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An 976.

X.

La Collégiale

Alexandre III prit ces Chanoines fous la protection du faint Siege, & au Concile général de Latran troisieme, il leur rendit le glorieux témoignage d'être les défenfeurs de la Foi orthodoxe. Honoré III, de l'avis des Archevêques de Lyon & d'Embrun, & des Evêques de Mâcon, Clermont, Beziers & de SaintBertrand-de-Comminge, confirma le nombre de trente Chanoines en cette Eglife. Ce Pape loue la régularité & la bonne discipline du Clergé de cette Eglife. Innocent IV défendit quelques années après d'augmenter ou diminuer le nombre des Chanoines. Alexandre IV, Martin V & Sixte IV confirmerent leurs poffeffions & leurs privileges. Sixte IV, à ce qu'on croit, décora cette Eglife du nom & des prérogatives de Collégiale infigne: il l'exempta, dit-on, de la Jurifdiction de l'Ordinaire.

Quoique cette Eglife ne foit pas la plus ancienne Collégiale de Beaune du Diocefc, elle tient néanmoins le premier rang après la Catient le pre- thédrale. Ce Chapitre eft actuellement compofé d'un Doyen, près la Cathé élu par les Chanoines & confirmé par l'Evêque; d'un Archidrale. diacre à la nomination de l'Evêque, & qui eft Dignitaire de la

mier rang a

Cathédrale, & de vingt-fept Chanoines avec un Bas-Chœur, autrefois très-nombreux chaque Prébendé à onze jours chaque année, & le Doyen trente-trois, lorfqu'il cft Chanoine, pour préfenter aux Bénéfices qui font de la nomination da Chapitre. Il nomme en corps à la Cure de la Ville; & le Chanoine en tour a quinze ou feize Cures de Campagne, & a quelques Chapelles fondées à Beaune : le Doyen en a quarante-une à fa nomination, & le Chapitre dix-neuf, outre vingt-neuf autres qui font à Patronage laïque : le Doyen cft Curé du Roi & de la Reine, lorfqu'ils font à Beaune. Ce Bénéfice, feule dignité de cette Eglife, n'eft point fujet à l'expectative des Gradués, comme il a été décidé par Arrêts contradictoires du Par

le

lement de Dijon, rendus en 1754 & 1764. Au Concile provincial tenu à Lyon en 1527, au fujet des erreurs de Luther & pour un fubfide de deux millions d'écus demandés pour Roi à la Province Lyonnoife, Prudent de Mypont, Chanoine député au Concile par la Collégiale de Beaune, occupa le premier rang après George Gay, Chanoine député par la Cathédrale d'Autun, & Abbé de Saint-Etienne, quoique Nicolas Virard parût au Concile pour la Collégiale d'Avalon, plus ancienne que celle de Beanne.

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An 976.

An 1272:

X I.

Les Chanoi

ciers, ensuite

Le Chapitre général fe tenoit autrefois le lendemain de la Fête Saint-Pierre & Saint-Paul: c'est à présent dans l'Octave de l'Afcenfion. On fit dans celui de 1227 des réglemens pour nes Obédien la discipline & l'ordre du Chapitre; & dans un autre temps, Prébendés. après l'incendie de 1272, il fut permis aux Chanoines d'aller deffervir d'autres Eglifes durant dix ans, à caufe des fidérables qu'avoit fait cette Eglife. On appelloit auparavant les Chanoines Obedienciers; ils prirent dans la fuite la qualité de Prébendés qu'ils ont confervée. Leur état en effet n'est plus le même, depuis qu'ils ont quitté la vie commune, & divifé leurs fonds en prébendes: ils ont pourtant confervé l'ufage d'afligner des rétributions journalieres pour les trois grands Offices.

XII.

Outre les biens-fonds que cette Eglife poffédoit autrefois, Biens & reelle avoit encore à la Ville & à la Campagne des familles qui venus de cette lui payoient la taille; on les appelloit les hommes de l'Eglife: Eglife. les uns lui avoient été donnés par les Ducs de Bourgogne ou leurs Officiers, & les autres s'étoient donnés eux-mêmes en prenant, dans l'année de leur établissement à Beaune, du pain & du vin en figne de vaffalité; c'eft pourquoi on les appelloit les faints Vaux, Vaffi fanéti : leurs perfonnes & leurs biens étoient cenfés appartenir à l'Eglife; ils ne payoient point la taille

Aa 1272.

XIII. Abonnement

vin.

au Souverain, mais ils rendoient à l'Eglife une partie des fruits des héritages qu'ils tenoient d'elle; c'étoit ordinairement la dixieme partie : ils faifoient en outre trois journées ou corvées chaque femaine. Gerard de Réon, Officier d'Hugues III, fit donation en 1174 à la Collégiale de Beaune d'un grand nombre de ces familles avec les logemens qu'elles occupoient dans les quartiers de la Champagne & du Bourgneuf : il les tenoit de la libéralité du Prince. Le Chapitre les donna en 1320 à Eudes IV, en échange du moulin Moncau chacune de ces familles établies à la Ville payoit vingt-quatre fols de taille, & celles de Moncau depuis deux fols jufqu'à vingt-huit; on les appelloit Tabulaires, lorfque l'Eglife les affranchiffoit, & les affranchisfemens, ingénuités. Ces familles & leur poftérité continuoient néanmoins d'être fous la protection de l'Eglife, qui héritoit de leurs biens lorfqu'ils mouroient fans enfans & fans tester.

Outre les Serfs, cette Eglife avoit encore des Colons ou des de la dime en Vaffaux libres, qui lui payoient des redevances, faifoient des corvées & des livraisons en denrées; elle jouiffoit auffi de plufieurs dîmes : celles du finage de Beaune, qu'elle tenoit en partie du Chanoine Breffand, l'expofa à de grandes conteftations dans le quatorzieme fiecle; elles furent terminées par une transaction en 1354, par laquelle il fut réglé que les Habitans de Beaune, poffeffeurs ou cultivateurs de vignes riere le finage, paieroient chaque année au Chapitre Décimateur huit deniers par ouvrée : les Forains n'y avoient pas été compris, mais l'usage a prévalu ; ils participent à l'abonnement & paient feize deniers par ouvrée: ce qui fut confirmé en 1606 par Arrêt rendu contradictoirement au Parlement de Paris contre la Dame Desvoyaux & autres Partics intervenues au procès:

Le Chapitre jouiffoit autrefois de plufieurs droits honorifiques.

An 1272.

Droits ho

Les annonces publiques, vulgairement appellées la crierie, le faifoient au nom de Noffeigneurs les Doyen & Chapitre, avec XIV. un cor d'airain. Cette Eglife a eu pour Chanoines un grand norifiques du nombre de perfonnes diftinguées par leur naiffance ou leur mé- Chapitre. rite Hugues de Pommard, qui fut enfuite Evêque de Langres; de Saulx, Evêque d'Amiens; d'Orge, Evêque de Châlon; Rollin, Cardinal, Evêque d'Autun; Jean Rollin, auffi Evêque d'Autun, neveu du Cardinal; Viviant, Evêque de Nevers; le Cardinal de Turin; de Beffey, Abbé du Jard; Ligey, Abbé de Sainte-Marguerite; de la Boutiere, Abbé de Maiziere; Blondeau, Abbé d'Ogny; Pommerel, Abbé de Cervons; d'Arc, Sire d'Antigny, de la Maifon de Châtillon; & autres des Maifons de Bourbon, Châlon, Grandmont, Rougemont, Chambellan, Damas de Marfilly, de Vintimile, de la Tournelle, de Mauvilly, de Mypont, de Salins, de Bouton, de Villars, de Clugny; Jean Geofroy, choisi pour Arbitre entre le Duc de Bourgogne & l'Evêque de Châlon en 1280, &c.

Le Prieuré

Le Duc Henri dont j'ai parlé, n'ayant point eu d'enfans de XV. fes deux mariages, adopta le Comte Othe-Guillaume, fils de S. Etienne Gerberge, la feconde femme, & du Marquis d'Yvrée; mais An 1005. cette adoption n'eut point licu, Robert, Roi de France, neveu d'Henri, s'étant faifi de la Bourgogne, comme plus proche héritier. Henri avoit eu dans fa jeuneffe un fils naturel, nommé Eudes, qu'il prit un foin particulier d'élever, & à qui il infpira fes fentimens pour la Religion & fes Miniftres : lorfqu'il fut en âge de penfer à un établissement, Henri lui donna la Vicomté de Beaune qui étoit alors comme la Capitale du Duché, & lui fit époufer Ingole, riche héritiere, dont il eut deux fils, Æquion, furnommé Azelin, & Jean. L'Eglise Saint-Etienne étoit alors enfevclie fous fes ruines, on ignoroit même le temps

1

An 1005.

& les circonftances de fa destruction: Eudes & Ingole la rebâtirent du confentement de Valtere, Evêque d'Autun, & y fonderent un Monaftere de Bénédictins. Comme l'Eglife étoit située dans le Fauxbourg & fur un terrein donné en Fief au Comte Othe-Guillaume, ce Seigneur, à la priere du Vicomte, voulut bien remettre cette place au Roi, qui la donna lui-même en 1005 pour y bâtir le Prieuré Saint-Etienne, à condition néanmoins que les fonds donnés pour la dotation du Prieuré, ne pourroient être à l'avenir féparés de la terre où l'Eglife étoit bâtie il réserva auffi le terrein néceffaire pour les fépultures dans l'ancien cimetiere qui fervoit dès l'établiffement de la Religion Chrétienne à Beaune.

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Ce cimetiere & l'enclos du Prieuré occupoient tout l'espace qui eft entre les rues des Tonneliers & des Buiffons, les mur & foffé de l'ancien Château & la riviere le Roi approuva aussi la donation faite au Prieuré de la Terre d'Ampilly-le-Sec en Duesmois; d'un domaine à Uffelles dans le Châlonnois; d'un autre à Mypont près Puligny, & d'une piece de vigne à Pommard. La Terre d'Ampilly fut échangée quelques années après avec l'Abbaye de Flavigny, & les deux domaines aliénés. Le Prieuré jouifloit un fiecle après de la Terre de Corcelles-lèsArts, qui fut encore vendue.

Durant le fchifme d'Avignon, ce Bénéfice fut donné à des Cardinaux qui acheverent de le ruiner; enforte que, vers le milicu du quinzieme fiecle, il n'y avoit plus dans ce Monaftere que trois Religieux qui n'avoient pas de quoi vivre. La plupart des Prieurs ne réfidant plus, le Bénéfice paffa en commende; & Léonard Bataille, qui en étoit pourvu, s'en démit en faveur des Carmélites, du confentement de l'Abbé & des Religieux de Saint-Benigne en 1620. L'union fut approuvée l'année sui

vante

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