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SANCTI PETRI [monasterium]. Saint-Pierre-le-Vif à Sens.

RPP N en monogramme. Revers, SCI PETRI en deux lignes. Le T lié à l'R, deux exemplaires.

(Pl. II, no 27.)

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Poids, 1,38; 1,32.

Un troisième exemplaire dont je ne connais pas le poids. Cette pièce a été attribuée à Maestricht, à Tongres, à Trèves. Nous ignorons pour quelle raison, car l'existence d'une église dédiée à saint Pierre serait un motif bien insuffisant puisque le nom de ce saint se retrouve dans toute la Gaule. Mais, sans parler des églises, de nombreux monastères en France ont été placés sous le vocable du grand apôtre. Au Mans, à Châlonsur-Saône, à Reims, à Mâcon, à Auxerre, à Lyon, à Vienne, à Metz, des monastères de saint Pierre avaient été fondés pendant les vi, vi et vir siècles, et Pépin peut y avoir fait frapper monnaie. Qui nous guidera dans ce dédale et nous aidera à résoudre une question qui, en l'absence des textes, paraît si ardue?

L'étude du type et du style peut seule venir à notre secours. Je compare donc le denier au nom de saint Pierre avec tous les deniers de Pépin, faisant partie de la trouvaille d'Imphy ou connus antérieurement, et je constate que celui avec lequel il a le plus d'analogie est le denier de Troyes. Or, prenons une carte et cherchons un peu quelle est la ville la plus ancienne et un peu considérable qui soit la plus rapprochée de Troyes. Nous trouvons Sens, sa métropole; en sorte que si l'on admet notre observation, on devra dire que c'est la monnaie de Troyes qui a le style de celle de Sens. Dans cette ville existait un monastère célèbre, fondé au commencement du vi° siècle, SaintPierre-le-Vif, illustré par la chronique du moine Clarius. C'est là, nous le croyons, qu'ont été fabriqués les deniers découverts à Imphy; et, du moins, nous avons fait connaître les considé rations sur lesquelles repose cette opinion.

TRECE. Troyes.

R PPN en monogramme. Revers, TRI CAS en deux lignes, et une croisette. Poids, 18, 23. (Pl. II, no 28.)

Cette monnaie est une variété du denier que j'ai publié (Notice des mon. franç. de M. Rousseau, p. 100, pl. III, no 224) et qui est beaucoup plus petit, quoique son poids soit de 18,22. Au reste, ces pièces sont du même style, ce qui rend encore plus curieux la différence de module. L'A, gravé sur le denier d'Imphy, est ouvert par le haut. Les deniers de Troyes peuvent compter parmi les plus rares.

Pépin vint à Troyes en 761 avec son armée; il y passa de nouveau en 763 et en 767, suivant toujours le même itinéraire, car de là il se rendait à Auxerre (1).

VENASCA? Venasque.

R PPN en monogramme. Revers, VIIVSCO CI? autour d'une croix. Poids, 18,30. (Pl. II, no 29.)

Dans une notice sur quelques monnaies carlovingiennes [Revue numismatique de 1856 (2)], j'ai proposé d'attribuer à Vénasque un denier de Charlemagne, qui porte une légende semblable à celle de ce denier de Pépin, et qui se trouve dans. un des ouvrages d'Eckhart (3). D'après la gravure de cet auteur, la légende qui entoure la croix est assez nette. Ici le Cest lié à l'l, et ce groupe pourrait être pris pour un P, si, en l'examinant de près, on ne distinguait un certain renflement qui accuse la naissance de l'l. L'N et la croix sont mal venus au frappage; plusieurs lettres sont empâtées. En somme, cette pièce, au lieu de nous aider à contrôler la lecture du denier publié par Eckhart, ne fait qu'accroître notre incertitude.

Peut-on voir dans ces légendes un des degrés d'altération

(1) Fredeg., Chronic. contin., pars IV, cap. cxxv, cxxx et cxxxu. Bouquet, Hist., t. V, p. 5, 6, 7.

(2) V. p. 337 du t. IV des OEuvres de A. de Longpérier.

(3) Comment. de reb. Franc. orient., t. II, p. 92, uo 31.

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par lesquels Vindausca civitas a dù passer pour devenir Venasque; c'est ce que je n'ose pas affirmer, quoique je ne voie à cela rien d'impossible.

Quoi qu'il en soit, constatons un exemple de plus des types communs à Pépin et à Charlemagne.

CARLOMAN.

LEUTBRANNUS [monetarius].

CARLO en monogramme. Revers, LEVTBRA autour d'un . Poids, 1oo,33. (Pl. III, no 30.)

Maintenant qu'il est démontré par les découvertes des trois deniers décrits dans les notices suivantes que le type de Carloman, anciennement connu, n'est pas le seul qu'ait adopté ce prince, on acceptera je pense sans difficulté l'attribution que nous proposons ici. Il nous semble que la place donnée à la lettre L indique bien qu'il faut lire CARLO et non pas CAROL. Le monogramme était déjà connu sur un denier de la collection de M. le comte de Clermont-Gallerande, pièce dont nous avons parlé à l'article du monétaire Audomundus. (Voy. Rev. Num., 1839, pl. IV, no 22, et Conbrouse, Atlas des monn. nat., pl. LVI, no 9.)

Carloman a régné, à partir de la mort de Pépin, trois ans, deux mois et huit jours; ses graveurs ont donc eu le temps de composer plusieurs centaines de types; d'ailleurs les trois autres deniers à la légende CARLOM, en deux lignes, sont frappés avec trois paires de coins différents.

Je lis sans hésitation le nom du monétaire LEUTBRANNVS, quoique le commencement de la légende ne soit pas marqué. Les noms formés avec la syllabe LEUT sont très communs : Leutalda, Leutbaldus, Leutberga, Leutbertus, Leutboldus, Leutburgia, Leuteramnus, Leutericus, Leutfridus, Leutgardus, Leutgarius, Leutgaudus, Leutgerus, Leutgisus, Leutgildis, Leuthadus, Leuthardus, Leuth arius, Leutherus, Leuthe

ricus, Leutho, Leutildis, Leutlindis, Leutmarus, Leutmundus, Leutoldus, Leutulfus, etc.

D'autre part, les noms terminés en BRANNUS, sont également bien connus: Childebrannus, Hadabrannus, Hildebrannus, Sigebrannus, Sebrannus, Wibrannus, Witbrannus. C'est une forme franque, et c'est pour cette raison que je l'adopte quand il s'agit d'un monument exécuté au second tiers du VIU siècle.

Puis un D s'est substitué au second N, et l'on a écrit Liutbrandus, Gislebrandus, Hairbrandus, Hildebrandus, Ingobrandus, Sigebrandus, Untbrandus.

Enfin le dialecte lombard changeant le B en P, on trouve Liutprandus, Ansprandus, Auprandus, Ildeprandus, Iselprandus. De même que Leutbertus est changé en Lieutpertus, et Leutboldus en Liutpoldus.

Il résulte de tout cela que le nom du monétaire Leutbrannus, celui du notarius de l'empereur Lothaire, Liutbrandus, et celui du célèbre roi des Lombards Luitprandus, ne sont que trois variantes d'un même thème, et présentent exactement la même signification.

Le nom de Leutbrannus, tracé en cercle comme ceux d'Odalricus, d'Adalbertus (1), ne donne prise à aucun doute, puisqu'il n'offre pas le moindre rapport de structure avec un nom de lieu.

SANCTI ANIANI [monasterium]. Saint-Aignan-d'Orléans.

No 1. CARLOM en deux lignes. Revers, SCI ANIAI. Saint Aignan debout, nimbé, tourné à gauche et tenant une crosse. – Poids, 18,37. (Pl. III, no 31.)

-

No 2. Autres; mêmes légendes. Au-dessus de l'A de Carlom, cinq points sur deux lignes, posés trois et deux; devant I'R, trois points en triangle; sous l'O, trois points en ligne.

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(1) Schopflin, Alsatia illustr., t. II, p. 797, no 6. — Lelewel, Num. du M. A., pl. XVII, no 3.

Ces curieux deniers nous montrent encore, comme la monnaie de Chartres, une figure en pied sur un monument monétaire des Carlovingiens. Le beau sou d'or de Limoges et un tiers de sou d'Uzerche, représentent saint Martial avec le double caractère d'apôtre et d'évêque, tenant la croix et la crosse (1). Saint Chéron, dont la figure se voit, à ce que nous croyons, sur les deniers de Chartres, n'étant pas évêque, n'avait point droit à la crosse; on lui a donné deux croix pour exprimer son apostolat et son martyre; saint Aignan, évêque, s'appuie sur une crosse; on voit qu'un soin ingénieux présidait au choix de ces types.

Le monastère de Saint-Aignan est bien connu; il me suffira de rappeler le Præceptum de Charlemagne pro Aurelianensi Sancti Aniani monasterio.

Une autre abbaye a été placée sous le vocable du saint évêque de Chartres; c'est le monasterium Sancti Aniani in Septimania, Saint-Chinian, près Saint-Pons; mais au temps de Carloman il portait encore le nom de Saint-Laurent.

Il est curieux de retrouver la même abréviation dans la légende du denier de Carloman, frappé à Orléans, et dans celle d'un denier du xi° siècle, fabriqué à Saint-Aignan en Berri, CASTRVM SANCTI ANIAI (2).

SANCTE CRVCIS [monasterium]. Sainte-Croix de Poitiers.

CARLOM en deux lignes. Revers, SCI CRVCIS, croix potencée, à pied fiché. Poids, 18,37. (Pl. III, no 32.)

Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit plus haut à l'article de Pépin touchant l'attribution de ce denier au célèbre monastère de Poitiers. A part les considérations chronologiques, l'argument tiré du type des deniers d'argent mérovingiens nous paraît décisif.

Il est assez difficile de s'expliquer comment Carloman a pu

(1) Revue numism., 1857, pl. XII, no 1, et pl. XV, n° 1.

(2) Revue numism., 1845, pl. XIX, no 8.

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