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eut permis de vivre à Paris libre et indépendant, sans s'astreindre aux obligations quotidiennes du ministère paroissial. Mais son activité ne lui permettoit pas de rester oisif. Il s'attacha au clergé de Saint-Sulpice, puis à celui de Saint-Thomas d'Aquin, et y remplissoit les fonctions de prêtre administrateur. De plus, il avoit consacré une partie de sa fortune à établir une maison de filles repenties. On trompa peut-être souvent sa bonne foi, mais sa charité ne s'en refroidit nullement. Il ne savoit pas refuser un pauvre, et tous les malheureux avoient droit de l'intéresser. Un abus de confiance d'une personne qu'il avoit mise à la tête de son établissement de repentir le compromit, et il fut obligé de sacrifier la meilleure partie de sa fortune. Il supporta cette perte avec courage et même avec gaîté, et n'en continua pas moins l'exercice de ses bonnes œuvres. 11 fut assez long-temps aumônier des pages, et, jusqu'à la fin, il l'a été de St-Lazare. Il alloit trois fois la semaine dans cette prison, y donnoit des instructions et tâchoit de ramener à Dieu et à la vertu les femmes qui l'habitoient. Il dirigeoit un assez grand nombre de personnes de toutes les classes, et ne se refusoit rien de ce qui étoit de son ministère. Dur à lui-même et d'une forte constitution, les soins de sa santé ne l'avoient jamais occupé. Son mobilier étoit d'une simplicité extrême et annonçoit presque la pauvreté. Cependant sa position lui eût permis, autrefois surtout, de se procurer les aises de la vie. Jusque dans un âge avancé, il passoit les journées entières à visiter les pauvres et les malades. Un catarrhe, dont il fut attaqué il y a quelques mois, ne l'empêcha point de continuer ce genre de vie. Il ne put se décider à interrompre ses visites à Saint-Lazare, et il y alla encore, malgré toutes les représentations, le dimanche qui précéda sa mort; mais on eut peine à le ramener chez lui. Il se décida enfin à faire quelques remèdes, mais il étoit trop tard. Le catharre l'étouffa dans son fauteuil le mercredi 24 au matin. La nuit précédente il avoit reçu les sacremens. Ses obsèques ont eu lieu le lendemain à Saint-Thomasd'Aquin, M. le curé ayant souhaité qu'on le portât à cette église, quoiqu'il demeurât sur la paroisse de St-Sulpice. C'est M. le curé de Saint-Thomas qui a officié au service, auquel assistoient plusieurs amis du défunt, qui n'oubliront jamais et son excellent cœur, et son esprit aimable, et son attachement à tous les devoirs de son état, et son zèle pour toute espèce de bonnes œuvres.

— M. le docteur England, évêque de Charleston, aux EtatsUnis, est arrivé récemment en Europe pour les intérêts de sa mission. Ce prélat, qui occupe le siége de Charleston depuis 1820, est né en Irlande, et dirigeoit auparavant la paroisse de Bandon, dans le diocèse de Cork. Il a débarqué en Irlande, et est venu de là sur le continent. Après avoir passé quelques jours à Paris, il a continué sa route, et compte aller successivement à Vienne et à Rome. M. England jouit aux Etats-Unis d'une grande réputation

comme orateur; il prêche avec beaucoup de talent, et est presque toujours occupé à visiter les différentes parties de son vaste diocèse. D'abord il étoit presque le seul missionnaire; aujourd'hui il en a onze sous ses ordres, mais dispersés sur un immense territoire. II a déjà beaucoup fait dans son diocèse, mais il lui reste encore beaucoup à faire. Malheureusement son zèle et son activité ne suffisent pas seuls pour tout le bien qu'il médite. Les catholiques ne sont ni nombreux ni riches dans son diocèse, et les fonds manquent pour soutenir le séminaire, pour bâtir des églises, pour former des écoles. Sans cela la situation de l'Eglise catholique en ce pays sera toujours nécessairement précaire. Nous ne doutons point que M. l'évêque de Charleston n'excite un vif intérêt parmi les personnes animées de zèle pour la religion. Il connoît parfaitement son diocèse, et il est très-intéressant à entendre non-seulement sur ce qui regarde cette partie des Etats-Unis, mais sur les autres Etats; nonseulement sur la situation de la religion dans ces contrées, mais sur la politique, sur les diverses constitutions des Etats, sur les progrès prodigieux de la population, sur le commerce, les mœurs et la civilisation. Le prélat est fort considéré des protestans, et il arrive assez souvent qu'ils le prient, soit dans son diocèse, soit ailleurs, de leur donner des discours. Ainsi, il y a six ans, passant par Washington, la ville fédérale, on le pria de prêcher dans la salle de la chambre des représentans du congrès. Il prononça en effet un discours le dimanche 8 janvier 1826, et plusieurs membres du congrès lui en ayant demandé l'impression, le prélat recueillit ses souvenirs, et publia la substance de son discours, où il s'efforçoit de dissiper les fausses idées qu'on se fait souvent de l'Eglise catholique parmi les protestans. Il parcourut différens points, d'abord la révélation générale et ses preuves, puis l'autorité de l'Eglice, et les dogmes et les pratiques qui sont propres à l'Eglise romaine. Tout cela fut développé avec beaucoup de savoir, de méthode et de logique. Un autre discours, d'un autre genre, est celui que le docteur England prononça, le 9 mai de la présente année, devant la société littéraire et philosophique de Charleston. Le sujet étoit l'éducation classique, considérée sous le rapport de la littérature et sous celui de la philosophie. L'habile prélat montre dans cette production un rare talent d'observation et des connoissances trèsvariées. Enfin, il a publié, en Irlande, une notice sur l'état de son diocèse. Cette notice, très-bien faite, mérite que nous en parlions avec étendue, et nous nous proposons d'en donner un extrait. Elle a pour titre en anglais : A brief account of the introduction of the catholic religion into the diocess of Charleston, in-12 de 48 pag. L'auteur remonte à l'origine des colonies américaines des Carolines et de la Géorgie, et expose avec beaucoup de sagacité l'esprit qui a présidé à ces établissemens, et les obstacles que la religion catholique devoit y rencontrer. On ne sauroit puiser à une source

plus sûre pour avoir des notions sûres et précises sur l'état de la religion dans cette portion des Etats-Unis.

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Le Concordat fait en 1827 entre le saint Siége et le roi Guillaume, annonçoit l'érection d'un évêché à Bruges. Toutefois cette érection n'avoit pas été consommée. Aujourd'hui, les journaux de la Belgique annoncent qu'un évêque est nommé à ce siége, non pas précisément comme titulaire, mais comme coadjuteur de M. l'évêque de Gand pour la Flandre occidentale. On dit que M. l'archevêque de Malines est chargé par le Pape de faire les informations canoniques sur M. Boussen, chanoine de Gand et secrétaire de l'évêché. M. François-René Boussen, né à Furnes, le 2 octobre 1774, fut en 1806 secrétaire de M. Fallot de Beaumont, alors évêque de Gand. Sa conduite pendant les premiers troubles du diocèse sous Buonaparte fut honorable. M. de Broglie, à son retour à Gand en 1814, le fit chanoine honoraire et secrétaire de l'évêché. M. Boussen partagea les persécutions dirigées par le ministère de Guillaume contre ce prélat et ses grands-vicatres. Il fut emprisonné avec ceux-ci. En 1829, M. Van de Velde, évêque actuel de Gand, le nomma chanoine en titre et official du diocèse. Nous saurons plus tard par quelle raison on ne rétablit pas tout-à-fait l'évêché de Bruges. Seroit-ce pour ne pas faire les frais de l'érection du chapitre?

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Plus nous avançons dans la révolution de 1830, plus on y découvre de traits de ressemblance avec la révolution de 93. Partout où elle rencontre un ennemi, ou seulement un suspect, elle entre en fureur, et l'on a toutes les peines du monde à le lui arracher des mains ; c'est ce qu'on remarque à chaque transfèrement de prisonniers politiques que l'on conduit d'une ville dans une autre. Malgré tous les efforts qu'on est obligé de faire pour les lui cacher, elle se trouve toujours assez en force sur leur passage pour les menacer de ses rugissemens, pour attaquer leurs escortes en proférant les cris sauvages: A la rivière ! à l'abattoir! Est-ce que vous ne reconnoissez pas là les mœurs du mois de septembre 92,. et le caractère des patriotes de cette époque ? Et comment, d'après cela, se reposer sur la parole de ceux de 1830, qui prétendent avoir appris à faire des révolutions pures? Ce n'est pas tout; voilà que les journaux ministériels euxmêmes, dont les maîtres ont tant d'intérêt à endormir le tigre, sont les premiers à vouloir qu'on le réveille, et qu'on le lâche sur les carlistes. Vous vous plaignez, disent-ils, du régime des garnisaires de la Vendée ? Eh bien! on vous donuera autre chose, et vous verrez ce qu'il y aura pour vous à gagner au change; car, à quelque prix que ce soit, il faut en finir par la vigueur des mesures exceptionnelles, et sortir de la légalité..... La révolution de 93 et le proconsul Carrier ne disoient pas autre chose, s'il nous en souvient. C'étoit également pour en finir qu'ils mettoient les départemens de l'Ouest hors la loi, et qu'ils lâchoient

leur tigre. Bonaparte, qui n'étoit pas plus tendre qu'un autre, mais dont la politique étoit plus savante que celle d'aujourd'hui, se contentoit de dire : Pacifiez. Les doux serviteurs du régime actuel sont plus tranchans; ils disent: Courez sus et mettez à mort. Ainsi l'on ne retrouve décidément dans la révolution de 1830 que des plagiaires de l'ancienne terreur.

Vous allez voir combien nous devenons difficiles de jour en jour dans le choix de nos hommes de confiance. En arrivant au ministère, la première pensée de M. Guizot a été de rétablir, dans l'Institut, l'ancienne classe des sciences morales et politiques, qu'on avoit supprimée comme cinquième roue. D'abord, il a ramassé pour la nouvelle organisation tous les vieux débris qu'il a pu retrouver de l'ancienne, tels que MM. l'abbé Syeyes, Merlin, Roederer, Garat, Talleyrand, Lacuée, Destutt de Tracy; à quoi il a depuis ajouté on fait ajouter : MM. Cousin, Alexandre Delaborde, Dupin et Naudet. Au premier abord, il semble que cela ne doive pas inspirer d'inquiétude pour la sûreté des principes et le sort de la raison publique. Eh bien, pourtant, voilà que nos hommes de progrès s'alarment à ce sujet, et craignent que ce ne soit là un choix capable de retarder la marche du siècle, de mettre des bâtons dans la roue! Ils voient là une espèce de tentative qui ne nous menace de rien moins que du rétablissement de la Sorbonne, et qui doit avoir les suites les plus fâcheuses pour le règne de perfectibilité où nous étions entrés; de sorte que les Syeyes, les Merlin, les Roederer, les Cousin, les Garat et les Talleyrand ne sont déjà plus, aux yeux de la révolution de juillet, que les modérés de la morale et de la raison publique. Le siècle des progrès les repousse, et veut mieux que cela. Il faut absolument qu'ils se retirent de la carrière, ou qu'ils s'arrangent pour avancer comme les autres.

En voyant la justice de Normandie poursuivre les journalistes qui ont ouvert des souscriptions en faveur des victimes de l'état de siége des départemens de l'Ouest, le Constitutionnel doit avoir bien des remords! Quand il se rappelle l'intérêt qu'il a pris, pendant la restauration, à tous les petits chagrins de ses amis, et toute la facilité qu'on lui a laissée de les adoucir par des souscriptions, il est impossible qu'il ne plaigne pas un peu ceux de ses confrères que le même sentiment de générosité ou de sympathie conduit aujourd'hui devant les cours d'assises. Il est d'autant plus obligé à prendre leur défense, que c'est lui qui a le plus contribué à donner cet exemple, devenu maintenant si funeste à ceux qui le suivent. Cependant il ne dit mot; il laisse la justice normande sévir contre ses imitateurs en souscriptions, sans se donner seulement la peine de lui rappeler combien la justice de la restauration a été douce et indulgente pour lui sur le même point. Peut-être se dispense-t-il de ce devoir par la raison que ce sont des carlistes qu'on cherche aujourd'hui à secourir, tandis qu'il n'a jamais eu à se reprocher d'en avoir voulu secourir aucun. A la bonne heure ; mais, tout ce qu'on lui demande, c'est de convenir que les carlistes de la restauration ne l'ont point empêché d'ouvrir des souscriptions en faveur des libéraux.

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Les libéraux ont jeté dernièrement les hauts cris en Belgique sur ce que les

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catholiques accaparoient toutes les places. L'Union leur a répondu en donnant une statistique des fonctionnaires. Ainsi, dans les nouvelles nominations à la cour de cassation, elle trouve un catholique, M. de Gerlache, et quatre libéraux, MM. Van-Meenen, de Sauvage, Plaisant et Defacqz. La place la plus lucrative, celle de directeur-général de la monnaie, est occupée par M. Ch. de Broukère, qu'on ne range point parmi les catholiques. Dans les ambassades, M. Ch. de Vilaiu XIV est le seul catholique; MM. de Van de Weyer, Lehon, Merck, de Loë, Kauffmann et Mary appartiennent à une autre opinion. Dans le ministère, il y avoit deux catholiques, MM. Raikem et de Theux; ils ne sont plus ministres. Les trois autres ministres, MM. Coghen, Goblet et Evain, étoient libéraux; les deux derniers sont encore au ministère. Dans les cinq secrétaires-généraux, il n'y a pas un catholique; il n'y en a pas non plus parmi les neuf administrateurs-généraux. Dans les provinces, la majorité des gouverneurs et des commissaires de district appartient à l'opinion libérale. Dans la maison civile et militaire du roi, il n'y a pas un catholique; il en est de même des grandes dignités militaires. Si c'est ainsi que les catholiques belges occupent les places, on est fondé à croire que ceux qui les accusent veulent que les places soient exclusivement pour eux-mêmes.

Une ordonnance du 15 septembre attribue au ministère de l'instruction une partie des sommes allouées par le budget pour les dépenses des ministères du commerce et des travaux publics. Cette somme s'élève à 417,000 fr.

Une ordonnance du 16 octobre place sous la juridiction de la cour des comptes la comptabilité de la compagnie des salines et mines de l'Est, tant en matières qu'en deniers.

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Une ordonnance vient d'autoriser la ville d'Orléans à établir un entrepôt réel de douanes dans les bâtimens de la propriété et de l'ancienne église de SaintEuverte..

M. Gresse est nommé directeur des contributions indirectes de l'arrondissement de Thiers.

M. L. Garneray, peintre de marine, est nommé conservateur du musée de Rouen.

Le nombre des candidats qui, cette année, ont concouru pour l'admission à l'Ecole polytechnique, a été de 486. Sur ce nombre, le jury d'examen en a reconnu admissibles 140, qui, par décision du 30 octobre, ont été nommés par le ministre de la guerre élèves de cette école.

Grâces à l'abondance de la récolte et à la baisse considérable du prix du blé, le prix du pain de quatre livres est encore diminué à Paris de deux sous. A partir du 1 er novembre, il ne sera payé que II sous et demi. Le pain n'avoit pas été a aussi bas prix depuis plus de 6 ans. Il y avoit été taxé depuis le 1 fevrier jusqu'au 15 août 1826.

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L'Académie des sciences, où de vifs débats avoient eu lieu le 22 octobre, à l'occasion de l'élection d'un candidat, et qui s'étoit séparée sans décision, a nommé le 29 à la place vacante. M. Broussais, candidat des patriotes, et qui étoit l'objet de la discussion, a définitivement échoué. Il n'a obtenu au premier tour

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