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plausible, et lui a fourni des excuses; il emmielle le poison; il affoiblit, il étouffe le remords de la conscience; il en émousse la piqûre ; et à peine senton la grièveté de son péché, jusqu'à ce que dans les flammes éternelles ce ver rongeur se réveille, et par ses morsures éternelles nous cause un pleur inutile avec cet effroyable grincement de dents.

XIX. SEMAINE.

COMMENCEMENT DES PERSÉCUTIONS DE L'ENFANT JÉSUS.

PREMIÈRE ÉLÉVATION.

Sur l'ordre des événemens.

APRÈS qu'ils curent accompli tout ce que la loi ordonnoit, ils retournèrent en Galilée dans la ville de Nazareth (1). Ce passage de saint Luc insinue que la sainte Vierge et saint Joseph demeurèrent avec l'enfant à Bethléem ou aux environs et proche de Jérusalem, jusqu'à ce qu'ils eurent accompli tout ce qui se devoit faire dans le temple. Il y avoit vingt ou vingt-cinq lieues de là à Nazareth, d'où ils étoient venus, et où étoit leur demeure: et il étoit naturel, pour éviter ce voyage, de demeurer dans le voisinage du temple.

Saint Luc qui nous a si bien marqué la retraite dans Nazareth, après l'accomplissement des saintes cérémonies, ne dit pas ce qui s'est passé entre deux, que saint Matthieu avoit déjà raconté (2). Cet évangéliste, après l'adoration des mages, soit qu'elle eût été faite à Bethléem ou aux environs, marque leur retour par un autre chemin, l'avertissement de l'ange à Joseph, la retraite en Egypte, la fureur d'Hérode

(1) Luc. 11, 39. — (2) Matth. 11. 12, 13 et seqq.

et le massacre des Innocens; un second avertissement de l'ange, après la mort d'Hérode, qui bien constamment suivit de près la naissance de notre Seigneur; et enfin un troisième avertissement du ciel pour s'établir à Nazareth. Voilà tout ce qui précède, selon saint Matthieu, l'établissement de la sainte famille dans ce lieu.

Ce temps, comme on voit, fut fort court: la sainte famille étoit cachée; et Hérode attendoit des nouvelles certaines de l'enfant par les mages qu'il croyoit avoir bien finement engagés à lui en découvrir la demeure (1). Il étoit naturel qu'il les attendît durant quelques jours; et pour ne point manquer son coup, sa politique, quoique si précautionnée, se laissa un peu amuser. Durant ce peu de jours, il fut aisé à Joseph et Marie de porter l'enfant au temple sans se découvrir. Les merveilles qui s'y passèrent, pouvoient réveiller les jalousies d'Hérode; mais aussi furent-elles promptement suivies de la retraite en Egypte. Les politiques du monde seront éternellement le jouet de leurs propres précautions que Dieu tourne comme il lui plaît; et il faut que tout ce qu'il veut s'accomplisse, sans que les hommes puissent l'empêcher, puisqu'il fait servir leurs finesses à ses desseins.

(1) Matth. 11. 8.

II. ÉLÉVATION.

Premier avertissement de l'ange à saint Joseph : et la fuite en Egypte.

LES

Les mages s'étant retirés, Dieu qui voyoit dans le cœur d'Hérode ses cruelles dispositions, et le temps des grands mouvemens qu'elles devoient exciter, les prévint par le message du saint ange qui vint dire à Joseph durant le sommeil : Levez-vous prenez l'enfant et sa mère, et fuyez en Egypte; car Hérode va chercher l'enfant pour le perdre (1). N'y avoit-il pas d'autre moyen de le sauver, qu'une fuite si précipitée ? Qui le peut dire sans impiété? Mais Dieu ne veut pas tout faire par miracle; et il est de sa providence de suivre souvent le cours ordinaire qui est de lui, comme les voies extraordinaires. Le Fils de Dieu est venu en infirmité (2). Pour se conformer à cet état, il s'assujettit volontairement aux rencontres communes de la vie humaine; et par la même dispensation qui a fait que durant le temps de son ministère il s'est retiré, il s'est caché pour prévenir les secrètes entreprises de ses ennemis; il a été aussi obligé de chercher un asile dans l'Egypte.

Il y avoit même un secret du ciel dans cette retraite; et il falloit accomplir la prophétie d'Osée, qui disoit : J'ai appelé mon Fils de l'Egypte (3).

Il est vrai que cet endroit du prophète, selon l'écorce de la lettre, avoit rapport à la sortie d'E

(1) Matth. 11, 13.- (3) Heb, v. 2. — (3) Osée xt. 1. Matth. 11. 15.

gypte du peuple d'Israël. Mais le Saint-Esprit nous apprend qu'il avoit été de son dessein, que pour exprimer cette délivrance le prophète se soit servi d'une expression qui convient si expressément au Fils de Dieu, puisqu'il lui a dicté ces mots: Israël est un enfant, et je l'ai aimé. Et j'ai appelé mon Fils de l'Egypte.

Allons à la source: Israël et toute sa famille étoit la figure du Fils de Dieu. L'Egypte durant la famine devoit lui servir de refuge: après, elle en devoit être la persécutrice : et Dieu la devoit tirer de ce lieu de captivité pour la transporter dans la terre promise à ses pères, en laquelle seule elle devoit trouver du repos. Tout cela leur arrivoit en figure. La terre d'Egypte qui devoit être durant un temps le refuge du peuple d'Israël, devoit aussi servir de refuge à Jésus-Christ; et Dieu l'en devoit retirer dans son temps. C'est donc ici une de ces prophéties qui ont double sens il y en a assez d'autres qui ne sont propres qu'à Jésus-Christ: ici pour unir ensemble la figure et la vérité, le Saint-Esprit a choisi un terme qui convint à l'un et à l'autre, et à regarder les termes précis, plus encore à Jésus-Christ, qu'au peuple d'Israël.

Allez donc en Egypte, divin enfant. Heureuse terre qui vous doit servir de refuge contre la persécution d'Hérode, elle sentira un jour l'effet de votre présence. Dès à présent à votre arrivée les idoles sont ébranlées, et les démons qu'on y sert tremblent. Viendra le temps qu'elle sera convertie avec toute la gentilité. Jésus qui doit naître en Judée, sortira de cette terre pour se tourner vers la gentilité. Paul

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