Images de page
PDF
ePub

fes de Phyfique & de Morale, & prefque autant de Métaphyfique qu'il eft neceffaire d'en favoir, quoique l'on ne prétende point pour cela avoir emprunté rien de perfonne. Tout ce qui fert à la Logique, lui appartient; & c'est une chofe entierement ridicule, que les gênes que fe donnent certains Auteurs, comme Ramus & les Ramiftes, quoique d'ailleurs fort habiles gens, qui prennent autant de peine pour borner les jurifdictions de chaque fcience, & faire qu'elles n'entreprennent pas les unes fur les autres, que l'on en prend pour marquer les limites des Royaumes, & regler les refforts des Parlemens.

Ce qui a porté auffi à retrancher entierement ces queftions d'école, n'eft pas fimplement de ce qu'elles font difficiles & de peu d'ufage: on en a traité quelques-unes de cette nature: mais c'est qu'ayant toutes ces mauvaifes qualités, on a cru de plus qu'on fe pourroit difpenfer d'en parler fans choquer perfonne, parcequ'elles font peu

eftimées.

Car il faut mettre une grande difference entre les queftions inutiles dont les livres de Philofophie font remplis. Il y en a qui font affez méprifées par ceux-mêmes qui les traitent, & il y en a au-contraire qui font celebres & autorisées, & qui ont beaucoup de cours dans les écrits de perfonnes d'ailleurs eftimables.

Il femble que c'est un devoir auquel on eft obligé à l'égard de ces opinions communes & celebres, quelque fauffes qu'on les croye, de ne pas ignorer ce qu'on en dit. On doit cette civilité, ou plûtôt cette juftice non à la fauffeté, car elle n'en merite point, mais aux hommes qui en font

prévenus, de ne pas rejetter ce qu'ils eftiment fans l'examiner. Et ainfi il eft raifonnable d'acheter par la peine d'apprendre ces queftions, le droit de les méprifer.

Mais on a plus de liberté dans les premieres & celles de Logique que nous avons cru devoir omettre font de ce genre: elles ont cela de commode qu'elles ont peu de credit, non-feulement dans le monde où elles font inconnues, mais parmi ceux-là même qui les enfeignent. Perfonne, Dieu merci, ne prend interêt à l'Univers, à parte rei, à l'être de raison, ni aux fecondes intentions: & ainfi on n'a pas lieu d'apprehendet que quelqu'un fe choque de ce qu'on n'en parle point, outre que ces matieres font fi peu propres à être mifes en François, qu'elles auroient été plus capables de décrier la Philofophie de l'Ecole, que de la faire eftimer.

Il eft bon auffi d'avertir qu'on s'eft difpenfé de fuivre toujours les regles d'une methode toutà-fait exacte, ayant mis beaucoup de chofes dans la quatrième partie qu'on auroit pû rapporter à la feconde, & à la troifiéme. Mais on Pa fait à deffein, parcequ'on a jugé qu'il étoit utile de voir en un même lieu tout ce qui étoit neceffaire pour rendre une fcience parfaite, ce qui eft le plus grand ouvrage de la methode,, dont on traite dans la quatrième partie. Et c'eft pour cette raifon qu'on a refervé de parler en ce lieu là des axiomes & des démonftrations.

Voilà à peu près les vûes que l'on a eues dans cette Logique. Peut-être qu'avec tout cela il y aura fort peu de perfonnes qui en profitent, ou qui s'apperçoivent du fruit qu'ils en tireront

parcequ'on ne s'applique guéres d'ordinaire á mettre en ufage des préceptes par des refléxions expreffes; mais on espere néanmoins que ceux qui l'auront lûe avec quelque foin, en pourront prendre une teinture qui les rendra plus exacts & plus folides dans leurs jugemens, fans même qu'ils y penfent, comme il y a de certains remedes qui guériffent des maux, en augmentant la vigueur & en fortifiant les parties. Quoi qu'il en foit, au-moins n'incommodera-t-elle pas longtemps perfonne, ceux qui font un peu avancés la pouvant lire & apprendre en fept ou huit jours; & il eft difficile que contenant une fi grande diverfité de chofes, chacun n'y trouve dequoi fe payer de la peine de fa lecture.

SECOND DISCOURS,

Contenant la Réponse aux principales objections qu'on a faites contre cette Logique.

Ous ceux qui fe portent à faire part au public de quelques ouvrages, doivent en même-temps fe refoudre à avoir autant de Juges que de Lecteurs, & cette condition ne leur doit parore ni injufte ni onereufe; car s'ils font vraiment defintereffés, ils doivent en avoir abandonné la proprieté en les rendant publics, & es regarder enfuite avec la même indifference qu'ils feroient des ouvrages étrangers..

Le feul droit qu'ils peuvent s'y referver legitimement, eft celui de corriger ce qu'il y auroit de défectueux, à quoi ces divers jugemens qu'on fait des livres font extremement avantageux; car ils font toujours utiles lorfqu'ils font iuftes, & ils ne nuifent de rien lorfqu'ils font njuftes, parcequ'il eft permis de ne les pas fui

vre.

La prudence veut neanmoins qu'en plufieurs on s'accommode à ces jugemens qui ae nous femblent pas juftes; parceque s'ils ne nous

rencontres

font pas voir que ce qu'on reprend foit mauvais, ils nous font voir au-moins qu'il n'eft pas proportionné à l'efprit de ceux qui le reprennent Ot il eft fans doute meilleur, lorfqu'on le peut faire fans tomber en quelque plus grand inconvenient, de choisir un temperament fi jufte, qu'en contentant les perfonnes judicieufés, on ne mécontente pas ceux qui ont le jugement moins exact; puifque l'on ne doit pas fuppofer qu'on n'aura que des lecteurs habiles & intelli

gens.

Ainfi il feroit à defirer qu'on ne confiderât les premieres éditions des livres que comme des effais informes que ceux qui en font auteurs propofent aux perfonnes de lettres pour en apprendre leurs fentimens, & qu'enfuite fur les différentes vûes que leur donneroient ces differentes pensées; ils y travaillaffent tout de nouveau pour mettre leurs ouvrages dans la perfection où ils font capables de les porter.

C'eft la conduite qu'on auroit bien deffré de fuivre dans la feconde édition de cette Logique, fi l'on avoit appris plus de chofes de ce qu'on a die dans le monde de la premiere. On a fait néanmoins ce qu'on a pû: & l'on a ajoûté, retranché & corrigé plufieurs chofes fuivant les penfées de ceux qui ont eu la bonté de faire favoir ce qu'ils y trouvoient à redire.

Et premierement pour le langage on a fuivi prefque en tout les avis de deux perfonnes, qui fe font donné la peine de remarquer quelques fautes qui s'y étoient gliffées par mégarde, & certaines expreffions qu'ils ne croyoient pas être du bon ufage. Et l'on ne s'est difpenfé de s'attacher at leurs fentimens que lorfqu'en ayant confulté d'au

T

« PrécédentContinuer »