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de ses contributions avec celles des autres provinces. Proclamation des Commissaires envoyés par le Roi. Confédération nationale du 14 juillet 1790.

Lettre de la Garde nationale à M. Poncet-Delpech, député, 21 mars 1790, relative au Bulletin qu'il envoyait. Pendant l'année 1791, le décret du 11 mars ayant supprimé les brevets, Charles Crosilhes, déjà libraire, organisa une imprimerie avec le matériel laissé par Teulières; les travaux de Fontanel devinrent alors plus rares. Sermon sur la vocation à la Liberté, par Jeanbon Saint-André.

Légitimité du Serment des ecclésiastiques, par Grégoire. Relation des horreurs commises au chateau de Buzet.

Par les citations sommaires que nous donnons, on peut avoir une idée assez exacte de l'importance qu'avait l'établissement de Fontanel, lorsque les évènements politiques et surtout les nouvelles divisions de la France enlevèrent à Montauban ses grandes administrations et son Evêché avec les chapitres.

Notre typographe alimenta ses presses par la publication des actes officiels, des comptes-rendus des fêtes patriotiques ou de brochures discutant les droits de Montauban à être un chef-lieu de département ou à conserver son collège royal. Il imprima aussi plusieurs écrits contre la Municipalité à l'occasion des malheurs du 10 mai 1790.

Le 26 juillet 1790, Fontanel demanda l'autorisation d'afficher cette Description de la fête du 14 juillet. M. Caminel, officiel municipal, après examen proposa au Conseil de réclamer la suppression de phrases blessantes pour la religion catholique. L'imprimeur refusa de faire cette suppression, et le Conseil finit par permettre l'affichage. Nous avons aussi la même Relation, publiée par Teulières, mais sans le paragraphe signalé, que porte l'édition de Paris.

Découragé par la situation précaire de l'imprimerie et justement inquiet de l'avenir, Pierre Fontanel aspirait au repos bien dû à son âge (70 ans). Cependant, pour occuper ses ouvriers, le 7 novembre 1790 il publia le premier numéro des Nouvelles intéressantes, feuille politique hebdomadaire, paraissant le samedi, 8 pages in-8°, au prix de 12 sous par mois.

Le résumé des séances de l'Assemblée constituante, envoyé de Paris, occupa d'abord tout ce journal, dont l'éditeur avait accepté le patronage de la « Société des Amis de la Constitution. >> Bientôt, la Constitution civile du clergé, le serment imposé à tous les ecclésiastiques, l'élection des évêques et des curès provoquèrent des polémiques irritantes, augmentées encore par la déchéance du Roi, prononcée après sa fuite et son arrestation.

Le 26 février 1792, les Nouvelles intéressantes parurent avec la signature de Fontanel père et fils. C'est Pierre-Armand Fontanel, cadet, âgé de 24 ans, qui devenait l'associé de son père, auquel il devait succéder. Cette société publia en 1792 et 1793 :

Éloge funèbre de Michel Lepelletier, par Poncet.
Oraison funèbre de Marat, par Guiraut.
Procès-verbal des élections à la Convention.

Discours de Lamothe-Montlausur à Caussade.
Discours moral sur la paix.

Les émeutes sanglantes de Paris, la condamnation à mort du Roi et de la Reine, les massacres et les exécutions sans nombre qui désolaient la Capitale et les provinces, effrayèrent les éditeurs du journal montalbanais aussi, le 10 février 1793 ils annoncèrent que le 2 mars cette

Le dernier numéro des Nouvelles intéressantes reproduit en entier le Testament de Louis XVI.

feuille cesserait de paraître, parce que, disaient-ils, les abonnements ne payaient pas les frais.

Jean-Pierre Fontanel avait espéré se décharger de son établissement en prenant pour associé son fils cadet, qui pratiquait la typographie depuis plusieurs années et possédait une instruction solide.

Armand Fontanel ayant adopté, comme sa famille, les principes de 1789, s'était empressé, avec son frère aîné, de prendre rang dans la garde nationale, et tous deux furent emprisonnés le 10 mai 1790. Mais, quoique orateur de la société populaire de Montauban, le jeune typographe devint suspect, et les exaltés réussirent à le faire mettre en réclusion pendant la Terreur, d'où il ne sortit qu'aux journées de Thermidor (juillet 1794). Il n'avait donc pas réalisé l'espoir de son père, qui se décida, en 1795, à céder sa part de l'imprimerie à son fils aîné, AntoineJérôme, âgé de 30 ans, qui ne s'était jamais occupé de typographie.

La société Fontanel Frères fonctionna pendant les années 1792-94, mais rares devaient être ses travaux, car nous en connaissons bien peu :

Adresse à la Convention par la Société populaire'. Le Conseil général de Montauban à ses administrés. Rapport à la Convention sur la situation de la République.

Discours du citoyen Bo, représentant du peuple1.

1 Dans cette Adresse, la Société populaire dénonce « la conduite ignoble de Baudot, signale les agissements de Jeanbon Saint-André, nommé député au mépris des lois, sans scrutin, et l'accuse d'avoir organisé la Terreur à Montauban.

2 Dans un arrêté du 12 mars 1794, Bo ordonna la démolition de tous les clochers du département; et si la démolition de la tour était trop coûteuse, on devait remplacer la flèche par une Statue de la Liberté.

Délibération du Comité de surveillance de Montauban '.
Discours sur la Justice, par P.-A. Fontanel 2.
La Société Fontanel frères dura à peine deux ans.

En rentrant d'un voyage qu'il avait entrepris dans les derniers mois de 1797, se croyant libėrė par son âge, Armand Fontanel fut arrêté à Toulouse, et le 25 septembre 1798 il écrivait de sa prison à un ami :

<< Mon arrestation est causée, non pour réquisition, mais par suite de quelques mauvais citoyens de Montauban, qui m'ont accusé d'avoir figuré dans l'affaire du 18 fructidor de notre ville (4 septembre 1797), ainsi que d'avoir été nommé substitut de l'agent national de la commune. par le Comité de législation.

<< D'autres ont incriminé ma conduite et mes principes... Du reste, j'aime mieux aller à l'armée, quoique probablement la chaine au cou, plutôt que de rentrer à Montauban, où les passions ne sont pas calmées... Ce qui m'afflige le plus, c'est l'inquiétude de mon père et ma mère, tous deux octogenaires.

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Conduit à Gênes, et incorporé dans un régiment de l'armée de Masséna, qui défendit héroïquement cette ville jusqu'à la dernière extrémité (6 avril-4 juin 1800), Armand Fontanel ne fut libéré qu'après la victoire de Marengo; dans le mois de décembre suivant il rentrait en France.

Pendant sa longue absence, son père avait été forcé de reprendre la responsabilité de l'imprimerie, et d'abandonner la direction de l'atelier à son fils Jérôme ou à un compositeur dévoué. Nous n'avons trouvé que quelques documents datés de ses dernières années :

Mémoire que les citoyens Sirac, Lugan, Periès et autres administrateurs de la commune de Montauban,

1 Ce Comité supprimait tous les signes royaux ou féodaux et les croix en fer; il ordonnait de transformer les statues des églises en statues signalant la régénération des Français; toutes les cloches devaient être transportées à la fonderie de canons.

Voir ci-après la notice d'Armand Fontanel.

(Suite de la page 268).

destitués, adressèrent au Directoire (après mars 1799). Étrennes d'un père à ses enfants, an IX (1800-1801). L'arrivée de leur fils Armand causa un bien vif plaisir à ses vieux parents, qui avaient craint de ne plus le revoir; leur joie était encore augmentée par l'espoir que le Consulat empêcherait enfin le retour des jours mauvais

Jean-Pierre Fontanel mourut le 20 août 1801, àgé de 80 ans 8 mois, et sa femme, Catherine Escoubet, née le 11 février 1725, décéda le 26 mai 1808.

THOMAS CAZAMEA,

LIBRAIRE-EDITEUR JURÉ, 1770-1800.

Ce libraire, plusieurs fois cité dans la Bibliographie comme éditeur de divers ouvrages, mérite au moins une mention, car aucun de ses confrères n'avait eu ni un commerce aussi important, ni ses connaissances bibliographiques.

Né à Foix vers 1733, Thomas Cazamea, après avoir travaillé en qualité de compagnon libraire à Bayonne, à Bordeaux et à Toulouse, vint à Montauban en 1770, et s'y maria en 1773.

Encourage par des amateurs, il crea une librairie dans la maison de la famille Teulières. place de l'Horloge, et publia en 1773 un premier catalogue des livres d'assortiment de son magasin, 44 pages in-8°. Il fit imprimer, de 1774 à 1789, quatre autres catalogues plus ou moins importants, mais dont les derniers contiennent des notes bibliographiques En 1777 il avait transporte son industrie dans une maison de la place de la Paroisse (aujourd'hui Victor Hugo).

Cazamea edita plusieurs ouvrages, notamment l'Ars Artium, du Père Delmas, qui avait traduit en vers français l'Imitation; pour M. Besombes de Saint-Geniès, il publia deux éditions du texte latin et de la traduction du Transitus animæ, qui a été traduit de nouveau de nos jours Mais il ne réussit pas avec Teulières pour l'Histoire du Querci. Sa ruine fut surtout causée par son imprudence à s'engager pour 30,000 francs à l'Encyclopedie et à l'Histoire universelle, dont tous les souscripteurs ne retirèrent pas les volumes, tandis que lui dut les payer.

Forcé d'abandonner son magasin, il prit un petit logement dans la rue de la Comédie, où pendant quelque temps il continua son commerce. Puis il se retira avec sa famille dans la commune de l'Honor-de-Cos, au lieu de Courdial, et le samedi il venait à Montauban vendre à domicile de vieux livres. Il mourut le 26 décembre 1800 sur sa petite propriété.

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