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L'épitaphe suivante est plus moderne:

Aigle, qui viens couvrir cette urne de ton aile,
Où vas-tu diriger ton vol audacieux ?

Etranger, de Platon je suis l'âme immortelle ;

Son corps est dans la tombe, et moi, je vole aux cieux.

J'ai voulu aussi célébrer ce grand homme:

L'art de guérir le corps, don sacré d'Apollon,
Laissait notre âme en proie aux souffrances du vice;
Le père d'Esculape a fait naître Platon,

Il est pour l'âme un dieu propice.

Ou en rappelant sa mort:

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Le médecin du cœur, le guide de la vie,
Le rival d'Esculape est monté vers les cieux;
Et dans la cité sainte, œuvre de son génie,
Il assiste au banquet des dieux.

On nomme parmi ses disciples Speusippe d'Athènes, Xénocrate de Chalcédoine, Aristote de Stagire, Philippe d'Oponte, Hestiée de Périnthe, Dion de Syracuse, Amyclus d'Héraclée, Eraste et Corisque de Scepsis, Timolaüs de Cyzique, Evæon de Lampsaque, Python et Héraclide d'Ænia, Hippothale et Callippe d'Athènes, Démétrius d'Amphipolis, Héraclide de Pont, et beaucoup d'autres; sans oublier deux femmes, Lasthénie de Mantinée, et Axiothée de Phlionte, qui, au rapport de Dicéarque, s'habillait en homme pour fréquenter l'Académie. On met aussi Théophraste au rang de ses auditeurs; Chaméléon y joint les orateurs PENSÉES DE PLATON.

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Hypéride et Lycurgue; et Polémon, Démosthène. Enfin Sabinus, livre IV de ses Exercices, cite encore, non sans vraisemblance, Mnésistrate de Thasos......

Les ouvrages de Platon peuvent être rangés quatre par quatre, et ils forment alors neuf tétralogies, comme celles des auteurs tragiques. Chaque dialogue porte un double titre ; l'un est presque toujours le nom d'un interlocuteur, l'autre est pris du sujet.

I. Euthyphron, ou de la sainteté, du genre délibératif; l'Apologie de Socrate, Criton ou du devoir, Phédon ou de l'âme, dialogues moraux.

II. Cratyle, ou de la justesse des noms, logique; Théétète, ou de la science, délibératif; le Sophiste ou de l'être, et le Politique ou du gouvernement, logiques.

III. Parménide, ou des idées, logique; Philèbe ou de la volupté, le Banquet ou de l'amour Phèdre ou de la beauté, moraux.

IV. Alcibiade, ou de la nature de l'homme, dialogue par induction; le second Alcibiade, ou de la prière, du même genre; Hipparque ou de l'amour du gain, et les Rivaux ou de la philosophie, genre moral.

V. Théagès, ou de la sagesse, par induction ; Charmide, ou de la modération, délibératif; La

chès ou du courage, et Lysis, de l'amitié, même genre que Théagès.

VI. Euthydème, ou le disputeur, réfutation; Protagoras, ou les sophistes, satyrique; Gorgias, ou de la rhétorique, pour réfuter; Ménon, de la vertu, délibératif.

VII. Le premier Hippias ou du beau, le second Hippias ou du mensonge, tous deux réfutatifs ; Ion, ou de l'Iliade, délibératif ; Ménexène, ou le discours funèbre, moral.

VIII. Clitophon, ou l'exhortation, moral; les dix livres de la République, ou du juste, politique; Timée, ou de la nature, physique; Critias, ou l'Atlantique, moral.

IX. Minos, ou de la loi; les douze livres des Lois, ou de la législation; l'Epinomis, ou le philosophe, tous dialogues politiques; et les treize lettres morales, dont une est adressée à Aristodème, deux à Archytas, quatre à Denys, une à Hermias, Eraste et Corisque, une à Laodamas, une à Dion, une à Perdiccas, deux à la famille de Dion et à ses amis.

Voilà l'ordre que Thrasyle adopte, et que plusieurs ont suivi. Cette division a quelquefois vamais on s'accorde à regarder comme apocryphes les dialogues intitulés Midon, Eryxias, l'Alcyon, l'Acéphale ou Sisyphe, Axiochus, les

rié

;

Phéaciens, Démodocus, Chélidon, les Sept jours, Epimenide..

La Grèce a eu d'autres personnages nommés Platon un philosophe Rhodien, disciple de Panétius, suivant Séleucus le grammairien, premier livre de sa Philosophie; un disciple d'Aristote; un autre de Praxiphane; enfin, le poëte de l'ancienne Comédie.

HISTOIRE

ABRÉGÉE

DU PLATONISME.

CHAP. I. L'Orient, Pythagore, Platon.

Il est peu de sectes philosophiques dont il soit permis

L

d'écrire l'histoire comme celle d'un peuple. On demande, pour s'intéresser aux révolutions d'une seule doctrine qui porte le nom d'un seul homme, que cet homme ait exercé une longue puissance sur les esprits, et que cette puissance vive encore. Platon, Aristote, Zénon, dans l'antiquité profane, ont ainsi régné par la pensée; on les prendrait pour les fondateurs d'une religion, et jusqu'à présent la religion de Mahomet a vécu moins long-temps que le Platonisme. Mais il y a quelque chose de singulier da..s cette admirable école de Socrate : elle a fondé le Lycée, le Portique, et nous la voyons aujourd'hui renaître dans presque toute l'Europe savante, tandis que la raison des siècles a renversé la plupart des systèmes qui l'ont précédée ou suivie, que la fortune d'Aristote semble finie pour toujours, et que le stoïcisme n'a jamais eu que des momens de triomphe et d'éclat. Il faut que cette philosophie, qui encourage l'âme, et qui la nourrit d'amour et d'espérance, soit bien propre à notre nature. Les hommes, en y restant fidèles, s'en sont montrés dignes, et ils se sont fait honneur en croyant à ses promesses.

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