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grand nombre de pièces inédites, dont plusieurs sont très-importantes; 2° à éclaircir les endroits difficiles par des notes, et quelquefois même par des dissertations, lorsque la matière le demande; 3o à collationner sur les originaux et sur les copies très-authentiques ceux des ouvrages où il auroit pu se glisser des fautes; par exemple, les Controverses de saint François de Sales, qui, dans l'édition de 1821, renferment une foule de contresens, lesquels seront corrigés d'après la copie insérée dans le procès de la canonisation du saint; 4° à former une table très-ample des matières, dont il est aisé de sentir l'utilité, et qui manque totalement dans l'édition de 1821. Il est probable que cette édition des OEuvres sera d'environ 42 vol. in-8°, ce qui formera, avec les Vies, environ 50 vol. in-8°. Cette édition des OEuvres étant destinée pour les personnes un peu instruites, on y conservera l'ancien style; mais, comme il est important de mettre l'excellente doctrine de saint François de Sales à la portée de toutes sortes de lecteurs, on fera une seconde édition en style moderne, où l'on ne renfermera que ce qu'il y a de plus instructif dans ses OEuvres, et dont le prix sera très-modéré, afin que l'acquisition en puisse être très-facile. On donnera aussi, par rapport aux Vies de saint François de Sales et de sainte Chantal, des abrégés où l'on réunira les traits les plus édifians de leur vie, et l'on aura soin que ces Vies abrégées soient à un prix très-modique. Tel est le plan sur lequel travaille depuis deux ans l'ecclésiastique dont nous avons parlé, et qui a renoncé à toute autre occupation pour se livrer sans relâche à celle-ci. Son travail, quoique déjà fort avancé, n'est point encore à sa fin. Il prie instamment toutes les personnes qui auroient connoissance de quelque pièce propre à entrer dans cet ouvrage, et surtout de quelqu'une des lettres inédites de saint François de Sales, d'en donner avis à M. Antoine, aumônier des religieuses de la Visitation d'Anneci.

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Les curés ne sauroient être trop en garde contre les piéges qu'on leur tend. Tout récemment, un patriote de la Loire-Inférieure, qui alloit déposer contre les Vendéens aux assises de Blois, eut la fantaisie, chemin faisant, de s'arrêter chez un caré qui se trouvoit sur sa route et qu'il ne connoissoit nullement. Il entre d'un air fort poli et dit qu'il vient prier M. le curé de lui rendre un petit service. Il ne sait point écrire et il voudroit néanmoins donner de ses nouvelles à sa femme. Le curé s'offre en effet à lui faire une lettre, qui ne peut être que fort simple et fort courte. Mais le perfide voyageur voudroit mêler à sa lettre quelques mots de politique sur la triste commission qu'il a à remplir. Le curé lui fait observer qu'il ne peut se mêler de cela, et qu'il faut se borner à parler de sa santé et à rassurer sa femme sur son compte. Alors l'espion se retourne d'un autre côté; il prend un air confit et voudroit consulter M. le curé pour une affaire de conscience. Il sait

sur le Vendéen Sortant des choses qui peuvent le faire condamner à mort; doit-il les dire ou non? Je n'ai point de conseil à vous donner là-dessus, répond le sage curé; vous savez mieux que moi ce que vous avez vu ou entendu on vous demandera le serment ordinaire aux témoins, c'est sur ce serment que doit être réglée votre déposition. Le curé ne voulut pas entrer plus avant dans la discussion, et éconduisit l'astucieux agent, qui dut regretter vivement d'avoir si mal réussi dans sa tentative, et de n'avoir pas eu le bonheur de compromettre un bon ecclésiastique qui consentoit à lui rendre un service par pure obligeance. L'aimable passe-temps de ce brave patriote ! Nous pourrions très-bien désigner ici ce personnage, nous pourrions nommer le curé qu'il vouloit perdre; mais nous ne voulons ni affliger le sage pasteur, ni nuire à l'honnête espion. Il est évident que cette mésaventure le perdroit de réputation auprès de la police. On diroit que c'est un maladroit qui ne sait pas son métier.

- Le ministère public s'obstine à poursuivre ce professeur du petit séminaire d'Embrun qui avoit donné un thème à ses élèves sur ce sujet : Louis-Philippe doit-il abdiquer en faveur de Henri V? La chambre du conseil du tribunal d'Embrun avoit jugé qu'il n'y avoit pas lieu de poursuivre, une classe n'étant pas un lieu public. La chambre d'accusation de la cour royale de Greneble avoit confirmé ce jugement. Le procureur général près cette cour s'étant pourvu en cassation, l'affaire a été portée le 9 à l'audience de cette cour, et là, le jugement a été cassé sur le rapport de M. Gilbert des Voisins et sur les conclusions conformes de M. Parant, avocat-général. La cour a pensé qu'une classe étoit un lieu public, et que les faits imputés au professeur constituoient le délit prévu par la loi du 26 mai 1819, et par celle du 29 novembre 1830. Le Journal des Débats, qui rend compte de cet arrêt, nomme le professeur inculpé, M. Joubert, et ajoute que celui-ci, craignant qu'on ne trouvât l'allusion trop directe, avoit substitué à son thème le titre d'exhortation à Sylla pour faire cesser les proscriptions et abdiquer la dictature. Mais, si tel étoit le titre du thème, pourquoi y voir ce qui n'y étoit pas? La remarque des Débats, si elle est fondée, seroit la justification du professeur. Voy. les nos 1983 et 2005.

La mort de M. l'abbé Martial, à la Nouvelle-Orléans, a excité de justes regrets à Bordeaux, où il a vécu long-temps, et où il a rendu des services qui ne seront point oubliés. Il a paru sur lui une petite notice dans le Journal de la Guyenne; elle est de M. Rey, maître de pension, qui a été pendant six ans le collabo rateur de M. Martial. Ce digne ecclésiastique, dit-il, étoit né à Bordeaux, en 1770, de parens peu aisés. Il sortit de France à l'époque de la révolution, quoiqu'il ne fût pas encore engagé dans les ordres sacrés. Il achieva ses études théologiques à Rome, et

ayant été ordonné prêtre en 1794, il entra comme précepteur dans une famille honorable de l'Etat de l'Eglise, à Forli. Depuis, il visita l'Italie avec son élève, et la visita avec fruit. La paix rendue à l'Eglise lui permit de rentrer en France vers l'époque du concordat. Son goût se portoit vers l'enseignement de société avec deux autres ecclésiastiques de mérite, MM. Giraudeau et Larrouy; il établit à Bordeaux un pensionnat qui acquit en peu de temps de la vogue et qui la méritoit. Cet établissement étoit rue Permentade, et des magistrats dont Bordeaux s'honore, des médecins distingués, des avocats, des négocians, furent formés dans cette école. Ils avoient conservé un tendre souvenir de leur ancien maître, et M. Rey s'est rendu l'interprète de leurs regrets. L'Abeille, journal de la Nouvelle-Orléans, a aussi payé, le 2 août, un tribut d'hommage à la mémoire de l'abbé Martial. Nous avons vu une lettre de ce pays, qui parloit de cette perte dans les termes les plus touchans. Ce que nous venons de dire complétera la courte notice que nous avions donnée no 2013, sur un ecclésiastique qui joignoit aux vertus propres de son état l'esprit, la finesse, la bonté et les qualités les plus attachantes.

M. Rey, évêque d'Annecy, dout nous avons fait connoître il y a quelque temps la lettre pastorale, a fait son entrée à Annecy le 2 octobre. Le prélat a été reçu avec de grands honneurs. Un nombreux cortège de voitures étoit allé au-devant de lui. A une demi-lieue de la ville, M. Burdalet, avocat-fiscal, le complimenta au nom du conseil. Le son de toutes les cloches et le bruit des boîtes avertirent la population de l'arrivée de son premier pasteur. Il descendit de voiture vis-à-vis l'église du premier monastère de la Visitation et se prosterna au pied de la châsse de saint François de Sales pour se mettre, lui et son troupeau, sous la protection de son saint prédécesseur. Le prélat fut de nouveau complimenté au nom de la ville par le syndic, M. Buttin. Rentré dans l'église, il y célébra la messe devant les reliques du saint évêque. A quatre heures de l'après-midi, les divers corps de la ville se réunirent dans l'église de la Visitation. Le prélat s'étoit revêtu de ses ornemens pontificaux, et la procession commença à défiler vers la cathédrale. Le dais étoit porté par les syndic et conseillers de la ville, et suivi des fonctionnaires et de plusieurs personnes de distinction, parmi lesquelles étoit M. l'ambassadeur de Sales. Cent cinquante ecclésiastiques précédoient leur évêque. Les rues étoient ornées de guirlandes et de couronnes, et la foule se pressoit pour voir son pasteur et recevoir sa bénédiction. A l'entrée de la cathédrale, le prélat fut complimenté par M. le chanoine de Rolland, prévôt du chapitre, et la cérémonie fut terminée par le Te Deum et par la bénédiction du saint Sacrement. M. Rey se rendit ensuite à son palais, où il adressa à son clergé et aux chefs militaires une brillante improvisation. Dans la soirée, il se promena dans la ville

pour être témoin des illuminations. Sa présence excita de grands transports de joie. Il se transporta au grand séminaire, où il fut complimenté par un des élèves. Son intention étoit de rester au grand séminaire jusqu'à la fin de la retraite ecclésiastique.

Une cérémonie touchante par son objet a eu lieu au mois d'octobre à Vigevano, ville du Milanais, mais appartenant au roi de Sardaigne. Les pauvres, recueillis dans le nouvel hospice érigé par les soins de la congrégation provinciale de charité, ont été conduits processionnellement à l'église pour rendre grâces à Dieu de ce bienfait. M. l'évêque y assistoit; le prélat a assigné 2000 fr. de rente annuelle sur son revenu pour soutenir cette œuvre. Son exemple a eu des imitateurs, et, parmi les souscriptions, il y en a une de 10,000, une de 6,000, une de 4,000, etc.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On dit que celui qui a trahi madame la duchesse de Berri est un nommé Deutz, issu d'une famille juive, et qui avoit été baptisé à Rome en 1828. Simon Deutz est fils du grand rabbin du consistoire central des Israélites de France. Après avoir fait des progrès dans la théologie rabbinique, il en vint à nier la révélation et abandonna le judaïsme. En même temps sa haine pour la religion chrétienne le rendoit un des plus ardens persécuteurs des Juifs convertis, et particulièrement de son beau-frère. Cependant il chercha ensuite à se rapprocher de celui-ci. (1), et, après une étude vraie ou feinte de la religion chrétienne, il demanda le baptême, qui lui fut conféré le 3 février 1828. On publia dans le temps une relation de sa conversion, et nous en avons rendu compte. Nous en parlâmes alors dans des termes honorables; mais qui pouvoit prévoir alors l'odieuse trahison de ce misérable? Deutz avoit reçu au baptême le nom d'Hyacinthe; quelques journaux y ajoutent aujourd'hui celui de Gonzague, qui étoit peut-être nn nom de guerre. Depuis son baptême, Deutz avoit beaucoup voyagé; il étoit retourné aux EtatsUnis. Comment avoit-il trouvé moyen de s'introduire auprès de la princesse ? c'est ce que nous ignorons. Mais il paroît qu'il fut admis près d'elle à Massa, et qu'il remplit diverses missions pour elle en Allemagne, en Italie, en Portugal. Arrivé à Paris, Salan entra sans doute dans son cœur. On lui proposa ou il offrit luimême de livrer madame la duchesse de Berri. Que voulez-vous me donner, et je vous la livrerai! Le prix fut débattu, et enfin on convint, dit-on, de 500,000 fr. Il y en a qui trouvent que c'est fort cher, surtout dans un gouvernement à bon marché. Judas n'avoit pas mis sa trahison à si haut prix. Deutz est donc allé à Nantes, a demandé à voir la princesse, en a été reçu avec bonté le 7 novembre, et, au sortir de l'audience, est allé avertir la police que Madame alloit se mettre à table. Où ira-t-il se cacher avec le prix de sa trahison? Le touchera-t-il

(1) Un journal annonce que le traître est M. Drach lui-même, et une lettre que nous recevons de Nantes le nomme aussi. N'auroit-on pas confondu Drach avec son beau-frère?

même ? Les chambres sanctionneront-elles ce honteux marché? Nous apprendrons peut-être quelque jour, que, dans un accès de désespoir, l'infâme aura fini comme Judas, et abiens laqueo se suspendit.

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Nous craignons qu'on ne se soit trop hâté d'annoncer que madame la duchesse de Berri ne seroit l'objet d'aucun outrage, et que tous les journaux seroient unanimes pour respecter une infortune si haute et si noblement soutenue. En voilà un du moins qui ne veut pas qu'on le croie capable de déroger ainsi à l'esprit de la glorieuse révolution. Il appelle l'auguste prisonnière : La Berri, l'aventurière, la coureuse de grands chemins. Après tout ce que la branche cadette a toléré de grossièretés et d'infamies contre la branche aînée, il est naturel que ce journal s'imagine être dans son droit, et que les procureurs du roi de Louis-Philippe n'aient rien à lui dire. Mais si pareille chose étoit arrivée sous la restauration, à l'égard de quelque membre de la famille d'Orléans, nous doutons que les procureurs du roi de Charles X fussent restés aussi insensibles à une telle dégradation des mœurs publiques et de notre caractère national.

Il faut que l'arrestation de madame la duchesse de Berri soit une action bien belle et bien méritoire aux yeux des patriotes de juillet! car elle suffit pour leur faire oublier tous les griefs, tous les antécédens malheureux, dont une réputation politique pouvoit se trouver chargée auprès d'eux. Lorsque M. Maurice Duval s'est présenté dernièrement à Nantes en qualité de préfet, les souvenirs qu'il avoit laissés à Grenoble se soulevèrent contre lui jusqu'en Bretagne ; son apparition excita une rumeur générale, et on vit le moment où il ne pourroit être installé dans sa nouvelle préfecture, au milieu de l'effroyable tumulte et de l'explosion d'antipathies que son arrivée produisoit dans la ville. Mais voilà que les journaux du pays nous annoncent que l'orage s'est apaisé tout à coup, et que la rancune des patriotes de Nantes n'a pu ́résister au beau succès que M. Maurice Duval vient d'obtenir par l'arrestation de madame la duchesse de Berri. Ils ne savent comment expier le tort qu'ils ont eu de méconnoître un si grand mérite, et de n'avoir pas mieux jugé, disent-ils, un administrateur aussi distingué. Ah! s'ils avoient su plus tôt de quoi il étoit capable !... Mais enfin il n'y paroît plus; toutes les préventions sont tombées; on se repent d'avoir été aussi injuste à son égard il a ramené à lui tous les esprits et tous les cœurs par ses savantes manœuvres de police contre la mère du duc de Bordeaux. Tant il est vrai qu'il y a toujours de la ressource avec les patriotes, parce qu'ils se connoissent en belles actions, et qu'il n'en faut qu'une avec eux, comme vous voyez, pour se racheter de bien des choses!

M. Hello, procureur-général à la cour royale de Rennes, est arrivé à à Nantes, pour procéder à l'interrogatoire de madame la duchesse de Berri. Il n'avoit pas alors connoissance de l'ordonnance du 8 novembre, qui renvoie aux chambres le soin de statuer sur la suite à donner à l'arrestation.

On ne sait point encore si le bâtiment qui doit conduire madame la duchesse de Berri de Saint-Nazaire à Blaye a pu mettre à la voile. Les vents sout restés contraires, et il n'y avoit pas de bateau à vapeur en état.

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