A SON ALTESSE IMPERIALE LOUIS-EUGENE-JEAN-JOSEPH-NAPOLÉON PRINCE IMPÉRIAL. Le jour où Jésus, ange frêle, Aux effluves du renouveau. Quand, sur l'ouragan de colères Comme la colombe de l'arche, Dormez en paix sur leurs bannières ! S'il faut sa part à l'Allemagne Le siècle des Napoléon! EUGENE WOESTYN. 20 mars 1856. INTRODUCTION 1 - Cession La Russie et la Turquie. Testament de Pierre le Grand. Invasion de la Crimée en 1736. Campagne de 1771. Indépendance de la Crimée sous le protectorat de la Russie. faite à Catherine II par le khan Saheb-Ghérai des trois villes de Kertz, Kilbouroun et fenikalé. · Protestation de la Turquie. Traité de Kainaragig. Seconde irruption en Crimée. Intervention de la France. Nouvelles prétentions de Catherine. Conquête de la Crimée. - Manifeste de Catherine. Ambassade de M. de Ségur. Reprise des hostilités. Médiation de la France. Étrange proposition de Potemkin. Intrigues de M. de Bulgakoff contre la - M. de Ségur conseille à la Porte la prévoyance. Opinions de Joseph II et de Napoléon Ier sut Constan- . Déclaration de guerre Projet de traité. France. Projet d'un nouvel empire Grec. Voyage de Catherine en Crimée. Agressions contre les consulats russes. de la Russie. Manifeste de Catherine. Incendie de la flotte ottomane. Prise d'Oczakoff. Traité d'Andrinople. Le 28 janvier 1725, Pierre le Grand mourait dans toute la force de l'âge et du génie, laissant à ses successeurs ce testament alors tenu secret, mais depuis si célèbre: « Entretenir la nation russienne dans un état de guerre continuelle » pour tenir le soldat aguerri et toujours en haleine; ne le laisser >> reposer que pour améliorer les finances de l'État, refaire les armées » et choisir les moments opportuns pour l'attaque; faire ainsi servir la » paix à la guerre, et la guerre à la paix, dans l'intérêt de l'agrandis»sement et de la prospérité croissante de la Russie. » Appeler, par tous les moyens possibles, de chez les peuples les plus instruits de l'Europe, des capitaines pendant la guerre et des » savants pendant la paix, pour faire profiter la nation russe des avan» tages des autres pays, sans lui faire rien perdre des siens propres. » Prendre part, en toute occasion, aux affaires et démêlés quel» conques de l'Europe, et surtout à ceux de l'Allemagne, qui, plus rap» prochée, intéresse plus directement. » Diviser la Pologne en y entretenant le trouble et des jalousies >>> continuelles; gagner les puissances à prix d'or, influencer les diètes, » les corrompre, afin d'avoir action sur les élections des rois; y faire >> nommer ses partisans, les protéger, y faire entrer les troupes rus>> siennes et y séjourner jusqu'à l'occasion d'y demeurer tout à fait. » Si les puissances voisines opposent des difficultés, les apaiser mo>> mentanément en morcelant le pays, jusqu'à ce qu'on puisse repren>> dre ce qui aura été donné. » Prendre le plus qu'on pourra à la Suède, et savoir se faire atta» quer par elle pour avoir prétexte de la subjuguer. Pour cela l'isoler » du Danemark, et le Danemark de la Suède, et entretenir avec soin » leurs rivalités. >> Prendre toujours les épouses des princes russes parmi les prin>> cesses d'Allemagne pour multiplier les alliances de famille, rappro» cher les intérêts et unir d'elle-même l'Allemagne à notre cause en y >> multipliant notre influence. » Rechercher de préférence l'alliance de l'Angleterre pour le com>> merce, comme étant la puissance qui a le plus besoin de nous pour sa » marine, et qui peut être la plus utile au développement de la nôtre. Échanger nos bois et autres productions contre son or, et établir entre » ses marchands, ses matelots et les nôtres, des rapports continuels qui >> formeront ceux de ce pays à la navigation et au commerce. » S'étendre sans relâche vers le nord, le long de la Baltique, ainsi » que vers le sud, le long de la mer Noire. >> Approcher le plus possible de Constantinople et des Indes. CELUI » QUI Y RÉGNERA SERA LE VRAI SOUVERAIN DU MONDE. En conséquence, >> susciter des guerres continuelles, tantôt aux Turcs, tantôt à la Perse; » établir des chantiers sur la mer Noire; s'emparer peu à peu de cette >> mer, ainsi que de la Baltique, ce qui est un double point nécessaire » à la réussite du projet, hâter la décadence de la Perse, pénétrer jusqu'au golfe Persique, rétablir, si c'est possible, par la Syrie, » l'ancien commerce du Levant, et avancer jusqu'aux Indes, qui sont » l'entrepôt du monde. » Une fois là, on pourra se passer de l'or de l'Angleterre. » Rechercher et entretenir avec soin l'alliance de l'Autriche; » appuyer en apparence ses idées de royauté future sur l'Allemagne, >> et exciter contre elle, par dessous main, la jalousie des princes. » Tâcher de faire réclamer des secours de la Russie par les uns ou par » les autres, et exercer sur le pays une espèce de protection qui prépare » la domination future. >> Intéresser la maison d'Autriche à chasser le Turc de l'Europe et >> neutraliser ses jalousies, lors de la conquête de Constantinople, soit en >> lui suscitant une guerre avec les anciens États de l'Europe, soit en >> lui donnant une portion de la conquête qu'on lui reprendra plus tard. » S'attacher à réunir autour de soi tous les grecs schismatiques qui » sont répandus, soit dans la Hongrie, soit dans le midi de la Pologne ; » se faire leur centre, leur appui, et établir d'avance une prédominance » universelle par une sorte de royauté ou de suprématie sacerdotale: » ce seront autant d'amis qu'on aura chez chacun des ennemis. » La Suède démembrée, la Perse vaincue, la Pologne subjuguée, la Turquie conquise, nos armées réunies, la mer Noire et la mer Baltique gardées par nos vaisseaux, il faut alors proposer séparément et » très-secrètement d'abord à la cour de Versailles, puis à celle de » Vienne, de partager avec elles l'empire de l'univers. » Si l'une des deux accepte, ce qui est immanquable, en flattant leur >> ambition et leur amour-propre, se servir de l'une pour écraser l'au» tre; PUIS ÉCRASER A SON TOUR CELLE QUI DEMEURERA, en engageant avec » elle une lutte qui ne saurait être douteuse, la Russie possédant déjà >> en propre tout l'Orient et une grande partie de l'Europe. Si, ce qui n'est pas probable, chacune d'elles refuse l'offre de la » Russie, il faudrait savoir leur susciter des querelles et les faire s'épuiser l'une par l'autre. Alors, profitant d'un moment décisif, la » Russie ferait fondre ses troupes, rassemblées d'avance, sur l'Alle» magne, en même temps que deux flottes considérables partiraient, » l'une de la mer d'Azof, et l'autre du port d'Archangel, chargées des |