Images de page
PDF
ePub

Dans une étude sur les Écoles publiques de Montautauban, du X au XVIIe siècle, M. Devals a publié le tableau des régents depuis 1474 jusqu'à 1579, et a inscrit Jean Maurus comme << maître ès-arts ou philosophe pour l'année scolaire 1525-26; ce professeur occupe la chaire de rhétorique en 1528-30, et remplit en même temps les fonctions de régent principal.

Sur le registre des délibérations de la commune de Montauban pour 1525, on lit:

Folio 122, 17 mai: « M. de Plancheia es estat d'aviz que per aultant que per doas annadas son estadas bailladas a Maurus, e ledic Maurus lo a trasmes serca a Paris a ses despens, que sias baylados a toutz dos, al dict regen e Maurus. »

que

Folio 126, 24 mai : « Dictus dominus Iohannes Maurus, orator, promisit se bene de onore oratoris, predicto anno, de quo accipit onus mediante somma centum quinquaginta librorum turonensium et sex lecturas. »

Folio 23, 6 juin : « Discreto viro magistro Iohanne Maurus, magistro artis oratorie. »>

Ces extraits des délibérations prouvent que Jean Maurus était apprécié et qualifié probablement plus que ses collègues, qui cependant devaient avoir une certaine valeur, car à cette époque nos écoles publiques étaient fréquentées par 12 à 1,500 élèves, et plusieurs fois on avait dû agrandir les locaux affectés à leur usage. Le bâtiment des écoles était annexé à l'hôtel-de-ville (ancienne maison de l'Évêque), rue de la Comédie; cet emplacement, après avoir été occupé par une caserne de gendarmerie, forme aujourd'hui la place Le Franc de Pompignan.

Nos consuls rendaient justice à la science des régents, choisis au concours et approuvés par l'évêque, mais ne leur attribuaient pour traitement que le produit des collectes. ou rétributions perçues sur les écoliers. A partir de 1526

[ocr errors]

seulement, Jean Maurus obtint 150 livres tournoises comme régent principal, « à condition de recevoir gratuitement les enfants de la ville et de la juridiction, ainsi que ceux qui y seraient domiciliés depuis 5 ans. »

Trois livres de Jean Maurus, avons-nous dit, furent édités, probablement même imprimés à Montauban, pendant que leur auteur professait dans notre ville. L'un des deux que nous possédons est daté de 1526, et le second dut paraître vers la même époque; quant au troisième, il a été impossible jusqu'ici de le retrouver et d'en préciser la date.

On a déjà vu qu'en 1517 Maurus avait imprimé à La Réole un vocabulaire, œuvre personnelle, qu'il refondit à Montauban et fit paraître sous ce nouveau titre :

Ioannis Mauri Constantiani de Compositionibus ac Deriuationibus Linguæ latinæ duo Commentarij ad enallagem et heterosim transigendam in verborum et orationum copia in primis vtiles ac necessarij. — Venundantur Mons albani in ædibus Magistri Gilberti Grosseti, Et Tolosa in ædibus Antonij Morin'. [Bibliographie no 3.]

Ce vocabulaire n'est pas daté, mais il était réuni aux

'Ce Vocabulaire est imprimé par demi-feuille, petit in-8°, 97mm sur 138, papier rogné, ayant pour marque: Une main gantée à six doigts, avec rose au poignet et couronne avec trèfle au bout du medium; ou encore, une main avec croix à quatre branches à la paume, et étoile à cinq pointes au médium. Il y a 4 feuillets non numérotés (titre et dédicace), à 29 lignes, caractère rond de 12 points; 72 feuillets avec folios, à 35 lignes de texte, caractère gothique de 9 points; signatures A.-S.; grandes et petites lettres gravées. (Voir à ce sujet, ci-après, p. 38.) Notre exemplaire est incomplet après le 72 feuillet, chap. x (lisez x1): De arte derivandorum possessivos. L'édition de La Réole n'a que 52 feuillets, mais de 45 lignes à la page.

Voir, p. 33 et 38, la note sur Gilbert Grosset et sur l'imprimeur des livres de Maurus.

Commentaires de Maurus sur les adages d'Erasme, dont nous citerons le privilège donné en 1526 à Gilbert Grosset, chargé aussi, avec Antoine Morin, de la vente. Les deux livres sortent certainement du même atelier, ainsi que nous le prouverons p. 38.

Il nous a paru intéressant de donner la traduction de quelques extraits de la dédicace à Jean Fornier, « célèbre par sa supériorité dans la Jurisprudence et les Lettres : »

Je n'ai pas perdu de vue, homme très illustre, que lorsque nous étions ensemble à Montauban, je vous promis de correspondre par lettre avec votre haute personnalité. Cependant, voilà deux mois plus la moitié de septembre sans lettre échangée entre nous...

Or, ces jours-ci a été remis sous presse l'ouvrage sur la composition et la dérivation de la langue latine, dont autrefois, étant encore adolescent, j'avais déjà avorté plutôt que je ne l'avais produit (quodquidem jam olim adolescens velut immaturum abortaveram potiusquam emiseram). Je vous envoie donc ce présent tel qu'il est, pour que ma lettre n'arrive pas sans un hommage, et je le dédie et je l'offre à vous et à vos enfants de grand avenir; car alors que, lauréat des Belles-Lettres, vous avez franchi les études grammaticales, tout le monde voit que vos enfants parcourent avec succès la même carrière. Ils seront grandement aidés par ce travail sur la connaissance des mots et des parties du discours, qui leur est abondamment préparé.

<< Si quelque critique et querelleur morose continue à déblatérer des calomnies et à mordre le fruit de mon travail, je le défendrai par cet adage de Pline, juge bien incontestable : « Qu'il n'y a point de livre si mauvais qui ne puisse avoir son utilité. Et sur ce point j'apprécie votre jugement plus que

'Ce Jean Fornier, licencié, plusieurs fois consul de Montauban (1533 à 1543) et syndic des écoles, était le père d'un autre Jean Fornier, dont le premier écrit (une ballade sur la Croix), obtint en 1543 le prix de l'églantine aux Jeux Floraux. Nous le retrouverons ci-après syndic de la ville et assesseur du Collège, et l'un des surintendants de l'imprimerie montalbanaise en 1581-82. (Voir la note sur cet écrivain, ci-après, p. 65.)

[Joannis Mauri Conftantiani de Compofitionibus ac Deriuationibus Linguæ latinę duo Cometarijad enallage& heterofim trafigenda iver borum & orationum co pia in primis vtiles ac neceffarij.

CIoannis Mauri Conftatiani in Chiliades
Adagiorum.D.Erafmi Rot. familiaris &
mire compédiofa Expofitio, cu indica
tione figurarum Prouerbialium in
vnuquêq Adagionem.

CHoc opus Prouerbiorum in Epitomen
fiue compendium(vtvides) redactum,
multis Adagiorum centurns editioni
Anni.M.D.XXvj. ab Erafmo additis
au&u Le&orinter legédü dephendet.
Erafmus de Eloquétia cum

mo certat.

Cicerone.

Venundantur Mons albani in edibus Magiftri

Gilberti Groffeti. EtTolofe.in edibus Antonij

Morin.

Denale proftat floridum hot
Adagiorú Enchiridion Monsalbani inedi
bus.M.Gilberti Groffeti, Et Tolofe in edi
bus Antonij Maurin.

CLumpriuilegio.

[graphic]
[graphic]
[graphic]

Page 27.

« PrécédentContinuer »