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même est connu sous le nom de saint et de juste : La chose sainte qui naîtra en vous, sera appelée le Fils de Dieu (1). Les démons parlent comme l'ange : Je sais qui vous êtes, le Saint de Dieu (2). Daniel l'avoit nommé en esprit à cause de son onction, le Saint des saints (3). Isaïe l'appelle le Juste (4). Saint Pierre unit ensemble ces deux qualités en disant : Vous avez renié le Saint et le Juste (5).

XI. ÉLÉVATION.

Ce qu'on entend par la sainteté.

La sainteté est en Dieu une incompatibilité essentielle avec tout péché, avec tout défaut, avec toute imperfection d'entendement et de volonté.

Premièrement. L'injustice, l'iniquité, le péché ne peut être en lui : il est la règle, et bon par essence, sans qu'il puisse y avoir en lui aucun défaut. Il n'entend et ne veut que ce qu'il faut entendre et vouloir son entendre et son vouloir sont sa nature qui est toujours excellente. Sa perfection morale et sa perfection naturelle ne sont qu'un : il est égale ment indéfectible par son être, et infaillible dans son intelligence et sa volonté par conséquent incompatible avec tout péché, avec tout défaut.

Secondement. Il appartient à lui seul de purifier du péché les consciences souillées : il est saint et

(1) Luc. 1. 35.-(2) Marc. 1. 24. (3) Dan. 1x. 24. — (4) Is. XLV. 21. • (5) Act. 111. 14.

sanctificateur': il est juste et justifiant le pécheur, comme dit saint Paul (1).

Troisièmement. Il est incompatible avec les pécheurs, et les réjette de devant lui par toute sa sainteté, et par toute son essence. Le matin, et dans le temps que les pensées sont les plus nettes, et qu'on en doit offrir à Dieu les prémices, Seigneur, dit le Psalmiste, je me présenterai devant vous, et je verrai clairement, dans votre lumière, que vous étes un Dieu qui ne voulez point l'iniquité. Le malin n'habite point auprès de vous et les injustes ne subsisteront point devant vos yeux. Vous haïssez tous ceux qui commettent des péchés : vous perdrez tous ceux qui profèrent des mensonges: l'homme sanguinaire et l'homme trompeur sont en abomination devant le Seigneur (2).

Quatrièmement. Les pécheurs l'attaquent inutilement par leur rebellion et sa sainteté demeuré inviolable au milieu des impiétés, des blasphêmes, des impuretés, dont tout l'univers est rempli par malice des hommes et des démons.

la

Cinquièmement. Il demeure saint, quoique pour punir les pécheurs il les livre à leurs mauvais désirs; parce que les y livrer n'est pas les produire. Dieu ne fait que se soustraire lui-même à un cœur ingrat; et cette soustraction est sainte, parce que Dieu se soustrait justement lui-même à ceux qui le quittent, et punit leur égarement volontaire en les frappant d'aveuglement. Il fait tout dans l'homme, excepté le seul péché, où son action ne se mêle point. Celui

(1) Rom. 111. 26. — (2) Ps. v. 5, 6, 7.

qu'il permet ne le souille point, parce que lui seul il en peut tirer un bien infini, et plus grand que n'est la malice de tous les péchés ensemble: comme quand il tire de la malice des Juifs un sacrifice si saint, qu'il y a de quoi expier tous les crimes.

Sixièmement. Il purifie les justes par mille épreuves: il les met dans le creuset et dans le feu dans le feu de cette vie, dans le feu de l'autre et rien de souillé n'entre en son royaume (1).

Enfin, sa sainteté est la conviction de toute l'iniquité des hommes. Malheur à moi, s'écrie Isaïe (2), après avoir vu la majesté du trois fois saint: malheur à moi avec mes lèvres impures, au milieu d'un peuple souillé. J'ai vu de mes yeux le roi des armées. Va, dit-il, et dis à ce peuple: Ecoutez, et ne comprenez pas. Aveugle le cœur de ce peuple, appesantis ses oreilles, ferme ses yeux. C'est l'effet de la sainteté de Dieu, lorsqu'elle a été méprisée. Je serai sanctifié au milieu d'eux en les punissant : je laverai mes mains dans leur sang : et ma juste vengeance fera éclater ma sainteté.

Les choses saintes sont pour les saints, s'écrioit-on autrefois avant la communion. Il n'y a qu'un saint, un seul Seigneur, un seul Jésus-Christ, répondoit le peuple. O Seigneur! sanctifiez-nous, afin que nous sanctifiions et glorifiions votre nom. En vérité, en vérité, je vous le dis: Je ne vous connois'pas: retirez-vous de moi, vous tous qui opérez l'iniquité (3).

Approchez, pécheurs pénitens purifiez-vous dans la source de la pureté : Si vos péchés sont

(1) Apoc. XXI. 27. — (2) Is. vi. 5, 9, 10. — (3) Matth. vII. 23.

rouges

rouges comme l'écarlate : je les blanchirai comme la neige (1). Quel merveilleux changement! l'Ethiopien n'a plus la peau noire, elle éclate d'une céleste blancheur : la sainteté de Dieu a fait cet ouvrage. Soyez donc saints, parce que je suis saint, dit le Seigneur (2). Soyez saints, ministres de Dieu et de ses autels, dispensateurs de sa parole et de ses mystères: parce que Dieu vous a choisis pour sanctifier son peuple. Peuple de Dieu, soyez saint, parce que Dieu habite au milieu de vous (3): sanctifiez vos ames où il veut établir sa demeure, et vos corps qui sont les temples de son Saint-Esprit.

(1) Is. 1. 18. — (2) Levit. x1. 43, 44. I. Petr. 1. 16.- (3) Levit. xxvI. 2. I. Cor. 111. 16, 17. II. Cor. VI. 16.

BOSSUET. VIII.

3

II. SEMAINE.

ÉLÉVATIONS A LA TRÈS-SAINTE TRINITÉ.

PREMIÈRE ÉLÉVATION.

Dieu est fécond: Dieu a un fils.

POURQUOI Dieu n'auroit-il pas de fils? Pourquoi cette nature bienheureuse manqueroit-elle de cette parfaite fécondité qu'elle donne à ses créatures? Le nom de père est-il si déshonorant et si indigne du premier être, qu'il ne lui puisse convenir selon sa propriété naturelle? Moi qui fais enfanter les autres, ne pourrai-je pas enfanter moi-même (1)? Et s'il est si beau d'avoir, de se faire des enfans par l'adoption, n'est-il pas encore plus beau et plus grand d'en engendrer par nature?

Je sais bien qu'une nature immortelle n'a pas besoin comme la nôtre mortelle et fragile, de se renouveler, de se perpétuer, en substituant à sa place des enfans qu'on laisse au monde quand on le quitte. Mais en soi-même, indépendamment de cette nécessaire réparation, n'est-il pas beau de produire un autre soi-même par abondance, par plénitude, par l'effet d'une inépuisable communication, en un mot, par fécondité, et par la richesse d'une nature heureuse et parfaite?

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