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païens, qui ont dit qu'il n'y a qu'un Dieu, ont été persécu– tés; les Juifs haïs, les Chrétiens encore plus. » Pascal.

Pag. 95. Le feu qui brille dans l'ombre, c'est notre soleil. « Si le soleil n'était pas, dit S.-Clément d'Alexandrie, malgré les autres astres, tout serait nuit; de même, si nous ne connaissions pas le Verbe, si nous ne vivions pas à sa lumière, nous ressemblerions à ces oiseaux qu'on engraisse dans les ténèbres, et qui sont nourris pour la mort. Allons vers la lumière pour aller vers Dieu; allons vers la lumière pour être les disciples de Dieu. » Admonit ad Gent., p. 70, B. "C'est l'âme qui s'élève à la source de l'intelligence.... « On ne voit la vérité que lorsque l'on voit les choses comme elles sont, et on ne les voit jamais comme elles sont, si on ne les voit dans celui qui les renferme d'une manière intelligible. » Malebranche, Rech. de la Vér., IV, 11; Eclaircissemens, t. IV, p. 234 et suiv., éd. de 1721. Toute idéc est Dieu, selon Proclus, in Tim., p. 357; et il entend la conscience, la vérité, le devoir.

Dieu le sait. « Nescio, Deus scit. » Paul., Corinth., II,

12, 2.

Dans l'empire des idées, l'idée du souverain bien.... Voilà le Dieu bon, ou bien suprême; l'intelligence, ou monde idéal; et ce roi, cette âme de notre monde visible, ce Génie de la lumière, appelé fils de Dieu, Républ., VI, 17 : c'est la trinité platonique. Le philosophe aime à couvrir ses pensées de voiles et d'emblèmes. Ainsi, dans le Timée, pag. 1047: << Trouver le créateur et le père de cet univers, est une chose difficile; et quand on l'a trouvé, il est impossible de le dire à tous. » De là encore ce langage enigmatique de la Lettre II, à Denys de Syracuse, p. 1269: « Dieu, monarque de la nature répandue autour de lui; origine et fin de toutes les belles choses; second pour les secondes, troisième pour les troisièmes. » C'est-à-dire, Dieu suprême, Dieu du monde intelligible, Dieu de notre monde. Comparez aussi la fin de la sixième Lettre. Le P. Hardouin (Platon expliqué, Opera varia) croit voir ici de l'athéisme : c'est le plus fou des auteurs a paradoxes. La doctrine des idées, sur laquelle on peut consulter Sénèque, Ep. 58, Plotin, Porphyre, Alcinous, Tamblique, Thémiste, Simplicius, est développée dans un dialogue très-difficile à comprendre, le Parménide, dont il ne faut commencer la sainte lecture, suivant Marsile Ficin,

qu'après s'y être préparé par la sobriété du cœur et la liberté de l'esprit. Fleury est de meilleure foi : « J'avoue que je n'ai pas tiré grande utilité du Parménide de Platon, ni de ses autres traités de métaphysique, soit qu'en effet ils ne soient pas fort utiles, soit que je ne les aie pas bien entendus, comme il est assez vraisemblable. » Disc. sur Platon. Cette modestie est d'un excellent exemple. Nous ne dirons rien du Parménide.

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Pag. 97. C'est la vérité, c'est l'intelligence elle – même, « La vérité est Dieu, dit Malebranche; nous voyons de ces vérités immuables et éternelles : donc nous voyons Dieu. Rech. de la Vérité, 2o part., III, 6. Et plus loin : « Demeurons donc dans ce sentiment, que Dieu est le monde intelligible, ou le lieu des esprits, de même que le monde matériel est le lieu des corps; que c'est de sa puissance qu'ils reçoivent toutes leurs modifications; que c'est dans sa sagesse qu'ils trouvent toutes leurs idées; et que c'est par son amour qu'ils sont agités de tous leurs mouvemens réglés. Et parce que sa puissance et son amour ne sont que lui, croyons avec St.-Paul, Act., XVII, 28, qu'il n'est pas loin de chacun de nous, et que c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être. Non longè est ab unoquoque nostrúm: in ipso enim vivimus, movemur et sumus. » Malebranche, c grand ennemi de l'autorité, semble avoir emprunté le monde intelligible, les idées, l'absolu de Platon. Mais il déclame contre Aristote.

Pag. 99. Cet emblème est-il juste? qu'il vous prémunisse encore.... Cicér., Tuscul. I, 24; de Senect., c. 21. C'est le sujet du Menon. Cicéron en adopte partout la doctrine. Locke, Condillac, d'Alembert, Elém. de Phil., VI, n'y out point été favorables; mais on peut leur opposer aussi Descartes, Leibnitz, Kant, toute l'école allemande. « On dit qu'un jour les Vénitiens montrant en grande pompe leur trésor de St.-Marc à un ambassadeur d'Espagne, celui-ci. pour tout compliment, ayant regardé sous les tables, leur dit: Qui non c'è la radice. Je ne vois jamais un précepteur étaler le savoir de son disciple, sans être tenté de lui en dire autant. » Emile, liv. II. L'âme de Fénelon devait trouver encore plus de charme à cette philosophie religieuse : « Plusieurs mystiques ont supposé que la contemplation pure était miraculeuse, parce qu'on y contemple une vérité qui n'a

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point passé par les sens et par l'imagination. Ils ont aussi reconnu un fonds de l'âme, qui opérait dans cette contem=plation, sans aucune opération distincte des puissances. Mais ces deux choses ne sont venues que de la philosophie de l'école, dont ces mystiques étaient prévenus. Tout ce grand =mystère s'évanouit, dès qu'on suppose avec S.-Augustin que nous avons sans miracle des idées intellectuelles qui n'ont point passé par les sens, et quand on suppose d'un autre côté que le fonds de l'âme n'est point réellement distingué ses puissances. » Maximes des Saints, XXIX, p. 200. Pag. 99 L'éternelle lumière de l'Etre créateur....« Erat lux illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. » Joann., Ev., I, 9. « Omne donum perfectum desursùm est, descendens à patre luminum. » Epist. Jacob., I, 17. Volt., Quest., art. Bien, plaisante à son ordinaire sur le souverain bien et sur Platon; cependant il devait le comprendre, lui qui avait fait dire au Dieu de vérité :

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de

vera, quæ

Mortel, ouvre les yeux, quand son'soleil t'éclaire.

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LES DIEUX.

PLATON veut combattre les athées; mais ici, sans révéler un seul Dieu, il s'arrête aux Génies, aux moteurs subalternes, aux causes secondes, aitíais úrnρetovσais. Il craint la cigüe de Socrate. Dans le Timée, à l'aide d'une opinion étrangère, de l'allégorie, et de concessions ironiques, il exprime ses vrais sentimens et renverse le polythéisme. Il n'en est pas moins admirable dans ces trois fragmens du livre des Lois, et ce qu'il dit des êtres secondaires prouve invinciblement l'unité de l'Etre souverain. Ne lui reprochons pas avec trop de hauteur (comme Velléius, de Nat. d., I, 12) ses ménagemens et sa prudence. Tous les Athéniens n'étaient pas initiés aux mystères. Que dis-je ? Anytus était initié.

Pag. 99. I. Comment se voir sans indignation.... <<< Ceuxlà sont impies envers les dieux, dit Platon, qui nient leur existence; ou qui l'accordent, mais soutiennent qu'ils ne se

:

mêlent point des choses d'ici-bas; ou enfin qui pensent qu'on les apaise aisément par des sacrifices trois opinions également pernicieuses. Platon dit là tout ce que la lumière naturelle a jamais dit de plus sensé en matière de religion. Espr. des Lois, XXV, 7. Comparez Salluste le philosophe, des Dieux et du Monde, c. 18.

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Pag. 101. Ces nobles cérémonies, ces chants des autels.... « Qu'on tue des animaux, qu'on brûle de l'encens, ou qu'on offre les fruits de la terre, qu'importe, pourvu que les hommes aient des signes par lesquels ils marquent leur amour pour Dieu? Tous les biens de la nature sont ses dons. On lui rend ce qu'on en a reçu, pour confesser qu'on le tient de lui. » Fénelon, Lettre sur le Culte, I, 6.

Pag. 103. Tu feras donc bien, si tu m'en crois........ « Dieu se présente partout au genre humain. Mais les uns, je parle des philosophes, se sont évanouis dans leurs pensées; tout s'est tourné pour eux en vanité. A force de raisonner subtilement, plusieurs d'entre eux ont perdu même une vérité qu'on trouve naturellement et simplement en soi, sans avoir besoin de philosophie. Les autres, enivrés par leurs passions, vivent toujours distraits. » Id., de l'Existence de Dieu, I, 5.

Persuader ton cœur et ta raison. Suivent les preuves métaphysiques, mieux développées par les modernes, Descartes, Malebranche, Fénelon, Cudworth, Sam. Clarcke, etc. Mais Pascal a dit : « C'est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Toute la seconde partie, sur la Providence divine, a été citée par Eusèbe, Prépar. Ev., c. dernier du livre douzième, et imitée par Cicéron, de Nat. d., II, 29, etc.

II. Mais les destinées publiques et particulières.... te conduisent à l'impiété.... Cic., de Nat. d., III, 32 sqq.; Plotin, Ennead., III, 1. 2, c. 5; Iamblique, de Myst., IV, 5; Sallust., c9; Proclus, de Decem dub. circa prov., 5, 6; Théodoret, Disc. VI; S.-Augustin, de Civit. Dei, X, 14; Sénèque, de Provid., etc. Les dix livres de Théodoret sur la Providence devraient surtout avoir éclairci cette question, qui est presque toute la philosophie. On trouve dans l'Emile, I. IV, la réfutation des mêmes doutes : « Le tableau de la nature ne m'offrait qu'harmonie et proportions; celui du genre humain ne m'offre que confusion, désordre! Le concert règne entre les élémens, et les hommes sont dans le

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chaos! Les animaux sont heureux, leur roi seul est misérable! O sagesse, où sont tes lois? ô Providence, est-ce ainsi que tu régis le monde? Etre bienfaisant, qu'est devenu ton pouvoir? je vois le mal sur la terre. Croiriez-vous que de ces tristes réflexions, et de ces contradictions apparentes, se formèrent dans mon esprit les sublimes idées de l'âme? » M. de Châteaubriand disait en 1797 : « O toi que je ne connais point, invisible architecte de cet univers, qui m'as donné un instinct pour te sentir et refusé une raison pour te comprendre, ne serais-tu qu'un être imaginaire, que le songe doré de l'infortune? Mon âme se dissoudra-t-elle avec le reste de ma poussière? Le tombeau est-il un abîme sans issue, ou le portique d'un autre monde? N'est-ce que par une cruelle pitié que la nature a placé dans le cœur de l'homme l'espérance d'une meilleure vie à côté des misères humaines? Pardonne à ma faiblesse, père des miséricordes : non, je ne doute point de ton existence, et soit que tu m'aies destiné une carrière immortelle, soit que je doive seulement passer et mourir, j'adore tes décrets en silence, et ton insecte confesse ta divinité. »

Pag. 105. Qu'ils dédaignent de veiller sur l'univers. Ce fut là, depuis, le système d'Epicure, adopté par Lucrèce dans son poëme, et par leurs disciples, de Nat. d., 1., 16 sqq.; III, 25, etc. L'argument d'Epicure est dans Lactance, de Ira Dei, c. 13. Les vrais philosophes parlent autrement. Voy. Fénelon, Maximes des Saints, XVIII, etc.

Et toi-même, faible mortel.... Ainsi l'école de Socrate avait entrevu cette solution toute spirituelle. Voy. Aristote, Ethic., II, 8; de Generat., II, 10; Metaphys., XIV, 10; Plotin, Ennead., IV, 4, 38; Iamblique, de Myst., IV 8, etc. « Lorsqu'une maison écrase un homme de bien, il arrive un plus grand mal que lorsqu'une bête en dévore une autre, ou qu'un corps est obligé de rejaillir par le choc de celui qu'il rencontre; mais Dieu ne multiplie pas ses volontés remédier aux désordres vrais ou apparens qui sont pour des suites nécessaires des lois naturelles. Dieu ne doit pas corriger ni changer ces lois, quoiqu'elles produisent quelquefois des monstres; il ne doit pas troubler l'uniformité de sa conduite et la simplicité de ses voies.... » Malebranche, Eclairciss. du VI lio.; Fénelon, Exist. de Dieu, I, 5. J.-J. PENSÉES DE PLATON.

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