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miné, & s'eft attaché à ne laiffer que des principes certains & généralement reconnus: ce qui l'a obligé de refondre en quelque forte la Préface, pour y fubftituer ces principes à ceux que l'on y avoit légèrement avancés, & pour en établir de nouveaux qui avoient échappé tant à l'Auteur de la premiere édition qu'à ceux qui ont travaillé aux fuivantes. Il ne s'eft pas contenté de corriger la plupart des remarques qui font répandues dans le corps du DiÊtionnaire, il en a ajouté fur tous les mots dont l'Orthographe lui a paru avoir befoin d'être éclaircie ou justifiée. Il a défigné tous les noms & les verbes par leurs véritables caracteres. Il ne s'eft point affujetti à l'Orthographe du premier Auteur, & il n'a pas balancé de la rectifier toutes les fois qu'il l'a trouvée contraire à l'ufage & aux bonnes regles. Peu frappé de l'Orthographe des Auteurs particuliers, il s'eft fait une loi de fe conformer à celle de l'Académie à laquelle tout efprit raisonnable doit déférer avec d'autant plus de confiance que cette Savante & Illuffre Compagnie étant uniquement occupée par état de la perfe

Яtion & de la pureté de la Langue Françoife, on ne doit pas douter que fes décifions & les regles qu'elle adopte ne foient fondées fur l'ufage autant que fur

la raison.

Au moyen de toutes ces attentions le Public pourra être affuré de trouver dans cet Ouvrage l'Orthographe la plus réguliere, & celle qui eft fondée fur les autorités les plus refpectables & les plus capables de fixer les doutes. La Grammaire de M.Reftaut n'a pour objet que de réduire le langage à des principes certains & à des regles confacrées par l'ufage. L'Orthographe n'a pu y entrer que relativement à ces principes & à ces regles. Mais combien y a-t-il de mots qui n'y font pas affujettis, & qui en font des exceptions? Ce n'étoit donc pas affez d'avoir appris à parler correctement, & à écrire avec exactitude les mots qui peuvent se ranger fous des regles générales ; il falloit encore être en état d'écrire fans erreur le grand nombre de ceux à qui le caprice de l'ufage ou la trace de l'étymologie a fait fecouer le joug de ces regles.

Il étoit donc néceffaire d'entrer dans le

détail de tous les mots de la Langue pour en fixer la véritable Orthographe, & de les renfermer dans un Livre qui ne fût pas d'un trop gros volume, afin qu'il pût être entre les mains de toutes fortes de perfonnes, & par conféquent d'une utilité plus générale. C'eft ce qui a fait naître l'idée de ce petit Dictionnaire que l'on pourra se procurer à peu de frais, & qui fera comme une fuite de la Grammaire de M. Reftaut: enforte que par le feul fecours de l'un & de l'autre, & fans avoir befoin d'autre livre, on fera sûr d'acquérir une connoiffance exacte de tout ce qui eft néceffaire pour parler & écrire correctement. Ce font deux Ouvrages qui ont un rapport fi parfait entre eux, que l'un laiffe néceffairement à defirer ce que l'on trouve dans l'autre. Ce ne fera donc qu'en les faisant marcher ensemble que l'on pourra en tirer tout le fruit qu'ils doivent produire.

Comme il n'y a prefque perfonne qui n'aime les Ouvrages de Poéfie, & que l'on ne peut guere les lire avec goût fans savoir en quoi confifte l'harmonie dont on eft flatté dans les vers on a cru faire plaifir

au Public de mettre à la fin de ce DiЄtionnaire le Traité de la Verfification Françoise de M. Reftaut.

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PREFACE.

UOIQUE la Langue Françoife n'ait prefque pas varié depuis cinquante ans, & que les Auteurs du fiecle où nous fommes fe faffent honneur d'imiter ceux qui ont excellé fur la fin du dernier; cependant l'Orthographe a reçu tant de différents changements, qu'à peine trouve-t-on deux Livres où elle foit femblable, s'ils n'ont été corrigés par un feul & même Correcteur. Tout le monde reconnoît ce défaut, & perfonne n'y a encore apporté le véritable remede, quoique plufieurs favants Écrivains en aient donné des Traités. Mais, parce qu'ils fe font plus attachés à leur propre goût qu'à celui du Public, que l'on appelle usage, & à la raison, ils ont eu le défagrément de voir leurs travaux inutiles, & que ceux qui ont écrit depuis l'édition de leurs Livres, loin de les imiter, croient être en droit de jouir du même privilege, c'est-à-dire, de fuivre comme eux leur fentiment particulier.

Ce n'eft pas ce que je me propofe dans cet Ouvrage : fuivrai les regles générales autant qu'il me fera poffible;

A

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