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5° La tradition manuscrite étant désormais fixée et chaque copie utilisable mise à son rang, il sera facile, dans un grand nombre de cas, de remonter à la leçon primitive.

6o Les longues et patientes investigations de MM. Bidez et Cumont nous mettent à même d'entrevoir comment s'est formé le recueil des lettres de Julien. Il est vraisemblable qu'aussitôt après la mort de l'empereur, Libanius et les autres sophistes avec qui il avait été en relations, firent paraître les lettres qu'ils avaient reçues de lui et celles qu'ils lui avaient adressées; que de bonne heure un chrétien d'Alexandrie publia les documents officiels où Julien manifestait son hostilité contre le christianisme, et que, vers le milieu du Ve siècle, ces publications partielles furent fondues dans une collection d'une étendue considérable. Cette collection serait, sinon l'unique, du moins la principale source où ont puisé les copistes byzantins. Ceux-ci en ont troublé la disposition primitive en obéissant à deux tendances différentes : les uns, voulant réunir les œuvres complètes de Julien, ont séparé ses lettres de celles de ses correspondants; les autres, et ce sont les plus nombreux, se sont attachés à extraire du grand recueil des modèles de style épistolaire.

Après avoir classé les manuscrits, MM. Bidez et Cumont passent en revue les éditions des lettres de Julien. Ce chapitre est des plus instructifs. Il nous édifie sur l'arbitraire inouï avec lequel a procédé le premier éditeur, Marc Musurus, et sur les défectuosités de la vulgate. La recherche des sources de l'édition princeps aboutit à des conclusions intéressantes.

Dans un premier appendice, MM. Bidez et Cumont publient un fragment inédit de Julien qui se trouve dans un extrait d'Aréthas de Césarée. Le manuscrit qui con

tient cet extrait appartient à la bibliothèque synodale de Moscou (1). Le fragment de Julien est tiré probablement du deuxième livre de son Discours contre les chrétiens.

Un second appendice est consacré à l'exposé d'une curieuse hypothèse d'après les auteurs du mémoire, le discours du roi Abenner à son fils, dans le roman de Barlaam et de Joasaph, serait, en partie, la reproduction plus ou moins fidèle de quelque épître adressée par Julien à un ami qu'il espérait ramener au paganisme. L'hypothèse est ingénieuse sans doute, mais assez fragile.

Des tables très soignées terminent le mémoire. La première indique les séries de lettres contenues dans chaque manuscrit; la seconde, la répartition des séries entre les différentes classes de manuscrits; la troisième est un index des manuscrits, et la quatrième, une liste des copistes et des possesseurs de manuscrits, ainsi que des hellénistes de la Renaissance, cités dans l'ouvrage.

Les recherches de MM. Bidez et Cumont témoignent d'une érudition scrupuleuse, d'une excellente méthode et d'une rare perspicacité. Elles renouvellent entièrement la critique des lettres de Julien et fournissent une base solide aux études ultérieures dont ces lettres seront l'objet. J'estime qu'elles sont tout à fait dignes de figurer dans les Mémoires de l'Académie. »

Rapport de M. J.-C. Voligraff, deuxième commissaire,

<«< C'est avec bien de la satisfaction que j'ai pris connaissance de l'important travail soumis à notre appréciation. L'étude de MM. Bidez et Cumont sur la tradition

(1) Une page photographiée de ce manuscrit est jointe au mémoire.

manuscrite des lettres de l'empereur Julien mérite certainement une place dans les Mémoires de l'Académie royale.

Grâce à de longues recherches dans un grand nombre de bibliothèques (même à Patmos et à Chalcé) et à des collations minutieuses d'une quarantaine de manuscrits qu'ils ont été les premiers à classer, MM. Bidez et Cumont ont réussi à réunir tous les matériaux nécessaires pour une nouvelle édition critique. En effet, plusieurs de ces documents étaient restés entièrement inconnus au dernier éditeur, Hertlein.

Mon attention a été tout particulièrement attirée par la façon scrupuleuse dont les auteurs complètent, en ce qui concerne les épîtres, la description du célèbre Codex bombycinus Vossianus no 77, telle qu'elle est donnée par Hertlein. Ayant consacré autrefois à Leyde bien des heures à l'examen de ce précieux archétype, le plus important manuscrit de Julien qui existe, j'ai été à même de contrôler en quelque sorte les données de MM. Bidez et Cumont, et je me plais à rendre hommage à leur zèle et à la sûreté de leur méthode.

Je me rallie volontiers aux conclusions du premier commissaire, mon savant confrère M. Thomas. >>

Rapport de M. P. Willems, troisième commissaire,

«Je m'associe à mes savants confrères, MM. Thomas et Vollgraff, pour reconnaître tout le mérite du travail ardu et consciencieux présenté à la Classe par MM. J. Bidez et Franz Cumont, et pour en proposer la publication dans les Mémoires de l'Académie. »

La Classe adopte la proposition de ses commissaires.

CLASSE DES BEAUX-ARTS

Séance du 3 février 1898.

M. CH. TARDIEU, directeur et président de l'Académie. M. le chevalier EDMOND MARCHAL, secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. J. Robie, vice-directeur; Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Th. Radoux, Peter Benoit, Jos. Jaquet, J. Demannez, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vinçotte, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfr. Cluysenaar, J. Winders, Ém. Janlet, H. Maquet, J. Van Ysendyck, membres; Alb. De Vriendt, C. Hermans et Ém. Mathieu, correspondants.

CORRESPONDANCE.

La Classe prend notification, d'après le Moniteur belge du 2 février, no 35, d'un arrêté royal en date du 24 janvier, approuvant, conformément à l'article 7 des Statuts organiques de l'Académie, l'élection de M. J.-J. Van Ysendyck comme membre titulaire de la section d'archi

tecture.

3me SÉRIE, TOME XXXV.

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MM. J.-J. Van Ysendyck, élu membre titulaire, et E.-H. Grieg, élu associé de la section de musique, adressent des lettres de remerciements.

M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics fait savoir que la pension de voyage attachée aux prix de Rome, a été allouée à M. Boncquet, premier prix du grand concours de sculpture de 1897.

- La Classe renvoie à l'appréciation de MM. Stallaert, Hennebicq et le comte Jacques de Lalaing, l'envoi-copie réglementaire faite par M. Delville, premier prix du grand concours de peinture en 1895, pendant son séjour à Venise.

Elle nomme M. Benoit quatrième commissaire pour examiner les compositions musicales de M. Lunssens, présentées dans la séance du 6 janvier.

ᎡᎪᏢᏢᎾᎡᎢ .

Il est donné lecture de l'appréciation de la section d'architecture sur le 5o rapport de M. Vereecken, premier prix du grand concours de 1895.

Cette appréciation sera transmise à M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics.

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