Images de page
PDF
ePub

nis, monetam nostram et cambitum jure hereditario in omni terra nostra, etc. M. Deschamps a, de plus, fait connaître un grand denier frappé à Abbeville par le monétaire Godin: GODN FECIT, et cette pièce porte dans le champ deux fleurs de lis, comme les petits deniers du monétaire Simon (1).

Les deniers avec l'inscription MEHAVT ne sont pas les seuls qui aient été fabriqués pour Mahaut II d'Artois. Dans les légendes d'un petit denier publié par M. Hermand, on trouve, en faisant abstraction des quatre rosaces pointillées, qu'il est impossible de prendre pour des lettres, M. EST-M. EST COMITISSA; c'est-à-dire Mehauta est comitissa (2), absolument comme sur le denier d'Eudes, si bien expliqué par M. Eug. Hucher, on lit Odo est rex (3). Ce qui prouve bien que ce petit denier appartient à Mahaut II, c'est qu'une autre pièce du même module et du mème style, publiée aussi par M. Hermand, présente, au droit, M.EST deux fois répété, et, au revers, (O) ( ) ( ) ( ) (0) (M) (E) (S), c'est-à-dire Oto comes (il y a trois lettres emportées par l'usure) (4). Cette pièce aurait été frappée après l'autre, en 1302, lorsqu'Otton, époux de Mahaut, reçut l'investiture du comté d'Artois.

Sans doute, la classification des deniers de cette époque devient assez difficile depuis qu'on a reconnu que ces pièces portent tantôt des noms de princes, tantôt des noms de monétaires, tantôt des noms de villes. Il faut, pour sortir d'embarras, étudier non seulement le style des monnaies, mais les textes historiques.

Quoique la comparaison des types ne soit pas toujours un guide suffisant lorsqu'il s'agit d'un grand nombre de villes placées dans un cercle assez peu étendu, cependant il est certains cas où la similitude est telle, qu'elle nous épargne bien

(1) Mém. de la Société des ant. de Picardie, t. XIII, 1854, pl. III, no 5. - Ce denier est imparfaitement gravé, mais non expliqué dans les Mém. de la Soc. d'émul. d'Abbeville, 1832, pl. II, no 2.

(2) Quelques monnaies frappées à Saint-Omer, 1850, dans les Mémoires de la Soc. des ant, de la Morinie, t. VIII, pl. no 7.

(3) Rev. num., 1857, p. 315.

(4) Quelques monn, frapp, à Saint-Omer, pl. no 9.

des recherches. Ainsi lorsqu'on voit la complète ressemblance des deniers portant BETVNIE et VNAENTO (1), on ne peut guère hésiter à reconnaître dans la seconde légende le nom de Saint-Venant, localité si voisine de Béthune.

[merged small][merged small][merged small][graphic]

J. G. PFISTER. Stray leaves from the journal of a traveller in search of ancient coins. London, 1857. In-8°, 136 p.

COMPTE RENDU.

(Extrait du tome III (nouvelle série) de la Revue numismatique,
1858, pp. 478-480.)

Dans ce volume, écrit un peu en toutes les langues du globe et, du reste, intéressant, l'auteur raconte la découverte qu'il a faite, à Naples, d'un précieux teston qu'a bien voulu lui céder don Michel de Santangelo. Cette monnaie a pour légende : SEB. EPS. ET PRINCEPS. LAV. M. Pfister croyait y trouver le nom d'un Fieschi, comte de Lavagna, et alla, près de Chiavari, consulter le cardinal Fieschi; mais celui-ci ne reconnut point un membre de sa famille dans ce personnage, qui porte le titre de prince, et ce fut à Genève que M. Pfister apprit qu'il possédait une des plus rares monnaies de la collection suisse, le teston de Sébastien de Montfaucon, dernier évêque de Lausanne (1517-1536). Au revers de cette pièce, on voit un saint nimbé assis; M. Pfister a lu autour S. MARIVS MARTIRIS, ce qui ne laisse pas que de l'embarrasser, car saint Maire, évêque de Lausanne, n'a pas souffert le martyre. Nous aurions bien aussi à faire une objection grammaticale contre cette lecture, mais nous nous hâtons de faire remarquer que, d'après l'excellente gravure publiée par M. Pfister, le teston porte MARTINIS et non MARTIRIS. M. Soret (Dix-neuvième lettre sur la numismatique, 1851, p. 19) et M. Rod. Blanchet (Monnaies des pays voisins du Léman, 1856, p. 59) ont supposé que S. Marius était pour S. Mauritius; mais cela n'est pas

admissible; saint Maurice est toujours représenté en habit militaire, et le teston nous montre un prélat.

Marius (saint Maire), d'abord évêque d'Avenches, transporta le siège à Lausanne en 590, sur l'ordre de Gontran. Le prédécesseur de Marius à Avenches se nommait Martinus. Tous ces faits sont connus. Comment dès lors hésiterait-on à voir dans la légende S. Marius Martini successor? Il ne peut être question de Martigny, qui appartenait à l'évêché de Sion.

Maintenant il nous reste à examiner comment cette légende singulière a pu se produire sur la monnaie de Lausanne, et voici ce que l'étude des monuments contemporains nous fournit :

Nous connaissons six testons qui semblent avoir été gravés par la mème main, et qui portent les mêmes types avec des légendes différentes.

Le premier a été frappé pour Louis Fieschi, seigneur de Lavagna (1517-32); le second pour P. Luca Fieschi (15321572). Ils portent tous deux, au revers, l'image et le nom de S. Theonestus martir (1). Le troisième a été émis par GiovanBartolomeo Tizzone, comte de Desana (1525-33). Les seigneurs de Desana mettaient tous les saints du calendrier de moitié dans les contrefaçons qu'ils faisaient faire de la monnaie de leurs voisins. Le nom de saint Théodore, martyr d'Amasie, a permis à Bartolomeo Tizzone d'imiter le saint Théonestus de Lavagna (2). Le quatrième teston a été fabriqué pour Boniface Ferreri, cardinal d'Ivrée, abbé de San Benigno (1517-43). On y voit la représentation de saint Bénigne, apôtre de Bourgogne et martyr (3). Enfin les cinquième et sixième pièces appartiennent à Sébastien de Montfaucon. L'une d'elles fait le sujet du travail de M. Pfister; l'autre avait été précédemment décrite par M. Schulthess Rechberg (4) et par M. Rod.

1) Vettori, Fiorino d'oro, 1739, p. 363.

(2) Cost. Gazzera. Mém Stor. dei Tizonni, 1842, p. 37, pl. I, no 6. 3, Argelati, De mon. Italiæ, V, 1759, p. 41.

(4) Thaler-Cabinet, t. II, no 4360.

Blanchet (1). M. Gaspard Schinz, de Zurich, qui possède cette curieuse variété, acquise aussi à Naples, a eu la bonté de m'en envoyer une empreinte, sur laquelle on distingue très clairement le mot MARTIR, que le graveur, entraîné par l'habitude contractée en exécutant les coins de toutes les autres pièces qui viennent d'être rappelées, a d'abord placé à la suite du nom de saint Maire. Mais, quelque désir qu'éprouve un évêque de contrefaire la monnaie d'un autre seigneur, il ne peut l'autoriser à altérer le caractère des saints, et cette remarque, adressée au graveur, aura déterminé l'artiste à introduire dans un nouveau coin un léger changement qui laissait subsister l'illusion. C'est ainsi, je crois, que la légende S. MARIVS MARTINIS a pris naissance. Il faut dire que Lodovico Fieschi était fort laid, et que les testons de Desana, de SanBenigno et de Lausanne reproduisent exactement la difformité de sa bouche. Le métier de contrefacteur exigeait une certaine abnégation.

M. Pfister avait pensé que les testons de Sébastien de Montfaucon, n'étant pas d'argent pur, avaient été prohibés dans les États de Parme; mais l'acte au texte duquel il renvoie. porte la date de 1469, et est par conséquent antérieur d'environ cinquante ans à l'émission de ces testons (2). Dans le cours de son travail, presque entièrement consacré à des observations philologiques, M. Pfister nous fait connaître encore une monnaie inédite : c'est un tiers de sou d'or frappé à Sion, portant les légendes SIDVNENSIVM CIVITATIS et MVNVLFVS MONETARIVS, pièce qui appartient au British Mu

seum.

(1) Monn, des pays voisins du Léman, pl. VII, no 11.

(2) Zanetti, Nuova raccolta delle mon. d'Italia, 1789, t, V, p. 102.

« PrécédentContinuer »