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TÉMOIGNAGE QUE JÉSUS-CHRIST S'EST RENDU A

LUI-MÊME PAR SA VIE SPIRITUELLE.

J'ai un témoignage plus grand que celui de Jean; car les œuvres que mon Père m'a données pour les accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, témoignent de moi que mon Père m'a envoyé (Jean, V, 36).

MES FRÈRES,

Vous vous rappelez, sans doute, le point de départ et la conclusion de notre dernière conférence. Après avoir antérieurement établi que la parole de Jésus était divine, nous nous sommes demandé si sa vie l'avait été aussi. Mais avant de répondre à cette question, nous avons dû préalablement résoudre ce problème : Qu'est-ce que la vie? Par l'examen de ses différentes manifestations, nous avons reconnu que la vie est non-seulement une puissance d'action sur la nature, l'ensemble des forces qui résistent à la mort, mais qu'elle est aussi

la puissance de penser, de vouloir et d'aimer, l'ensemble des forces qui résistent à l'erreur, au péché, à l'égoïsme. Puis, nous attachant exclusivement à ce qu'il y a eu de plus sensible, de plus extérieur dans la vie de Jésus, savoir à sa puissance sur la nature, nous vous avons montré en Lui l'homme approuvé de Dieu, et manifesté comme tel par des miracles et des prodiges dont l'étonnante série s'est terminée par le plus grand de tous, celui de sa propre résurrection. Nous devons aujourd'hui pénétrer dans sa vie intime; et puisqu'il se présente à nous comme Fils de l'homme et comme Fils de Dieu. nous démontrer à nous-même si sa pensée a été divine, sa volonté sainte, son amour infini. Ces questions résolues, il ne nous en restera plus qu'une seule à examiner: Jésus, après s'être divinement préexisté dans la prophétie, et avoir vécu divinement pendant son ministère terrestre, s'est-il aussi divinement survécu durant les dix-huit siècles qui nous séparent de Lui? Cette question fera, s'il plaît à Dieu, le sujet de notre dernière conférence.

Notre première question, touchant la vie

intime de Jésus, est celle-ci : A-t-il résisté à l'erreur? A-t-il possédé la vérité? Sa pensée était-elle divine? J'ai, dans ma seconde conférence, répondu en partie à cette question; car c'est surtout par la parole que la pensée d'un autre homme se manifeste à notre esprit, et nous sommes déjà arrivés à cette conclusion:

Jamais homme n'a parlé comme Jésus. Il a les paroles de la vie éternelle; sa doctrine éclaire notre esprit, sa morale s'impose à notre conscience, ses appels touchent notre

cœur.

Toutefois, ce sont les diverses parties de l'édifice spirituel qu'il a élevé qui ont attiré notre attention, plutôt que l'ensemble même de cet édifice. Or, la pensée d'un homme de génie consiste plus encore dans son point de vue supérieur, dans le plan qu'il a conçu, que dans les vérités particulières qu'il a énoncées. C'est donc du but suprême que s'est proposé Jésus-Christ que je dois vous entretenir. Mais, mes frères, laissez-moi profiter du caractère intime que doivent présenter ces conférences, pour vous dire que, lorsque nous nous sommes mis à l'œuvre pour résoudre cette ques

tion Quelle a été la pensée définitive de Jésus-Christ? nous nous sommes pris à regretter d'avoir osé la poser. En vain avonsnous recueilli nos souvenirs, lu et relu les plus belles pages écrites sur ce sujet; en vain nous sommes-nous adressé à un Augustin, à un Pascal, je dirai plus, à un saint Paul, nous n'avons rencontré nulle part une réponse satisfaisante, une solution complète du problème. Peut-être la saisirons-nous dans les profondeurs de l'éternité, au sein d'une vie supérieure ; mais présentement, cette pensée divine ne peut être entrevue que confusément et comme dans un miroir obscur; nul n'a pu l'embrasser dans toute sa plénitude, nul n'a pu dérouler ce plan qu'a tracé la sagesse éternelle. Ni la doctrine de la rédemption, ni celle du royaume des cieux, ni la loi sainte de la charité, ne constituent la pensée suprême du Christ. La rédemption n'est qu'un moyen, le royaume des cieux n'est qu'une phase du règne éternel de Jésus, la loi de la charité n'est que le reflet de l'amour du Sauveur du monde.

Mes frères, ce que l'on a appelé le plan de

Jésus pour le bonheur du genre humain, le projet qu'il a eu de fonder une religion universelle qui répondît à tous les besoins de l'âme, n'entre pas dans les proportions des religions humaines. Jésus de Nazareth disant :

«

Quand le Fils de l'homme aura été élevé, j'attirerai tous les hommes à moi (1), » associant à son œuvre de régénération spirituelle douze artisans obscurs qui, de pêcheurs de poisson, deviennent, à sa voix, pêcheurs d'hommes vivants, prenant congé du monde en disant à ses disciples: « Allez et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (2), » Jésus, dis-je, a conçu un projet qui dépasse toutes les prévisions. Nul, avant Lui, n'avait formé un plan si vaste; nul, après Lui, n'en forma un si beau, pas même Mahomet, qui, en disant à ses successeurs : Subjuguez tous les peuples, et que votre cimeterre tranche les têtes qui ne voudront pas se courber devant vous,» n'a fait que parodier

α

(1) Jean, XII, 32.

(2) Matth., XXVIII, 19.

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