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PHILIPPE BRACONNIER,

IMPRIMEUR ET LIBRAIRE A MONTAUBAN.

1647-1651

Philippe Braconnier, fils de Didier et frère de Pierre, dont nous venons de rappeler les publications connues, était né à Montauban le 11 janvier 1623.

Le premier de sa famille il réunit l'industrie de l'imprimerie au commerce de la librairie. Nous ne pouvons dire s'il travailla comme compagnon dans un atelier de Montauban; mais nous savons qu'il était apprenti à Agen en 1641, chez Jean Gayau, lequel reconnut avoir imprimé avec son aide un pamphlet anonyme sur le sujet des cloches et des sépultures, dont l'auteur, Jean Soldadié, fut poursuivi devant la juridiction consulaire'.

Philippe Braconnier ne prit que le titre de libraire. dans son contrat de mariage (31 janvier 1649) avec Jeanne Reste, fille d'un procureur de notre sénéchal. Nous verrons cependant qu'il possédait déjà en 1647 une imprimerie, dont il avait peut-être acheté à La Rochelle le matériel, qui était assez important et comprenait une presse en taille-douce.

Parmi les livres qu'il imprima, nous citerons: Six Sermons, de Jérémie Viguier (1647); Le Jésuite désarmé, par Ricotier (1648); Antonii Garrissolii Adolphidos (1649);

Andrieu, Histoire de l'imprimerie en Agenais, p. 57.

2 Cette imprimerie était établie dans une maison que possédait Braconnier, rue des Cordonniers ou Michelet, et qui fut vendue le 20 mars 1650, après la mort de Philippe, par Pierre Braconnier, ordonnateur des biens de ses enfants, héritiers de leur oncle. Jacques Lhospital, gantier, acheta pour 1,900 livres cette maison, qui confrontait à celles de Fauché, tailleur, Rivière, apothicaire, et Satur, procureur. (M° Rigaud, notaire.)

enfin, des thèses, sur lesquelles il prenait le titre d'imprimeur de l'Académie, comme Pierre Bertiẻ.

Nous donnons à la Bibliographie les titres des livres qui portent son nom, en faisant remarquer qu'il dut en publier bien d'autres. Du reste, ses presses produisirent beaucoup, relativement au peu de temps que vécut ce typographe, dont la mort, le 20 août 1651, est inscrite en ces termes dans les registres protestants : Décès de Philippe Braconnier, marchand libraire, ensevely au cimetière de Campagne'. » Pourquoi n'est-il pas désigné imprimeur?

Au moment où il signait son testament (13 août 1651, Jean Dupuy, notaire), Philippe Braconnier avait déjà perdu sa fille Anne (née en 1650), mais il savait que sa femme était enceinte (elle accoucha le 19 janvier 1652). A défaut de cet enfant, mort en pupillarité (juill. 1655), il désignait pour ses héritiers les enfants de son frère Pierre. Ni celui-ci, ni ses fils ne se trouvant en état de diriger l'imprimerie, le matériel fut vendu le 7 décembre 1652 à Rachel Bertie et à Anne Périer. Nous l'avons dit, p. 150.

Quoique à peine âgé de 28 ans lorsque la mort vint le frapper, ce typographe avait déjà réalisé des progrès très sensibles, et pouvait lutter avec Jean Rouyer; comme lui, il possédait de beaux caractères, des lettres et des têtes de page gravées. L'édition de l'Adolpheïde est remarquable: aussi l'abbé Teulières, conti

1 Le cimetière des protestants existait encore au commencement de ce siècle, dans un terrain situé entre le boulevard et la petite rue du faubourg Lacapelle qui conduit aux cuisines du Lycée de jeunes filles.

Un arrêt du 4 janvier 1663 portait que les enterrements des morts de la R. P. R. ne pourront être faits que le matin à la pointe du jour, ou le soir à l'entrée de la nuit.

2 Ce poème, publié en 1649, contient plus de 5,000 vers latins à la gloire de Gustave Adolphe; il est dédié à sa fille, la reine Christine de Suède,

nuateur de l'Histoire du Querci, de Cathala-Coture, a dit, t. III, p. 9: « Philippe Braconnier et Samuel Dubois se distinguèrent, le premier par la correction de ses ouvrages, et le second par la beauté de ses éditions, qui le disputent à celles du Louvre. » Ces éloges sont fort exagérés; ces deux typographes avaient suivi l'impulsion donnée à leur industrie par Haultin et Rouyer.

Philippe Braconnier avait une marque, l'Espérance, gravée sur bois, avec le mot Spes seul, et une autre gravée sur cuivre 2, portant cette devise: Spes mea Deus, qui fut celle de Henri III. Ce roi l'avait adoptée pour la reliure de ses livres, avec des têtes et des os de morts, des larmes, des croix et des instruments de la Passion, dorés ou estampės, sur maroquin noir.

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et imprimé sur format petit in-4', gros caractère, dit Saint-Augustin, XXXII-389 p., ornées de têtes et de fins de pages.

Après le poème latin viennent les Epigrammes sur l'Adolpheïde, adressées à l'auteur, selon l'usage, mais en français, et signées par des collègues de Garrissoles. Voir pour ce professeur la page 132.

1-2 Ces marques sont imprimées sur les titres de deux livres d'Antoine Garrissoles: De imputatione primi peccati Ada, 1618.

PIERRE II BRACONNIER,

fils de Pierre, Ier de prénom, et neveu de Philippe, naquit le 5 mai 1653, et se maria le 10 juin 1680, à l'âge de 27 ans, avec Marie Duborn, qui en avait 25, et était fille d'un bourgeois de Montauban. Il avait succédé à son père, et comme lui il édita quelques livres :

Le Paradis terrestre, sermon par Isaac Sarrau (1684); Les Consolations de l'Ame fidelle contre les frayeurs de la mort, œuvre de Drelincourt, qui eut de nombreuses éditions, et le Nouveau Testament (1685).

Probablement ces ouvrages furent les derniers qui parurent avec le nom de Pierre Braconnier, car un arrêt du 9 juillet 1685 défendit à tous imprimeurs et libraires faisant profession de la Religion prétendue réformée, de faire à l'avenir aucunes fonctions d'imprimeurs et libraires.

A la révocation de l'édit de Nantes, la famille Braconnier disparut de Montauban, tandis que quelques collègues y restèrent, et s'occupèrent d'autres industries.

Pierre Braconnier et sa femme étant jeunes et n'ayant peut-être pas encore d'enfants, se décidèrent à quitter la France.

D'après une communication faite à M. de France pour Les Montalbanais au désert, c'est probablement Pierre II Braconnier, marchand de Montauban, et sa famille, qui étaient réfugiés à Magdebourg en 1703.

En 1698, un Braconnier figurait sur les registres de la paroisse de Friedristhtadt, et un Jean Braconnier, à la même époque, se trouvait au Werder.

Signature de Pierre II Braconny

à son acte de mariage.

IMPRIMEUR DU KOI, DE L'ÉVÊQUE ET DE LA VILLE.

1644-1660

Le départ d'Arnaud de Saint-Bonnet força l'évêque de Montauban à s'adresser de nouveau à l'imprimerie municipale, dirigée par Pierre Bertié, mais dont le titulaire Pierre Coderc, qui vécut jusqu'au mois de janvier 1644, avait déjà abandonné la Réforme.

Si le Béarn nous enleva Louis Rabier, si Saint-Bonnet quitta Montauban pour aller à Auch, du moins la première de ces provinces nous donna Jean Rouyer, fils d'Abraham Rouyer, qui en 1610 succéda à Rabier à Orthez, mais en gardant sa librairie de Bordeaux. Pen de temps avant sa mort, en 1631, il avait publié deux opuscules, réunis sous un senl titre par ses fils Jacques et Jean. L'ainė, resté seul, était à Orthez en 1635, où il vivait encore en 1675; son frère cadet vint à Montauban en 1644, et nous croyons qu'il porta une partie du matériel de son père. Son atelier était important; il débuta par la réimpression d'un livre édité en Béarn:

La conversion très heureuse de M. Daniel de Martin, ci-devant ministre de Castelis et autres lieux en Béarn. Jouxte la copie imprimée à Lescar, Montauban, Jean Rouyer, impr. de l'illustr. et révérend. Evesque et de la ville, 1644, in-16 de 76 pages.

Le 25 juin 1645 il recevait 37' 10s pour 500 Catéchismes « à adresser aux recteurs, dont aucun n'a été retrouvé, et l'année suivante il publiait :

Instructions chrestiennes et théologiques, in-8' de 266 pages. A la suite de son nom, Rouyer ajouta: A l'en

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