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dans les registres des tailles, d'abord comme enlumineur (1484 à 1489), et puis comme libraire (1497 à 1522); il est remplacé en 1523-24 par ses héritiers; d'un autre côté, Gilbert Grosset, probablement son fils, libraire, est porté sur le cadastre de Montauban de 1526 à 1538, et c'est lui qui a édité les deux livres de Maurus décrits ci-dessus. Évidemment, c'est un Grosset aussi qui publia la traduction de Grapaldus; mais comment distinguer si c'est Jean ou Gilbert, ou bien si les deux étaient en ce moment associés; le nom de famille de Grosset dut être oublié par Du Verdier, qui peut-être citait de mémoire.

Quel est l'imprimeur des livres que Jean Maurus composa à Montauban? Nous examinerons cette question, p. 38, après avoir résumé les renseignements recueillis sur ce polygraphe.

Pérégrinations de Jean Maurus.

Les écrits de Maurus donnent peu de renseignements sur sa vie, mais nous avons été assez heureux pour en recueillir à d'autres sources.

Grâce à M. Claudin, nous savons maintenant que ce normand était à Paris en 1507, et devait avoir alors de 25 à 30 ans; on peut donc le croire âgé de 40 en 1517, au moment où il imprimait à La Réole son Vocabulaire, qu'il dit avoir avorté autrefois, étant adolescent.

A la fin de 1517 ce typographe quitte La Réole, où il s'était établi à une date inconnue, et va diriger le collège de Lectoure pendant l'année 1518-19; puis nous perdons ses traces. Se rendit-il à Toulouse, à Limoges ou à Paris

Voir le livre de M. Claudin déjà cité, p. 5.

La veuve d'Antoine Grosset est inscrite au cadastre de Montauban, gache de Montmurat, en 1507. Un Jean Grosset payait encore la taille en 1562 pour la même maison.

pour publier ses Commentaires sur les poésies d'Andrelinus? Sa lettre de 1523 nous apprend que l'année précédente il expliquait ces poésies à ses élèves de Montauban.

En septembre 1525, il dit avoir passé les vacances à Toulouse pour étudier le droit, et en 1526 il fait imprimer les livres que nous avons décrits. Sa présence est signalée à Montauban jusques à 1530 sur la liste des régents.

Enfin, l'ancien professeur de nos écoles se fixe à Toulouse, où il est inscrit sur les registres des cotisations' de 1532 à 1550; après cette date, les recherches n'ont pas été encore continuées, mais, comme nous l'avons déjà dit dans une note de la page 25, il est probable que Jean Maurus, alors âgé d'environ 70 ans, mourut vers cette époque.

Richard Copley Christie, qui a écrit en anglais la vie d'Étienne Dolet, le martyr de la Renaissance2, s'est occupé de Jean Maurus dans cet ouvrage, et l'a traité durement, parce que, « au concours des Jeux Floraux de 1532-33, le vieux pédant avait été l'heureux vainqueur de Dolet,» alors étudiant à Toulouse.

Dolet, dit M. Copley Christie, s'était aliéné un certain Maurus ou Maur, grammairien ou maître d'école... Parmi les poèmes de Dolet on trouve de mordantes épigrammes contre cet individu, qu'on dit être grammairien et pédagogue, et ennemi acharné de Dolet... Il semblerait que Maurus fût un homme de quelque savoir; il était alors maître d'école à Toulouse, et se montrait fort hostile à la science nouvelle et aux opinions qui commen

M. Claudin a constaté dernièrement dans les registres des tailles de Toulouse (qui manquent pour l'année 1531), que Mons. Maurus habitait cette ville en 1532, et que dès 1536 le percepteur le qualifiait de docteur régent. Son nom a été relevé jusqu'à 1550, sans aucune qualification.

2 Étienne Dolet, le martyr de la Renaissance, sa vie et sa mort. Traduit de l'anglais, sous la direction de l'auteur, par Casimir Stryenki, professeur agrégé de l'Université. 1886, in-8°.

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çaient à être en vogue. Étant le vieux mari d'une jeune femme, il donnait beau jeu aux faiseurs d'épigrammes.

Le biographe de Dolet, qui n'a étudié que la première édition du Vocabulaire de Maurus et l'édition de 1530 de Faustus Andrelinus, se montre aussi injuste à l'égard de ce poète que pour son commentateur :

Toutes les pièces de ce poète, dit-il, sont médiocres et insignifiantes; leur auteur n'est qu'un arrangeur de mots, un homme égoïste et méchant... et ce portrait convient précisément à son commentateur, dont presque chaque ligne est défigurée par quelque barbare polysyllabe du Moyen-Age... C'est seulement lorsque Andrelini parle de la vieillesse, que son commentateur, vieux garçon, ayant dépassé l'âge mûr et songeant encore au mariage, s'enflamme et devient naturel.

Bordier et Charton (Hist. de France) n'ont pas traité avec ce dédain Andrelinus et les écrivains de cette époque :

On doit tenir compte, d'après eux, des résultats qu'avait eus l'invasion nouvelle du langage français par les formes et les expressions latines, ce trait caractéristique de la Renaissance, moyen providentiel, que nos pères ne laissèrent pas échapper, de conquérir, en un demi-siècle, une langue riche, harmonieuse, souple et délicate, préparée de longue main par les traducteurs.

Maurus était un admirateur d'Érasme, que Dolet avoue avoir combattu « comme étant hostile à la France et à

Cicéron ; » Maurus avait publié un traité De compositionibus ac derivationibus linguæ latina, et Dolet pendant 16 ans travailla à son grand ouvrage Commentarium linguæ latina; enfin ce dernier manifestait déjà les opinions religieuses qui causèrent sa perte. Ces diverses circonstances expliquent la partialité de l'écrivain anglais, qui d'ailleurs n'a connu ni la seconde édition du Vocabulaire de Maurus, ni ses Commentaires sur Érasme, et qui surtout a vu en Dolet un martyr.

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