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LIBRAIRIE DE GUILLAUMIN ET Cie, EDITEURS
RUE DE RICHELIEU, 14

LE MANS, MONNOYER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE

1857
UNIVE

IBLIOT

PROLEGOMÈNES

Dans le Système social, nous avons étudié la société comme un être collectif; nous avons recherché les moyens favorables aux développements qu'elle peut offrir, aux garanties contre les altérations qui la menacent: nous en avons fait l'hygiène; dans le Système pénitentiaire, nous devons examiner ses maladies, leurs procédés curatifs : nous devons en exposer la thérapeutique.

Cette partie de notre œuvre n'est pas assurément la plus facile, mais elle en présente, au sens des meilleurs esprits, la plus intéressante et la plus utile.

« C'est une étude aussi curieuse qu'instructive, dit M. Berenger, que celle de l'homme qui, après avoir violé les lois de la société, se trouve en présence de l'expiation qu'il a encourue. »

En créant l'homme, Dieu, dans sa bonté généreuse, lui donne un cœur pour sentir; un esprit, pour comprendre et juger; une conscience, pour apprécier la moralité de ses actes; une volonté, pour faire ou s'abstenir; et, dans sa justice raisonnée, lui laisse un libre arbitre qui seul pouvait le soustraire à l'automatisme, en l'exposant au châtiment, sans doute, mais aussi, par une compensation bien précieuse, en lui donnant des droits incontestables au mérite, à la rémunération.

Comment, avec d'aussi belles qualités, d'aussi nobles prérogatives, l'homme a-t-il pu descendre aussi fatalement les degrés de la perversité, du crime; tout à la fois en méconnaissant les bienfaits de la sagesse divine, en s'exposant aux rigueurs de la justice humaine? Dans le Système social, nous avons fait un examen consciencieux de ce problème si grave, si plein d'enseignement; dans le Système

pénitentiaire, un autre problème encore plus important et plus sérieux va naturellement se présenter à notre étude, en réclamant une profonde et complète solution: Par quels moyens la société blessée dans ses droits, menacée dans son existence, pourra-telle I. INTIMIDER LE CRIME; II. PUNIR LE COUPABLE; III. RÉHABILITER L'HOMME DÉCHU; IV. PRÉVENIR LA RÉCIDIVE DES MÉFAITS? Ces indications fondamentales résument, en effet, le but et les motifs d'un système pénitentiaire bien compris.

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Ainsi, nous allons actuellement considérer l'homme victime de ses instincts, de ses passions, de ses erreurs; des mauvais enseignements qu'il a reçus; des funestes exemples qu'il a recherchés ou qui sont venus, avec tant de calamités pour lui, se dresser impitoyablement sur son passage; des pernicieux conseils dont il n'a pas eu l'intelligence, la raison, la sagesse ou le courage de se défendre ; nous allons voir ce malheureux faisant le premier pas dans la fatale carrière des contraventions, des délits et des crimes; parcourant, avec une effrayante responsabilité, les voies si justes, mais progressivement si terribles, de la répression légale !...

Punition exemplaire, punition très-énergique, sans doute, pour le forfait médité, pour la perversité réfléchie; mais en même temps. pitié, commisération pour le méfait inconsidéré, pour l'inexpérience et le fatal entraînement!...

Dans une question aussi complexe, aussi grave, sur la solution de laquelle reposent tant d'intérêts généraux et particuliers, il faut donc s'affranchir de toute illusion systématique, de toute préoccupation absolue: il faut voir non-seulement des criminels à punir, mais encore des hommes déchus à moraliser; des malheureux égarés à ramener dans le sentier du bien, de la raison, de la vertu, par l'espoir de les rendre un jour à la société, avec tant d'avantages pour eux et sans aucun danger pour elle !...

Anciennement, dans les grandes institutions, on se préoccupait beaucoup plus de l'application que de la théorie; aujourd'hui l'empire de la théorie domine et jette bien souvent l'inexpérience dans les décevantes illusions des utopies. En France, particulièrement, on les accepte avec enthousiasme, on les abandonne par lassitude,

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