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CORRESPONDANCE

La Classe apprend, sous l'impression d'un profond sentiment de regret, la perte qu'elle vient de faire en la personne de l'un des membres titulaires de sa section des sciences naturelles, M. Alphonse Briart, né à Chapelle lez-Herlaimont, le 25 février 1825, et décédé à Morlanwelz, le 15 mars 1898.

Elle décide qu'une lettre de condoléance sera adressée à la famille Briart et vote des remerciements à M. Ed. Dupont, qui a bien voulu être l'organe de ses sentiments aux funérailles. Le discours de M. Dupont sera imprimé au Bulletin.

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M. Malaise accepte d'écrire la notice de M. Alphonse Briart pour l'Annuaire de l'Académie.

M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire du Recueil de cytologie et d'histologie générale La Cellule, tome XIII, 2e fascicule. Remerciements.

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Le même Ministre fait savoir que le Gouvernement de S. M. la Reine d'Angleterre invite la Belgique à se faire représenter officiellement à la quatrième session du Congrès international de zoologie, qui s'ouvrira à Cambridge le 25 août prochain.

M. Édouard Van Beneden, qui a consenti à représenter l'Académie à ce congrès, accepte d'y remplir, éventuellement, la mission honorifique de délégué du Gouvernement belge.

Le comité général du IXe Congrès international d'hygiène et de démographie fait savoir que ses réunions auront lieu à Madrid, du 10 au 17 avril 1898.

L'Académie des sciences de l'Institut de Bologne envoie le programme pour le prix Aldini sur le « Galvanisme » (Electricité animale), à décerner en 1899.

L'Académie royale de médecine de Belgique et la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut envoient leurs programmes de concours pour 1898, 1899 et 1900.

M. le Secrétaire perpétuel présente :

1° Au nom de M. Gravis: le volume I des Archives de l'Institut botanique de l'Université de Liége;

2o Au nom de M. le général Bernaert Commune de Schaerbeek. Etude d'un projet d'évacuation directe de toutes les eaux de la Senne en amont de Bruxelles par les canaux de Charleroi et de Willebroeck agrandis. Mémoire descriptif et justificatif. - Remerciements.

Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires :

1° Note de M. Gustave Van der Gucht, d'Anvers, relative au Problème de la vue à distance. Commissaires : MM. Fredericq et De Heen;

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2o Lettre de M. E. Solvay renfermant une communication de M. le Dr Auguste Slosse sur le Rôle de l'électricité dans les phénomènes de la vie. Commissaires : MM. Spring et Henry.

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Discours prononcé aux funérailles de M. Alphonse Briart par M. Ed. Dupont, directeur de la Classe.

La belle existence du confrère qui nous est enlevé se conservera dans ses œuvres. Elles sont nombreuses, considérables et tiennent une place élevée dans notre histoire scientifique.

Après les créations de d'Omalius d'Halloy et les grands travaux d'André Dumont, il devait s'ouvrir à l'étude de notre sol une troisième phase où, dès le début, il y a un tiers de siècle, apparaissaient deux personnalités associées, si intimement associées qu'elles entraient dans la carrière géologique comme ne faisant qu'un seul et même

savant.

Briart et Cornet! Pouvons-nous séparer dans notre mémoire deux noms qu'eux-mêmes n'ont jamais séparés, pendant plus de vingt ans, dans leurs recherches, dans leurs méditations, dans une activité commune que la mort seule devait rompre? Après la mort de son ami, nous avons vu Briart, jusqu'au jour où il nous fut ravi à son tour, continuer sans défaillance ses travaux scientifiques que couronnait, il y a deux mois à peine, comme un suprême témoignage de son pays, le prix décennal des sciences minérales.

Oui, elle est belle et touchante cette existence de savant, par sa constante énergie et par sa direction ininterrompue, sur laquelle plane le souvenir presque poétique d'une association confraternelle si prolongée.

Reportons-nous à l'année 1864. L'Académie recevait des deux collaborateurs une information fort inattendue et qui fit grand bruit. Le forage d'un puits de charbon

nage venait de mettre au jour une roche calcareuse remplie de fossiles. C'était le «< calcaire grossier de Mons ». Il gisait sous les sables landeniens et cependant sa faune semblait rappeler celle du calcaire grossier de Paris. Les deux géologues ne tardèrent pas à reconnaître qu'ils se trouvaient en réalité devant une faune nouvelle, qui devait prendre place, conformément aux superpositions, entre le Crétacé et le Tertiaire, cet endroit critique de la série stratigraphique dans l'échelle des temps. C'est ce qui faisait son importance. Avec leur décision ordinaire, ils se mirent à la décrire.

Briart était un dessinateur de talent. En exécutant luimême les dessins de quatre livraisons d'une longue monographie, en ajoutant ainsi par le crayon du naturaliste une rare valeur à la définition précise des types spécifiques qu'il créait, il décrivit, de 1870 à 1887, non moins de deux cent quatre-vingt-six espèces de cette faune. C'est, à coup sûr, l'une des œuvres paléontologiques saillantes qu'ait produites notre pays.

Dans l'intervalle, cependant, avaient paru d'autres travaux qui rendaient déjà célèbres les noms des deux associés.

A la base du terrain crétacé, à peu près en concordance avec la vallée de la Haine, existent d'importants dépôts de sable et d'argile. Briart et Cornet les décrivirent, rectifièrent leur classement chronologique et, par une belle analyse de leurs conditions, leur assignèrent une origine continentale, que tendait à établir en fait la découverte de plantes décrites simultanément par l'abbé Coemans, nom qui aussi nous est resté cher. Bientôt la grande découverte des Iguanodons de Bernissart est venue confirmer et préciser ces remarquables conclusions.

Les puits de charbonnages continuaient cependant

leurs révélations et les deux géologues n'étaient pas hommes à les laisser se perdre.

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La « meule de Bracquegnies » est décrite par eux sous ses divers aspects, et sa faune albienne, encore inconnue chez nous, est figurée à son tour dans un beau mémoire in-4°.

Puis voici consécutivement l'étude et la description des divers étages crétacés et tertiaires du Hainaut. Car c'est dans le Hainaut que se concentreront particulièrement les recherches des deux savants. Aucun terrain ne leur échappera; tous en recevront de nouvelles lumières, seront déterminés et reclassés par la paléontologie stratigraphique et ses laborieuses investigations.

D'autres questions, non moins importantes et pour lesquelles leur province se trouvait remarquablement prodigue en documents, devaient exercer longuement la perspicacité et la sagacité de Briart et de son ami.

Les dépôts quaternaires et surtout les œuvres des peuplades des âges de la pierre leur fournissent aussi de nombreuses révélations. Avec le concours d'un compatriote, M. Houzeau de Lehaie, les inséparables chercheurs découvraient à Mesvin, dès 1867, les silex taillés par l'homme paléolithique, suivant les types de la Seine et de la Somme. Puis venaient l'étude des silex de Spiennes et la reconstitution du mode d'extraction du silex par l'homme néolithique. Ces études aussi firent sensation.

Mais le terrain houiller, principalement par les prodigieuses dislocations qu'il a subies, par les indications qu'on peut en retirer sur les conditions faites à ses dépôts par le soulèvement de l'Ardenne, ne pouvait échapper à l'attention de géologues placés à la tête de grandes exploitations industrielles. Il était l'objet de leurs préoccupations constantes.

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