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NOTE

SUR UN ARC DOUBLEAU

DÉCOUVERT DANS LA DÉMOLITION

DE L'HOTEL DE VILLE DE PARIS.

(Extrait du Bulletin de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France, 1re année, 1874, pp. 34-35.).

M. de Longpérier rend compte d'une découverte faite récemment à l'Hôtel-de-Ville de Paris:

« Le 15 décembre 1873, M. Théodore Ballu, architecte de l'Hôtel de Ville, en faisant enlever le parpin qui remplissait le cintre de la porte centrale de cet édifice, mit à découvert la décoration de l'arc doubleau qui se trouvait cachée depuis l'époque à laquelle l'architecte Marin de la Vallée, sous la prévôté de François Myron, avait établi dans le cintre de cette porte la figure en applique d'Henri IV, modelée par Pierre Biard. Cette décoration se compose de quatre segments dans lesquels sont sculptées des salamandres, surmontées d'une couronne ouverte fleurdelisée; et de quatre grands F, surmontés de couronnes fleurdelisées et fermées. Les quatre salamandres diffèrent, tant par la pose que par les détails; il en est de même des grands F, qui sont entourés de rinceaux et de guirlandes variées.

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<«< La chronologie des constructions de l'Hôtel de Ville est si peu claire que l'ornementation de la porte centrale prend une importance véritable. C'est en 1539 que l'on vit apparaître, sur la monnaie d'or et de billon de François Ier, la salamandre, accompagnant les lis et les F. L'arc doubleau que vient de retrouver si heureusement M. Th. Ballu a probablement été

exécuté vers cette époque, et certainement avant le 31 mars 1547, date de la mort de François Ier; car il n'était pas d'usage de placer sur les édifices les devises des souverains après leur mort. On voit encore que la porte centrale ne fut pas modifiée lors de la reprise des travaux en 1549. Ce fut seulement sous le règne d'Henri IV que, sans enlever ou attaquer les sculptures qui viennent d'être décrites, on les fit disparaître, en les noyant dans l'épaisseur du parpin qui remplit l'arcade. La comparaison de la salamandre surmontée d'une couronne ouverte avec ce même type, tel qu'il est gravé sur les écus d'or de François Ier frappés à Milan, fournirait un argument en faveur de la direction italienne des travaux d'ornementation de l'Hôtel de Ville. »

M. de Longpérier fait circuler une photographie de l'arc doubleau qu'il vient de décrire.

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OBSERVATIONS

AU SUJET DE LA

POSITION DE LA CROSSE

DANS LES

REPRÉSENTATIONS D'ABBÉS AU MOYEN AGE.

(Extrait du tome II (4o série) des Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1874, pp. 282-283, séance du 13 septembre.)

Après la lecture d'une communication de M. ClermontGanneau, sur les tombe et portrait d'un évêque croisé de Palestine, contemporain de saint Louis, M. de Longpérier a présenté les observations suivantes :

On est en droit de penser que M. Clermont-Ganneau s'est laissé entraver dans sa recherche par une donnée inexacte.

<«< Lorsqu'il dit : « La position de la crosse tournée à sénestre « indique suffisamment que nous avons affaire à un évêque et «< non à un abbé crossé et mitré, » il fait allusion à un système qui, dans cette forme absolue, est trop moderne.

« Il existe, sans doute, un très grand nombre de monuments qui représentent des abbés tenant leur crosse de la main. droite, sans qu'on puisse observer de règle relativement au sens dans lequel est tournée la volute. En général, l'évêque doit tenir sa crosse de la main gauche, afin de conserver la droite libre pour la bénédiction. Mais on trouve parfois, sur des sceaux, la figure d'un évêque tenant sa crosse de la main droite (Raimond, évêque de Fréjus en 1215, Lantelme, évêque de Valence en 1186), et, d'autre part, il existe un certain nombre de monuments représentant des abbés tenant une crosse de la main gauche. Par exemple, on trouvera, au musée de Cluny, la dalle gravée qui recouvrait la tombe de Simon de

Gillans, abbé de l'île Barbe, mort en 1349; ce personnage est représenté mitré, avec sa crosse à gauche, la volute tournée en dehors, comme dans le dessin de M. Ganneau. L'inscription, très bien conservée, qui entoure cette figure, ne laisse aucun doute sur la qualité du fonctionnaire ecclésiastique. Si l'on examine la série des sceaux des abbés de Saint-Bertin, on trouvera, en 1126, l'abbé Jean II; en 1425, Jean de Griboval, munis d'une crosse à gauche. Sur les sceaux généraux de la même abbaye, le saint abbé fondateur est figuré tenant sa crosse tantôt d'une main, tantôt de l'autre. Les sceaux des abbés de Saint-Victor de Marseille, Étienne (en 1355) et Guillaume (en 1436), montrent encore ces personnages tenant une crosse de la main gauche. Il en est de même de quelques sceaux des abbés de Silvacane (1298), de Lure (1196), de Saint-Michel de la Cluse (1264), de Saint-Maur de Forcalquier (1239), etc. Il serait peu utile de prolonger la citation de ces exemples. Il suffit de dire qu'au temps où a été gravée la pierre recueillie par M. Ganneau, c'est-à-dire en 1258, un abbé pouvait être représenté tenant sa crosse à gauche.

« Ce n'est donc pas seulement dans les listes épiscopales qu'il convient de chercher le nom du dignitaire ecclésiastique, mort en 1258, dont le monument vient d'être découvert. Ce n'est pas non plus seulement aux listes orientales qu'il faut recourir; un évêque ou un abbé mitré, accompagnant une armée de croisés, ou venu en pèlerinage, peut avoir terminé ses jours en Palestine, sans avoir occupé un siège appartenant à cette contrée. Le champ des recherches est donc plus vaste que M. Ganneau ne l'avait supposé, et l'insuccès des premières tentatives d'identification ne doit pas décourager l'intelligent explorateur de la Terre sainte. »>

LE LIVRE DES MESTIERS, dialogues français-flamands composés au xiv° siècle par un maître d'école de la ville de Bruges, publié par H. Michelant, conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale, etc. Imprimé par Jean Enschedé et fils, à Harlem, pour Edwin Tross, à Paris, 1875, in-4°.

COMPTE RENDU.

(Extrait du Journal des Savants, 1875, pp. 649-658.)

La publication d'un texte français en prose, antérieur au XVI siècle, est toujours intéressante. L'intérêt s'accroît lorsque le texte, au lieu de formules diplomatiques comme celles qui abondent dans les chartes, ou de formules religieuses comme on en trouve dans les sermons, offre, en un mode plus familier, des expressions, des tours, des notions, de nature à faire apprécier le langage usuel, et le niveau de l'éducation populaire. C'est évidemment parce qu'il est convaincu de l'utilité que présente l'étude d'une composition très vulgaire dans sa forme, que le savant conservateur des manuscrits de notre grande Bibliothèque, abandonnant un instant ses belles publications de nos chansons de geste, s'est donné le soin d'imprimer l'opuscule dont le titre vient d'être transcrit.

Le manuscrit original appartient à la Bibliothèque nationale, où il est conservé sous le n° 16 du Fonds néerlandais. C'est un in-quarto sur vélin de 24 feuillets à deux colonnes, dont M. Michelant s'est appliqué à faire exactement reproduire la physionomie, en conservant même les rubriques qui en rehaussent les alinéas. Suivant le savant éditeur, l'écriture semble appartenir à la première moitié du xive siècle, et l'on pourrait préciser encore davantage la date de la rédaction au moyen

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