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<< Que Guttemberg fit à Strasbourg un assez long séjour, il << essaya d'imprimer avec des caractères mobiles gravés en << métal; que, de retour à Mayence, Guttemberg continua ces << travaux; qu'en 1449 il forma une Société avec Fust, sans << qu'il soit prouvé que les caractères de fonte aient été em<< ployés avant 1455; que Schoeffer, un de ses ouvriers et << depuis son gendre, inventa l'art de fondre les caractères. >> D'où il résulte pour Capelle : « Que l'imprimerie, inventée à Harlem, fut dégrossie à Strasbourg, perfectionnée à Mayence.> Il nous a semblé que l'opinion d'un compatriote, très compétent en typographie, pouvait être utilement reproduite dans l'Histoire de l'Imprimerie à Montauban.

Le 4 octobre 1851, Pierre Capelle mourait à Paris, et le Courrier de Tarn-et-Garonne du 13 lui consacrait une notice biographique, dans laquelle sont indiquées toutes les œuvres de notre compatriote, et celles dont il ne fut que l'éditeur. Son fils unique mourut le 11 juin 1859; c'est sa veuve qui, sur notre demande, voulut bien offrir au Musée de Montauban, en 1854, le portrait de son beau-père, peint par Hilaire Ledru.

DOMINIQUE RETHORĖ,

LIBRAIRE-ÉDITEUR.

1801-1851.

Dominique Rethoré était un vrai type, qui mérite au moins une mention dans l'histoire des imprimeurs montalbanais et des libraires-éditeurs, leurs auxiliaires.

Son magasin de la rue du Vieux-Palais, dans la maison que nous habitons, était le rendez-vous de tous les bibliophiles, plus nombreux il y a un demi-siècle que de nos jours. Nous y avons vu, parmi les habitués, de spirituels causeurs et surtout de bons clients, qui auraient fait la fortune de Rethoré, s'il n'eût dépense sans compter.

Il avait créé un Salon littéraire, dit cabinet de lecture, où toutes les branches de la littérature étaient représentées, ainsi que les principaux journaux politiques et les grandes Revues

En 1827, il édita les poésies de l'abbé Aillaud, au moment où la mort enlevait cet écrivain à ses anciens élèves et à ses amis. En 1841, il recueillit de nombreuses souscriptions pour la nouvelle édition de l'Histoire de Montauban, par Henri Le Bret, revue et annotée par M. l'abbé Marcellin et M. Gabriel Ruck.

Libraire depuis 1801, Rethore mourut à 73 ans en octobre 1854.

JEAN-PIERRE-PHILIPPE CROSILHES

IMPRIMEUR-LIBRAIRE.

1811-1832.

Succédant à son père, qui l'associa de bonne heure à ses travaux, Philippe Crosilhes, né le 22 septembre 1778, obtint sans difficultés, en 1811, le brevet d'imprimeurlibraire, que l'Empereur venait de rétablir, dans l'intérêt de ces industries, et surtout pour mettre le Gouvernement et les citoyens à l'abri des attaques de la presse. Aujourd'hui on reconnait la nécessité de rapporter le décret de Gambetta, dont nous subissons les fàcheux résultats.

Philippe Crosilhes prenait la direction d'un important établissement, au moment où l'imprimerie participait à la prospérité générale.

Le Calendrier de Tarn-et-Garonne, qui porta son nom dès 1811, fut tous les ans publié régulièrement; de 1811 à 1816, il continua l'édition pour le département du Lot.

Le 20 et dernier volume du Recueil des Lois, qui contenait aussi le Code judiciaire, parut en 1813.

Le Journal de Tarn-et-Garonne étant devenu en 1812 exclusivement politique et littéraire, Fontanel remplaça, pour l'impression, Crosilhes (voir page 320). Ce dernier obtint alors du directeur général de l'imprimerie l'autorisation de publier une feuille périodique d'Affiches, Annonces et Avis divers, qui, seule, avait le droit d'insérer les annonces judiciaires, commerciales et particulières; la ligne était payée 25 centimes et l'abonnement 10 francs.

A la suite de la loi du 17 mai 1819 sur la répression des délits de presse, le Journal de Fontanel renonça à la politique le 1er juillet suivant et reçut des annonces.

De son côté, Philippe Crosilhes annonça, à la même date, qu'à l'avenir son journal d'Affiches paraîtrait sous une forme nouvelle et serait rédigé sur un nouveau plan» mais qu'il resterait exclusivement consacré à la littérature, au commerce et à l'agriculture; il était distribué le jeudi et le samedi, in-4°; prix de l'abonnement, 18 fr. Dans le numéro du 27 août 1819 les abonnés furent informés que « Ph. Crosilhes, imprimeur de ce journal, ainsi que Sylvestre de Molières, l'un des rédacteurs, étaient assignés en police correctionnelle pour avoir traitė de matières politiques dans les comptes-rendus de l'ouvrage ayant pour titre Victoires et Conquêtes. » L'auteur des articles fut mis hors de cause par le ministère public et le tribunal relaxa l'imprimeur, mais la Cour d'appel de Toulouse le condamna à un mois de prison et à 200 fr. d'amende; Ph. Crosilhes renonça au recours en cassation. Du 19 septembre 1819 au 7 juillet 1820 le journal fut signé par Sylvestre de Molières, propriétaire-responsable '.

Notre imprimeur eut une bonne part des travaux de la Faculté de théologie, des œuvres de ses professeurs et des thèses de ses élèves.

La Société biblique de Montauban, fondée en 1817, lui fit imprimer en 1819: « La Sainte Bible, qui contient le vieux et le nouveau Testament, revue sur les originaux et retouchée dans le langage, avec des parallèles, par Daniel Martin; revue et corrigée par Pierre Roques, 2 tomes in-4", de 536 et 444 pages. « Cette édition, dit un rapport, par la correction du

«

texte, la grandeur

Nous n'avons du Journal d'Affiches que la série de 1812 au 3 mai 1821, et nous ignorons si cette feuille continua à paraitre; eile était très intéressante au point de vue littéraire, car de 1819 à 1821 plusieurs de nos littérateurs et surtout les poètes y collaborèrent activement.

du format et la modicité du prix, obtint un débit prompt et facile.» Dans le même atelier furent imprimés : Le Christianisme des gens du monde, traduit de Wilberforce, par M. Frossard; Discours sur le millennium, de Roques, traduction de Mme J. Maleville de Condat; plusieurs ouvrages de l'abbé Aillaud; les œuvres de F. Hinard; le Stenographe montalbanais, ou la Mission de 1828, par l'abbé Moncet.

La famille Crosilles fournissait les impressions au diocèse depuis que M. de Trélissac l'administrait comme vicaire-général; aussi Mgr de Cheverus donna à Ph. Crosilhes le titre d'imprimeur de l'Évêché. L'Ordo, les Mandements, les Catéchismes et les livres de prières occupaient souvent ses presses.

Les Annales ecclésiastiques du diocèse de Montauban, dont Ph. Crosilhes commença l'impression en septembre 1824, devaient former tous les ans 3 volumes en 16 livraisons, au prix de 12 fr. N'ayant recueilli que la 13o, nous ignorons si ce premier essai d'une Semaine ou Bulletin religieux fut continué1.

Il est possible que les Annales du diocèse avaient disparu lorsque leur éditeur se décida en 1826 à publier le Memorial religieux et littéraire du Midi, par une société de gens de lettres, dont la première livraison parut en juin, in-8 de 32 pages; 2 livraisons par mois formaient 2 volumes par an; prix de la souscription, 15 francs.

D'après le prospectus, cette Revue devait «< s'occuper

Dans ces 208 pages, seules connues, il y a des détails intéressants sur l'arrivée de Mgr de Cheverus, sa réception, la formation du Chapitre, la visite du cardinal-archevêque de Toulouse, une lettre du nouveau prélat, la première ordination, une séance au petit séminaire, la distribution des prix au collège, etc.

spécialement de la défense des saines doctrines et de la propagation des principes conservateurs de l'ordre social, ainsi que de l'état actuel de la littérature'. »

Un labeur d'une exécution difficile fut confié par Mgr Du Bourg, en 1827, à son imprimeur : Missale Montalbanensis, 820 pages, suivi de Missæ pro defunctis, même format in-f", avec plain-chant.

L'établissement de Ph. Crosilhes n'avait pas cessé d'être très florissant depuis 20 ans, et nombreux sont les livres from portaut son qu'on trouvera à la Bibliographie. Cependant, en 1830, voyant qu'aucun de ses fils ne voulait lui succėder, il se décida à prendre pour associé son cousin JeanPierre Crosilhes, libraire. Cette société cessa avant 1833.

Ph. Crosilhes était encore jeune quand il quitta Montauban et alla habiter sur sa propriété, à Saint-Laurent, commune de Monclar, où il mourut le 11 février 1856, à 78 ans.

Plusieurs articles sont signés des initiales de MM. Gau, F. Hinard, l'abbé Marcellin, Siméon Pécontal et l'abbé Aillaud; on y remarque les biographies de Le Franc, Saint-Hubert, Cahusac, Aillaud, abbé de La Tour, abbé Teulières, Garrissoles, Bellet, etc.; il y a aussi des détails sur le départ de Mgr de Cheverus (28 octobre 1826), les fêtes données à Ingres pendant son séjour à Montauban (19 novembre), l'inondation de mai 1827, et Mgr Du Bourg.

Nous avons le tome 1er, juin-novembre 1826, en 12 livraisons, et le tome II, janvier à mai 1827, n'a que 9 livraisons; la 9o a-t-elle été la dernière ?

2 Son fils aîné, Eugène, maréchal des logis au 12 chasseurs à cheval fit imprimer en 18.7, à Béziers: Le Brigadier diplomale et Le Cousin Dupain, deux vaudevilles; aprés avoir été percepteur, il prit sa retraite à Cas telnau-de-Montmirail (Tarn). Les autres fils se fixèrent à Paris.

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