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chair (1) en définissant l'incarnation par l'endroit que vous rebutez? Il a une chair, et l'incarnation n'est pas une tromperie. Mais le Verbe lui tient lieu d'ame ou bien, si vous voulez lui donner une amę, donnons-lui celle des bêtes quelle qu'elle soit; mais ne lui donnons point celle des hommes. Le Verbe est son ame encore un coup; ou du moins il est son intelligence: il veut par sa volonté, et il ne peut en avoir d'autre ? Est-ce tout enfin? Oui c'est tout. Car on a tout contesté, le corps, l'ame, les opérations intellectuelles; et toutes les contradictions sont épuisées. Jésus est donc en butte aux contradictions de ceux qui se disent ses disciples? Car, disent-ils, le moyen de comprendre cela et cela? Mais Jésus avoit prévenu les contradictions par une seule parole: Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique (2).

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Pour tout entendre, il ne faut qu'entendre son amour. Dieu a tant aimé le monde. Un amour incompréhensible produit des effets qui le sont aussi. Vous demandez des pourquoi à Dieu ? Pourquoi un Dieu se faire homme? Jésus-Christ yous dit ce pourquoi? Dieu a tant aimé le monde. Tenez-vous-en là; les hommes ingrats ne veulent pas croire que Dieu les aime autant qu'il fait. Mais le disciple bienaimé résoud leurs doutes, en disant: Nous avons cru à l'amour que Dieu (3). Dieu a tant aimé apour nous le monde; et que reste-t-il après cela, sinon de croire à l'amour, pour croire à tous les mystères?

Esprits aussi insensibles à l'amour divin, que vous êtes d'ailleurs présomptueux ! Le mystère de l'eu(1) Joan. 1. 14. — (3) Ibid. 111. 16. (3) Ibid. 1v. 16.

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charistie vous rebute? Pourquoi nous donner sa chair et s'unir à nous corps à corps pour s'y unir esprit à esprit? Dieu a tant aimé le monde, dit Jésus et saint Jean répond pour nous tous: Nous avons cru à l'amour que Dieu a pour nous. Mais il est incompréhensible? et c'est pour cela que je veux le croire, et m'y abîmer : il n'en est que plus digne de Dieu. Après cela il ne faut plus disputer, mais aimer; et après que Jésus a dit: Dieu a tant aimé le monde, il ne faudroit plus que dire, le monde racheté a tant aimé Dieu.

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XV. ÉLÉVATION.

Contradictions contre Jésus-Christ, sur le mystère de la grâce.

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Voici encore un écueil terrible pour l'orgueil humain. L'homme dit en son cœur : J'ai mon franc arbitre Dieu m'a fait libre, et je me veux faire juste je veux que le coup qui décide de mon salut éternellement vienne primitivement de moi. Ainsi on veut par quelque coin se glorifier en soi-même. Où allez-vous, vaisseau fragile? vous allez vous briser contre l'écueil, et vous priver du secours de Dieu qui n'aide que les humbles, et qui les fait humbles pour les aider. Connoissez-vous bien la chute de votre nature pécheresse, et après même en avoir été relevé, l'extrême langueur, la profonde maladie qui vous en reste? Dieu veut que vous lui disiez: Guérissez-moi (1); car à tout moment je me

(1) Ps. vi. 3.

meurs, et je ne puis rien sans vous. Dieu veut que vous lui demandiez toutes les bonnes actions que vous devez faire quand vous les avez faites, Dieu veut que vous lui rendiez grâces de les avoir faites. Il ne veut pas pour cela que vous demeuriez sans action, sans effort; mais il veut qu'en vous efforçant comme si vous deviez agir tout seul, vous ne vous glorifiiez non plus en vous-même, que si vous ne faisiez rien.

Je ne puis je veux trouver quelque chose à quoi me prendre dans mon libre arbitre, que je ne puis accorder avec cet abandon à la grâce. Superbe contradicteur, voulez-vous accorder ces choses, ou bien croire que Dieu les accorde ? Il les accorde tellement, qu'il veut sans vous relâcher de votre action que vous lui attribuyez finalement tout l'ouvrage de votre salut; car il est le Sauveur ; et il dit: Il n'y a point de Dieu qui sauve que moi (1). Croyez bien que Jésus-Christ est Sauveur, et toutes les contradictions s'évanouiront.

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XVI. ÉLÉVATION.

Solution manifeste des contradictions par l'autorité de l'Eglise.

SEIGNEUR, vos mystères sont enveloppés de ténèbres. Vous avez répandu dans votre Ecriture des obscurités, vénérables à la vérité, mais enfin qui déconcertent notre foible esprit : je tremble en les

(1) Is. XLIII. 8, 11.

voyant, et je ne sais par où sortir de ce labyrinthe. Vous ne savez par où en sortir! Mais Jésus a-t-il parlé obscurément de son Eglise? N'a-t-il pas dit qu'il la mettoit sur une montagne (1), afin qu'elle fût vue de tout le monde? N'a-t-il pas dit qu'il la posoit sur le chandelier, afin qu'elle luisit à tout l'univers (2)? N'a-t-il pas dit assez clairement : Les portes d'enfer ne prévaudront pas contre elle (5) ? N'a-t-il pas assez clairement renvoyé jusqu'aux moindres difficultés, à la décision de l'Eglise, et rangé parmi les païens et les péagers (4) ceux qui refuseroient d'en passer par son avis? Et lorsque montant aux cieux on auroit pu croire qu'il la lais✔ soit destituée de son assistance, n'a-t-il pas dit: Allez, baptisez, enseignez : et voilà que je suis avec vous (enseignant ainsi et baptisant), jusqu'à la fin des siècles (5)? Si donc vous avez des doutes, allez à l'Eglise; elle est en vue; elle est toujours inébranlable, immuable dans sa foi; toujours avec JésusChrist et Jésus-Christ avec elle. Disons ici encore une fois: Dieu a tant aimé le monde, que pour en résoudre les doutes il n'a point laissé de doute sur son Eglise qui les doit résoudre.

Mais combien de sociétés prennent le titre d'Eglise? Pouvez-vous vous y tromper? Ne voyez-vous pas que celle qui a toujous été; celle qui demeure toujours sur sa base; celle qu'on ne peut pas seulement accuser de s'être séparée d'un autre corps, et dont tous les autres corps se sont séparés, portant sur leur front le caractère de leur nouveauté; ne

(1) Matth. v. 14. — (3) Ibid. 15. — (3) Matth. xvI. 18. — (4) Matth. XVIII. 17.-(5) Matth. xxviii. 19, 20.

voyez-vous pas encore un coup que c'est celle qui est l'Eglise. Soumettez-vous donc. Vous ne pouvez! j'en vois la cause. Vous voulez juger par vous-même; yous voulez faire votre règle de votre jugement; vous voulez être plus savant et plus éclairé que les autres; vous vous croyez ravili en suivant le chemin battu, les voies communes : vous voulez être auteur, inventeur, vous élever au-dessus des autres par la singularité de vos sentimens; en un mot, vous voulez, ou vous faire un nom parmi les hommes, ou vous admirer vous-même en secret comme un homme extraordinaire. Aveugle, conducteur d'aveugles, en quel abîme vous allez vous précipiter, avec tous ceux qui vous suivront! Si vous étiez tout-à-fait aveugle, vous trouveriez quelque excuse dans votre ignorance. Mais vous dites: Nous voyons, nous entendons tout, et le secret de l'Ecriture nous est révélé : Votre péché demeure en vous (1).

XVII. ÉLÉVATION.

L'humilité résout toutes les difficultés.

POURQUOI nous renvoyer à l'Eglise ? Ne pouviezvous pas nous éclairer par vous-même, et rendre votre Ecriture si pleine et si claire qu'il n'y restât aucun doute? Superbe raisonneur? N'entendezvous pas que Dieu a voulu faire des humbles? Votre maladie, c'est l'orgueil: votre remède sera l'humilité. Votre orgueil vous révolte contre Dieu, l'hu

(1) Joan. 18. 41.

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