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Russes se révoltèrent parce que le czar avait résolu de les faire raser, et les montagnards écossais prirent les armes parce que le roi d'Angleterre voulait leur faire porter des culottes. Voilà donc des hommes qui eurent le courage de défendre leurs barbes, leurs cheveux ou leurs tuniques, tandis qu'on voit des peuples, en Afrique et en Asie, qui gémissent patiemment sous le sceptre de leurs maîtres! L'histoire de ces malheureuses contrées prouve que prouve que l'homme est quelquefois capable d'une résignation plus que philosophique. Mais il ne faut pas s'y tromper: un peuple, qui a été libre ou qui se croit digne de l'être, n'est presque jamais docile au joug; il rugit au bruit de ses chaînes. Alors la tyrannie se dévore elle-même en voulant se fortifier; alors une année d'esclavage vieillit le pouvoir d'un siècle : une étincelle, et l'incendie commence. Malheur aux princes d'Europe qui n'auraient aujourd'hui pour ministres que des hommes plus courtisans que citoyens, plus despotes que politiques, plus astucieux que profonds! Ces pestes de cours leur feraient perdre l'attachement et le respect des peuples, premiers soutiens de la royauté, et peut-être qu'un jour.......... La révolution française, dit Rabaud de Saint-Étienne, est un recueil de prophéties.

I

1. Expressions du grand Corneille, dans la mort de Pompée, acte II, scène II.

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CHAPITRE XV.

Rapprochement remarquable.

ZOROASTRE, ancien prophète des Persans, et saint Éloy, évêque de Noyon, vont prendre la plume; je la donne d'abord au premier, et il écrit : « Il ne << suffit pas que vos bonnes œuvres surpassent les <«< feuilles des arbres, les gouttes de la pluie, les <«<sables de la mer, les étoiles du firmament; afin qu'elles soient agréables, il faut que le Destur (le prêtre) daigne les approuver. Vous ne pouvez ob<< tenir une telle faveur qu'en payant fidèlement à <«< ce guide du salut des âmes la dîme de vos biens, « de vos terres, de votre argent, en un mot, de « tout ce que vous possédez. Si le Destur est satisfait, votre âme échappera aux tourmens de « l'enfer. Vous serez dans ce monde comblé de louanges, et vous jouirez dans l'autre d'un bon« heur éternel. Les Desturs sont les oracles du ciel; << rien ne leur est caché, et ce sont eux qui sauvent « tous les hommes L. »

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A votre tour, saint Éloy; et l'évêque de Noyon écrit: «< Celui-là est un bon chrétien qui fréquente << souvent les églises ; qui présente le sacrifice offert << à Dieu sur l'autel; qui ne goûte point des fruits.

1. Article VIII du Sadder, abrégé du Zend-Avesta.

« de sa propre industrie, avant que d'en avoir «< consacré une partie à Dieu; qui, à l'approche << des saintes Fêtes, vit chastement, même avec sa «< femme, pendant plusieurs jours, afin de pouvoir << s'approcher avec une conscience pure de l'autel « de Dieu, et qui enfin peut répéter le Credo et la

prière du Seigneur. Rachetez donc vos âmes de << la destruction, tandis que vous en avez les moyens «<en votre pouvoir; offrez des dons et des dimes « au clergé; venez plus souvent visiter les églises; << implorez humblement la protection des saints; car << si vous observez ces choses, vous pourrez paraître << en assurance au tribunal du juge éternel, le jour qu'il vous appellera à lui, et vous direz : Donnez« nous, ô Seigneur, car nous t'avons donné1. »

Il est fâcheux que saint Éloy ait parlé comme le grand pontife des Mages, sous le rapport des intérêts de ce monde, et qu'un évêque n'ait pas montré plus de désintéressement qu'un païen. Un digne prêtre de Dieu, dit l'immortel Camoëns, ne recherche ni le pouvoir ni les trésors 2. Mais, quoi qu'il en soit, on voit, par les deux morceaux que je viens de citer, que la dîme était aussi de droit divin du temps de Zoroastre. Voilà tout ce que j'ai voulu apprendre au lecteur.

1. Voyez l'Histoire de Charles-Quint, traduit de l'anglais, par M. Suard, t. 11, p. 80 et 81.

2. La Lusiade, chant x.

CHAPITRE XVI.

Voilà les philosophes.

Our, la philosophie du dix-huitième siècle a causé tous nos malheurs. Ce sont les philosophes qui ont dépouillé le clergé des immenses propriétés territoriales qu'il avait acquises en s'agenouillant devant les autels d'un Dieu mort pauvre sur la croix; c'est cette race de vipères qui a aboli les droits féodaux, et permis aux paysans de manger le pain qu'ils gagnent à la sueur de leurs fronts, sans le partager avec personne; ce sont ces raisonneurs absurdes qui ont demandé et obtenu la liberté de la presse, crime irrémissible aux yeux de ceux qui avaient toujours raison quand il n'était pas permis de leur répondre; ce sont ces athées qui ont dit hautement que, « si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer;

qu'une horloge prouve un horloger, et que l'uni« vers prouve un Dieu 1. » Ce sont ces démagogues qui ont demandé l'uniformité des poids et mesures 2,

1. Voltaire, dans son Épître à l'auteur du livre des trois Imposteurs. Voyez aussi tome XLIX des OEuvres complètes, page édit. de Beaum.

122,

2. Cette idée n'était pas nouvelle, car on lit, article 43 de la grande chartre du roi Jean, donnée en 1215 : « Il y aura une

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même mesure dans tout le royaume, pour le vin et pour la

bière, aussi bien que pour le grain, et cette mesure sera con

l'abolition de nos anciennes coutumes, et une législation uniforme pour toute la France; ce sont ces perturbateurs du repos public qui ont déclamé contre le massacre de la Saint-Barthélemi, contre Jacques Clément et Ravaillac, et prêché la tolérance religieuse; ce sont ces mauvais citoyens qui n'ont cessé d'écrire contre les priviléges, et de dire que les nobles et les prêtres devaient contribuer, dans la proportion de leurs fortunes, aux charges de l'État; ce sont ces ennemis de toute justice qui ont voulu que nous fussions également admissibles aux emplois civils et militaires, et égaux devant la loi; ce sont enfin ces rêveurs dangereux qui, vers la fin du siècle dernier, ont fait retentir en France le cri de liberté, et sont cause que nous avons aujourd'hui un gouvernement représentatif qu'ils ont été chercher en Angleterre 1, pays d'hérétiques, et qui pour cette raison sera englouti un jour ou l'autre dans la mer. Voilà ce qu'ont fait les Voltaire, les Rousseau, les Montesquieu et leurs

⚫ forme à celle dont on se sert à Londres. Tous les draps auront << une même largeur, savoir: deux verges entre les deux lisières. << Les poids seront aussi les mêmes dans tout le royaume. » Histoire du parlement d'Angleterre, par Raynal.

1. A Mantinée, le peuple déléguait à des électeurs le droit de nommer ses magistrats. On voit par-là que le système représentatif n'est pas d'invention moderne. Polit. d'Arist., liv. vi, chap. iv, dans les notes. Traduction de M. Champagne.

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