Tous les verbes ont des temps simples et des temps composés; il faut en excepter seulement le verbe passif qui n'a que des temps composés, car il se forme de l'auxiliaire étre et d'un participe actif : je suis CHARMÉ, tu es CHARMÉ, il est CHARMÉ, etc.

VI.

Des verbes auxiliaires.

Il y a une sixième espèce de verbes que l'on nomme auxiliaires, parce qu'ils servent à conjuguer les temps composés des autres verbes; ce sont Être et Avoir.

Être sert à former les verbes passifs et les temps composés des verbes pronominaux.

Avoir sert à former les temps composés des verbes actifs simples, ceux du verbe étre, et

même les siens.

VERBE ACTIF.

Les dieux ont ATTACHÉ presque autant de malheurs à la liberté qu'à la servitude.

(MONTESQUIEU.)

VERBE ÊTRE ET VERBE AVOIR.

J'ai été, j'eus été, il aura été, nous aurions été.
J'ai eu, nous eúmes eu, vous auriez eu, qu'il ait eu.

Quant aux verbes neutres, les uns reçoivent l'auxiliaire étre, les autres l'auxiliaire avoir.

VERBE NEUTRE AVEC étre.

Tous les maux sont VENUS de la triste Pandore.

(VOLTAIRE.)

VERBE NEUTRE AVEC avoir.
Vous riez? écrivez qu'elle a RI.

(RACINE.)

Le même verbe neutre, cependant, peut quelquefois prendre les deux auxiliaires, selon l'action que l'on veut exprimer.

La famine a CESSÉ.

(VOLTAIRE.)

VII.

Du Dieu d'Israël les fêtes sont CESSÉES.

(RACINE.)

Le verbe ÊTRE et le verbe AVOIR sont-ils toujours auxiliaires.

Le verbe étre et le verbe avoir cessent de figurer comme auxiliaires, quand ils ne font plus partie des temps composés des autres verbes.

Alors étre est un verbe substantif; il signifie absolument exister, ou marque l'état du sujet, les qualités qu'on lui attribue (voir la page 6).

Avoir signifie posséder, car il désigne véritablement la possession, et, comme dans cette circonstance il a toujours un complément direct, c'est évidemment un verbe actif.

Nous avons opposé, dans ce tableau, l'auxiliaire étre au verbe substantif étre, et l'auxiliaire avoir au verbe actif avoir.

Les grammairiens ayant remarqué que les infinitifs ne se terminent pas tous de la même manière, les ont divisés en quatre classes ou conjugaisons, c'est-à-dire qu'ils ont réuni toutes les variations de même espèce.

Ils ont placé dans la première conjugaison tous les verbes dont le présent de l'infinitif est terminé en ER, comme aimer; dans la deuxième, tous ceux dont le présent de l'infinitif est terminé en IR, comme finir; dans la troisième, tous ceux dont le présent de l'infinitif est terminé en OIR, comme recevoir; dans la quatrième, enfin, tous ceux dont le présent de l'infinitif est terminé en RE, comme rendre.

Observation relative à la difficulté de reconnaître à quelle conjugaison

appartient tel ou tel verbe.

Les verbes dont se compose chaque conjugaison se prononcent quelquefois si différemment, qu'il n'est pas toujours facile de reconnaître à quelle conjugaison ils appartiennent; mais toute incertitude cessera en consultant la terminaison du présent de l'infinitif. Nous allons citer quelques-uns de ces verbes, pour que cette remarque soit mieux comprise.

INDICATIF PRÉSENT: j'AIME, je loue, je feuillette, je carrelle, je paie, je tutoie, je salue, etc.

2.

Conjugaison en IR, modèle FINIR.

Indicatif présenT : je FINIS, je sors, je pars, je cours, je cueille, je sers, je viens, etc.

3.

Conjugaison en OIR, modèle RECEVOIR.

INDICATIF PRÉSENT: je REÇOIS, je m'assieds, je meus, je veux, je vaux, etc.

4.

Conjugaison en RE, modèle RENDRE.

Indicatif PRÉSENT : je RENDS, je tords, je dis, je romps, je peins, je bois, je plains, je nais, je nuis, je confonds, je crois, etc.

Comme on vient de le voir, les verbes je loue, je feuillette, etc.; je sors, je pars, etc.; je m'assieds, je meus, etc.; je tords, je dis, etc., ne ressemblent en aucune manière aux quatre modèles j'AIME, je FINIS, je REÇOIS, je RENDS. Le seul moyen de reconnaître la conjugaison dont ils font partie, c'est de comparer leur infinitif aux modèles Aimer, Finir, Recevoir, Rendre. Ainsi, quelle que soit la consonnance d'un verbe, l'infinitif indique toujours à quelle conjugaison il appartient.

OBSERVATIONS.

1o Conjuguer un verbe, c'est le réciter ou l'écrire avec tous ses modes, ses temps, ses nombres et ses personnes; mais quel avantage en retirera-t-on, si l'on ne s'étudie pas à l'analyser et à l'orthographier quand on le rencontre dans une phrase? En réunissant les diverses inflexions du verbe dans un même cadre, les grammairiens ont eu l'intention d'amener l'élève à distinguer toutes les variations, toutes les nuances des trois rôles ou personnes employées séparément dans le discours. Or pour acquérir cette connaissance exacte de la conjugaison, il ne suffit pas d'écrire et de réciter machinalement des verbes pendant des années entières comme c'est la coutume, il faut encore s'exercer à reconnaître les terminaisons de chaque temps. Lorsqu'on sait, par exemple, que le passé défini de la première conjugaison se termine toujours par ai, as, a, âmes, âtes, èrent, il est facile d'orthographier le passé défini de tous les verbes de cette conjugaison.

2' Il est essentiel d'étudier l'auxiliaire étre et l'auxiliaire avoir jusqu'à ce qu'on les sache parfaitement. Ces verbes sont d'une importance majeure dans la conjugaison, puisqu'ils servent, comme nous l'avons vu, à former tous les temps composés. On passera ensuite au modèle aimer que l'on apprendra avec le même soin. Alors seulement on pourra commencer à conjuguer les verbes réguliers en er, en suivant le guide matériel que nous donnons page 27. Ce guide est si simple, si facile, qu'il suffira pour le connaître de s'en servir une seule fois. Quant aux trois autres conjugaisons, lorsqu'on les étudiera, on ne s'écartera en rien de la marche méthodique que nous venons d'indiquer. C'est ainsi qu'en très-peu de temps on parviendra à orthographier tous les verbes, sans aucune peine et surtout sans ennui, grâce aux grands écrivains dont les belles pensées, mêlées à notre travail, viennent à chaque instant réveiller l'attention du lecteur, pour l'instruire ou pour le charmer.