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nistie. Faites un acte qui ait cette gravité-là, qui marque que le passé est fini et qu'on veut s'avancer vers l'avenir, et alors je ne serai pas ministériel, mais je ne ferai rien pour que vous cessiez d'être cabinet.

<«< Il ne faut pas que vous disiez que vous êtes les enfants de la révolution de juillet, et que vous glorifiez votre mère; ce sont des phrases: nous sommes tous des enfants de la révolution de juillet; nous l'entendons autrement sans contredit, mais enfin nous avons la même origine. Si vous êtes fier, M. le président du conseil, et vous avez raison, de diriger les affaires de votre pays, nous sommes fiers, nous qui ne voulons pas être autre chose, d'être appelés ici à les défendre. Elle vous a fait puissant, elle nous a donné la parole; c'est peu de chose que notre parole, mais enfin nous avons la mission de défendre nos idées, et pour nous c'est beaucoup, c'est autant que pour vous la faveur d'être président du cabinet du 1er mars.

« Ah! Messieurs, si vous étiez décidés à faire quelque chose, si vous vouliez n'être ni la continuation du 15 avril, ni celle du 12 mai, si vous apportiez une ère nouvelle dans notre pays; si vous vouliez ressembler au ministère qui a le plus honoré la restauration, le ministère Martignac, alors nous ferions sans doute comme faisaient nos illustres devanciers; nous viendrions vous demander des modifications plus grandes que celles que vous voudriez; nous signalerions le mal qui resterait dans vos lois; mais l'opposition ne serait plus de la même nature; nous resterions opposition, c'est-à-dire nous veillerions à ce que les intérêts du pays ne fussent pas suivant nous sacrifiés; mais enfin nous comprendrions ce qu'il y aurait de bien dans votre marche, et assurément, il n'est personne dans cette assemblée, soit à

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l'extrême gauche, soit à l'extrême droite, qui ne vous tint compte de ce que vous auriez fait.

« Que si vous étiez décidés à ne rien faire, que si vous avez plus peur de ceux qui veulent qu'on ne fasse rien, qu'on n'en avait peur à cette époque, oh! alors, je regrette d'être obligé de me servir du nom d'un personnage vivant, mais cela est nécessaire pour peindre ma pensée, au lieu d'être un ministère Martignac, vous seriez ce que je crois ètre le pire de tous les ministères, j'en demande pardon à l'homme que je vais nommer, vous seriez le ministère Decaze, le ministère de bascule. Je n'ai pas besoin de dire comment ce ministère commença; je dois seulement rappeler comment il finit. Il avait voulu se placer au milieu, plaire à tout le monde, donner des fonctions à des hommes de toutes les couleurs : il ne plut à personne, et il tombą. Si vous faites même chose, même sort vous est réservé,

« Croyez-moi, ne dites pas : Les hommes sans les choses!

<«< En disant cela, je crains que vous n'ayez été trop écoutés.

« Si je regarde sur ces bancs, j'y vois des hommes qui voulaient des choses que sans doute ils ne veulent plus. Vous leur avez offert des portefeuilles en leur disant : « Jus« qu'à présent votre politique a été fort exigeante; vous vous « placiez d'un côté, et vous ne consentiez pas à vous placer << de l'autre nous vous acceptons. » Et ils se sont donnés ; sans doute, ils ont cru amener les choses avec eux. S'il en est ainsi, ce n'est donc pas un ministère centre gauche que nous avons aujourd'hui ce n'est donc pas un ministère Thiers; c'est, qu'on me passe l'expression, c'est le cabinet Jaubert; si c'est cela, la gauche doit en être avertie.

« Si, au contraire, ces hommes n'ont pas apporté leurs idées, s'ils ont laissé les choses au dehors, vous leur avez donc dit : « Les hommes sans les choses. » Et ils ont accepté.

<< Mais vous ne vous êtes pas bornés là; vous avez trouvé des ministres, il vous fallait encore trouver une majorité. Alors vous vous êtes tournés de ce côté de la chambre (la gauche), et vous avez dit : « Nous avons vécu avec vous, « nous savons que vous êtes plus conservateurs qu'on ne le « croit, ne nous demandez rien; nous sommes à vous. »

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<< Eh bien! je le dis à la gauche, représentée par l'honorable M. Odilon Barrot: deux choses sont essentielles aux partis la moralité, et assurément aucune fraction de la chambre n'a plus de moralité que celle à laquelle je m'adresse, et l'habileté..... L'habileté, il ne faut pas seulement en avoir, il faut qu'on y croie. Au 22 février, vous avez compté sur des progrès, et vous avez été bienveillants; ces progrès ne sont pas venus; votre réputation d'habileté en a, ce me semble, subi quelque atteinte. Faites en sorte que l'avenir ne soit pas encore plus grave que le passé. Vous vous livrez sans condition, vous n'amenez pas les choses avec vous : vous les réservez pour l'avenir. Prenez-y garde, le pays se dira peut-être un jour : Ceux-là qui ne sont pas assez habiles pour se conduire, ne sont pas assez habiles pour nous conduire nous-mêmes. >>

M. Garnier-Pagès terminait par ces mots adressés au ministère :

« Nous ne vous demandons rien pour nous, nous vous demandons tout pour le pays. Vous avez besoin de nos voix pour résister; donnez-nous au moins un témoignage de votre bon vouloir. Nous ne vous demandons que ce que vous pouvez accorder. Que si vous ne le faites pas, eh! mon Dieu,

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