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JEAN-VINCENT TEULIÈRES,

IMPRIMEUR-LIBRAIRE.

1772-1791.

Nous avons déjà dit que le 23 octobre 1772, BernardArmand Teulières, héritier de l'imprimerie de son père, la céda pour 14,000 livres à son frère Jean-Vincent, et qu'une pension viagère de 300 livres fut consentie à sa mère, usu-fruitière, pour la cession de ses droits en faveur de son fils plus jeune. Par suite, ce dernier étant pourvu du diplôme de maître ès arts de l'Université de Toulouse, et vu son acte de naissance du 20 octobre 1748, obtint, le 30 novembre 1772, des lettres patentes l'autorisant à exercer à Montauban la typographie, qu'il pratiquait depuis plusieurs années.

Dans l'acte de partage du patrimoine de Jean-François Teulières, son fils aîné s'étant chargé de la maison paternelle, place de l'Horloge, dont il avait hérité de deux tiers, son frère Vincent transporta son atelier << rue et en face l'Évêché, aujourd'hui rue de la Mairie.

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Peu de travaux exécutés durant les premières années de cet établissement méritent d'être cités.

Vincent Teulières imprima Le Nouveau Règne, ode à la nation, par Dorat, 1774, éditée « chez Cazamea, libraire, r dont nous aurons à nous occuper, et qui, comme Crosilhes, était souvent désigné pour la vente de livres ou pièces.

Un édit du Roi, portant remise du droit de joyeux avènement, fut publié en mai 1774.

Sur un Etat des Exemptions du tirage au sort pour les régiments provinciaux, Vincent Teulières prend, en

1775, le titre d'imprimeur du Roi, qu'il dut recevoir dans le courant de cette année.

Le 20 septembre 1777, il se marie avec Etiennette Saintou, âgée de 21 ans.

Notre compatriote trouva bientôt une occasion favorable pour développer son industrie.

On sait généralement que Renaudot, médecin de Louis XIII, créa, en 1631, la Gazette, premier journal français, auquel collaborèrent le Roi et Richelieu; mais on ignore qu'un privilège exclusif lui fut accordé pour la publication et la vente des Gazettes. Au renouvellement de ce monopole, en 1762, les béritiers de Renaudot se décidèrent à faire des concessions aux imprimeurs de province. C'est alors que furent créées des publications périodiques, notamment à Limoges et à Toulouse en 1775.

Montauban ne tarda pas à suivre cet exemple. Le 23 juillet 1777, Vincent Teulières imprimait le premier numéro de la Feuille hebdomadaire de la Généralité de Montauban, in-4o, à deux colonnes.

« La province où cette feuille doit naître et mourir, disait le prospectus, était environnée de voisins qui tous avaient un homme de lettres chargé de les instruire et les amuser. Nous avons cru que nos dignes compatriotes méritaient qu'on prît le même soin à leur égard. Nous espérons qu'ils verront avec plaisir que parmi eux se trouve un citoyen dont le zèle leur consacrera quelques veilles. »

L'éditeur ajoutait qu'il s'occuperait des questions relatives à l'agriculture, au commerce, à la médecine pratique, à la morale, sans oublier la littérature, les nouvelles et les annonces. Ces promesses furent tenues, et dans la série

de trois ans que nous possédons, on trouve les renseignements les plus intéressants sur cette époque, où le commerce et l'industrie de Montauban furent très prospères, les belles-lettres très florissantes.

Dans la Bibliographie, no 464, nous complèterons les quelques lignes consacrées à ce journal, qui paraissait encore sous le titre d'Affiches ou d'Annonces de Montauban le 28 juin 1780. Après cette date s'arrête notre collection, la seule connue et qui avait été formée par un des principaux collaborateurs, M. Poncet-Delpech, le futur membre de l'Assemblée Constituante et du Conseil des Cinq-Cents".

Un prospectus, signé par Ch. Crosilhes, libraire, directeur priviligie, annonçait le 15 juin 1780 que la rédaction de cette feuille allait être renforcée et que l'abonnement recommencerait le 1er juillet. On peut donc croire que les Affiches de Montauban ne disparurent pas de sitôt.

Voici les titres des publications faites par Teulières, de 1780 à 1790, que nous avons remarquées :

Examen et réfutation du Traité de l'Usure, par le P. Carpuat, 1780.

Les Banquettes, poème héroï-comique, par l'abbé Aillaud, 1783.

Lettre de la Cour des Aides au Roi, sur le commerce des colonies, attribuée à Le Franc de Pompignan, 1785. Histoire du Querci, par M. de Cathala-Coture, continuée par M***, membre de plusieurs académies (l'abbé

1 Nous serions très reconnaissant au collectionneur qui nous signalerait la suite de ce journal, ou les numéros du 1er août au 31 décembre 1779 qui nous manquent; s'il voulait les cèder, prière d'indiquer les conditions.

2 Voir la Biographie de J.B. Poncet, par Ed. Forestié, 1890, in-8°.

Teulières), 1785, chez Cazamea, éditeur et libraire juré, 3 vol. in-8. Voir le no 437 et la note sur ce libraire. Des Vices de l'Education publique et des moyens d'y remédier, par l'abbé Teulières, 1786.

Elite de bons mots, par M. Poncet-Delpech et le chevalier d'Arcq, 1786.

Éléments d'Arithmétique, de Géométrie et d'Algèbre, sans nom d'auteur, 3 édition, avec 6 planches, 1787. Essai poétique, par M. Hinard, 1787.

Exercices académiques, par les élèves de l'école de M. Pastoret, 1787.

Éloge de Le Franc de Pompignan, par Reganhac, 1788. Calcul astronomique sur le lever et le coucher du Soleil, par le P. Xavier Gairal, carme de Lauzerte, 1788.

Mémoire sur la Fontaine de l'Oulette et du Grand Griffoul, pour la Ville contre les Pères Jacobins, 1788. Réflexions sur la nouvelle division du Royaume, par Rabaut Saint-Etienne, 1789.

Institutiones Logicæ et Métaphysicæ, par Théodore Mang, abbé de Belleperche, 1789.

Description des Plantes qui croissent dans les environs de Montauban, par le Dr Gaterau, 1789,

Socrate, tragédie, par M. Pastoret, de Calian, 1789. Discours à la Bénédiction des Drapeaux de la Milice nationale, par l'abbé Aillaud, 1789.

Délassements littéraires, par le même, 1790.

Avant et après les malheurs de Montauban, Teulières2 publia pour la Municipalité des affiches, des délibérations

1 La seconde édition portait: Par M. J. Chalret, Doctrinaire. professeur de mathématiques à La Flèche et de philosophie à Toulouse; elle était imprimée à Villefranche de Rouergue, par Bruno Vedeilhié, 1782, in-8°.

2 Teulières habitait en 1786 une des maisons réunies à la Préfecture (1864)

et des mémoires justificatifs, que nous avons indiqués et analysés dans notre Récit des Troubles du 10 mai 1790, publié in-8, en 1883. Quand on a lu et étudié les 160 pièces que nous avons sur cette déplorable affaire, il est impossible de ne pas reconnaître qu'elle a été exagérée avec passion contre notre cité.

C'est le même imprimeur qui édita l'Histoire des Brigandages commis de la fin de 1789 au commencement de 1790, et autres écrits de l'abbé Pause de Mondésir, cités dans la Bibliographie, no 535, notamment divers Mémoires demandant que Montauban fût le chef-lieu d'un département.

Le comte de Sainte-Foy, chevalier d'Arcq, s'adressa au même atelier pour la publication de l'ouvrage qu'il dédia à la ville de Montauban: Invitation à ma Patrie en faveur de l'Humanité souffrante, et pour des Mémoires à l'Assemblée nationale, ou des Projets de souscription patriotique, 1788-89, indiqués dans la Bibliographie'.

Vincent Teulières eut une bonne idée lorsqu'il publia en 1785 le Calendrier de la Généralité de Montauban, in-24, d'environ 250 pages. Le plan de ce recueil est parfait, et jusqu'ici, même de nos jours, on imprime peu d'Annuaires aussi intéressants, aussi complets. Il contient de petites notices, courtes mais remplies de faits, sur les villes comprises dans la Généralité. En parcourant cet indicateur, on peut se faire une idée de l'importance que

Nous signalons le document ci-après, analysé dans notre Biographie du petit-fils de Louis XIV, publiée en 1878 :

Mémoire à consulter et Consultation pour Philippe-Auguste de SainteFoy, généralement et universellement connu depuis 60 ans sous le nom de chevalier d'Arcq, demandeur en reconnaissance de son état de fils naturel de Louis-Alexandre Bourbon, comte de Toulouse, contre LouisJean-Marie de Bourbon de Penthievre, fils légitime et héritier de LouisAlexandre, comte de Toulouse, 1790, in-8°, de 48 pages.

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