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Mais il arrive souvent que le QUE lui-même est sous-entendu. Le subjonctif n'en est pas moins de rigueur par la raison que nous avons donnée plus haut.

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Emploi du subjonctif après les verbes unipersonnels. La plupart des verbes unipersonnels gouvernent le subjonctif.

Il n'y a que la discorde qui puisse troubler la félicité publique.

(FÉNELON.)

II EST DIFFICILE, quand on aime la vérité, qu'on ait du goût pour la justice. (LESAGE.)

Il y a peu de rois qui sachent chercher la véritable gloire.

(FÉNELON.)

Quand un ami se perd, il FAUT qu'on l'avertisse,

Il FAUT qu'on le retienne au bord du précipice.
(VOLTAIRE.)

Dans le vulgaire obscur si le ciel l'a placé,
QU'IMPORTE qu'au hasard un sang vil soit versé?
(RACINE.)

N.B. Il résulte, il s'ensuit, il paraît, il est sûr, il est évident, il est certain, et généralement tous les verbes unipersonnels qui expriment une idée positive, sont suivis de l'indicatif. «Il EST CERTAIN que vous êtes mon ami. Il ARRIVE souvent qu'on est trompé. » Mais pourquoi dirait-on, en se servant du subjonctif : « Il N'EST PAS CERTAIN que vous soyez mon ami? Parce que la phrase est négative, et qu'alors elle marque le doute, l'incertitude.

XVI.

Emploi du subjonctif après le verbe être suivi d'un nom ou d'un adjectif.

Après les locutions qui marquent une nécessité, et après celles qui expriment quelque émotion de l'âme produite par la JOIE, le MÉCONTENtement, la TRISTESSE ou la SURPRISE, le verbe être est suivi du subjonctif.

Locutions qui marquent une NÉCESSITÉ: Il est temps, il est juste, il est nécessaire, il est essentiel, il est important, il est possible, il est impossible, il est convenable, il est rare, il est difficile, il est indispensable, il est urgent, etc.

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I EST IMPOSSIBLE qu'un esprit toujours rabaissé vers de petits objets produise quelque chose qui soit digne d'admiration.

(LESAGE.)

II SERAIT BON qu'on obéit aux lois.

(PASCAL.)

II ÉTAIT NÉCESSAIRE à la gloire de la religion que toute la raison humaine fút épuisée, pour rendre les hommes vertueux. (MASSILLON.)

Expressions qui marquent quelques émotions de l'âme, telles que la SURPRISE, la JOIE : il

est heureux, j'étais ravi, je suis étonné, etc.

J'ÉTAIS RAVI que l'hymen eût succédé à leurs longues

amours.

(LESAGE.)

Hippolyte EST HEUREUX qu'aux dépens de nos jours
Vous-même en expirant appuyiez ses discours.
(RACINE.)

XVII.

Verbes et locutions après lesquels on met le subjonctif, ou l'indicatif, selon la vue de l'esprit.

deux règles

Après avoir consulté les meilleurs écrivains, nous avons reconnu qu'il n'y a que dans l'emploi des temps de l'indicatif et du subjonctif : celle des verbes qui marquent l'affirmation positive, et celle des verbes qui expriment le doute. Ces règles pourraient suffire à l'observateur qui voudrait se donner la peine de réfléchir et de travailler; mais comme on attend tout du livre ou du professeur, nous allons prolonger notre travail pour indiquer toutes les circonstances où le même verbe, selon la pensée, gouverne l'indicatif ou le subjonctif.

1° SEMBLER. Ce verbe, employé avec l'un des pronoms me, te, nous, vous, lui, leur, ou avec tout autre régime, marque une affirmation : il me semble équivaut alors à je crois, le verbe de la proposition subordonnée doit donc se mettre à l'indicatif : « Il me SEMBLE que je le » vois. » (ACADÉMIE.) Mais quand il n'y a pas de régime, ce verbe exprime évidemment le doute. Voilà pourquoi l'on fait usage du subjonctif dans la phrase subordonnée. « Il SEMBLE, » à vous entendre parler, que vous m'ayez rendu service. (ACADÉMIE.)

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Quelques écrivains se sont affranchis de ces règles. Par exemple, quand ils ont employé il SEMBLE dans le sens de il est certain, ils ont fait usage de l'indicatif, et lorsqu'ils

se sont servis du subjonctif après IL ME SEMBLE, c'est qu'ils y ont attaché une idée de doute, d'incertitude.

IL SEMBLE POUR IL ME SEMBLE.

IL SEMBLE que la logique est l'art de convaincre de quelque vérité.

(LA BRUYÈRE.)

IL SEMBLE est mis pour il est certain. L'écrivain a omis le régime me, car on peut dire Il me semble que la logique, etc.; l'indicatif peut donc se justifier.

IL ME SEMBLE POUR IL SEMBLE.

IL ME SEMBLE que mon cœur veuille se fendre. C'est une supposition que madame de Sévigné a voulu faire, veuille est donc légitime; mais nous pensons avec M. Auguste Lemaire, qu'il serait mieux de retrancher le pronom, ce qui, en d'autres termes, signifie qu'il faut s'en tenir à la règle des grammairiens.

En effet, si l'on croit que le pronom est sous-entendu dans le premier exemple et s'il est mieux de le retrancher dans le second, on retombe naturellement dans les règles que nous avons données. 2o IL SUFFIT. On emploie généralement le subjonctif après ce verbe unipersonnel.

Je ne te dirai pas où est ton père, il SUFFIT que tu sois libre de le chercher.

(FÉNELON.)

Il SUFFIT que vous nous commandiez Vous nous verrez combattre et mourir à vos pieds. (RACINE.)

Mais, dans les exemples suivants, on a fait usage de l'indicatif, parce que l'idée intermé– diaire est ellipsée.

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Nous avons dit que les propositions négatives et interrogatives gouvernent le subjonctif. Cependant, avec l'ellipse dont nous venons de parler, l'indicatif est indispensable.

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Ces exemples prouvent que l'on peut employer le subjonctif ou l'indicatif après l'expression on dirait que. En effet, lorsqu'on a de fortes raisons pour croire une chose, on emploie l'INDICATIF, car le résultat de l'affirmation est une croyance, une persuasion. Mais s'il n'y a que de légères apparences, on met le subjonctif : ce mode exprime bien le doute dans lequel on est, et alors on dirait que équivaut à il semble. Nous allons donner l'analyse de deux exemples :

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XVIII.

Emploi du subjonctif ou de l'indicatif après les pronoms relatifs QUI, Que, DONT, et l'adverbe ou.

Lorsque la proposition subordonnée est unie à la proposition principale par un des mots qui, que, dont, où, on fait usage du subjonctif, si la phrase exprime une idée de doute, d'incertitude; mais, au contraire, on se sert de l'indicatif, si la pensée est AFFIRMATIVE.

SUBJONCTIF.

J'ÉPOUSERAI une femme qui me plaise.

Analyse. J'ai l'intention de me marier; mais je ne connais pas encore la femme qui m'est destinée ; je ne l'ai jamais vue. Comment pourrais-je savoir si elle me plaira?... Le doute est l'idée dominante : de là le subjonctif.

J'IRAI dans une retraite où je sois tranquille. C'est-à-dire, dans le but que j'y sois tranquille... Mais peut-être viendra-t-on m'y troubler; l'idée du doute est donc dominante.

Je te DONNERAI des raisons qui te convainquent. C'est-à-dire, je te donnerai des raisons SOUHAITANT qu'elles te convainquent.

MONTREZ-moi un chemin qui conduise à Paris. C'est-à-dire, MONTREz-moi un chemin, et je veux qu'il me conduise à Paris. (Analyse de Lemare.)

Ils ENVOYÈRENT des députés qui consultassent Apollon. C'est-à-dire, ils ENVOYÈRENT des députés, afin qu'ils consultassent Apollon.

J'HABITERAI un pays qui me plaise

Analyse. Je ne l'ai pas encore en vue; mais je désire qu'il soit agréable, qu'il me plaise.

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INDICATIF.

J'ÉPOUSERAI une femme qui me plaît.

Analyse. Je connais la femme que je dois épouser ; je l'ai vue et elle me plaît. L'idée est positive; je puis donc faire usage de l'indicatif.

J'IRAI dans une retraite où je serai tranquille.

C'est-à-dire, et j'y serai tranquille, car je la connais et je sais qu'on ne viendra pas m'y troubler : l'idée est affirmative.

Je te DONNERAI des raisons qui te convaincront. C'est-à-dire, je suis assuré qu'elles te convaincront, car elles sont irrécusables.

MONTREZ-moi le chemin qui conduit à Paris.

Car je sais qu'il y en a un qui conduit à Paris, quoique je ne le connaisse pas.

Ils ENVOYÈRENT des députés qui consultèrent Apollon. C'est-à-dire, ils ENVOYÈRENT des députés, et ces députés consultèrent Apollon.

J'HABITERAI un pays qui me plaît.

Analyse. Je le connais; il a tous les agréments que je désire; il me plaît.

Les exemples de cette colonne marquent tous l'AFFIRMATION la plus positive. On ne pouvait donc se servir que du mode indicatif.

XIX.

Quel que, quelque suivis du subjonctif.

1o QUEL QUE en deux mots et QUELQUE mis pour quoique régissent toujours le subjonctif, parce qu'ils laissent dans l'esprit l'indécision, le doute.

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Dites quoiqu'ils soient élevés, quoiqu'ils paraissent médiocres, etc.
2o Mais on emploie ordinairement l'INDICATIF après l'adjectif quelque.
QUELQUES crimes toujours précèdent les grands crimes. (RACINE.)

Quand on fait usage du subjonctif, c'est que l'adjectif quelque est suivi de que, qui peut alors se tourner par quoique, bien que, comme on va le voir.

... Quelques vains lauriers QUE promette la guerre, On peut être héros sans ravager la terre.

(BOILEAU.)

Décomposition. QUOIQUE la guerre promette quelques vains lauriers, etc.

De quelques superbes distinctions QUE se flattent les hommes, ils ont tous même origine.

(BOSSUET.)

Décomposition. QUOIQUE les hommes se flattent de quelques superbes distinctions, etc.

Quelque raison qu'on ait de se plaindre d'un serviteur, il est de l'humanité de le traiter avec bonté.

(BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.)

Décomposition. Quoiqu'on ait quelque raison de se plaindre d'un serviteur, etc.

Quelques grands avantages QUE la nature donne, ce n'est pas elle seule, mais la fortune, qui fait les héros. (LA ROCHEFOUCAULD.) Décomposition. BIEN QUE la nature donne quelques grands avantages, etc.

Une femme, quelques grands biens qu'elle apporte dans une maison, la ruine bientôt si elle y introduit le luxe. (FÉNELON.) Décomposition. Une femme, BIEN QU'elle apporte quelques grands biens dans une maison, etc.

Quelques soins qu'on apporte pour entendre une langue, il faut qu'un usage constant et uniforme concoure avec les règles. (DUCLOS.) Décomposition. BIEN QU'on apporte quelques soins pour entendre une langue, etc.

Dans ces exemples, les verbes promette, se flattent, donne, apporte, etc., étant tous précédés de QUOIQUE ou de BIEN QUE (expressions qui gouvernent toujours le subjonctif), n'auraient pu se mettre à un autre mode. ·

XX.

Emploi du subjonctif ou de l'indicatif après le premier, le dernier, le seul, l'uni que, le plus, la plus, les plus, le moins, le mieux, le meilleur, le moindre, le pire, etc.

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Malpighi est LE PREMIER qui a fait cette découverte et qui a donné à ces plantes le nom qu'elles portent. (Bernardin de Saint-Pierre.) Voilà LE PREMIER livre (le firmament) que Dieu a montré aux hommes. (MASSILLON.) J'ai fait voir que la grammaire grecque, qui est LA PREMIÈRE que nous connaissons, a été faite aussi par les Grecs. (FLEURY.)

LA PREMIÈRE chose que doit faire, après l'établissement des lois, l'instituteur d'une république, c'est de trouver un

Les Égyptiens sont LES PREMIERS qui aient bien connu les fonds suffisant pour l'entretien des magistrats et autres offirègles du gouvernement.

(ROLLIN.)

Lucullus apporta du royaume de Pont LES PREMIERS cerisiers qu'on ait vus en Europe. (Cité par BONIFACE.)

ciers.
(J.-J. ROUSSEAU.)
Les Tyriens furent LES PREMIERS qui domptèrent les flots.
(FÉNELON.)

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