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6. REGLE.

De deux propofitions particulieres il ne s'enfuit

rien.

le

Car fi elles font toutes deux affirmatives moyen y fera pris deux fois particulierement, foit qu'il foit fujet (par le 2. axiome) foit qu'il foit attribut, (par le 3. axiome.) Or par la regle on ne conclut rien par un fyllogifme dont le moyen eft pris deux fois particulierement.

Et s'il y en avoit une negative, la conclufion Fétant auffi, ( par la regle précedente ) il doit y avoir au-moins deux termes univerfels dans les prémiffes, fuivant le 2. corollaire. ) Donc il doit y avoir une propofition univerfelle dans ces deux premiffes, étant impoffible de disposer en forte trois termes en deux propofitions, où il doit y avoir deux termes pris univerfellement, que f'on ne faffe ou deux attributs negatifs, ce qui feroit contre la troifiéme regle, ou quelqu'um des fujets univerfels, ce qui fait la propofition univerfelle.

CHAPITRE IV.

Des figures des modes des fyllogifmes en general. Qu'il ne peut y avoir que quatre figures.

A

Près l'établiffement des regles generales qui doivent être neceffairement obfervées dans tous les fyllogifmes fimples, il reste à voir combien il peut y avoir de ces fortes de fyllogifmes. peut dire en general qu'il y en a autant de fortes qu'il peut y avoir de differentes manieresde difpofer, en gardant ces regles, les trois propofitions d'un fyllogifme, & les trois termes dong elles font compofées.

O'n

La difpofition des 3. propofitions felon leur 4différences A. E. I. O. s'appelle mode.

Et la difpofition des trois termes, c'est-à-dire, du moyen avec les trois termes de la conclufion, s'appelle figure.

Or on peut compter combien il peut y avoir de modes concluans, à n'y confiderer point les différentes figures felon lefqnelles un même mode peur faire divers fyllogifmes. Car par la doctrine des combinaisons, 4. termes (comme font A. E. I. O.) étant pris trois à trois, ne peuvent être différemment arrangés qu'en 64. manieres. Mais de ces 64. diverfes manieres, ceux qui voudront prendre la peine de les confiderer chacune à part, trouveront qu'il y en a

28. Exclues par la 3. & la 6. regle, qu'on ne conclut rien de deux negatives, & de deux parti

culieres.

18. Par la 5. que la conclufion fuit la plus foible partie.

6. Par la 4. Qu'on ne peut conclure negativement de deux affirmatives.

1. Savoir, L. E. O. par le 3. corollaire des regles generales.

1. Savoir, A. E. O. par le 6. corollaire des regles generales.

Ce qui fait en tout 54. Et par confequent il ne

refte que

dix modes concluans.

E. A.. E.

A. E. E

A. A. A.

4. Affir.

A. I. I..

A. A I.
I. A. I.

6. Neg.

E. A. O.

A. O.O..

O. A. O..

E. I. O.

Mais cela ne fait pas qu'il n'y ait que dix efpeces de fyllogifmes, parcequ'un feul de ces modes en peut faire diverfas efpeces felon l'autre maniere

d'où fe prend la diverfité des fyllogifmes, qui eft la differente difpofition des trois termes que nous avons déja dit s'appeller figure.

elle

Or pour cette difpofition des trois termes, ne peut regarder que les deux premieres propofitions, parceque la conclufion eft fuppofée avant qu'on faffe le fyllogifme pour la prouver. Et ainfi le moyen ne fe pouvant arranger qu'en quatre manieres differentes avec les deux termes de la conclufion, il n'y a auffi que quatre figures poffibles.

Car ou le moyen eft fujet en la majeure, & attribut en la mineure. Ce qui fait la 1.

figure: Ou il eft attribut en la majeure & en la mineure: Ce qui fait la 2. figure.

Ou il eft fujet en l'une & en l'autre. Ce qui fait la 3. figure.

Ou il eft enfin attribut dans la majeure, & sujet en la mineure. Ce qui peut faire une 4. figure étant certain que l'on peut conclure quelquefoisneceffairement en cette maniere, ce qui fuffit pour faire un vrai fyllogifme. On en verra des exemples ci-après...

Néanmoins parcequ'on ne peut conclure de cette quatriéme maniere, qu'en une façon qui n'eft nullement naturelle, & où l'efprit ne fe porte jamais Ariftote & ceux qui l'ont fuivi n'ont pas donné à cette maniere de raisonner le nom de figure. Galien a foûtenu le contraire, & il eft clair que ce n'eft qu'une difpute de mots,qui fe doit décider en leur faifant dire de par & d'autre ce qu'ils entendent par le mot de figure:

Mais ceux-là fe trompent fans doute qui pren-ment pour une 4. figure, qu'ils accufent Ariftote de n'avoir pas reconnue, les argumens de la 1. dont la majeure & la mineur font. tranfpo-

fees, comme lorfque l'on dit: Tour corps eft divifible; Tout ce qui eft divisible eft imparfait. Donc tout corps eft imparfait. Je m'éton ne que Monfieur Gaffendy foit tombé dans cette crreur. Car il eft ridicule de prendre pour la majeure d'un fyllogifme, la propofition qui fe trouve la premiere, & pour mineure celle qui fe trouve la feconde : fi cela étoit, il faudroit pren-dre fouvent la conclufion même pour la najeure ou la mineure d'un argument, puifque c'eft affez fouvent la premiere ou la feconde des trois: propofitions qui le compofent, comme dans ces vers d'Horace la conclufion eft la premiere, la mi neure la feconde, & la majeure la troifiéme.. Qui melior fervo, qui liberior fit avarus ; In triviis fixum cùm fe dimittit ad assem Non video: nam qui capiet metuet quoque porro

Qui metuens vivit liber mihi non erit unquam.

Car tout cela fe reduit. à cet argument.

Celui qui eft dans.de continuelles apprehenfions. n'est point libre:

Tout avare eft dans de continuelles apprehenLions;

Donc nul avare n'eft libre.

Il ne faut donc point avoir égard au fimple arrangement local des propofitions qui ne changent rien dans l'efprit: mais on doit prendre pour fyllogifmes de la 1. figure tous ceux où le moyen eft. fujet dans la propofition où fe trouve le grand terme (c'est-à-dire, le fujet de la conclufion) & attribut dans celle où fe trouve le petit terme (c'est-à-dire le fujet de la conclufion. ) Et ainfi il ne reste pour 4. figure que ceux au-contraire où le milieu eft attribut dans la majeure & fujet dans la mineure. Et c'est ainfi que nous les appellerons

fans que perfonne le puiffe trouver mauvais, puífque nous avertiffons par avance, que nous n'entendons par ce terme de figure, qu'une differente difpofition du moyen.

CHAPITRE V.

Regles, modes & fondemens de la premiere figure.

A premiere figure eft donc celle où le moyen

mineure.

Cette figure n'a que deux regles.

I. REGLE.
Il faut que la mineure foit affirmative.

Car fi elle étoit negative, la majeure feroit affirmative par la 3. regle generale, & la concluflon negative par la 5. Donc le grand terme feroit pris univerfellement dans la conclufion, parcequ'elle feroit negative, & particulierement dans la majeure, parcequ'il en eft l'attribut dans cette figure, & qu'elle feroit affirmative, ce qui feroit contre la feconde regle, qui défend de conclure du particulier au general. Cette raison a lieu auffi dans la troifiéme figure, où le grand terme eft auffi attribut dans la ma¬ jeure.

2. REGLE.

La majeure doit être universelle.

Car la mineure étant affirmative par la regle précedente, le moyen qui y eft attribut y eft pris particulierement. Donc il doit être univerfel dans la majeure où il eft fujet, ce qui la rend univerfelle: autrement il feroit pris deux fois (particu lierement) contre la premiere regle generale.

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