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de comprendre, mais il dépend toujours de la volonté de croire ce qui est attesté par un témoignage d'une autorité suffisante; il dépend de la volonté d'aimer le bien, d'obéir aux lois de l'ordre : Paix aux hommes de bonne volonté. Ceux-là écouteront Dieu dans son envoyé, et le glorifieront par leur foi, par leur amour et leurs œuvres, dont la volonté sera bonne, ou exempte de la corruption de l'orgueil, principe de tout mal, et qui inclineront leur cœur à croire, à aimer, à obéir, au lieu de tourmenter leur raison pour comprendre; ou plutôt dont la raison éclairée comprendra qu'il est souverainement raisonnable de croire sans comprendre, lorsque Dieu parle pour nous révéler des vérités si hautes, que lui seul est capable de les comprendre parfaitement. Paix à ces hommes de bonne volonté; paix, c'est-à-dire, société, union avec Dieu, hors de qui il n'y a de paix pour aucun être intelligent: paix sur la terre, par la jouissance intime de l'ordre que la Religion établit dans leurs pensées, dans leurs affections, dans leurs actions. Ce qui trouble la paix de l'intelligence, c'est le combat de l'erreur contre la vérité, de l'erreur qui naît de la raison orgueilleuse, contre la vérité qui nous est connue par le témoignage du Verbe en forçant la raison de se soumettre, en lui donnant la foi pour règle, la volonté termine ce combat. Ce qui trouble la paix du cœur, c'est le combat de la chair

contre l'esprit (1), de l'amour déréglé de nousmêmes contre l'amour de Dieu, que son Esprit excite en nous en cédant à ses impressions, en consommant le sacrifice de tout notre être à son Auteur, la volonté termine ce combat. Ce qui trouble la paix de la société, c'est le combat perpétuel de l'intérêt de chacun contre l'intérêt de tous en soumettant les passions au devoir, on à la loi qui ordonne de se sacrifier pour ses frères, la volonté termine ce combat. Donc, encore une fois : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, et dans le ciel, l'éternel rassasiement de la gloire : Satiabor cùm apparuerit gloria tua (2).

Mais aux hommes dont la volonté pervertie refuse d'écouter la parole divine, d'aimer le bien infini, d'obéir à l'ordre immuable: guerre, éternelle guerre, premièrement avec eux-mêmes: toutes leurs pensées, armées les unes contre les autres, s'attaquent, se choquent, se détruisent jusqu'à la dernière; et leur intelligence dévastée ressemble, dans son effrayante solitude, à une cité morne et sanglante, où les fureurs intestines n'ont pas laissé un être vivant. Guerre dans leur cœur, tourmenté

(1) Caro enim concupiscit adversùs spiritum: spiritus autem adversùs carnem : hæc enim sibi invicem adversantur. Ep. ad Galat. v, 17. (2) Ps. XVI, 15.

d'inquiétudes, ravagé de désirs, bourrelé de remords. Guerre dans la famille, dans l'État, en proie aux dissensions, à l'anarchie, ébranlé, brisé par de continuelles commotions. Guerre entre les peuples qui s'entre-dévoreront, comme on dévore un morceau de pain (1). Enfin guerre avec Dieu, séparation de sa société, haine mutuelle, révolte impie de l'homme contre son Auteur, qu'il tentera d'anéantir pour se mettre à sa place; guerre, jusqu'au jour marqué pour le triomphe de l'ordre, où l'Éternel, étendant son bras, et saisissant ses foibles ennemis, ils sentiront, dans leur consternation profonde, l'épouvantable vérité de cette parole, qui doit s'accomplir aussi-bien que les autres : Il est horrible de tomber entre les mains du Dieu vivant (2)!

Nous avons montré que la Religion, s'il en existe une véritable, est d'une importance infinie pour l'homme, pour la société, pour Dieu même; et parlà nous avons détruit un des fondemens de l'indifférence dogmatique. Pour achever de renverser la base sur laquelle elle repose, nous prouverons qu'il existe en effet une vraie Religion, qu'il n'en existe

(1) Devorant plebem meam sicut escam panis. Ps. XIII, 14.

(2) Horrendum est incidere in manus Dei viventis. Ep. ad. Hæbr. x, 31.

qu'une, qu'elle est pour tous les hommes l'unique moyen de salut, et qu'aussi tous les hommes peuvent aisément la discerner des Religions fausses. Mais auparavant, il convient de rechercher comment, dans notre condition présente, nous parvenons à une connoissance certaine de la vérité. Tâchons cependant d'exciter en nous l'amour de cette vérité sainte; car l'amour seul donne du prix à la vérité. Quand, à force de travail, on réussiroit à la découvrir, elle ne seroit encore, si on ne l'aime, qu'une stérile opinion philosophique. Or, non plus que Pascal, « nous n'estimons pas que toute la philosophie vaille une heure de peine (1) ».

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(1) Pensées de Pascal, t. II, p. 233, édit. de 1803.

FIN DU TOME PREMIER.

De l'Imprimerie de CELLOT, rue des Grands-Augustins.

DU TOME PREMIER.

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TABLE

INTRODUCTION

CHAPITRE I. Considérations générales sur l'indifférence religieuse. Exposition des trois systèmes auxquels se réduit l'indifférence dogmatique.. 45 CHAPITRE II. Considérations sur le premier système d'indifférence, ou sur la doctrine de ceux qui, ne voyant dans la Religion qu'une institution politique, ne la croient nécessaire que pour le peuple. CHAPITRE III. Suite du même sujet..

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CHAPITRE IV. Considérations sur le second système d'indifférence, ou sur la doctrine de ceux qui, tenant pour douteuses la vérité de toutes les Religions positives, croient que chacun doit suivre celle où il est né, et ne reconnoissent de Religion incontestablement vraie, que la Religion naturelle. 116 CHAPITRE V.-Suite des considérations sur le second système d'indifférence, et réflexions sur la Religion naturelle. 143 CHAPITRE VI.-Considérations sur le troisième système d'indifférence, ou sur la doctrine de ceux qui admettent une Religion révélée, de manière néan

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