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Français, c'est probablement parce que les esprits y sont si éclairés, que le dimanche on n'ose ni danser, ni jouer d'un instrument; parce que les têtes pensantes y sont en si grand nombre, qu'un Anglais catholique ne pourrait pas arriver au ministère; parce qu'on y a la manie des paris les plus ridicules, car Fox même paria un jour mille guinées que le numéro du premier fiacre qui passerait dans la rue ne serait pas au-dessus de mille; parce qu'on y a le droit de vendre sa femme au marché; parce que la peine de mort y est encore en vigueur contre des criminels que, dans d'autres pays, on punit avec beaucoup moins de sévérité; parce que lord Harwkesbury a osé dire à l'Europe, après le traité d'Amiens, pour justifier la conspiration de Wickam, de Drake, de Spencer Smith, de Pichegru, de George Cadoudal, etc., « que tout << gouvernement sage se doit à lui-même et au monde « en général, de profiter de tout mécontentement qui existe dans le pays avec lequel il peut se << trouver en guerre, et par conséquent de prêter <«< aide et assistance aux projets des mécontens'; »

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le climat, ni les mœurs, ni les hommes de son pays. Si l'on en croit M. Hunt, ce grand poète détestait surtout ses compatriotes à cause de leur hypocrisie morale et religieuse ; les calomniaitil? je n'en sais rien. Voyez la Revue britannique, 3o année.

1. Si cette doctrine infernale et vraiment anglaise était adoptée par tous les cabinets, l'Europe ne serait plus qu'une caverne de

parce que l'archevêque de Cantorbery jouit au moins d'un revenu de trois millions de francs, et l'évêque de Winchester d'un revenu de deux millions, même monnaie; parce que toutes les propriétés territoriales y sont entre les mains de quelques familles nobles; parce que la classe ouvrière y est toujours sur le point de se soulever pour avoir du pain; parce que les pauvres y sont en si grand nombre, qu'on est forcé de lever un impôt pour les nourrir; parce que la noblesse y est plus entichée de ses misérables hochets que partout ailleurs; parce que le fléau de la féodalité y pèse encore de tout son poids; parce que les aînés de famille y héritent seuls des biens de leurs pères; parce qu'on ne peut arriver à la chambre des communes qu'en intriguant et en payant; parce que le ministère est presque toujours sûr d'avoir la majorité des voix dans le parlement; et enfin parce que son gouvernement est le gouvernement le plus machiavélique qu'il y ait sur la terre, et qu'il a retenu outrageusement Napoléon dans les fers, contre toutes les lois de l'humanité et du droit des gens'.

brigands; car tout pays peut se trouver en guerre un jour ou l'autre avec un pays quelconque, et, par conséquent, l'état de paix serait toujours un état hostile. Que dirait le cabinet de SaintJames si la France conspirait aujourd'hui contre le roi d'Angleterre, sous prétexte qu'elle peut avoir la guerre avec lui?

1. On est fâché de lire dans l'ouvrage de M. Antommarchi (Derniers momens de Napoléon, t. 11, p. 180), que, après la

Ce sont là des titres sans doute à l'admiration générale; mais nous avons aussi les nôtres, et les injures des Shanhopes d'Angleterre et de France ne les détruiront point.

Le premier peuple de l'Europe moderne est celui qui est le plus humain et le plus sociable; c'est celui qui ne hait aucune nation, qui est fier sans orgueil, brave sans ostentation, exact observateur des traités, généreux dans la bonne fortune et courageux dans la mauvaise; c'est celui dont, en général, les productions littéraires et philosophiques satisfont le plus le goût et la raison ; c'est celui qui peut se glorifier d'un Sully, d'un Turgot dans le

mort de l'empereur, les personnes qui l'avaient accompagné sur son rocher d'exil, allèrent dîner chez Hudson Lowe, et que le banquet fut gai et magnifique. Il me paraît que ce banquet gai et magnifique est un chapitre de trop dans la vie de ces messieurs.

1. Toutes les statues et tous les tableaux qui embellissaient notre Musée avaient été cédés à la France par le traité de Tolentino et plusieurs autres, mais les Anglais et leurs alliés ont repris ces objets d'art en violant l'art. x1 de la capitulation de Paris qui disait, qui dit encore, et qui dira toujours pour la honte de nos ennemis : « Les propriétés publiques, à l'excep«tion de celles qui ont rapport à la guerre, soit qu'elles ap<< partiennent au gouvernement, soit qu'elles dépendent de l'au«torité municipale, seront respectées..... » Je conseille d'après cela à sir Walter-Scott de venir nous parler de la bonne foi du gouvernement anglais, et de nous reprocher des conquêtes légales!

ministère; d'un Barnave, d'un Vergniaud, d'un Mirabeau à la tribune nationale; d'un Luxembourg, d'un Condé, d'un Turenne, d'un Masséna, d'un Napoléon à la tête des armées; c'est celui qui a vaincu plusieurs fois l'Europe conjurée contre lui; c'est celui qui a marché, sous la république et sous l'empire, au milieu des miracles de l'héroïsme militaire; c'est celui que l'on n'a pu vaincre sur les champs de bataille qu'en l'accablant de l'Europe entière, à une époque où il était épuisé de trente ans de victoires; c'est celui enfin qui, vingt siècles après son passage sur la terre, sera jeune encore de gloire et d'immortalité1.

CHAPITRE XXIX.

Louis et Henri.

Y aurait-il une fatalité attachée au nom de Louis? Louis II a été le dernier empereur de la maison de Charlemagne, Louis III le dernier roi de Germanie, Louis V le dernier des Carlovingiens; et si Napoléon eût été un peu moins ambitieux, il est probable que la dynastie des Capets eût disparu du trône avec Louis XVI. Mais les destins en avaient décidé autrement.

1. Je souligne ces expressions parce qu'on les trouve dans la belle Épître de Chénier à Voltaire.

Il est remarquable aussi que tous les Henri IV ont été malheureux; les voici : Henri IV, empereur d'Allemagne, Henri IV, roi d'Angleterre 1, Henri IV, dit l'impuissant, roi de Castille, et Henri IV, roi de France.

CHAPITRE XXX.

Adorons Dieu, mais ne faisons pas son portrait.

ON nous dit que Dieu a créé l'homme à son image, et je le crois; mais il y a là un sens mystique que je ne comprends pas. On dit aussi que l'homme a fait Dieu à son image, et cela me paraît beaucoup plus clair.

Nous pouvons représenter Jésus sous la forme humaine, puisque notre religion nous apprend qu'il s'est fait homme; mais quand on représente Dieu sous la même forme, avec une grande barbe et couvert d'une brillante draperie 2, ce n'est plus qu'une fiction ridicule et orgueilleuse que le bon sens condamne, et que l'on devrait proscrire de tous les

1. Celui-ci craignait tant de perdre la couronne qu'il avait usurpée, que, pendant sa dernière maladie, il voulait l'avoir toujours au chevet de son lit.

2. Je me souviens d'avoir vu, il y a quarante ans, dans l'église d'un village de la Flandre autrichienne, une draperie de ce genre, que le peintre avait jugé à propos de couvrir d'aigles de la maison d'Autriche.

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