲν βίῳ ἔνεστι πολλὰ ἑκάτερα καὶ μεγάλα καὶ σφο δρὰ, ὑπερβάλλει δὲ τὰ τῶν ἡδονῶν, βουλόμεθα· ἐν ᾧ δὲ τὰ ἐναντία, οὐ βουλόμεθα. Καὶ αὖ ἐν ᾧ ὀλίγα ἑκάτερα καὶ σμικρὰ καὶ ἠρεμαῖα, ὑπερβάλλει δὲ τὰ λυ παρὰ, οὐ βουλόμεθα· ἐν ᾧ δὲ τἀναντία, βουλόμεθα. Ἐν ᾧ δ ̓ αὖ βίῳ ἰσοῤῥοπεῖ, καθάπερ ἐν τοῖς πρόσθεν, δεῖ διανοεῖσθαι τὸν ἰσύῤῥοπον βίον· ὡς, τῶν μὲν ὑπερβαλλόντων τῷ φίλῳ ἡμῖν, βουλόμεθα· τῶν δ ̓ αὖ τοῖς ἐχθροῖς, οὐ βουλόμεθα.

Πάντας δὴ δεῖ διανοεῖσθαι τοὺς βίους ἡμῶν, ὡς ἐν τούτοις ἐνδεδεμένοι πεφύκασι· καὶ δεῖ διανοεῖσθαι, ποίους φύσει βουλόμεθα. Εἰ δέ τι παρὰ ταῦτα ἄρα φαμὲν βού λεσθαι, διά τινα ἄγνοιαν καὶ ἀπειρίαν τῶν ὄντων βίων αὐτὰ λέγομεν. Τίνες δὴ καὶ πόσοι εἰσὶ βίοι, ὧν πέρι δεῖ προελόμενον, τὸ βουλητόν τε καὶ ἑκούσιον, ἀβούλητόν τε καὶ ἀκούσιον ἰδόντα, εἰς νόμον ἑαυτῷ ταξάμενον, τὸ φίλον ἅμα καὶ ἡδὺ καὶ ἄριστόν τε καὶ κάλλιστον ἑλόμενον, ζῆν, ὡς οἷόντ ̓ ἐστὶν ἄνθρωπον, μακαριώτατα;

Λέγωμεν δὴ σώφρονα βίον ἕνα εἶναι, καὶ φρόνιμον ἕνα, καὶ ἕνα τὸν ἀνδρεῖον, καὶ τὸν ὑγιεινὸν βίον ἕνα ταξώμεθα· καὶ τούτοις οὖσι τέτταρσιν ἐναντίους ἄλλους τέτταρας, ἄφρονα, δειλὸν, ἀκόλαστον, νοσώδη. Σώφρονα μὲν οὖν βίον ὁ γιγνώσκων θήσει πρᾷον ἐπὶ πάντα, καὶ ἠρεμαίας μὲν λύπας, κρεμαίας δὲ ἡδονὰς, μαλακὰς δὲ ἐπιθυμίας, καὶ ἔρωτας οὐκ ἐμμανεῖς παρεχόμενον· ἀκόλαστον δὲ, ὀξὺν ἐπὶ πάντα, καὶ σφοδρὰς μὲν λύπας, σφοδρὰς δὲ ἡδονὰς, ξυντόνους δὲ καὶ οἰστρώδεις ἐπιθυ μίας τε καὶ ἔρωτας ὡς οἷόν τ ̓ ἐμμανεστάτους παρεχόμε

les peines soient excessives et multipliées comme les jouissances, mais où celles-ci l'emportent, nous la désirerons; si les peines l'emportaient, nous n'en voudrions pas. Qu'un autre état s'offre à nous, où les

chances soient moins fortes et moins nombreuses, nous raisonnerons de même suivant le degré de peine ou de plaisir. Enfin, une situation où tout serait égal, comparée à une autre où les souffrances dominent, vaudrait encore mieux, comme nous l'avons dit, parce qu'il y a ici plus de douceurs, et là, plus d'amertumes.

Or, toutes les conditions humaines étant renfermées dans ce cercle, examinons de quel côté la nature dirige nos penchans. Si nous cherchions d'autres buts à nos vœux, nous agirions en aveugles qui s'égarent. Mais de tous ces genres de vie qu'on nous laisse, et dont le choix doit être réglé sur le bien et le mal, le désir et l'aversion, lesquels préférerons-nous si, fidèles à la loi de notre cœur, nous voulons accorder l'agréable et l'honnête, les plaisirs et les vertus, pour mériter tout le bonheur dont un mortel peut jouir?

Je réponds en mettant d'un côté la tempérance, la sagesse, le courage, la santé ; et de l'autre, l'intempérance, la folie, la lâcheté, la maladie. Pour peu que vous connaissiez la vie tempérante, vous conviendrez qu'elle est douce et paisible, modérée dans ses chagrins, modérée dans ses plaisirs ; plaisirs; elle ignore la tyrannie des passions et le délire de l'amour. L'intempérant, au contraire, est excessif en tout: affreux tourmens, joies extravagantes, désirs fougueux et insatiables, amours insensés, il ne lui man

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