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enverrait une de ses bottes pour commander. Cette botte aurait commandé comme un roi despotique. » Espr. des Lois, V, 14. Mais il faut chercher un commentaire dans ce chapitre entier.

Quelle est donc l'opinion de Platon en gouvernement? Celle de Pythagore et de ses disciples, d'Aristote, de Cicéron que le repos et le bonheur des sociétés civiles ne peut se trouver que dans un régime qui soit tout ensemble royal, aristocratique et populaire. Archytas, ap. Stob., XLI; Aristote, Polit., II, 11; IV, 9; Cicéron, fragm. Reip. II, ap. Non., IV, 292. Platon semble persuadé que c'est là le seul asyle des peuples: on le verra dans ses conseils politiques aux anciens sujets de Denys le tyran.

CONSEILS DE PLATON
AUX SYRACUSAINS.

APRÈS la chute de Denys le jeune et la mort de Dion, assassiné par Callippe, Platon, à qui ses trois voyages en Sicile avaient fait connaître le caractère de ces peuples, écrit aux parens de Dion et à tous les Siciliens. Il leur trace, au nom de son ami, le plan d'une constitution mixte, qui doit leur faire oublier la tyrannie. On venait d'apprendre à Athènes que Denys était aux portes de Syracuse. Justin, XXI, 3; Diodore, XVI, 36 et 68; Plutarque, Dion, Timoléon.

Pag. 319. Soyez heureux. Mais comment.... M. Bast, p. 179 de sa Lettre critique à M. Boissonade, comprend mal ce début; il ne voit pas que le texte de la première phrase se lie à cette formule épistolaire, Εὖ πράττειν.

Et ses crimes sont inexpiables.... Montesquieu, Espr. des Lois, XXIV, 13: Des crimes inexpiables.

Pag. 321. Qu'ils daignent m'inspirer.... Charondas, ap. Stob., Serm. XLII. « Le législateur ne pouvant employer ni la force ni le raisonnement, c'est une nécessité qu'il recoure à une autorité d'un autre ordre, qui puisse entraîner sans

CONSEILS DE PLATON AUX SYRACUSAINS.

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violence et persuader sans convaincre. Voilà ce qui força de tout temps les pères des nations de recourir à l'intervention du ciel et d'honorer les dieux de leur propre sagesse, afin que les peuples, soumis aux lois de l'Etat comme à celles de la nature, et reconnaissant le même pouvoir dans la formation de l'homme et dans celle de la cité, obéissent avec liberté et portassent docilement le joug de la félicité publique. Contr. soc., II, 7.

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Pag. 321. Hipparinus, sage vieillard.... Père de Dion et d'Aristomaque, femme du premier Denys.

Pag. 323. Aux barbares de Carthage ou d'Italie. Dans le texte: au pouvoir des Phéniciens ou des Opiques. Suivant Aristote, Polit., VII, 10, les Opiques, nommés jadis Ausoniens, habitaient le long de la mer Tyrrhénienne. Denys d'Halicarnasse, Antiq. Rom., I, p. 18, rapporte que les Sicaniens avaient été déjà chassés par les Enotriens et les Opiques, ou suivant Thucydide, VI, 2, par les Sicules, que ceux-ci forcèrent de quitter l'Italie. Les Opiques furent admis ensuite aux droits de cité Romaine, et les Romains donnaient quelquefois ce nom à leurs grossiers ancêtres. Caton, dans sa lettre contre les Grecs à Marcus son fils, Plin., XXIX, 1: « Nos quoque dictitant barbaros, et spurciùs nos, quàm alios Opicos, appellatione foedant. » Juvén., Sat., VI, 454; A. Gell., II, 21; XI, 16; XIII, 9. Festus, v. Oscum, nous apprend que les Osques étaient le même peuple.

Le sage, le vertueux Lycurgue.... « Les lois de Crète étaient l'original de celles de Lacédémone; et celles de Platon en étaient la correction. » Espr. des Lois, IV, 6. Aristote, pour cette raison peut-être, fait la satire de Lacédémone, Polit., II, 9; mais il explique la durée de cette constitution, V, 11. Ces lois, dit Xénophon, Rép. de Sparte, c. 10, sont sans doute d'une antiquité très-reculée, puisque Lycurgue était contemporain des enfans d'Hercule. Mais, malgré cette antiquité, elles ont encore à présent même un air de nouveauté aux yeux des autres nations; et, ce qui est bien étrange, tandis que tout le monde s'accorde à louer une aussi sublime législation, aucun peuple n'a le courage de l'adopter. » Trad. de M. Gail, t. I, p. 47. V. Constit. et gouv. de Sparte, hist. gr. de Mitford; Observ. sur les Grecs, de Mably.

Pag 325. Où toute la puissance est dans la loi.... Hérodote, VII, 104, disc. de Démarate à Xerxès; Rollin, Trait.

des Et., liv. V, 3° part., II, 1. Montesquieu commence ses notes sur l'Espr. des Lois, par ces mots que Plutarque cite de Pindare: « La loi est la reine de tous, mortels et immortels. >>

Pag. 327. Car la soumission ou la liberté excessives font le malheur des hommes. « Imperaturus es hominibus, qui nec totam servitutem pati possunt, nec totam libertatem. » Tacite, Hist., I, 16.

Comme la Sicile est dans un état de crise.... « Dans ce moment de désordre et d'effervescence, où un peuple établit ou réforme son gouvernement, le moindre choc est capable de tout renverser. Il importe donc de se ménager à tout prix un intervalle de tranquillité, durant lequel on puisse sans risque agir sur soi-même et rajeunir sa constitution. »> Rousseau, Gouvernement de Pologne, c. 15.

Pag. 329. Prenez mon fils.... Ce fils ne peut être Hipparinus, mort avant son père, Plut., Dion; Cornél. Nép., Dion, c. 4. Il faut choisir entre Arétéus, dont parlait l'historien Timée, suivant Plutarque, et le fils dont Arété devint mère dans sa prison. Mais celui-ci était sans doute fils de Timocrate, Id., ibid. Le même auteur nous dit que le libérateur de Syracuse voulait y établir en effet le gouverne. ment mixte de Lacédémone; mais je ne crois pas qu'il eût proposé de donner la couronne à son fils.

Ce fils de Denys.... Hipparinus, frère de Denys le jeune Diodore, XVI, 36; Athénée, X, 10; Polyæn, V, 4.

Denys, fils de Denys.... La cour de son père l'avait corrompu. « C'était un mot très-sensé que celui du jeune Denys à qui son père, en lui reprochant une action honteuse, dsait: T'en ai-je donné l'exemple? Ah! répondit le fils, votre père n'était pas roi! » Contr. soc., III, 6. Malgré son esprit, il ne sut jamais régner; il mérita de perdre le trône, et les Lacédémoniens écrivirent au roi de Macédoine: Denys i Corinthe.

Pag. 331. Fixer les limites des pouvoirs.... « Moins l'autorité est absolue, plus elle est durable. » Aristote, Polit.,V 11. Fénelon disait au duc de Bourgogne, Direct., VIII "Savez-vous ce que c'est que l'anarchie, ce que c'est que h puissance arbitraire, et ce que c'est que la royauté réglée pa les lois, milieu entre ces deux extrémités?.... Croyez-vous que Dieu souffre que vous régniez, si vous régnez sans

être instruit de ce qui doit borner et régler votre puis

sance? >>

Pag. 331. Trente-cing Gardiens des lois.... Aristote, Polit., VI, 8, en fait une charge de l'aristocratie. Rousseau, consulté par les Polonais comme Platon par les Syracusains, appelle ainsi la première classe de citoyens, les sénateurs députés, qui auront été choisis trois fois par le peuple, et qui porteront jusque sur le trône, s'ils y montent, la marque distinctive de ce titre, avec l'inscription, Custos legum. Gouvernement de Pol., c. 13. Fénelon, Télém., liv. V, donne ce nom aux vieillards Crétois, dépositaires des lois de Minos. Il n'est pas permis à un roi.... Espr. des Lois, VI, 5.

Pag. 333. Rien ici n'est impossible.... « Les bornes du possible dans les choses morales sont moins étroites que nous ne pensons : ce sont nos faiblesses, nos vices, nos préjugés qui les retrécissent. Les âmes basses ne croient point aux grands hommes; de vils esclaves sourient d'un air moqueur à ce mot de liberté. » Contr. soc., III, 12.

LE CHEF DE L'ÉDUCATION.

Pag. 335. La République a besoin d'un magistrat.... Proclas, Comment. sur le V livre de la Rép., p. 416, examine cette question, si les deux sexes doivent avoir la même éducation et les mêmes vertus. « Platon donne aux femmes les mêmes exercices qu'aux hommes ; je le crois bien. Ayant ôté de son gouvernement les familles particulières, et ne sachant plus que faire des femmes, il se vit forcé de les faire hommes. Ce beau génie avait tout combiné, tout prévu. » Emile, V. Et ailleurs, liv. I: « Voulez-vous prendre une idée de l'édu– cation publique? lisez la République de Platon. Si Lycurgue n'eût mis la sienne que par écrit, je la trouverais bien plus chimérique. Platon n'a fait qu'épurer le cœur de l'homme : Lycurgue l'a dénaturé. » N'applaudissons pas avec tant d'enthousiasme à des paradoxes; reconnaissons seulement que Platon, Aristote, Xénophon, Plutarque, Quintilien, proclament la nécessité d'une éducation publique et nationale.

Pag. 337. La gymnastique et la musique.... On voit aisément que, par la gymnastique, il ne faut pas entendre ici l'art de ces athlètes qui ressemblaient, suivant Plutarque, aux colonnes de leurs gymnases pour la force du corps et les qualités de l'esprit. V. Burette, t. I des Mém. de l'Acad. Le mot musique a aussi beaucoup d'étendue, et souvent il renferme presque tous les beaux arts, tout ce que les Muses enseignent aux hommes. Outre le Ier Alcibiade, la Républ., III, 12; IV, 3; Aristote, Polit., VIII, 3, 5, 6 et 7; Cicéron, de Leg., II, 15 sq.; Fabricius, Bibl. gr., t. III, p. 478, ed. Harles.; les Mém. de Burette, etc., voy. le cha pitre 8 du IV livre de l'Espr. des Lois: c'est un excellent commentaire, qui donne en quelques mots une idée juste de ces anciennes républiques. Vous apprendrez, 1. VIII, c. 11, comment leur servitude corrompit leurs institutions.

HOMÈRE.

Pag. 339. Qui? moi? le souverain... Odyssée, XI, 488.

Lucien, Dial. des morts, XV, 1. Achille, suivant Denys d'Halicarnasse, gémit de n'être plus qu'une ombre faible, et de ne pouvoir secourir son père. « Achille, dit Louis Racine, avait sacrifié sa vie à l'opinion des hommes; après sa mort, il reconnaît sa folie. » Réflex. sur la poés., V, 1. Massillon, Mort du pécheur: « Hélas! il se contenterait en ce dernier moment de la plus vile des conditions; il accepterait comme une grâce l'état le plus obscur et le plus rampant, si l'on voulait prolonger ses jours; il envie la destinée de ses esclaves qu'il laisse sur la terre! »

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Ne découvre aux vivans.... Iliad., XX, 64; trad. de Despréaux, Longin, c. 7.-Tel est donc l'homme enfin.... Iliad., XXIII, 103.-Lui seul de la raison.... Tirésias, Odyss., X, 495. Marc-Aur., IX, 24. Caton le censeur appliquait ce vers au jeune Scipion, Plut., Cat., c. dernier.-Son âme, s'envolant.... Iliad., XVI, 856, et XXII, 362.—Son âme s'évapore.... Iliad., XXIII, 100; Æneid., V, 740.—Tel, d'un rocher sacré.... Odyss., XXIV, 6.

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