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SCÈNE XX.

ZAIDE, sans voile; D. PEDRE.

D. PEDRE.

Comment! que veut dire cela?

ZAÏDE.

Ce que cela veut dire? Qu'un jaloux est un monstre haï de tout le monde, et qu'il n'y a personne qui ne soit ravi de lui nuire, n'y eût-il point d'autre intérêt; que toutes les serrures et les verrous du monde ne retiennent point les personnes, et que c'est le cœur qu'il faut arrêter par la douceur et par la complaisance; qu'Isidore est entre les mains du cavalier qu'elle aime, et que vous êtes pris pour dupe.

D. PEDRE.

2

Don Pedre souffrira cette injure mortelle! non non; j'ai trop de cœur, et je vais demander l'appui de la justice pour pousser le perfide à bout. C'est ici le logis d'un sénateur. Holà!

SCÈNE XXI.

UN SÉNATEUR, DON PEDRE.

LE SÉNATEUR.

Serviteur, seigneur don Pédre. Que vous venez

à propos!

D. PEDRE.

Je viens me plaindre à vous d'un affront qu'on m'a fait.

LE SÉNATEUR.

J'ai fait une mascarade la plus belle du monde.

D. PÉDRE.

Un traître de Français m'a joué une pièce...!
LE SÉNATEUR.

Vous n'avez, dans votre vie, jamais rien vu de si beau.

D. PÉDRE.

Il m'a enlevé une fille que j'avois affranchie.

LE SÉNATEUR.

Ce sont gens vêtus en Maures, qui dansent admirablement.

D. PEDRE.

Vous voyez si c'est une injure qui se doive souffrir.

LE SÉNATEUR.

Des habits merveilleux, et qui sont faits ex

près.

D. PEDRE.

Je demande l'appui de la justice contre cette action.

LE SÉNATEUR.

Je veux que vous voyiez cela. On la va répéter pour en donner le divertissement au peuple. D. PEDRE.

Comment! de quoi parlez-vous là?

LE SÉNATEUR.

Je parle de ma mascarade.

D. PEDRE.

Je vous parle de mon affaire.

LE SÉNATEUR.

Je ne veux point aujourd'hui d'autres affaires que de plaisir. Allons, messieurs, venez. Voyons si cela ira bien,

D. PÉDRE.

La peste soit du fou, avec sa mascarade!
LE SÉNATEUR.

Diantre soit le fâcheux, avec son affaire!

SCÈNE XXII.

UN SÉNATEUR, TROUPE DE DANSEURS.

ENTRÉE DE BALLET.

(Plusieurs danseurs, vêtus en Maures, dansent devant le sénateur, et finissent la comédie.)

FIN DU SICILIEN.

LE TARTUFE,

COMÉDIE EN CINQ ACTES.

Les trois premiers actes représentés à Versailles le 12 mai 1664.

La pièce entière fut jouée à Rinci le 29 novembre 1664, puis le 9 novembre 1665.

La première représentation à Paris fut donnée le 5 août 1667. La pièce fut défendue le lendemain: elle reparut à Paris le 5 février 1669.

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