avantages que donne la religion; l'expulsion hors des temples; la privation de la société des fidèles pour un temps ou pour toujours; la fuite de leur présence, les exécrations, les détestations, les conjurations. Dans les choses qui troublent la tranquillité ou la sûreté de l'Etat, les actions cachées sont du ressort de la justice humaine; mais, dans celles qui blessent la Divinité, là où il n'y a point d'action publique, il n'y a point de matière à crime: tout s'y passe entre l'homme et Dieu, qui sait la mesure et le temps de ses vengeances. Que si, confondant les choses, le magistrat recherche aussi le sacrilége caché, il porte une inquisition sur un genre d'action où elle n'est point nécessaire; il détruit la liberté des citoyens, en armant contre eux le zèle des consciences timides, et celui des consciences hardies. Le mal est venu de cette idée, qu'il faut venger la Divinité; mais il faut faire honorer la Divinité, et ne la venger jamais. » Espr, des Lois, XII, 4. Le Lévitique, XIV, 16, condamne à mort le blasphéma teur. Pag. 363. Va chercher le secours des cérémonies saintes.... « Si l'on a soin d'attacher fortement la pensée de l'éternité, ou quelque autre pensée solide, aux mouvemens extraordinaires qui s'excitent en nous; il n'arrivera plus de mouvemens violens et extraordinaires, qu'ils ne réveillent en même temps cette idée, et qu'ils ne fournissent par conséquent des armes pour leur résister. >> Malebranche, Rech. de la Vérité, V, 8. Pag. 365. Si les enfans et la postérité du coupable.... « Parmi nous, les pères dont les enfans sont condamnés au supplice, et les enfans dont les pères ont subi le même sort, sont aussi punis par la honte, qu'ils le seraient à la Chine par la perte de la vie. » Espr. des Lois, VI, 20. Et l'auteur, dans une note, approuve le sentiment de Platon. Pag. 367. Il sera soumis.... à la honte publique, à l'infamie. « La peine d'infamie ne doit point être trop fréquente, parce que l'emploi trop répété du pouvoir de l'opinion affaiblit la force de l'opinion même. >>> Beccaria, des Délits et des Peines, c. 18. Diderot ajoute, comme s'il avait eu ce passage des Lois sous les yeux : « Je désirerais que l'auteur eût fait sentir l'imprudence de rendre l'homme infâme et de le laisser libre; cette méthode absurde peuple nos forêts d'assassins. >>> Pag. 367. Aucun suffrage n'est secret.... Salluste, écrivant dans une république corrompue, Epist. I ad Cæs., attribue au contraire à la publicité des suffrages l'anéantissement de la liberté. Il veut le scrutin secret, pour mettre à l'abri de la crainte la conscience des Romains. Pag. 369. II. Que tout homme.... dénonce aux chefs du peuple.... « Dans les Lois de Platon, ceux qui négligent d'avertir les magistrats, ou de leur donner du secours, doivent être punis. Cela ne conviendrait point aujourd'hui. La partie publique veille pour les citoyens; elle agit, et ils sont tranquilles. >> Espr. des Lois, VĨ, 8. Voyez, sur le cens héréditaire, Lois, 1. IV, et Montesquieu, VII, 1. Pag. 373. III. Qu'il s'attende à souffrir ce qu'il a fait : Dieu l'ordonne. Eschyle, Choeph., v. 409: « Le sang versé demande du sang; ainsi le veut la loi. Les mânes qu'on n'a point vengés appellent Erinnys, la mort appelle la mort. >> Pag. 375. Et on l'abandonne sans tombeau. Tel est, dans l'Odyssée, III, 256, le supplice que Ménélas préparait à Egisthe, s'il l'eût trouvé encore vivant à son retour de Troie: « On n'eût pas même répandu un peu de terre sur ses restes; mais dans une plaine, loin d'Argos, les chiens et les vautours l'auraient dévoré, sans qu'une seule Grecque versât des larmes: car aucun crime n'égalait le sien. » Voy. Cic., pro Rosc. Am., 25; Rhet. ad Her., I, 13; Sénèque, de Clem., 1, 23. Mais cherchons.... quelle peine nous réserverons à l'insensé.... Les lois Juives ne permettaient de l'ensevelir qu'après le coucher du soleil, Josèphe, de Bell. Jud., III, 25. Solon faisait enterrer séparément la main coupable, Eschin., in Ctesiph. La loi de Platon était formée sur les institutions Lacédémoniennes, où les ordres du magistrat étaient totalement absolus, où l'ignominie était le plus grand des malheurs, et la faiblesse le plus grand des crimes. La loi Romaine (sous les Empereurs) abandonnait toutes ces belles idées; elle n'était qu'une loi fiscale. » Espr. des Lois, XXIX, 9. Voy. ibid., 16, et XIV, 12. Beccaria, c. 35, pense que l'homicide de soi-même n'est pas un crime devant les hommes. Pag. 377. Quant au criminel, une fois convaincu, il est 1 banni.... C'est l'excommunication, dont la formule est pres- Quel que soit l'assassin, apprenez la vengeance: CAUSE MYSTÉRIEUSE DE LA DÉCADENCE DES ÉTATS. IL faut bien aussi donner une idée de Platon, lorsqu'il est inintelligible. Je traduis, je n'explique pas voudrais-je expliquer ce que Cicéron, Théon de Smyrne, Iamblique, Proclus, Marsile Ficin, n'ont pas entendu? L'élève de Socrate nous avertit qu'il plaisante, et il rirait de nos commentaires. Aristote, plus ami de la vérité que de Platon, son maître, réfute ces calculs, Polit., V, 12: il a tort d'avoir si gravement raison contre un philosophe qui invoque les Muses. Combien d'écrivains, se croyant de bonne foi grands raisonneurs, ont été plus obscurs encore ! « Il y a des auteurs, dit Malebranche, qui ont composé plusieurs volumes, dans lesquels il est plus difficile qu'on ne pense de remarquer quelque endroit où ils aient entendu ce qu'ils ont écrit. >> Fichte, le profond penseur, que les Allemands eux-mêmes trouvaient inintelligible, donna en 1801, à Berlin, son Essai pour forcer les lecteurs à comprendre. Je ne l'imiterai pas. Pag. 383. Voilà le nombre géométrique.... C'est la réponse de Sganarelle à Géronte, Méd. malgré lui, II, 6. Molière, qui avait étudié la philosophie sous Gassendi, songeait peutêtre à cette démonstration. Il faudrait, à notre tour, invoquer Pythagore, et le prier, par le sacré quaternaire, de nous révéler les secrets des nombres. Cicéron, qui, de Div., II, 1 CAUSE MYSTÉRIEUSE, etc. 545 , 2; de Rep., VI, 6; de Univers., 7, paraissait comprendre ces énigmes, se sert, ad Attic., VII, 13, d'une hyperbole devenue proverbe : Numero Platonis obscurius. On ne trouvera pas la solution du problème dans Aristote, Metaphys., 1,5; Ocellus, de l' Univ., IV, 9; Plutarque, Créat. de l'âme; Diogène Laërce, VIII, 33; Sext. Empiric., adv. Math., IV, 2; Jamblique, Vie de Pyth., c. 27; Plotin, Ennead., VI, 6; Hiéroclès, Aur. carm., v. 47; Macrobe, in Somn. Sc., I, 5 sqq.; Aristid. Quintil., de Music., III; St.-Augustin, Serm. XLI, 23; Boëce, de Music., I, 1; Fr. Patrizzi Discuss. peripat., III, 7, etc. «Je conçois bien ce que c'est qu'un nombre pair ou impair; mais je ne concevrai jamais ce que c'est qu'un nombre parfait ou imparfait. Les nombres ne peuvent avoir rien par eux-mêmes. Quelle propriété, quelle vertu pourraient avoir dix cailloux, dix arbres, dix idées, seulement en tant qu'ils sont dix? Quelle supériorité aura un nombre divisible en trois pairs sur un autre divisible en deux pairs? Pythagore est le premier, dit-on, qui ait découvert des vertus divines dans les nombres.... On sait assez que la chimère tient à notre nature.... » Volt., Quest., Nombre. Pag. 383. Les races d'or, d'argent, d'airain et de fer.... Cette allégorie, imitée d'Hésiode, Oper. et d., v. 9 sqq., et réfutée encore par Aristote, Politic., II, 5, se retrouve au troisième livre des Lois, et Républ., III, 21; Théocrite, XII, 16; Lucien, Saturnal., etc. Clément d'Alexandrie l'a souvent rappelée, surtout Strom., V, p. 595. Eusèbe, Prép. Eo., XII, p. 359, la compare aux versets d'Ezéchiel, XXII, 17 et suivans : « La parole de Dieu s'est fait entendre à moi: Fils de l'homme, toutes les races de mon peuple d'Israël ont dégénéré; il n'y reste que le cuivre, l'étain, le fer, le plomb; c'est une rouille qu'il faut livrer aux flammes. Aussi, dit le Seigneur, je rassemblerai ces vils métaux dans la fournaise au milieu de Jérusalem; la fournaise s'allumera pour les fondre; un vaste incendie vous dévorera tous; et, dans mon repos, je vous verrai consumer par le feu de ma colère. >> PENSÉES DE PLATON. 35 L'ATLANTIDE. P ROCLUS, dans le premier livre de son Commentaire sur le Timée, de la p. 24 à la p. 58, nous apprend quelles étaient sur l'histoire de l'Atlantide les différentes opinions des interprètes, Numénius, Origène, Porphyre, Iamblique, Ammonius. Il y voit comme eux une allégorie, tout en reconnaissant, p. 56, que si la terre est sphérique, il doit y avoir une île semblable dans le grand Océan. Ses longues notes sont précieuses; mais comme ce n'est pas ici le lieu de les traduire, il suffit de renvoyer à quelques anciens, Aristote, de Mund., III, 1; de Coæl., II, 14; Diodore, V, 19; Pline, 11, 90; Strabon, 1. II; Elien, Var. hist., III, 18; Sénèque le tr. et ses commentateurs, Méd., v. 374; aux ouvrages modernes, et surtout aux lettres de Bailly sur l'Atlantide. St.-Simon, Nyctologues, 14 Nuit, p. 65, parle de ce récit comme d'une fable politique, imaginée par Solon pour instruire les Athéniens. Ailleurs, il l'admet comme un fait historique, Abus d'idées spéculatives, p. 20 et 74; il prétend que l'Atlantide existait entre l'Amérique et notre continent, et pour le prouver, p. 65, il traduit ou il croit traduire le récit du Timée. Proclus atteste du moins d'après Crantor, p. 24, que Platon l'avait lu, en caractères hiéroglyphiques, sur les colonnes Egyptiennes. Iamblique nous apprend, de Myst., I, 2, que c'étaient celles d'Hermès trismégiste. Baudelot, Hist, de l' Acad. des Inscr., 1721, ne doute pas que l'île engloutie n'existât dans l'océan Atlantique. Buifon, Théorie de la terre, t. I, in-4°, p. 96, semble croire aussi cet évènement réel, et assigne la même place au continent détruit. Pag. 385. Des Panathénées. L'auteur d'Anacharsis décrit ces fètes de Pallas, ch. XXIV.- Le troisième jour des Apaturies.... Nommé Curéotis. Ibid., ch. XXVI; Larcher, sur Herodote, I, 147, Vie d'Hom., c. 33; et le Comment. de Proclus sur le Timée, l. I, p. 27. Pag. 387. Les poëmes de Solon. On a recueilli de Stobée, |