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milité doit être votre véritable sacrifice. Et pourquoi a-t-il répandu dans son Ecriture ces ténèbres mystérieuses, sinon pour vous renvoyer à l'autorité de l'Eglise, où l'esprit de la tradition, qui est celui du Saint-Esprit, décide tout? Ignorez-vous, vous qui vous plaignez de l'obscurité des Ecritures, que sa trop grande lumière vous éblouiroit plus que ses saintes ténèbres ne vous confondent? N'avez-vous pas vu les Juifs demander à Jésus qu'il s'explique ; et Jésus s'expliquer de sorte quand il l'a voulu, qu'il n'y avoit plus d'ambiguité dans ses discours? Et qu'en est-il arrivé? Les Juifs en ontils été moins incrédules? Point du tout: la lumière même les a éblouis: plus elle a été manifeste, plus ils se sont révoltés contre elle et si on le veut entendre, la lumière a été plus obscure et plus ténébreuse pour leurs yeux malades, que les ténèbres / mêmes.

Enfin par-dessus toutes choses, vous avez besoin de croire que ceux qui croient doivent tout à Dieu; qu'ils sont, comme dit le Sauveur, enseignés de lui: docibiles Dei: de mot à mot, docti à Deo (1): qu'il faut qu'il parle dedans, et qu'il aille chercher dans le cœur ceux à qui il veut spécialement se faire entendre. Ne raisonnez donc plus : humiliez-vous. Qui a des oreilles pour écouter, qu'il écoute (2): mais qu'il sache que ces oreilles qui écoutent, c'est Dieu qui les donne: Aurem audientem, et oculum videntem, Dominus fecit utrumque (3).

(1) Joan. VI. 45. - (2) Matth. x1. 15. xii. 9 et seq.

XX. 12.

(3) Prop

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XVIII. ÉLÉVATION.

Contradictions dans l'Eglise par les péchés des · fidèles, et sur la morale de Jésus-Christ.

.

MAIS la contradiction la plus douloureuse du Sauveur est celle de nos péchés de nous qui nous disons ses fidèles, et qui sommes les enfans de son Eglise. Le désordre, le déréglement, la corruption se répand dans tous les états, et toute la face de l'Eglise paroît infectée. Depuis la plante des pieds jusqu'à la tête, il n'y a point de santé en elle (1). Voilà, dit-elle, que mon amertume la plus amère est dans la paix (2). Ma première amertume, qui m'a été, disoit saint Bernard (3), bien amère,

dans les persécutions des gentils : la seconde amertume encore plus amère, a été dans les schismes et dans l'hérésie : mais dans la paix, et quand j'ai été triomphante, mon amertume très-amère est dans les déréglemens des chrétiens catholiques.

Que chacun repasse ici ses péchés : il verra par quel endroit Jésus-Christ, durant tout le cours de sa vie, et dans son agonie au sacré jardin, a été le plus douloureusement contredit. Les Juifs qui ont poussé leur dérision jusque parmi les horreurs de sa croix, ne l'ont pas percé de plus de coups, ni n'ont pas été un peuple plus contredisant envers celui qui étendoit ses bras vers eux (4), que nous

(1) Is. 1. 6. Cant. n. 19.

. (2) Ibid. xxxvIII. 17. ·
(4) IS. LXV. 2. Rom. x. 21.

(3) S. Bern. Serm. xxxIII. in

le sommes. Et si le cœur de Jésus pouvoit être affligé dans sa gloire, il le seroit de ce côté-là, plus que par toute autre raison. C'est vous, chrétiens et catholiques c'est vous, qui faites blasphemer mon nom par toute la terre (1). On ne peut croire que ma doctrine soit venue du ciel quand on la voit si mal pratiquée par ceux qui portent le nom de fidèles.

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Ils en sont venus jusqu'à vouloir courber la règle, comme les docteurs de la loi et les pharisiens : ils se font des doctrines erronées, de fausses traditions, de fausses probabilités : la cupidité résout les cas de conscience; et sa violence est telle qu'elle contraint les docteurs de la flatter. O malheur ! On ne peut convertir les chrétiens, tant leur dureté est extrême, tant les mauvaises coutumes prévalent; et on leur cherche des excuses: la régularité passe pour rigueur on lui donne un nom de secte: la règle ne peut plus se faire entendre. Pour affoiblir tous les préceptes dans leur source, on attaque celui de l'amour de Dieu on ne peut trouver le moment où l'on soit obligé de le pratiquer; et à force de reculer l'obligation, on l'éteint tout-à-fait. O Jésus! je le sais, la vérité triomphera éternellement dans votre Eglise suscitez-y des docteurs pleins de vérité et d'efficace, qui fassent taire enfin les contradicteurs et toujours en attendant que chacun de nous fasse taire la contradiction en soimême.

(1) IS. Lu. 5. Rom. 11. 24.

XIX. ÉLÉVATION.

L'épée perce l'ame de Marie.

CET enfant sera en butte aux contradictions: et votre ame même, ô mère affligée et désolée ! sera percée d'une épée (1). Vous aurez part aux contradictions vous verrez tout le monde se soulever contre ce cher Fils: vous en aurez le cœur percé : et il n'y a point d'épée plus tranchante que celle de votre douleur. Votre cœur sera percé par autant de plaies que vous en verrez dans votre Fils : vous serez conduite à sa croix pour y mourir de mille morts. Combien serez-vous affligée quand vous verrez sa sainte doctrine contredite et persécutée ? Vous verrez naître les persécutions et les hérésies : le miracle de l'enfantement virginal sera contredit comme tous les autres mystères, pendant même que vous serez encore sur la terre; et il y en aura qui ne voudront pas croire votre inviolable et perpétuelle virginité. Vous serez cependant la merveille de l'Eglise, la gloire des femmes, l'exemple et le modèle de toute la terre. Peut-on assez admirer la foi qui vous fait dire : Ils n'ont pas de vin; et: Faites ce qu'il vous dira (2)? Vous êtes la mère de tous ceux qui croient; et c'est à votre prière que s'est fait le premier miracle qui les a fait croire.

(1) Luc. 11. 34, 35. —(2) Joan. 11. 3, 5.

XX. ÉLÉVATION.

Les contradictions de Jésus-Christ découvrent le secret des cours.

Il faut joindre ces paroles: Cet enfant sera en butte aux contradictions, à celles-ci: Les pensées que plusieurs cachent dans leurs cœurs seront découvertes (1). Si Jésus-Christ n'avoit point paru sur la terre, on ne connoîtroit pas la profonde malice, le profond orgueil, la profonde corruption, la profonde dissimulation et hypocrisie du cœur de l'homme.

La plus profonde iniquité est celle qui se couvre du voile de la piété. C'est où en étoient venus les pharisiens et les docteurs de la loi. L'avarice, l'esprit de domination, le faux zèle de la religion les transportoit et les aveugloit de sorte, qu'ils vouloient avec cela se croire saints, et les plus purs de tous les hommes. Sous couleur de faire pour les veuves et pour tous les foibles esprits, de longues oraisons, ils se rendoient nécessaires auprès d'elles, et dévoroient leurs richesses; ils parcouroient la terre et la mer pour faire un seul prosélyte, qu'ils damnoient plus qu'auparavant, sous prétexte de les convertir parce que sans se soucier de les instruire du fond de la religion, ils ne vouloient que se faire renommer parmi les hommes, comme des gens qui gagnoient des ames à Dieu; et en se les at\ (1) Luc. 11. 34, 35.

tachant

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