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da. Quadam enim distinctione inter philosophum et philosophiam facta, tribuit philosopho jus et officium se submittendi auctoritati, quam veram ipse probaverit, sed utrumque philosophiae ita denegat, ut, nulla doctrinae revelatae ratione habita, asserat, ipsam nunquam debere ac posse Auctoritati se submittere. Quod esset tolerandum et forte admittendum, si haec dicerentur de jure tantum, quod habet philosophia suis principiis, seu methodo, ac suis conclusionibus, uti, sicut et aliae scientiae, ac si ejus libertas consisteret in hoc suo jure utendo, ita ut nihil in se admitteret, quod non fuerit ab ipsa suis conditionibus acquisitum, aut fuerit ipsi alienum. Sed haec justa philosophiae libertas suos limites noscere et experiri debet. Nunquam enim non solum philosopho, verum etiam philosophiae licebit, aut aliquid contrarium dicere iis, quae divina revelatio, et Ecclesia docet, aut aliquid ex eisdem in dubium vocare, proptereaquod non intelligit, aut judicium non suscipere, quod Ecclesiae auctoritas de aliqua philosophiae conclusione, quae hucusqne libera erat, proferre constituit. Accedit etiam, ut idem auctor philosophiae libertatem, seu potius effrenatam licentiam tam acriter, tam temerc propugnet, ut minime vereatur asserere, Ecclesiam non solum non debere in philosophiam unquam animadvertere verum etiam debere ipsius philosophiae talerare errores, eique relinquere, ut ipsa se corrigat; ex quo evenit, ut philosophi hanc philosophiae libertatem necessario participent, atque ita etiam ipsi ab omni lege solvantur. Ecquis non vedit quam vehementer sit rejicienda, reprobanda, et omnino damnanda hujusmodi Frohschammer sententia atque doctrina? Etenim Ecclesia ex divina sua institutione et divinae fidei depositum integrum inviolatumque diligentissime custodire, et animarum saluti summo studio debet continenter advigilare, ac summa cura ea omnia amovere et eliminare, quae vel fidei adversari, vel animarum salutem quovis modo in discrimen adducere possunt. Quocirca Ecclesia ex potestate sibi a divino suo Auctore commissa non solum jus, sed officium praesertim habet non tolerandi, sed proscribendi ac damnandi omnes errores, si ita fidei integritas, et animarum salus postulaverint, et omni philosopho, qui Ecclesiae filius esse velit, ac etiam philosophiae officium incumbit uihil unquam dicere contra ea, quae Ecclesia docet, et ea retractare, de quibus eos Ecclesia monuerit. Sententiam' autem, quae contrarium edocet omnino erroneam, et ipsi fidei, Ecclesiae, ejusque auctoritati vel maxime injuriosam esse edicimus et declaramus. Quibus omnibus accurate perpensis, de eorumdem V. V. F. F. N. N. S. R. E. Cardinalium Congregationis libris notandis praepositae consilio, ac motu proprio, et certa scientia matura deliberatione nostra, deque Apostolicae Nostrae potestatis plenitudine praedictos libros Presbyteri Frohschammer tamquam continentes propositiones et doctrinas respective falsas, erroneas, Ecclesiae, ejusque auctoritati ac juribus injuriosas reprobamus, damnamus, ac pro reprobatis et damnatis ab omnibus haberi volumus, atque eidem Congregationi mandamus, ut eosdem libros in indicem prohibitorum librorum referat. Dum vero haec Tibi significamus, Venerabilis Frater, non possumus non exprimere magnum animi Nostri dolorem, cum videamus hunc filium eorumdem librorum auctorem, qui cete

roquin de Ecclesia bene mereri potuisset, infelici quodam cordis impetu misere abreptum in vias abire, quae ad salutem non ducunt, ac magis magisque a recto tramite aberrare. Cum enim alius ejus liber de animarum origine prius fuisset damnatus, non solum se minime submisit, verum etiam non extimuit, eumdem errorem in his etiam libris denuo docere, et Nostram Indicis Congregationem contumeliis cumulare, ac multa alia contra Ecclesiae agendi rationem temere mendaciterqne pronuntiare. Quae omnia talia sunt, ut iis merito atque optimo jure indignari potuissemus. Sed nolumus adhuc paternae Nostrae caritatis viscera erga illum deponere, et iccirco Te, Venerabilis Frater, excitamus, ut velis eidem manifestare cor Nostrum paternum, et acerbissimum dolorem, cujus ipse est causa, ac simul ipsum saluberrimis monitis hortari et monere, ut Nostram, quae communis est omnium Patris vocem audiat, ac resipiscat, quemadmodum catholicae Ecclesiae filium decet, et ita nos omnes laetitia afficiat, ac tamdem ipse feliciter experiatur quam jucundum sit, non vana quadam et perniciosa libertate gaudere, sed Domino adhaerere, cujus jugum suave est, et onus leve, cujus eloquia casta, igne examinata, cujus judicia vera, justificata in semetipsa, et cujus universae viae misericordia et veritas. Denique hac etiam occasione libentissime utimur, ut iterum testemur et confirmemus praecipuam Nostram in Te benevolentiam. Cujus quoque pignus esse volumus Apostolicam Benedictionem, quam intimo cordis affectu Tibi ipsi, Venerabilis Frater, et gregi Tuae curae commisso peramanter impertimus. Datum Romae apud S. Petrum die 11 Decembris Anno 1862. Pontificatus Nostri Anno Decimo septimo.

PIUS PP. IX.

PRINCIPES DE GRAMMAIRE GÉNÉRALE

OU EXPOSITION RAISONNÉE DES ÉLÉMENTS DU LANGAGE,

Par P. Burggraff, professeur de littérature orientale à l'université de Liége, chargé du cours de grammaire généralejà l'école normale des humanités. Liége 1863, chez H. Dessain; vol. in-8o de VI-601 pages.

Dans un court avant-propos, l'auteur expose l'idée qu'il se fait de son travail.

C'est pour l'homme un besoin, dit-il, de fixer dans son esprit et de communiquer ses idées par des mots. Afin qu'il puisse atteindre ce double but, le Créateur lui a donné un appareil vocal; et, en ce sens, il est vrai de dire que la parole nous est naturelle.

Les mots primitifs, appelés racines, ne sont pas nombreux; mais soit par composition, soit par dérivation, soit par l'effet de tels ou tels changements, chacun de ces mots en a produit beaucoup

d'autres, qui ont remplacé les premiers et dont les plus simples sont devenus eux-mêmes de nouvelles racines.

» L'Euphonie et l'analogie nous dirigent, même à notre insu, dans tous ces procédés de la parole; elles sont, pour ainsi dire, la source du bon usage. L'euphonie, suivant les climats, les occupations de chaque jour et le degré de civilisation, façonne et change les mots dans leur élément matériel, pour en rendre la prononciation plus facile et plus agréable à l'oreille; l'analogie, selon que se développent et varient nos idées, modifie, restreint ou étend ces mêmes mots dans leur signification, elle nous guide dans les combinaisons diverses que nous en faisons, pour exprimer avec précision et netteté nos pensées dans toute leur étendue. Eclaircir et expli'quer, autant qu'il se peut, les phénomènes les plus communs et les plus remarquables du langage, en y appliquant ces deux principes, tel est, ce me semble, l'objet, sinon le seul, du moins le plus important d'une grammaire générale ; tel est aussi le but de ce traité. »

Un peu plus loin, dans son Introduction, M. Burggraff caractérise son travail en peu de mots : «J'appelle Grammaire génerale, dit-il, l'ensemble des lois et des principes auxquels l'homme obéit dans son langage, soit par nécessité soit par un sentiment instinctif. »

Ces définitions générales se restreignent un peu dans l'application, et le professeur judicieux ne perd pas de vue qu'il écrit surtout pour des jeunes gens. «Quoique les conclusions où je suis arrivé, dit-il, soient fondées sur l'examen de plusieurs langues, anciennes et modernes, les exemples dont je les ai appuyées sont en géneral empruntés à nos trois langues classiques. Cela tient à ce que ce traité, trop élémentaire sans doute pour les savants, est rédigé surtout à l'usage des jeunes gens qui, après avoir achevé leurs humanités, cultivent les études philologiques, soit pour s'instruire eux-mêmes, soit en vue d'instruire les autres. »

Par les trois langues classiques, M. Burggraff entend le grec, le latin et le français; et l'on ne peut trouver mauvais que, dans sa position, il se prescrive des limites. Peut-être cependant auroit-il fait sagement de ne pas exclure de cette catégorie la langue que parle la majorité du peuple belge. Plusieurs raisons l'engageoient, ce semble, à donner cette satisfaction aux nombreux amis des lettres fla. mandes; et ce petit développement auroit à peine augmenté son volume.

M. Burggraff divise ses principes de grammaire générale en trois parties. Dans la première, il traite de l'élément matériel du mot; dans la deuxième, de l'élément logique des mots ; dans la troisième, il s'occupe de la syntaxe. L'ouvrage se termine par un appendice qui présente un aperçu de l'histoire de la grammaire et des ouvrages qui ont le plus contribué au progrés de l'art grammatical.

La première partie comprend huit chapitres consacrés aux matières suivantes: 1. De la formation du son dans notre appareil vocal. 2. De la nature des voyelles et des consonnes. 3. Du nombre des voyelles et de leur formation. - De la contraction. Des diphthongues. De l'élision. De l'épenthèse. 4. Des consonnes.

Du

De la quantité et de l'accent tonique. 6. De l'origine d 7, De l'écriture. 8. De l'orthographe.

Dans cette partie, M. Burggraff nous fait l'honneur de quemment le 2 volume de notre Essai sur l'activité du pensant, considérée dans l'institution du langage. Il n' tièrement d'accord avec nous, et peut-être aurions-nous nous plaindre un peu d'un ou de deux petits passages. Ma pas ici le lieu de relever ces observations et d'y répondre. Pour ce qui concerne la question de l'origine du lang voyons avec plaisir que le savant professeur raisonne com nent en général les auteurs qui ont fait une étude sérieus importante matière.

« Nous devons, ee me semble, admettre, dit-il, qu'un plutôt un couple d'enfants, abandonnés à eux-mêmes sous de la Providence créatrice, non seulement pourroient, mais queroient même pas de se faire une langue propre et prin sensations qu'ils éprouveroient par l'action des objets extér eux, provoqueroient l'usage de leurs facultés intellectuelles tingueroient les objets et en imitant les cris des uns et le autres, ils en feroient naturellement des mots, c'est-à-dire employés comme signes de telle idée ou plutôt de tel objet. tout le monde admet que l'homme marche naturellement de son organisation corporelle; pourquoi donc ne pour parler naturellement, je veux dire en vertu de sa nature tuelle, de ses facultés, de ses sentiments, de ses penchan jusqu'à présent aucun animal n'a jamais parlé, comme au pourra jamais, c'est précisément parce qu'il lui manque la co qui est le privilége de l'âme humaine. Les animaux ont I des idées ou des images d'objets; mais ils ne savent pas

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Il répète cette assertion après quelques autres remarque fait d'un ton plus décisif encore. « Telles sont, dit-il, les o tions qui me déterminent à adopter, sans aucune hésitation, des savants qui croient que les deux premiers individus de pèce, par leurs propres forces, par les facultés intellectue rentes à leur nature, enfin par cela seul qu'il y avoit en eux humaine, pouvoient former ou créer eux-mêmes leur langa le premier mot jusqu'au dernier, sans aucune intervention e naire du Créateur. Les objets extérieurs dont ils étoient nécess entourés, pouvoient très bien leur servir de maître pour se fa prendre, sans qu'il y eût besoin ni de convention ni de divi

La deuxième partie, qui forme en quelque sorte le corps de ge, comprend vingt-deux chapitres. Elle est intitulée de 4 logique des mots, c'est-à-dire, de leur sens, des idées qu' ment. L'auteur y commence par la formation des idées et nature; il expose sa pensée sur la nature et le nombre des p discours, sur le développement du langage, etc. De là il p

cessivement à toutes les subdivisions de la science grammaticale, depuis les substantifs jusqu'aux interjections, en ayant toujours soin de généraliser ses observations et son enseignement.

La troisième partie est fort courte et elle devoit l'être, parce que l'auteur a renfermé dans la deuxième partie beaucoup d'observations relatives à la construction. Elle ne comprend que deux chapitres, dont le premier expose l'objet de la syntaxe, et dont le second, sous-divisé en huit paragraphes, traite des différentes espèces de constructions, de l'inversion, de l'ellipse et du pléonasme.

Telle est la charpente du livre de M. Burggraff, et ce court exposé suffira pour en faire comprendre l'importance. Quant aux observations de détail, nous les abandonnons aux recueils périodiques (1) qui s'occupent spécialement de l'instruction et des ouvrages classiques.

Nous nous contentons de faire observer qu'une bonne grammaire générale nous manquoit et que le travail de M. Burggraff satisfait à un véritable besoin. On reconnoît dans cette œuvre le fruit d'études longues et sérieuses et d'une grande expérience. Pour la science et l'érudition, on peut la comparer aux meilleurs ouvrages allemands de ce genre. Outre cela, le bon sens, l'esprit d'ordre et de discernement n'y font pas défaut ; et nous ne craignons pas de dire que ce livre fait honneur au haut enseignement belge et à l'université de Liége en particulier.

Il est vrai qu'une grammaire générale pourroit encore être envisagée d'une autre manière; et pour notre part, faisant abstraction de l'enseignement ordinaire, nous nous formons l'idée de principes qui semblent remonter un peu plus haut et qui mériteroient peut-être le nom de grammaire philosophique.

Le langage, dans son acception la plus générale, est l'expression de la pensée. Les signes dont il se compose, s'adressent principalement aux sens de l'ouïe et de la vue ; et, comme M. le professeur A. Le Roy l'a fait observer dans une note attachée au 3me volume de notre Essai sur l'activité du principe pensant (2), ils peuvent encore, au besoin, s'adresser au sens du toucher. Mais dans le commun langage des hommes, les signes qui sont faits pour le sens de l'ouïe et ceux qui sont faits pour le sens de la vue, sont toujours unis.Nous n'employons jamais les sons articulés sans y joindre le geste et le jeu de la physionomie. Il y a un langage gesticulé, comme il y a un langage phonetique; et le premier peut même, par exception, devenir le seul langage possible; témoin les malheureux privés du sens de l'ouïe. De plus le langage gesticulé est antérieur au langage phonétique; c'est au moyen du premier que l'enfant apprend le second. Le langage gesticulé est le véritable langage naturel et universel. Tout le monde le comprend et en fait usage sans l'avoir appris.

(1) Tels que la Revue de l'instruction publique en Belgique, de MM. Feys et Roersch à Bruges, L'Abeille, de M. Braun à Nivelles, etc.

(2) Voy. p. 293.

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