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victoire à nos ennemis, il est probable qu'aujourd'hui la vérité sortiroit de leur bouche; car la victoire, comme l'a très-bien remarqué un journal catholique qui s'est emparé de l'aveu du National, excite aux indiscrétions; et quand un complot a réussi, les conjurés s'arrachent volontiers les uns aux autres le masque dont ils se sont couverts. »

Si le jésuitisme existe donc encore en Belgique, si ce mot y relentit plus fort que jamais, c'est que nos comédiens n'ont pas réussi comme les comédiens français, c'est qu'au contraire ils ont perdu leur temps et leur peine. Ce n'est point parce qu'il y a quelques membres effectifs de la Compagnie de Jésus dans tel ou tel endroit du pays qu'on crie si fort au jésuitisme; on sait bien que la Société, proprement dite, n'offre pas de bien grands dangers; mais on croit avoir besoin de ce mot pour combattre l'esprit religieux en général, pour neutraliser ou diminuer l'influence du catholicisme. On s'entend à merveille sur la valeur du mot jésuitisme : il est synonyme de dévoûment à la religion. On dit Jésuite pour catholique. Il seroit dangereux de s'attaquer à la religion en l'appelant par son nom; on la saisit sous une dénomination qu'on est parvenu à rendre odieuse. On espère de la saper, de la ruiner, en ayant l'air de n'attaquer qu'une coterie méprisable: on connoît la puissance des mots, et c'est làdessus qu'on bâtit.

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. Le journal qui avoit annoncé que le traître qui a livré Madame la duchesse étoit M. Drach, s'est rétracté depuis. Nous avions bien pensé en effet que c'étoit une erreur, mais une lettre que nous avions reçue de Nantes et qui nommoit aussi M. Drach nous avoit fait hésiter à contredire formellement l'assertion. Nous sommes heureux de pouvoir dire aujourd'hui que M. Drach n'est pour rien dans cette horrible et honteuse affaire. M. Drach a toujours tenu une conduite parfaite depuis sa conversion, il a montré beaucoup de zèle pour éclairer ses coreligionnaires, il a publié quelques ouvrages sur la controverse avec les Juifs, et aujourd'hui il s'occupe encore à Rome où il est retiré de travaux du même genre. Il étoit, avant la révolution, bibliothécaire de M. le duc de Bordeaux. Il a été trompé par son beau-frère, dont la vie aventureuse ne dément pas trop le rôle détestable qu'il vient de jouer en ce moment. Nous sommes persuadé que M. Drach sera consterné de ce trait affreux, et qu'il gémira surtout, s'il a pu recommander son beau-frère à des personnes qui avoient quelque accès auprès de la princesse, d'avoir mis sans s'en douter ce misérable sur la voie d'un crime qui attache à son nom une éternelle infamie.

L'homme qui a livré madame la duchesse de Berri pour une somme d'argent est Juif de nation. La femme qui a préféré la prison à la fortune qu'on lui offroit pour indiquer la retraite de l'illustre proscrite est une pauvre domestique qui gagne peut-être 50 écus de gages; mais elle est Française, celle-là, et la province où elle est née s'appelle depuis long-temps le pays de la fidélité. Les journaux de Nantes annoncent que la somme déboursée pour le salaire de celui qui a vendu la

mère du duc de Bordeaux est plus forte qu'on ne l'avoit eru d'abord, et qu'elle approche d'un million. Cela pourroit bien être; il y avoit là d'autres mérites à récompenser, et les courtiers de trahison ne se seront pas oubliés. Mais il est probable que ce sont les grosses commissions qui auront fait monter si haut le prix du salaire principal, et qu'il ne sera resté au digne serviteur en chef que les 600,000 fr. alloués par M. Thiers, Quoi qu'il en soit, les contribuables apprendront sans doute avec plaisir que, si ces choses-là leur coûtent un peu cher, leur, argent du moins se dépense d'une manière glorieuse.

Nous avons à Paris deux ou trois journaux qui paroissent croire très-sérieusement que la direction de la politique leur appartient, et que, dans l'intervalle des sessions surtout, ils sont en pleine possession du pouvoir. Rien n'est plus plaisant que de les voir se partager l'empire, et faire le dénombrement de leurs forces respectives. Toi, tu gouvernes l'opinion républicaine; toi, tu représentes le 13 mars; toi, le compte rendu; toi, tu disposes de la légion Dupin; toi, de la légion Laffitte; moi, je commande les centres de gauche, l'extrême et le moyen; moi, je règne sur le programme; moi, je règne sur le juste-milieu. Pour achever de rendre la chose comique, il y a là d'autres journaux qui disent : « Oui, voilà bien le compte ; un tel règne effectivement de ce côté-ci, un tel de ce côté-là. Toutes les grandes questions et le sort de la France sont entre les mains du Constitutionnel et du Journal des Débats; la bataille en décidera. » Au surplus, la scène se passe entièrement, comme on voit, sur le théâtre de la révolution de juillet, et ne nous regarde en aucune façon. La dispute est entre les gens qui sont dans le budget et ceux qui sont à la porte : ces derniers veulent y entrer à leur tour et en chasser les autres. Il y a presse, il y a foule, et grand appétit des deux côtés. Cela devoit être, parce qu'il a toujours été impossible que la révolution de juillet eût de quoi faire autant de fortunes qu'on lui en demandoit. Mais ce sont des procès de cohéritiers, des querelles de vainqueurs, qui se battent dans leurs barricades pour le partage de nos dépouilles. Le parti royaliste n'a point à s'en mêler ; il n'est pas de la famille, et le voilà d'ailleurs tout entier en prison dans la personne de madame la duchesse de Berri.

M. de Gourgues, dont nous avons déjà annoncé la mort, étoit un des hommes les plus honorables de sa province. Joseph-Marie, vicomte de Gourgues, étoit d'une famille ancienne qui a donné plusieurs magistrats aux parlemens de Paris et de Bordeaux. Un de ses ancêtres, Dominique de Gourgues, est connu par sa courageuse expédition aux Florides en 1568: la relation de son voyage a été publiée. Le vicomte de Gourgues se disposoit à entrer dans la carrière de la magistrature, lorsque la révolution arriva. Il sortit de France, et servit dans l'armée de Condé. Rentré en France en 1801, il entra dans le conseil municipal de Bordeaux, et il succéda à M. Lynch, comme maire de cette ville. Sa loyauté, sa droiture, son intégrité, parurent dans cette place importante. Depuis, M. de Gourgues fnt élu à l'unanimité membre de la chambre des députés, où il vota toujours avec les amis les plus dévoués de la cause de la monarchie. Mais, depuis la révolution de juillet, il s'étoit entièrement retiré de la scène politique, et

avoit même changé de domicile, comme pour mieux annoncer qu'il renonçoit à toute élection. Une goutte remontée l'a enlevé le 31 octobre dans son château de Lanquais, département de la Dordogne. Dès le commencement de sa maladie, qui a été de dix jours, il montra tous les sentimens d'un bon catholique, demanda et reçut les sacremens de l'Eglise. Lorsqu'il reçut le viatique, tous les assistans versèrent des larmes d'attendrissement. Sa fin a été digue de sa vie.

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Les libéraux anti-catholiquee en Belgique s'étoient flattés que le parti, dit de l'Union, avoit perdu tout son crédit, et que le leur prévaudroit désormais dans les élections. Cependant ils ont été battus en beaucoup d'endroits dans les élections qui viennent d'avoir lieu. A Bruxelles, MM. Vanderbelen, conseiller de cassation, et Fortamps, négociant, ont été élus : tous deux sont unionistes. A Liége, MM. Deleenew, membre des Etats; Kauffmann, banquier, et Marcellis, avocat, tous unionistes et portés par le Courrier de la Meuse, ont eu la majorité; M. Tielemans, ancien gouverneur, ami de Potter, a eu moins de voix qu'aucun des trois ci-dessus. A Gand, on a élu quatre unionistes, MM. Delafaille d'Huysse, sénateur; Helias - d'Huddeghem, Desmaizières et SpeelmanRooman, représentans. A Mons, M. Corbisier a été réélu, et M. Phil. de Bousies a été élu : tous deux appartiennent à l'Union. A Huy, M. Lebeau, ministre de la justice, a été proclamé député. A Maestricht, M. le comte de Renesse, unioniste, a été nommé en remplacement de M. Destouvelles, conseiller de cassation. A Waremme, M. Van den Steen, nouveau gouverneur de Liége, a été réélu sénateur, et M. Fleussu l'a été à l'autre chambre; tous les deux à la presque unanimité ils sont de l'Union. M. L.-F. de Robiano de Borsbeck a été élu à Ypres, M. Al. de Tiennes à Eccloo, M. Fr. Dubus à Tournay, et M. G. Boucher - Lefebvre, également à Tournay, a été élu sénateur ces quatre sont de l'Union. A Ostende, M. Domi a été élu député. A Bruges, M. CoppietersStoolove, nommé président du tribunal, a été réélu député. A Courtray, M. Levaer, rédacteur du Belge, partisan de l'Union, a été élu député à la presque unanimité des suffrages. A Luxembourg, M. Berger a été réélu.

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La corvette la Capricieuse, qui conduit à Blaye madame la duchesse de Berri, est sortie le dimanche 11, à sept heures du matin de la rade de St-Nazaire, remorquée par un bateau à vapeur qui l'a quittée à 3 lieues en mer. Le vent étoit favorable.

Madame la duchesse de Berri avoit visité la ville de Blaye et la citadelle, dans le voyage qu'elle fit en 1828 au berceau de Henri IV. C'est le 13 juillet que la mère du duc de Bordeaux arriva dans cette ville, où elle fut reçue avec les plus grands témoignages d'allégresse. Elle a dû y reparoître le 13 novembre.

Conformément à la convention conclue le 22 octobre entre la France et l'Angleterre, l'armée du Nord, aux ordres du maréchal Gérard, a passé la frontière le 15 novembre, se dirigeant sur la citadelle d'Anvers, pour en assurer la remise au roi des Belges.

L'effectif de l'armée française qui doit entrer en Belgique s'élevera à environ 50,000 hommes.

M. le vice-amiral Koussin, pair de France, est nommé ambassadeur à Constantinople.

Le maréchal-de-camp, baron Antoine de St-Joseph, est nommé directeur par interim du dépôt de la guerre, en remplacement du lieutenant-général Pelet, appelé au commandement d'une division d'élite d'infanterie.

— M. de Tussac, lieutenant-colonel, est nommé chef d'état-major de la division de cavalerie, dont le quartier-général est à Stenai, et qui est sous les ordres du général Jacquinot.

M. Moline de Saint-Yon, colonel au corps royal d'état-major, est désigné pour l'emploi de chef d'état-major de la division d'infanterie, qui sera commandée par le lieutenant-général Pelet.

M. Thiers, nommé ministre de l'intérieur, a été réélu député à Aix. Il a obtenu 182 suffrages. M. le duc de Fitz-James, candidat des royalistes, en a réuni 137.

M. Bertin de Vaux, qui a été élevé à la pairie, et qui doit en conséquence être remplacé comme député à St-Germain-en-Laye, a été nommé président du collége électoral.

M. Gibassier, capitaine de recrutement à Paris, est nommé au grade de chef de bataillon dans le 54° de ligne; mais, sur la demande des autorités militaires de la capitale, il continuera les fonctions qu'il remplit depuis si long-temps à Paris.

La reine a décidé, au nom du duc d'Aumale, qu'une somme annuelle de 4,000 fr. seroit remise au maire de Chantilly, pour être employée, avec le concours du conseil municipal, à contribuer à l'établissement d'un presbytère, d'un hôtel-de-ville et d'une école d'enseignement mutuel.

- Vingt mandats d'amener ont été lancés le 14 contre des personnes prévenues de conspiration carliste ou républicaine.

→ Des visites domiciliaires ont été faites ces jours derniers chez plusieurs patriotes. Une de ces perquisitions avoit lieu chez M. Pelleport, avocat, qui défendoit en ce moment, à la cour d'assises, un accusé de juin.

M. J.-B. Say, professeur d'économie politique au collège de France et au conservatoire des arts et métiers, est mort le 14.

Un des jurys de révision de la garde nationale de Paris vient de décider que les officiers en disponibilité doivent être soumis au service de la garde nationale.

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La cour de cassation a rejeté le 15 le pourvoi de plusieurs individus condamnés pour participation à l'insurrection des 5 et 6 juin : ce sont les sieurs Toupriant et Viane, condamnés à la peine capitale, Delion aux travaux forcés à perpétuité, et Boutin à 5 ans de fers.

MM. Carpentier, éditeur, et Rivail, imprimeur d'un écrit périodique intitulé: Simon le prolétaire, ont comparu le 14 devant la cour d'assises, sous la prévention d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement. Sur la déclaration du jury, ils ont été acquittés.

Après deux jours de débats, la cour d'assises a condamné les sieurs Blondeau à 5 ans de travaux forcés, Depoix et Vairon à 5 ans de prison, et Idot à 3 ans de la même peine, pour avoir construit une barricade au coin de la rue Ménilmontant le 5 juin, et avoir tiré sur les troupes. Les sieurs Fusch, Lebleu, Lecot, Bignard et Vilain, co-accusés, ont été acquittés. Les sieurs Bastide et Thomas, marchands de bois, qui paroissent avoir pris la principale part à ces scènes, n'ont pu être saisis: le premier est un ancien artilleur de la garde nationale. Le National faisant, ces jours derniers, aussi avantageusement que possible le bilan de M. Laffitte, assure qu'il ne doit plus que onze millions à la Banque de France, et que c'est pour la révolution de juillet que ce célèbre banquier s'est ruiné.

- M. le marquis de Mornay, officier d'ordonnance du maréchal ministre de la guerre, vient de partir pour Ancône.

L'ex- conventionnel Gamon, ancien juge à la cour de cassation, ancien président à la cour criminelle de Privas, est mort le 1er novembre, après 5 mois d'une douloureuse maladie.

Les bulletins du choléra daus les départemens, publiés les 15 et 16, portent 91 cas et 23 décès, le 11, dans le département des Côtes-du-Nord; 61 cas et 45 décès, le 12, au département des Vosges ; 86 cas et 46 décès, le 12, dans celui du Nord; 43 cas et 19 décès, le 13, dans celui de l'Yonne; 21 cas et 1 décès, le ro, dans celui de la Meurthe; 16 cas et 11 décès, le 12, dans celui du Cher; 4 cas et 3 décès dans celui du Morbihan; to eas et 4 décès, le 12, dans celui d'Ille-et-Vilaine. Du 27 octobre au 10 novembre, on a compté dans le département du Pas-de-Calais 701 cas et 226 décès. Il n'y a eu aucun accident, le ro, à Arles: le 9, il n'y avoit eu qu'une attaque de la maladie.

La France nouvelle, dite le Nouveau Journal de Paris, prétendoit que M. le vicomte de Bonald, ancien pair de France, étoit passé à Uzerches (Arriège), se rendant dans le Morbihan. M. de Bonald habite sa propriété de Monna, près Milhau, et il n'a pas quitté le département de l'Aveyron depuis la clôture de la session de 1829.

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D'importantes découvertes de monumens antiques ayant eu lieu à Nérac depuis quelque temps, la société archéologique du Midi vient de charger M. du Mège, son secrétaire-général, de lui faire un rapport détaillé sur ces monumens, qui paroissent dater du 3° siècle, et qui fixeroient à cette époque la fondation de Nérac, qu'on croyoit ne remonter au plus tard que vers l'an 1000. Dans sa session extraordinaire du rer novembre, le conseil-général du Rhône a nommé pour son président M. Verne de Bachelard, et M. Terme pour secrétaire.

La cour royale de Rouen, chambre des mises en accusation, a renvoyé devant les assises le gérant de la Gazette de Normandie, pour diffamation envers M. Gisquet, préfet de police.

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Un convoi de 24 chouans, que l'on conduisoit à Orléans, a été assailli le 12, au Mans, par quelques projectiles et par des cris menaçañs. A leur pas

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