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Maire de Montauban, pour soutenir un procès curieux intenté à la Ville par les Capucins, dont une parcelle de jardin (celui du grand Séminaire) avait été prise, mais avec indemnité, pour élargir l'avenue du Cours Foucault.

Le Mandement publié, en 1753, par Mgr de Verthamon, pour annoncer un Te Deum en actions de grâces de la naissance du duc d'Aquitaine, fut supprimé par le Conseil d'Etat, parce qu'il contenait « des réflexions sur l'histoire non seulement déplacées, mais répréhensibles ». C'est le seul Mandement connu portant le nom de Teulières, qui cependant avait alors la clientèle de l'Evêché.

Notre typographe avait imprimé, en 1747, suivant la coutume de l'époque, un Exercice littéraire de son fils, Bernard-Armand, dans un passe-partout en soie, dont la moitié était occupée par une gravure sur cuivre, signée Gros, peintre toulousain (voir no 357). En 1755, à peine âgé de 20 ans, ce jeune avocat envoya une Dissertation au concours de l'Académie de Rouen, qui lui décerna le prix. Ce succès de son fils aîné aurait rendu heureux son père, si, déjà alité depuis plusieurs mois, il avait pu se faire illusion sur la maladie qui le forçait à abandonner à sa femme la direction de son établissement; et surtout s'il n'avait pas compris que le seul de ses enfants qui, par son age, aurait pu lui succéder, était décidé à renoncer à l'industrie pour entrer dans la magistrature.

Le 2 mai 1756, dans sa maison de la place de l'Horloge, 36, où il avait transporté l'imprimerie, Teulières fit son testament, qui instituait héritier universel Bernard-Armand, donnait à chacun de ses enfants' 2.500 livres, payables à leur majorité; il laissait à sa femme l'usufruit et la jouis

Des quatorze enfants nés pendant les 20 ans du mariage de Teulières, il n'en restait que cinq quatre garçons et une fille.

sance de tous ses biens meubles et immeubles, sans être tenue de rendre compte et de faire inventaire'. Le 2 novembre suivant, cet imprimeur mourait à l'âge de 50 ans, et était inhumé dans les caveaux de l'église Saint-Jacques.

Quoique cet industriel, aussi habile qu'intelligent, n'eût reculé devant aucune dépense pour élever ses enfants et augmenter considérablement le matériel de son imprimerie, Teulières laissa à sa famille environ 60,000 francs, somme importante pour l'époque.

1 Cependant un inventaire, sous seing privé, fut rédigé en famille, non seulement pour les immeubles et les meubles, mais encore pour la librairie et l'imprimerie. C'est la première fois que nous pouvons indiquer sommairement la composition d'un matériel typographique à Montauban, qui fut estimé, avec la clientèle, 14,000 livres.

MATÉRIEL DE L'IMPRIMERIE TEULIÈRES

D'aprés l'inventaire du 12 novembre 1756.

Trois presses montées, dont une avec platine en cuivre, et accessoires; bancs à imposer et à desserrer les formes, ais pour les laver, etc. Une presse à satiner, avec ais, cartons, etc.

Deux presses à rogner le papier et pour la reliure.

Deux casses gros-canon, pesant 200 livres.

Deux

Deux

Trois

Trois

Cinq

Trois

Trois

Trois

petit-canon, pesant 180 livres, très usé.

petit-parangon, pesant 200 livres, moitié usé.
gros-romain, pesant 350 livres, moitié neuf.
gros-romain, pesant 250 livres, entièrement usé.
saint-augustin, pesant 500 livres, fort usé.

cicero, de Fournier, pesant 350 livres, un peu usé.
philosophie, pesant 350 livres, fort usée.

petit-romain, pesant 350 livres, moitié usé.

Une casse grec, saint-augustin, pesant 250 livres.

Une

Une

grec, cicero, pesant 250 livres.

caractère dit financière, pesant 120 livres

Un casseau, lettres de deux-points, divers corps, pesant 100 livres.

Un

Un

vignettes et règlets de fonte, pesant 100 livres.

réglettes en fonte, pesant 50 livres.

Deux caisses règlettes en bois et fer blanc.

Quinze châssis en fer, et garnitures complètes in-4, in-8", in-12 et in-16. Trois alphabets lettres grises, en bois.

Deux douzaines gravures, armes de la ville ou du Roi.

Vieilles gravures et lettres sur bois.

Encre d'imprimerie, un baril d'environ 80 litres.

Dans le matériel de l'imprimerie Teulières Crosilhes que nous avons acheté en 1945, il y avait encore ces trois presses, qui ont été aussitôt réformées. Nous ne comprenons pas comment avec des outils aussi informes on avait pu exécuter des travaux tels que le Recueil de la Cour des Aides, no 378.

IMPRIMEUR ET LIBRAIRE.

1756-1772.

Marie-Armande Fontanel, née le 20 septembre 1718, avait à peine 38 ans au moment de la mort de son mari, dont la santé, usée de bonne heure par un travail incessant, avait souvent forcé sa femme à l'aider dans l'administration de son établissement. L'aîné des six enfants qui avaient survécu à leur père, venait d'entrer dans sa vingtième année, et le plus jeune n'avait pas 4 ans.

Sans négliger la surveillance de la famille, la veuve Teulières prit avec courage la direction de l'imprimerie, et, aidée par Ch. Crosilhes, connu déjà comme compagnon en même temps que libraire, elle maintint la prospérité de l'atelier', et obtint le titre d'imprimeur du Roi.

Particulièrement occupées de travaux administratifs, cependant ses presses produisirent plusieurs bons livres ou des documents intéressants, surtout un certain nombre de poésies et de discours couronnés aux concours de notre Académie, ou prononcés par ses membres; nous citerons ces publications dans la Bibliographie, et n'en indiquons ici que les principales :

Droits et Privilèges de la ville de Montauban depuis 1307, document très important, publié en 1760, d'après les registres de la Cour des Comptes. No 411.

Ordonnance relative à l'Alignement des rues, 1766.

Pierre Fontanel, son frère, dès sa rentrée à Montauban, fut occupé à l'imprimerie Teulières; le 1er janvier 1755 et 1756 il donnait quittance à l'Évêché de 150 francs au nom de son beau-frère. Probablement il resta avec sa sœur jusqu'au moment où il succéda à Legier, en 1759.

Relations de la grande inondation de 1766, pendant laquelle plus de 1,200 maisons de Montauban on de la juridiction, furent détruites. - Voir nos 421 -22.

Parmi les nombreux ouvrages de l'abbé de La Tour, cités au n° 423, et qui ne portent point le nom de l'imprimeur, il est possible que plusieurs soient sortis de l'atelier de la veuve Teulières, notamment les Discours Académiques, 1768-70; mais nous ne pouvons l'assurer.

Les Eloges de la princesse Marie, reine de France, et de Stanislas, roi de Pologne, 1768, par l'abbé Bellet, et les Voeux de M Louise-Marie de France, carmélite, 1771, du même auteur.

Un Ordo du chapitre de Moissac, diocèse de Cahors. pour 1768, est le plus ancien connu.

Jugement prévotal. Extrait des registres de la Maréchaussée de Guyenne au département de Montauban, in-4" de 8 pages. C'est le résumé des jugements rendus du 27 septembre au 11 décembre 1765, contre les nombreux auteurs de meurtres, assassinat prėmidité, vols avec effraction et sans effraction, vols dans les maisons avec violences et port d'armes, vols domestiques et dans les églises, récėlė, bris et évasion des prisons et autres délits'.»

Citons enfin une Ode à Mgr de Breteuil, à l'occasion de son dévouement pour les inondés de 1766, par l'abbé Teulières, dont un Mémoire fut couronné, à l'Académie de

Rendus sous la présidence de M. Ayrolle des Angles, lieutenantcolonel de cavalerie, prévôt général de la Maréchaussée, ces jugements furent exécutés le 13 janvier 1766, sur la place royale. L'instruction avait été suivie contre 513 personnes; 53 prisonniers et 28 contumaces furent jugés, et 12 ajournés. Il subirent la peine de la roue, 8 pendus, 15 fustigés ou mis au pilori, les autres relaxés; 18 contumaces sur 28, exécutés en effigie. Cette terrible affaire inspira à Mary Lafon son meilleur roman, la Bande mystérieuse, publié en 1856, par le Courrier de Tarn-et-Garonne et le Journal pour tous, et en 1 vol. in-12, qui eut plusieurs éditions.

Pau, en 1771, sur La meilleure Methode pour perfectionner l'Agriculture. Comme Teulières, sa veuve pouvait être fière du succès de ses deux fils, membres distingués de l'Académie de Montauban '.

Désireuse d'assurer la succession de son imprimerie à sa famille, Marie-Armande Fontanel avait manifesté par acte, en 1765, sa volonté d'en céder le titre à son fils aîné, avocat; ce projet n'eut pas de suites.

Après la perte de son plus jeune enfant, BernardinVictor, elle se décida, le 23 mai 1772, avec le consentement de Bernard- Armand, héritier de son père, à céder l'établissement à son troisième fils, Jean-Vincent, imprimeur, âgé de 24 ans 2.

Le 4 mars 1774, un accord fixant l'hérédité de Teulières père, fut signé entre sa veuve, son héritier et les autres enfants 3.

Leur mère resta avec son fils aîné jusqu'à sa mort, le 10 juillet 1786; elle était âgée de 68 ans.

Voir sur les deux frères Teulières, leurs notices dans notre Histoire de l'Académie.

2 La cession de l'imprimerie et des vieux imprimés provenant du fonds de Bro, de Teulières ou de sa veuve, fut consentie pour 14,000 liv. payables selon l'indication que donnerait l'héritier, Bernard-Armand; l'intérêt à 5 pour cent, soit 700 livres, serait payé entre les mains de la veuve, usufruitière, qui s'engageait à céder son titre d'imprimeur à l'acquéreur, moyennant une pension viagère de 300 livres.

3 Cette hérédité fut ainsi fixée amiablement :

.... 22,000 livres

1° Une maison, place de l'Horloge, estimée....
2o Un domaine, situé à Verlhaguet, de 22 seterées, estimé.. 28,800
3 Imprimerie, vendue à Vincent Teulières, le 23 mai 1772.. 14,000
4° Magasin de librairie, vendu à Ch. Crosilhes, le 10 août 1766. 3.000
5o Le mobilier, d'après l'inventaire......
4,500

......

Ce patrimoine, augmenté des sommes reçues et diminué des dettes. fut fixé à 56,788 livres, que l'héritier augmenta de 3,212 livres, et porta à 60,000, afin d'en donner 6,000 à chacun de ses frères et à sa sœur.

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