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le jour même où les Déliens placent la naissance d'Apollon. Il mourut, dit Hermippe, la première année de la cent-huitième Olympiade, assistant à un repas de noces, à l'âge de quatre-vingt-un ans ; Néanthe dit quatre-vingt-quatre.

:

Il est donc de six ans moins ancien qu'Isocrate car Isocrate est né sous l'archontat de Lysimaque, et Platon, sous celui d'Aminias, l'année de la mort de Périclès.

Il était du bourg de Collyte', s'il faut s'en tenir à la Chronologie d'Antiléon; d'autres, comme Favorinus, Mélanges historiques, le font naître à Egine, dans la maison de Phidiadas, fils de Thalès. Ils prétendent que son père, envoyé dans cette île avec d'autres Athéniens pour y former une colonie, ne revint à Athènes qu'au moment où ils furent chassés par les Lacédémoniens, protecteurs des Eginètes. Mais Platon fut Chorège à Athènes, et Dion fit les frais, au rapport d'Athénodore, huitième livre des Promenades.

Platon eut deux frères, Adimante et Glaucon, et une sœur nommée Potone, mère de Speusippe.

On lui donna pour maîtres, dans ses études littéraires, le grammairien Denys, qu'il cite au dialogue des Rivaux, et dans la gymnastique, Ariston d'Argos, qui le nomma Platon à cause de ses larges épaules: car on l'avait appelé jusque-là du nom de son aïeul, Aristoclès. Telle est du moins l'opinion d'Alexandre, Successions des philosophes; d'autres voient l'origine de ce nom dans la largeur de son style, d'autres dans celle de son front, et c'est l'avis

de Néanthe. Quelques-uns disent même, comme Dicéarqne, premier livre des Vies, qu'il disputa le prix de la lutte aux jeux Isthmiques. Il s'occupa de peinture; il fit aussi quelques poëmes, d'abord des dithyrambes, ensuite des odes et des tragédies. Sa voix était grêle, disent les Vies de Timothée l'Athénien.

On raconte un songe de Socrate: il croyait tenir sur ses genoux un jeune cygne; tout-à-coup les ailes lui naissent, il vole, et fait entendre les plus doux accens. Le lendemain, on amène le jeune Platon au philosophe. Voilà, dit Socrate, le cygne de cette nuit.

Il avait suivi ses premières leçons philosophiques dans l'Académie, puis dans un jardin près de Colone. (Alexandre, histoire des Successeurs d'Héraclite.) Il n'en voulait pas moins se présenter au concours de la tragédie sur le théâtre de Bacchus. Mais à peine eut-il entendu Socrate, qu'il brûla ses vers en s'écriant:

Viens, dieu du feu! Platon réclame ton secours.

Il avait vingt ans, et il ne quitta plus Socrate. Privé de son maître, il écouta ensuite Cratyle, disciple d'Héraclite, et Hermogène, sectateur de Parménide.

A trente-deux ans, dit Hermodore, il vint à Mégare entendre Euclide avec plusieurs disciples de Socrate; de là il se rendit à Cyrène, où il vit le mathématicien Théodore; de Cyrène, il alla trouver en Italie les Pythagoriciens Philolaüs et Euryte; il

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les quitta pour l'Egypte, où il interrogea les prêtres. y fut, dit-on, accompagné par Euripide, et comme ce poëte y tomba malade, les prêtres le guérirent avec des bains de mer; d'où ce vers d'Iphigénie en Tauride :

Neptune peut laver tous les maux des mortels.

Il disait encore, d'après l'Odyssée, qu'en Egypte tous les hommes sont médecins. Platon, sur le point de visiter aussi les Mages, en fut détourné par les guerres d'Asie. De retour à Athènes, il se fixa dans l'Académie, gymnase orné d'arbres, non loin de la ville, ancien séjour du héros Académus. Eupolis comédie des Amis de la paix:

Sous l'ombrage sacré des bosquets d'Acadème.'

Et Timon, dans ses vers contre Platon :

A leur tête marchait le plus large de tous
Orateur doucereux, dont l'éloquence égale
Des bois d'Hécadémus la jalouse cigale.

Car c'est ainsi que ce mot s'écrivait autrefois. Là Platon recevait Isocrate son ami; et Praxiphane a transcrit une conversation sur les poëtes, qui se tint à la campagne de Platon entre Isocrate et le philosophe.

Platon, suivant Aristoxène, porta trois fois les armes, dans l'expédition de Tanagre, dans celle de Corinthe, et à Délium, où il se distingua par son courage.

Ses leçons offraient un mélange des opinions

d'Héraclite, de Pythagore et de Socrate; il suivait le premier pour la théorie des choses sensibles, le second pour celle des idées, et Socrate pour la politique et la morale. Des auteurs rapportent, Satyrus par exemple, qu'il écrivit en Sicile à Dion de lui acheter de Philolaus trois livres pythagoriques pour cent mines. Mais il pouvait faire cette dépense, s'il est vrai qu'il reçut de Denys au-delà de quatre-vingts talens, comme l'assure Onétor dans son traité, Le sage doit-il être riche?

Epicharme l'auteur comique, si nous en croyons Alcime dans ses quatre livres à Amyntas, fournissait encore beaucoup de pensées à Platon...... Il n'ignorait pas lui-même quel profit on pourrait tirer de ses œuvres, à en juger par ces vers prophétiques :

Non, je ne mourrai point; déjà même je voi
Les premiers écrivains s'abaisser jusqu'à moi,
Et de mes vers moraux détruisant la mesure,
D'un style ingénieux leur prêter la parurc.

lui

Enfin, les mimes de Sophron, que Platon apporta le premier à Athènes où ils étaient inconnus, servirent à peindre les caractères; et on les trouva sous son chevet après sa mort.

Platon fit trois fois le voyage de Sicile. La première, il allait visiter l'île et son volcan. C'est alors que Denys le tyran, fils d'Hermocrate, voulut l'entretenir. Le discours tomba sur la tyrannie, et Platon soutint que l'homme ne peut trouver le bonheur dans son intérêt propre, s'il n'y joint pas la vertu.

Le prince irrité lui dit: Vous parlez comme un radoteur. Et vous, comme un tyran, répondit le philosophe. Indigné de tant d'audace, le tyran voulait d'abord le faire mourir; mais fléchi par Dion et Aristomène, il lui laissa la vie, et le livra seulement à Pollis, envoyé de Sparte à sa cour, pour le vendre le prix d'un esclave. On le conduisit à Egine, où il fut vendu. Là, Charmander, fils de Charmandride, l'accusa de crime capital aux termes d'une loi du pays, qui condamnait à mort sans jugement le premier Athénien qui débarquerait dans cette île Favorinus, Mélanges historiques, prétend que c'était une loi de Charmander lui-même. Le coupable est philosophe, dit un plaisant; et l'esclave fut absous. D'autres racontent que le tribunal, le voyant silencieux et prêt à subir courageusement son sort, changea la peine, et le fit vendre comme prisonnier de guerre. Aussitôt Annicéris de Cyrène, qui se trouvait là par hasard, l'achète vingt ou trente mines', et lui fait rejoindre ses amis d'Athènes. Ceux-ci voulurent lui rendre l'argent; mais il refusa de le recevoir, en disant qu'ils n'étaient pas les seuls dignes d'honorer Platon. On rapporte aussi que Dion envoya la somme, qu'on n'essaya plus de la faire accepter, et que Platon en acheta son petit jardin de l'Académie. Pollis, vaincu par Chabrias, fut englouti dans la mer près d'Hélice; et la divinité, selon Favorinus, Jer livre des Mémoires, vengea ainsi le philosophe. \Denys ne fut pas tranquille; informé de tout, écrivit à Platon de l'épargner dans ses discours. Il

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