« Le participe, dit Bescher, doit son nom à la faculté qu'on a de le considérer sous un >> double point de vue, tantôt comme un mode du verbe, tantôt comme un adjectif. Ainsi » l'on dit qu'il participe de la nature de l'un et de l'autre. » Envisagé sous le premier point de vue, le participe a la signification et le complément du verbe dont il fait partie; considéré sous le second, il qualifie le mot auquel il se rapporte. Or, il y a deux sortes de participes: le participe présent qui se termine toujours en ANT, comme aimant, finissant ; et le participe passé qui prend différentes terminaisons, comme aimé, fini, reçu. Participe présent. L'avarice perd tout en voulant tout gagner. (LA FONTAINE.) On le cherchait en vain; ses soldats abattus, (VOLTAIRE.) Le participe présent marque une action faite par le mot qu'il qualifie : Des enfants jouant, courant, sautant. Mais, par rapport à une autre époque, ce participe exprime toujours un temps présent. En effet, dans cet exemple: Aimant avec passion les beaux-arts, j'ÉTUDIE, j'ÉTUDIAI, j'ÉTUDIERAI la nature, l'action du mot aimant est présente à l'égard des trois époques, j'étudie, j'étudiai, j'étudierai. Voilà d'où lui vient le nom de présent. Lorsqu'il se joint à la préposition en, quelques grammairiens le nomment GÉRONDIF, terme de grammaire latine, qui, selon l'Académie, se dit abusivement du participe actif précédé de la préposition en, exprimée ou sous-entendue. Quand donc les grammairiens se déferont-ils de cette manie qui les porte sans cesse à mêler des mots latins et même des mots grecs à Le vrai moyen d'éloigner la guerre, c'est de cultiver les L'autre esquivant le coup et l'assiette volant Horace les voyant l'un et l'autre écartés Le deuil enfin sert de parure, (LA FONTAINE.) La grâce en s'exprimant vaut mieux que ce qu'on dit. (VOLTAIRE.) la grammaire française? L'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu en s'honorant même de ses apparences. Les lettres anonymes (MASSILLON.) Sont ordinairement les armes d'un méchant, (MOLIÈRE.) En naissant un enfant crie, et sa première enfance se passe à crier. (J.-J. ROUSSEAU.) ! Quand ce participe se joint au verbe avoir, il marque un temps passé, et le mot qu'il qualifie renferme toujours l'idée d'une action reçue. CHAPITRE TROISIÈME. I. De la conjugaison irrégulière. Pour conjuguer les verbes qui s'éloignent des modèles que nous avons donnés dans le chapitre précédent, il faudrait former autant de radicaux qu'il y a d'irrégularités dans chaque verbe, ce qui mettrait les personnes les plus intelligentes mêmes dans un embarras continuel et retarderait leurs progrès. Nous ne pouvons donc mieux faire, pour remédier à cet inconvénient, que de donner, outre la conjugaison complète de tous les verbes que les grammairiens appellent irréguliers, celle des verbes qui ne peuvent se conjuguer avec un seul radical. Mais afin de combler la lacune qu'il y a maintenant dans notre méthode, nous allons commencer ce chapitre par la formation des temps. On pourra s'en servir pour les verbes réguliers (quoique le radical puisse suffire); et, dans plusieurs circonstances, on l'appliquera avec succès aux verbes irréguliers. Mais avant d'étudier la formation des temps, il faut savoir reconnaître et définir : 1o Les verbes réguliers et les verbes irréguliers; 2o Les verbes défectifs; 3o Les temps primitifs et les temps dérivés. II. Verbes réguliers, verbes irréguliers. Les verbes qui conservent exactement toutes les inflexions de leur modèle sont des verbes réguliers; ceux qui reçoivent leurs terminaisons de deux modèles, ou qui, pour toute autre cause, se refusent à la formation des temps, sont des verbes irréguliers. Ainsi prier est un verbe régulier, parce qu'il se conjugue tout à fait comme aimer; mais cueillir est un verbe irrégulier, parce qu'il emprunte ses terminaisons du modèle aimer et du modèle finir: J'AIME, J'AIMerai, je CUEILLe, je CUEILLerai; je FINis, que je FINisse, je CUEILLIS, que je CUEIL Lisse. " « On appelle verbes irréguliers, disent MM. Noël et Chapsal, ceux dont les terminaisons des temps primitifs et des temps dérivés ne sont pas en tout conformes à celles du verbe qui leur sert de modèle. » Cependant un verbe peut être irrégulier par le radical: craindre, par exemple, est irrégulier, attendu qu'il a trois radicaux CRAIN, dans je CRAINS, etc.; CRAIGN, dans je CRAIGNais, etc.; CRAIND, dans je CRAINDrai, etc. Cette observation, à laquelle nous n'attachons pas une grande importance, a néanmoins un but d'utilité réelle, puisqu'elle porte particulièrement l'attention sur les radicaux. Si l'on savait, en conjuguant, les reconnaître et les séparer de leurs terminaisons, l'étude des verbes irréguliers serait bien moins difficile. III. Verbes défectifs. Les verbes défectifs sont ceux qui n'ont pas tous les temps et toutes les personnes que forme le modèle aimer. Ainsi les verbes auxquels il manque un seul temps ou une seule personne sont des verbes défectifs. POUVOIR n'a pas d'impératif; l'usage refuse un passé défini, un impératif et un imparfait du subjonctif au verbe LUIRE; les verbes UNIPERSONNELS n'ont que la troisième personne singulière de chaque temps: tous ces verbes sont donc des verbes défectifs. IV. Temps primitifs, temps dérivés. PRIMITIF, en termes de grammaire, se dit du mot radical dont se forment les mots qu'on appelle dérivés ou composés; ainsi les temps PRIMITIFS sont ceux qui servent à composer les autres temps des verbes. Ils sont au nombre de cinq, savoir : Le PRÉSENT DE L'INFINITIF, qui sert à former le FUTUR et le CONDITIONNEL; Le PARTICIPE PRÉSENT, qui sert à former les trois personnes plurielles du PRÉSENT DE l'INDICATIF, l'IMPARFAIT de ce mode et le PRÉSENT DU SUBJONCTIF; Le PARTICIPE PASSÉ, qui sert à former tous les temps composés; Le PRÉSENT DE L'INDICATIF, qui sert à former l'IMPÉRATIF; Le PASSÉ DÉFINI, qui sert a former l'IMPARFAIT DU SUBJONCTIF. Nous allons maintenant expliquer la formation des temps, tout en conjuguant les quatre modèles. Cette méthode est préférable à celle qu'on a suivie jusqu'à ce jour, car elle donne le précepte et enseigne en même temps à le mettre en pratique. Les trois personnes plurielles de ce temps se forment du à-dire que le changement de la dernière syllabe n'amène participe présent, en changeant ant en ons, ez, ent. AIMant, FINISSant, RECEvant, RENDant. Nous aimons, nous FINISsons, nous RECEVons, nous RENDons. Vous AIMez, vous FINISSE, VOUS RECEVez, VOUS RENDEZ. Ils AIMent, ils FINISsent, ils RENDent. Quant aux verbes en oir, comme recevoir, ils se terminent en oivent à la troisième personne plurielle: ils reçoivent, ils doivent, etc. 2o Imparfait, temps dérivé. L'IMPARFAIT se forme du participe présent en changeant ant en ais. Aimant, FINISSant, RECEvant. RENDant. pas le temps réclamé par l'usage. RENDre, Lire, PLAINDre; Je RENDrai, je Lirai, je PLAINDrai. POURVOIR et PRÉVOIR font régulièrement je pourvoirai, je prévoitai. 8o Futur antérieur, temps dérivé. J'aurai aimé, j'aurai fini, j'aurai reçu, j'aurai rendu. 9o Conditionnel présent, temps dérivé. Pour former le CONDITIONNEL, il suffit d'ajouter un s au futur; c'est une règle générale. J'AIMERAI, J'AIMERAIS; je FINIRAI, je FINIRAIS; Je RECEVRAI, je RECEVRAIS; Je RENDRAI, je RENDRAIS. 10° Conditionnel passé, temps dérivé. J'aurais aimé, j'aurais fini, j'aurais reçu, j'aurais rendu. 44° Second conditionnel passé, temps dérivé. J'eusse aimé, j'eusse fini, j'eusse reçu, j'eusse rendu. 12o Impératif, temps dérivé. L'IMPÉRATIF se forme du présent de l'indicatif en retranchant les pronoms je, nous, vous. EXCEPTIONS. 4o Passé indéfini. REMARQUE SUR CE TEMPS ET SUR TOUS LES TEMPS Du participe passé se forment: 4° Le passé indéfini, en y ajoutant le présent de l'indicatif du verbe AVOIR : j'ai aimé; 20 le passé antérieur, en y joignant le passé défini du même auxiliaire j'eus aimé; 3o le plus-que-parfait, en y joignant l'imparfait du même auxiliaire : j'avais aimé, etc. Ainsi, on voit qu'on ne se sert que des temps simples du verbe avoir. Les temps composés des verbes neutres qui prennent l'auxiliaire étre et ceux des verbes pronominaux se forment avec les temps simples du verbe étre : je suis tombé, nous nous étions convenu. Mais les verbes passifs reçoivent les temps simples et les temps composés du verbe être, comme nous l'avons dit, p. 22. 7° Futur. Il y a des verbes dont le FUTUR ne peut pas se former du présent de l'infinitif; les voici : 4re CONJUGAISON. ALLER, qui fait j'irai. 2o CONJUGAISON. COURIR, qui fait je courrai; mourir, je mourrai; ACQUÉRIR, j'acquerrai; CONQUÉRIR, je conquerrai ; CUEILLIR, je cueillerai; SAILLIR, signifiant déborder le nu du mur (ACADÉMIE), qui fait il saillera; TENIR, qui fait je tiendrai; VENIR, je viendrai. 3o CONJUGAISON. AVOIR, qui fait j'aurai; RECEVOIR, je recevrai; DÉCHOIR, je décherrai; ÉCHOIR, il écherra; FALLOIR, il faudra; POUVOIR, je pourrai; savoir, je saurai; S'ASSEOIR, je m'assiérai; VOIR, je verrai; PLEUVOIR, il pleuvra; VALOIR, je vaudrai; VOULOIR, je voudrai. 4o CONJUGAISON. ÈTRE, qui fait je serai ; FAIRE, je ferai. Même formation pour les composés. 9o Conditionnel présent. Toutes les exceptions qui ont rapport au futur sont applicables au conditionnel présent. Ajoutez un s aux verbes que nous venons de citer pour en faire des conditionnels. J'IRAI, j'IRAIS; je COURRAI, je COURRAIS; je MOURRAI, je MOURRAIS; J'ACQUERRAI, j'ACQUERRAIS; je CONQUERRAI, je CONQUERRAIS; je CUEILLERAI, je CUEILLERAIS, etc. 42o Impératif. Quatre verbes se forment irrégulièrement, savoir: Je VAIS, impératif va; j'AI, impératif aie; je SAIS, impératif sache; je suis, impératif sois. MM. Noël et Chapsal forment la seconde personne de l'impératif de la seconde personne du présent de l'indicatif : tu aimes, aime; tu finis, finis, etc. Mais, attendu qu'il faut retrancher la lettre finale s dans les verbes de la première conjugaison, nous avons préféré la formation régulière : j'aime, aime; je finis, finis, etc. |