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qu'elle avait eus dans l'espace de 6 ans trois vécurent à peine quelques années, et elle-même succomba le 2 janvier 1686, laissant deux filles, l'une âgée de 7 ans et l'autre de 15 mois.

Il est triste de dire que 28 jours après avoir enterré leur mère, jeune encore, notre imprimeur convolait en troisièmes noces le 18 février, avec Anne Boissières, veuve de Dominique Lieusou, âgée de 41 ans, et lui de 58.

Pendant l'année 1688 Dubois imprima un bean livre, format in-8', qui mérite une mention toute spéciale : De Academia Suessionensi, cum epistolis ad familiares Juliani Hericurtii, Suessionensis Academici.

La première page de cette histoire de l'Académie de Soissons, écrite par M. Julien d'Héricourt, est occupée par une gravure sur cuivre, signée C. Vermeulen, d'après le dessin de P. Sevin: Une Minerve assise, le bras

droit appuyé sur un bouclier portant le chiffre des Héricourt, tient à la main gauche une couronne de laurier qui repose sur un cartouche, dans lequel on lit: DE ACADEMIA SVESSIONENSI CVM EPISTOLIS AD FAMILIARES IVLIANI HERICVRTII, Suessionensis Academici. Au-dessus on voit la ville de Soissons, et dans le champ des palmes deux aigles s'élèvent vers le soleil; autour de ces palmes s'enroule un ruban sur lequel est inscrite la devise de l'Académie: Maternis Ausibus audax.

Le titre de ce livre est composé en caractères mobiles, correctement disposés, et dont les mots ne sont plus coupés à la fin des lignes. Les armes de la famille des Héricourt, dessinées et gravées par les mêmes artistes, séparent le titre du nom de l'imprimeur.

Cette histoire est dédiée à Nicolas-Joseph Foucault, alors intendant de la province du Poitou, et dont les armes figurent dans la tête de page, gravée aussi sur cuivre, comme la première lettre de la dédicace latine (13 p. sans fo), imprimée en gros caractère de 16 points. Suivent des stances, en vers français, adressées à l'auteur par M. d'Hauteserre.

Six pages, avec le titre Ad Lectorem, précèdent l'histoire de l'Académie, qui occupe les p. 1 à 128, et est datée de Montauban, calendis sextilibus 1683. On y remarque encore une belle tête de page gravée et la première lettre T.

D'après l'Index il y a 57 lettres de d'Héricourt' ou de ses amis, écrites en latin élégant, p. 129 à 274; les 11 dernières, p. 275 à 332, sont composées à 2 colonnes, une pour le latin, l'autre pour la traduction en grec. La 41e lettre est adressée par Julien d'Héricourt à Samuel de Fermat, le fils du célèbre mathématicien de Beaumont, et écrite à Montauban, decimo calendas aprilis 1688.

L'historien de l'Académie de Soissons et ses amis employaient les langues anciennes pour leur correspondance littéraire. Les temps sont changés: non seulement pour les académiciens, mais surtout pour les imprimeurs, qui ne pourraient tous mettre à leur disposition des «< compositeurs congrus en langue latine et sachant lire le grec. »

Après cet important labeur, les livres signés par Samuel Dubois deviennent rares; cependant nous signalerons :

Julien d'Héricourt, originaire de la Picardie, ancien magistrat à Soissons, mourut à Montauban le 17 octobre 1705, où il était procureur du Roi au Sénéchal lorsqu'il publia son ouvrage.

Histoire de l'Animal, ou connaissance du corps humain. par la méchanique et la chymie; et Seconde partie de la chymie naturelle, ouvrages datés de 1686, par Daniel Duncan, docteur médecin, né à Montauban, d'une famille noble d'Ecosse réfugiée en France à la suite des troubles de la Grande-Bretagne. Quoique protestant, Duncan avait dédié le premier de ces livres à Mgr Colbert, évêque de Montauban; et cependant il émigra, et mourut à Londres en 1707, âgé de 86 ans.

Supplementa ad Breviarium Romanum, 1688, pour le diocèse de Montauban.

Lettre pastorale de Mgr de l'Evêque de Montauban aux nouveaux convertis, 1690, réimprimée plus tard.

Enfin l'Evêché autorisa la traduction et la publication du Catéchisme du P. Canisius, qui eut plus de 400 éditions et fut traduit dans presque toutes les langues; il était suivi de l'Exercice du Chrétien.

Samuel Dubois, arrivé à l'âge de 65 ans, avait perdu une grande partie de son activité; des cinq enfants qu'il avait eus de sa seconde femme Marie Dailhes, il lui restait seulement Anne, née le 15 février 1679, et Marquise le 12 mai 1685 aussi, effrayé par son état de santé, il se décida le 31 juillet 1693 à marier sa fille aînée, qui n'avait pas encore 15 ans, avec son neveu François Descanssat, âgé de 33 ans, fils de sa sœur Anne Dubois 229 et de Pierre Descaussat, sergent royal. Depuis longtemps il l'avait associé à ses travaux, et au moment du mariage. il lui céda son établissement; en même temps il consentait à ce que son gendre obtint le titre d'imprimeur du Roi à sa place. Les provisions lui en furent délivrées à la date du 13 juillet 1693. On les trouvera dans sa Notice.

Nous ne connaissons qu'un seul imprimé qui constate l'association de Dubois avec Descaussat:

Nouveau calcul dressé sur la Déclaration du nouveau tarif arrêté en conseil du 20 avril 1694 pour la perception. des droits de controlle des contrats et actes, en exécution de l'édit du mois de mars 1693, le présent Calcul ou Mėmoire fait pour l'instruction ou facilité des commis établis audit controlle, par Augustin Bonnel, A Montauban, chez Samuel Dubois et François Descaussat, imprimeurs ordinaires du Roy, de Mgr l'Evêque et de la Ville, 32 p. Cet imprimé n'est pas daté, mais il fut publié entre le 20 avril et le 15 août 1694.

Notre imprimeur aurait pu rechercher une quatrième compagne, puisque la troisième succomba le 30 mars 1694, si lui-même ne s'était senti atteint de la maladie qui mit fin à ses jours le 15 août de la même année. Son acte de décès est inexact en lui attribuant 70 ans, car il n'en avait que 66.

L'achat de l'imprimerie Rouyer avait donné à Dubois un matériel important et un personnel habile, qui lui permirent d'exécuter des travaux remarquables; et malgré les progres incontestables réalisés par la typographie en province, on ne peut qu'apprécier comme elle mérite l'édition de l'Histoire de l'Académie de Soissons; c'est le livre imprimé à Montauban pour lequel la gravure sur cuivre a été utilisée avec le plus de goût, et nous pouvons ajouter que depuis lors ce genre de décor a été fàcheusement abandonné par les typographes.

IMPRIMEURS ET LIBRAIRES.

1670-1679.

Jacques Périot, libraire à Montauban, se maria avec Marthe Gillard, fille de Jean, aussi libraire, dit lou Ritche, dont il eut un fils le 2 février 1636, qui reçut le prénom de Poncet', que lui imposa son parrain, Nicolas Poncet, fondeur, gendre de Gillard.

Poncet Périot, marié à Marie Barreau, fille de Guillaume, bourgeois de Puylaurens, eut un fils, Jacques, le 7 février 1670, baptisé au temple de Montauban comme ses frères et soeurs: Marie, 1672; Catherine, 1674, et Isaac, 1677. On n'a pas trouvé à Montauban la mention. de son mariage, probablement contracté avant 1670, et à Puylaurens, où Périot devait avoir suivi Bertié, dont il était un des compagnons imprimeurs.

Nous ne pouvons indiquer l'origine du matériel typographique employé par Poncet Périot et son associé Pierre Rouère', pour imprimer deux livres, qui seuls portent leurs noms : Les quatrains du seigneur de Pybrac, avec les plaisirs de la vie rustique, 1670, et Les Consolations de l'ame fidèle contre les frayeurs de la mort, 1671, ce dernier labeur pour Pierre Braconnier.

1 Aux États-Unis, dit M. Salverte (Essai sur les noms d'homme), on donne encore volontiers pour prénoms à un enfant le nom d'une personne ou d'une famille avec laquelle le père a des rapports d'alliance ou d'amitié. Dans quelques familles princières et même bourgeoises certains noms de baptême sont pour ainsi dire héréditaires. (Revue de l'Art chrétien, t. XXII, 306.)

A Montauban, au XIV siècle, le nom de Tozet, qui signifie petit enfant, était devenu un prénom : exemple, Tozet de Vacheresse, Tozet de Tozet, Tozet de Gasc; on trouve aussi Aussac d'Aussac, Antėjac d'Antėjac. (Comptes des frères Bonis, publiés par Édouard Forestié, t. I, p. 53.)

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