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merston. Intérêt matériel de la Russie et de l'Angleterre dans la

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Désintéressement de la France.

l'Egypte et la Turquie.

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Projet de transaction entre Colère des négociateurs de Londres. Les agents anglais font soulever la Syrie. Incidents et compres

sion de l'insurrection. · Preuves officielles de l'action de lord Palmerston sur les révoltés. Signature du traité. Consternation de M. Thiers. Colère violente du roi. Indignation du pays. Emotion en Angleterre. Attitude énergique de Méhémet-Ali.

Statistique des forces égyptiennes.

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Paroles révolutionnaires de

·Préparatifs de guerre. Fortifications de Paris. Construction des forts détachés.

Scission parmi les radicaux.

Le 14 juillet, les chambres se séparaient; le 15 s'accomplissait à Londres un acte diplomatique, qui était un outrageant défi à la France, un signal de guerre pour toute l'Europe.

L'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse signaient de concert un traité pour la solution de la question d'Orient, et dans une telle occasion la France n'était ni consultée ni ménagée. On tranchait sans elle une question débattue avec elle, on finissait à quatre ce qui avait été commencé à

cinq on disait insolemment à la France qu'elle ne comptait plus parmi les grandes nations; on disait, ce qui était pis encore, que la France accepterait l'injure sans oser se venger. Un des meneurs de toute cette intrigue, lord Palmerston répétait à qui voulait l'entendre que la France crierait comme un enfant mutin, mais s'apaiserait à la vue des verges. Ajoutons, pour être vrai, que ces bravades s'adressaient moins à la nation qu'au gouvernement, moins au peuple français qu'au roi Louis-Philippe. On connaissait ses entêtements pacifiques; et son impopularité même était une garantie pour l'étranger. Il avait d'ailleurs trop de guerres à l'intérieur, pour pouvoir oser quelque chose au dehors; il entreprenait en ce moment une campagne contre la réforme, une campagne contre les ouvriers, sans compter ses campagnes perpétuelles contre la puissance parlementaire; il ne lui restait ni loisir, ni forces pour entreprendre une campagne contre les rois coalisés. Il faisait leurs affaires chez lui; il ne pouvait aller les troubler chez eux.

Lord Palmerston avait donc raison dans son arrogance lorsqu'il défiait le gouvernement de la France; mais il se serait bien gardé de jeter cette insulte à la nation.

Et cependant, quoique l'injure ne s'adressât pas à elle, la nation en ressentit vivement le contre-coup, et un immense cri de colère retentit par toute la France. Il y avait d'ailleurs dans l'accord des quatre puissances tous les souvenirs des vicilles coalitions qui avaient si longtemps conspiré contre la France et qui avaient fini par l'humilier. On sentait revivre les hontes de 1815; et ce sentiment était si général, si bien d'accord avec la situation, que l'Europe entière s'y associait. Déjà cette pensée avait

été exprimée plusieurs mois auparavant d'une manière énergique. Durant l'hiver de 1839, comme on parlait dans des conférences diplomatiques, de la possibilité d'un traité entre les quatre puissances, le maréchal Soult, qui était présent, s'écria: « C'est le traité de Chaumont! » Paroles remarquables, qui revinrent à la mémoire de ceux qui les avaient entendues et qui se renouvelèrent sous diverses formes dans la pensée de tous.

L'émotion fut grande à Paris, dans la presse, chez les hommes parlementaires, au ministère, au château. On était loin, en effet, des pompeuses espérances qu'avait fait naître la fameuse discussion provoquée en juillet 1839 par le rapport de M. Jouffroy. « Cette grande question et ce grand débat, disait le rapporteur en résumant la discussion, imposent au cabinet une immense responsabilité. En recevant de la chambre les dix millions qu'il est venu lui demander, il contracte un solennel engagement. Cet engagement, c'est de faire remplir à la France, dans les événements d'Orient, un rôle digne d'elle, un rôle qui ne la laisse pas tomber du rang élevé qu'elle occupe en Europe. C'est là, Messieurs, une tâche grande et difficile. Le cabinet doit en sentir toute l'étendue et tout le poids.... La fortune lui jette entre les mains une affaire si considérable, que, s'il la gouverne comme il convient à la France, il sera, nous osons le dire, le plus glorieux cabinet qui ait géré les affaires de la nation depuis 1830. »

Et c'est un an après ces fières paroles, que cette affaire considérable valait à la France une insulte collective au lieu de remplir un rôle digne d'elle, elle subissait une honteuse exclusion.

Depuis un an, en effet, le gouvernement français avait

fait tant de pas en arrière, que les diplomaties étrangères s'étaient persuadées qu'elles le feraient reculer jusqu'au bout.

Sur le rapport de M. Jouffroy, l'immense majorité de la chambre avait déclaré que le maintien du statu quo devait être la règle de conduite du gouvernement français.

Or le maintien du statu quo impliquait deux choses: 1° que le sultan ne serait pas inquiété par Ibrahim, et que celui-ci s'arrêterait au pied du mont Taurus; 2° que Constantinople ne serait pas envahie par les Russes. En d'autres termes, la France devait soutenir d'une part l'indépendance de Méhémet-Ali, de l'autre l'indépendance du sultan.

En conséquence, au mois de juillet 1839, l'ambassadeur français à Londres demande que le vice-roi d'Egypte conserve l'intégrité du territoire conquis depuis le Nil jusqu'au Taurus.

Les autres puissances refusent.

La diplomatie française consent à ce qu'on enlève à Méhémet-Ali le district d'Adana, Candie et les villes saintes. Cette concession ne semble pas suffisante.

En septembre, la France demande l'hérédité de l'Egypte et de la Syrie, sauf les restrictions précédentes.

L'Europe résiste encore.

La France consent à la Syrie viagère avec l'Egypte héréditaire.

Nouveau refus des puissances, négociations prolongées, puis enfin traité du 15 juillet.

La mystification était complète, l'insulte non dissimulée.

Cependant l'étonnement en France égalait presque les

colères. Comment M. Thiers, partisan si décidé de l'alliance anglaise, avait-il abouti à une rupture ouverte? Comment l'Angleterre, si jalouse des agrandissements de la Russie, semblait-elle prête à lui ouvrir les portes de Constantinople? La première question s'expliquait pour les uns par quelque perfidie de M. Guizot, rival de M. Thiers, et tenant dans ses mains les négociations qui devaient le compromettre. Hâtons-nous d'ajouter que l'accusation était injuste. M. Guizot ne fut pas mystificateur; il fut le premier mystifié. Ce n'est pas qu'il ne fût au courant des intrigues de lord Palmerston, mais il croyait lui-même le dominer par des intrigues contraires. Les immenses embarras du ministère whig sur tous les coins du globe, depuis le Portugal jusqu'à la Chine, depuis les Etats-Unis jusqu'à Constantinople, avaient réveillé les espérances des tories, et l'opinion publique, émue des imprudences de lord Palmerston, semblait prête à se retourner vers eux. Des menées habilement concertées présageaient la chute prochaine des whigs, et M. Guizot, qui n'y était pas étranger, comptait sur ces diversions intérieures pour arrêter toute entreprise audacieuse dans les affaires d'Orient. Il doutait si peu du succès, qu'il ne prenait aucune inquiétude des mauvaises dispositions de lord Palmerston, qui devait, selon lui, tomber avant l'exécution. Parfaitement au courant des menées diplomatiques du ministre whig, il se rassurait parce qu'il était également instruit des habiles intrigues des tories; et croyant au triomphe de ceuxci, il ne tenait pas assez compte de leurs adversaires.

Toute la correspondance de M. Guizot se ressent de cette confiance aveugle dans la venue prochaine des tories, et de ce dédain profond pour les whigs qui devaient le

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