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DON JUAN, repoussant encore Pierrot.
Ah! que de bruit!

PIERROT.

Jernigaienne! ce n'est pas comme ça qu'il faut pousser les gens.

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CHARLOTTE, prenant Pierrot par le bras.
Et laisse-le faire aussi, Piarrot.

PIERROT.

Quement! que je le laisse faire? Je ne veux pas,

moi.

Ah!

DON JUAN.

PIERNOT.

Tétiguienne! parceqa'ous êtes monsieu, vous viendrez caresser nos femmes à notre barbe? Allez-v's-en caresser les vôtres.IT

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Hé! (Don Juan lui donne un soufflet.) Tétigue! ne me frappez pas. (Autre soufflet.) Oh! jerni qué! (Autre soufflet.) Ventregué! (Autre souffiet.) Palsanguié! morguienne! ça n'est pas bian de battre les gens, et ce n'est pas là la récompense de v's avoir sauvé d'être naye.

CHARLOTTE. Piarrot, ne te fàche point.

PIERROT.

Je me veux fàcher; et t'es une vilaîne, toi, d'endurer qu'on te cajole.

CHARLOTTE.

Oh! Piarrot, ce n'est pas ce que tu penses. Ce monsieu veut m'épouser, et tu ne dois pas te bouter en colere.

PIERROT.

Quement! jerni! tu m'es promise.

CHARLOTTE.

Ça n'y fait rian, Piarrot. Si tu m'aimes, ne dois-tu pas être bian aise que je devienne madame?

PIERROT.

Jernigué! non. J'aime mieux te voir crevée que de te voir à un autre.

CHARLOTTE.

Va, va, Piarrot, ne te mets point en peine. Si je sis madame, je te ferai gagner queuque chose, et tu apporteras du beurre et du fromage cheux nous.

PIERRO T.

Ventreguienne! je gni en porterai jamais, quand tu m'en paierois deux fouas autant. Est-ce donc comme ça que t'écoutes ce qu'il te dit? Morguienne! si j'avois su ça tantôt, je me serois bian gardé de le tirer de gliau, et je gli aurois baillé un bon coup d'aviron sur la tête.

DON JUAN, S'approchant de Pierrot pour le frapper.

Qu'est-ce que vous dites?

PIERROT, Se mettant derriere Charlotte.
Jerniguienne! je ne crains parsonne.

DON JUAN, passant du côté où est Pierrot.
Attendez-moi un peu.

PIERROT, repassant de l'autre côté. Je me moque de tout, moi.

DON JUAN, courant après Pierrot.

Voyons cela.

PIERROT, se sauvant encore derrtere
Charlotte.

J'en avons bian vu d'autres.

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Hé! monsieur, laissez là ce pauvre misérable. C'est conscience de le battre. ( à Pierrot, en se met

tant entre lui et don Juan.) Ecoute, mon pauvre garçon, retire-toi, et ne lui dis rien.

PIERROT, passant devant Sganarelle, et regardant fièrement don Juan.

Je veux lui dire, moi.

DON JUAN, levant la main pour donner un soufflet à Pierrot.

Ah! je vous apprendrai...

(Pierrot baisse la tête, et Sganarelle reçoit le soufflet.)

SGANARELLE, regardant Pierrot.

Peste soit du maroufle!

DON JUAN, à Sganarelle.

Te voilà payé de ta charité.

PIERROT.

Jarni! je vas dire à sa tante tout ce ménage-ci.

SCENE IV.

DON JUAN, CHARLOTTE, SGANARELLE.

DON JUAN, à Charlotte.

Enfin je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerois pas mon bonheur contre toutes les choses du monde. Que de plaisirs quand vous serez ma femme! et que...

SCENE V.

DON JUAN, MATHURINE,
CHARLOTTE, SGANARELLE.
SGANARELLE, appercevant Mathurine.

Ah! ah!

MATHURINE, à don Juan.

Monsieu, , que faites-vous donc là avec Charlotte? Est-ce que vous lui parlez d'amour aussi?

DON JUAN, bas, à Mathurine.

Non. Au contraire, c'est elle qui me témoignoit une envie d'être ma femme, et je lui répondois que j'étois engagé à vous.

CHARLOTTE, à don Juan.

Qu'est-ce que c'est donc que vous veut Mathurine? DON JUAN, bas, à Charlotte.

Elle est jalouse de me voir vous parler, et voudroit bien que je l'épousasse ; mais je lui dis que c'est vous que je veux.

MATHURINE.

Quoi! Charlotte...

DON JUAN, bas, à Mathurine. Tout ce que vous lui direz sera inutile, elle s'est ruis cela dans la tête.

CHARLOTTE.

Quement donc! Mathurine...

DON JUAN, bas, à Charlotte.

C'est en vain que vous lui parlerez, vous ne lui ôterez pas cette fantaisie.

Est-ce que...?

MATHURINE.

DON JUAN, bas, à Mathurine.

Il n'y a pas moyen de lui faire entendre raison.

Je voudrois...

CHARLOTTE.

DON JUAN, bas, à Charlotte. Elle est obstinée comme tous les diables.

Vramant...

MATHURINE.

DON JUAN, bas, à Mathurine.

Ne lui dites rien, c'est une folle.

Je

pense...

CHARLOTTE.

DON JUAN, bas, à Charlotte. Laissez-la là, c'est une extravagante.

MATHURINE.

Non, non, il faut que je lui parle.

CHARLOTTE.

Je veux voir un peu ses raisons.

Quoi!...

MATHURINE.

DON JUAN, bas, à Mathurine.

Je gage qu'elle va vous dire que je lui ai promis de l'épouser.

Je...

CHARLOTTE.

DON JUAN, bas, à Charlotte.

Gageons qu'elle vous soutiendra que je lui ai donné parole de la prendre pour femme.

MATHURINE.

Hola! Charlotte, ça n'est pas bian de courir su le marché des autres.

CHARLOTTE.

Ça n'est pas honnête, Mathurine, d'être jalouse que monsieu me parle.

MATHURINE.

C'est moi que monsieu a vue la premiere.

CHARLOTTE.

S'il vous a vue la premiere, il m'a vue la seconde, et m'a promis de m'épouser.

DON JUAN, bas, à Mathurine.

Hé bien! que vous ai-je dit?

MATHURINE, à Charlotte.

Je vous baise les mains; c'est moi, et non pas vous, qu'il a promis d'épouser.

DON JUAN, bas, à Charlotte.

N'ai-je pas deviné ?

CHARLOTTE.

A d'autres, je vous prie; c'est moi, vous dis-je.

MATHURINE.

Vous vous moquez des gens; c'est moi, encore un coup.

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