Images de page
PDF
ePub

quand ils reparaîtront sur la terre : tous, après mille ans, pourront choisir le genre de vie dont ils voudront hériter, et la condition même des animaux leur sera permise: si le méchant n'en persiste pas moins dans sa folie, alors il prendra tour-à-tour, suivant ses vices, la forme des brutes dont il aura pris les mœurs ; et les métamorphoses, les supplices ne cesseront qu'au moment où par la victoire de l'essence originelle sur les élémens grossiers qui la déshonorent, et de la raison sur la foule des passions turbulentes, il retrouvera la dignité de son être et ses premières vertus.

[ocr errors]

Dieu, en leur donnant ces lois pour n'avoir pas répondre un jour des crimes de l'humanité, semait les âmes dans le Soleil, dans la Lune, dans toutes les étoiles qui règlent la marche des heures. Il ordonne enfin aux jeunes dieux de façonner des corps mortels, d'ajouter ce qui manquait à l'âme de l'homme, de n'oublier aucune des facultés de sa nature, et de gouverner un être si faible avec tant de vigilance et de sagesse, qu'il ne devînt pas luimême l'auteur de ses infortunes.

Tels furent ses ordres; et le créateur du monde n'était point sorti de l'éternel repos.

TIMÉE.

MUNDUS ÆTERNUS, EXEMPLAR NOSTRI.

ΑΠΕΙΚΑΣΟΝ τοιούτῳ πάθει τὴν ἡμετέραν φύσιν παιδείας τε πέρι, καὶ ἀπαιδευσίας. Ἴδε γὰρ ἀνθρώπους οἷον ἐν καταγείῳ οἰκήσει σπηλαιώδει, ἀναπεπταμένην πρὸς τὸ φῶς τὴν εἴσοδον ἐχούσῃ μακρὰν παρ ̓ ἅπαν τὸ σπή λαιον· ἐν ταύτῃ ἐκ παίδων ὄντας ἐν δεσμοῖς καὶ τὰ σκέλη καὶ τοὺς αὐχένας· ὥστε μένειν τε αὐτοὺς, εἴς τε τὸ πρόσθεν μόνον ὁρᾶν, κύκλῳ δὲ τὰς κεφαλὰς ὑπὸ τοῦ δεσμοῦ ἀδυνάτους περιάγειν· φῶς δὲ αὐτοῖς πυρός ἄνωθεν καὶ πόῤῥωθεν καόμενον, ὄπισθεν αὐτῶν· μεταξὺ δὲ τοῦ πυρὸς καὶ τῶν δεσμωτῶν, ἐπάνω ὁδόν· παρ ̓ ἣν ἴδε τειχίον παρῳκοδομημένον, ὥσπερ τοῖς θαυματοποιοῖς πρὸ τῶν ἀνθρώπων πρόκειται τὰ παραφράγματα, ὑπὲρ ὧν τὰ θαύματα δεικνῦσιν. Ὅρα τοίνυν παρὰ τοῦτο τὸ τειχίον φέροντας ἀνθρώπους σκεύη τε παντοδαπὰ ὑπερέχοντα τοῦ τειχίου, καὶ ἀνδριάντας, καὶ ἄλλα ζῶα λίθινά τε καὶ ξύλινα, καὶ παντοῖα εἰργασμένα· οἷον εἰκὸς, τοὺς μὲν φθεγγομένους, τοὺς δὲ σιγῶντας τῶν παραφεροντῶν. Ἄτοπον λέγεις εἰκόνα, καὶ δεσμώτας ατόπους. Ὁμοίους ἡμῖν, ἦν δ ̓ ἐγώ.

Τοὺς γὰρ τοιούτους πρῶτον μὲν ἑαυτῶν τε καὶ ἀλλή λων οἴει ἄν τι έωρακέναι ἄλλο, πλὴν τὰς σκιὰς τὰς ὑπὸ τοῦ πυρὸς εἰς τὸ καταντικρὺ αὐτῶν τοῦ σπηλαίου προστ

LES DEUX MONDES, OU LES IDÉES.

VOULEZ-VOUS avoir l'image de ce qu'on sait et de ce

qu'on ignore ici-bas? Figurez-vous des hommes relégués dans les profondeurs d'un antre obscur, et qu'une longue route, creusée à travers tous les replis du souterrain, sépare de la clarté du jour. C'est là qu'ils vivent depuis leur enfance, le cou et les pieds enchaînés immobiles dans leurs entraves, condamnés à ne point tourner la tête, ils ne voient que les objets qu'ils ont en face; mais derrière eux, sur une hauteur, un feu brille dans le lointain. Entre cette flamme et les captifs, imaginez une chaussée, qu'un petit mur borde du côté de leur prison. Vous avez vu se mouvoir au-dessus d'un voile impénétrable ces figures bizarres qui charment le peuple supposez que, derrière le mur, s'élèvent aussi mille objets de formes différentes, des statues, des animaux de bois ou de pierre, des meubles en tout genre, portés par des hommes dont les uns se parlent, tandis que les autres marchent en silence. Voilà un étrange pays et d'inconcevables prisonniers ; cependant voilà notre image.

:

Ces habitans de la nuit ont-ils jamais pu voir autre chose que leur ombre et celle de leurs voisins, retracée par la lueur de la flamme sur le côté de la

πιπτούσας; Πῶς γὰρ, εἰ ἀκινήτους γε τὰς κεφαλὰς ἔχειν ἠναγκασμένοι εἶεν διὰ βίου; Τί δὲ τῶν παραφερομένων; οὐ ταυτὸν τοῦτο; Τί μήν; Εἰ οὖν διαλέγεσθαι οἷοί τ' εἶεν πρὸς ἀλλήλους, οὐ ταῦτα ἡγεῖ ἂν τὰ παρόντα αὐτοὺς νομίζειν ὀνομάζειν, ἅπερ ὁρῷεν; Ανάγκη. Τί δ ̓ εἰ καὶ ἠχὼ τὸ δεσμωτήριον ἐκ τοῦ καταντικρὺ ἔχοι, ὁπότε τις τῶν παριόντων φθέγξαιτο, οἴει ἂν ἄλλο τι αὐτοὺς ἡγεῖσθαι τὸ φθεγγόμενον, ἢ τὴν παριοῦσαν σκιάν ; Μὰ Δι', οὐκ ἔγωγε. Παντάπασι δὴ οἱ τοιοῦτοι οὐκ ἂν ἄλλο τι νομίζοιεν τὸ ἀληθὲς, ἢ τὰς τῶν σκευαστῶν σκιάς.

Σκόπει δὴ αὐτῶν λύσιν τε καὶ ἴασιν τῶν τε δεσμῶν καὶ τῆς ἀφροσύνης, οἵα τις ἂν εἴη, εἰ φύσει τοιάδε ξυμ βαίνοι αὐτοῖς. Ὁπότε τις λυθείη, καὶ ἀναγκάζοιτο ἐξαί φνης ἀνίστασθαί τε, καὶ περιάγειν τὸν αὐχένα, καὶ βα δίζειν, καὶ πρὸς τὸ φῶς ἀναβλέπειν· πάντα δὲ ταῦτα ποιῶν, ἀλγοῖ τε, καὶ διὰ τὰς μαρμαρυγὰς ἀδυνατοί και θορᾷν ἐκεῖνα, ὧν τότε τὰς σκιὰς ἑώμα· τί ἂν οἴει αὐτὸν εἰπεῖν, εἴ τις αὐτῷ λέγοι, ὅτι τότε μὲν ἑώρα φλυαρίας, νῦν δὲ μᾶλλόν τι ἐγγυτέρω τοῦ ὄντος, καὶ πρὸς μᾶλλον ὄντα τετραμμένος, ὀρθότερα βλέποι, καὶ δὴ καὶ ἕκαστον τῶν παριόντων δεικνὺς αὐτῷ, ἀναγκάζοι ἐρωτῶν ἀποκρί νεσθαι ὅ τι ἔστιν; οὐκ οἴει αὐτὸν ἀπορεῖν τε ἂν, καὶ ἡγεῖσθαι τὰ τότε ὁρώμενα ἀληθέστερα, ἢ τὰ νῦν δεικνύμενα; Οὐκοῦν, κἂν εἰ πρὸς αὐτὸ τὸ φῶς ἀναγκάζοι αὐτὸν βλέπειν, ἀλγεῖν τε ἂν τὰ ὄμματα, καὶ φεύγειν ἀποστρε φόμενον πρὸς ἐκεῖνα ἃ δύναται καθορᾷν, καὶ νομίζειν ταῦτα τῷ ὄντι σαφέστερα τῶν δεικνυμένων ;

Εἰ δ ̓ ἐντεῦθεν ἕλκοι τὶς αὐτὸν βίᾳ διὰ τραχείας τῆς

caverne qu'ils regardent? Non, puisqu'ils sont forcés de rester toute leur vie la tête immobile. Mais ces meubles, ces statues qu'on porte derrière eux? ils n'en voient aussi que l'ombre. Si donc ils peuvent s'entretenir, ne prendront-ils pas dans leurs discours cette ombre pour la réalité? Je le crois. Si l'écho du souterrain peut leur transmettre la voix, et qu'un des passans vienne à parler, n'attribueront-ils pas cette voix à de vains fantômes? Enfin, ces malheureux prendront pour des corps véritables une trompeuse illusion.

Mais brisons leurs fers, et supposons que la nature veuille les guérir de cette longue erreur. Un des captifs est délivré, il se lève aussitôt, il tourne la tête, il marche, il voit le foyer de lumière; trop faible pour ce qu'il éprouve, ébloui, accablé d'un si vif éclat, il ne peut supporter ce spectacle, dont il ne connaissait que l'ombre mensongère. Que croyezvous qu'il vous réponde, si vous lui apprenez qu'il n'avait vu jusqu'à présent que des fantômes, qu'il peut enfin contempler les choses mêmes, que la vérité est plus proche de lui et sa vue moins trompeuse? Montrez-lui chacun des objets qui passent devant ses yeux, demandez-lui ce qu'il en pense; et il va douter, il va croire que les figures qui l'ont abusé si long-temps étaient plus vraies que celles qu'on lui montre aujourd'hui. Forcez-le d'envisager la flamme ses yeux seront blessés, il voudra fuir, et retourner à ce qui ne l'éblouit pas: Voilà, dira-t-il, la réalité.

Maintenant arrachons-le de ce gouffre, qu'il nous

« PrécédentContinuer »