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ser son orgueil, et de soumettre un peu ce cœur qui tranche tant du brave?

CYNTHIE.

Comme vous êtes accoutumée à ne jamais recevoir que des hommages et des adorations de tout le monde, un compliment pareil au sien doit vous surprendre, à la vérité.

LA PRINCESSE.

Je vous avoue que cela m'a donné de l'émotion, et que je souhaiterois fort de trouver les moyens de châtier cette hauteur. Je n'avois pas beaucoup d'envie de me trouver à cette course; mais j'y veux aller exprès, et employer toute chose pour lui donner de l'amour.

CYNTHIE.

Prenez garde, madame : l'entreprise est périlleuse; et lorsqu'on veut donner de l'amour, on court risque d'en recevoir.

LA PRINCESSE.

Ah! n'appréhendez rien, je vous prie. Allons, je vous réponds de moi.

FIN DU SECOND ACTE.

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Ah! cruelle, si c'étoit Tircis qui t'en priàt, tu demeurerois bien vite.

PHILIS.

Cela se pourroit faire : et je demeure d'accord que je trouve bien mieux mon compte avec l'un 'qu'avec l'autre; car il me divertit avec sa voix, et toi, tu m'étourdis de ton caquet. Lorsque tu chanteras aussi bien que lui, je te promets de t'écouter.

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MORON, retenant Philis.

Je ne te laisserai point aller...

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Je ne demande qu'un moment à être avec toi.

PHILIS.

Hé bien! oui, j'y demeurerai, pourvu que tu me promettes une chose.

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A moins que de cela, je ne demeurerai point avec toi.

Veux-tu me...?

MORON.

PHILIS.

Laisse-moi aller.

MORON.

Hé bien! oui, demeure: je ne te dirai mot.

PHILIS.

Prends-y bien garde au moins; car, à la moindre parole, je prends la fuite.

Soit.

MORON.

(après avoir fait une scene de gestes.) Ah! Philis!... Hé!...

SCENE II.

MORON, seul.

Elle s'enfuit, et je ne saurois l'attraper. Voilà ce que c'est si je savois chanter, j'en ferois bien mieux mes affaires. La plupart des femmes aujourd'hui se laissent prendre par les oreilles : elles sont cause que tout le monde se mêle de musique, et l'on ne réussit auprès d'elles que par les petites chansons et les petits vers qu'on leur fait entend:e. Il faut que j'apprenne

à chanter pour faire comme les autres. Bon! voici justement mon homme.

SCENE III.

UN SATYRE, MORON.

La, la, la.

LE SATYRE chante.

MORON.

Ah! satyre mon ami, tu sais bien ce que tu m'as promis il y a long-temps: apprends-moi à chanter, je te prie.

LE SATYRE, en chantant.

Je le veux. Mais auparavant écoute une chanson que je viens de faire.

MORON, bas, à part.

Il est si accoutumé à chanter, qu'il ne sauroit parler d'autre façon. (haut.) Allons, chante, j'écoute. LE SATYRE chante.

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Briller à mes yeux surpris

Les fleurs de son beau visage.

Hélas! dis-je aux moineaux en recevant les coups
De ces yeux si savants à faire des conquêtes,
Consolez-vous, pauvres petites bêtes,

Celui qui vous a pris est bien plus pris que vous. MORON demande au satyre une chanson plus passionnée, et le prie de lui dire celle qu'il lui avoit ouï chanter quelques jours auparavant. LE SATYRE chante.

Dans vos chants si doux
Chantez à ma belle,
Oiseaux, chantez tous
Ma peine mortelle :
Mais si la cruelle

Se met en courroux

Au récit fidele

Des maux que je sens pour elle.
Oiseaux, taisez-vons.

MORON.

Ah! qu'elle est belle! Apprends-la moi.

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ENTRÉE DE BALLET.

Le satyre en colere menace Moron, et plu sieurs satyres dansent une entrée plaisante.

FIN DU SECOND INTERMEDE.

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