Images de page
PDF
ePub

de se constituer prisonnier à Blaye, et y donner les soins de son art à la princesse, si elle l'egréoit. Il proposoit de payer 1500 fr. de pension à l'Etat, Le ministre lui a répondu qu'il n'y avoit pas lieu de donner suite à sa demande, ni même de la communiquer à madame la duchesse de Berri, et que cette mesure étoit générale. A ces déclarations, nous devons joindre celle de M. Janvier, avocat à Angers, qui, dès le 8, et tout en faisant l'aveu de son libéralisme, a écrit à la mère du duc de Bordeaux pour la prier de l'admettre au nombre de ses défenseurs. Dans sa lettre, il ne dissimule pas son opinion, mais professe son profond respect et sa sincère admiration pour la princesse.

- En voyant accorder l'autre jour des pensions de 506 francs sur l'Etat à tout ce qu'on a pu retrouver des vainqueurs de l'ancienne Bastille, on ne se seroit jamais imaginé que nous étions à la veille d'en voir rétablir une nouvelle. C'étoit cependant ce qui devoit arriver peu de jours après; car tous les journaux du ministère annoncent que madame la duchesse de Berri ne sera ni jugée ni renvoyée de France, et que le château de Blaye est converti pour elle en une prison d'Etat et de bon plaisir, où elle sera détenue sans autre forme de procès. Or, il nous semble que l'ancienne Bastille n'avoit pas une destination différente de celle là, et que, dans un pays où l'on se piqueroit d'être conséquent, il faudroit aussi accorder des pensions de 500 francs à ceux qui pourront la démolir. Au surplus, quand le gouvernement de juillet aura repris ses sens, et qu'il en sera venu à comprendre comme tout le monde combien la nouvelle Bastille ressemble à l'autre, il ne tiendra qu'à lui de faire une grande économie sur les travaux de démolition. Il n'aura qu'à laisser faire l'opinion publique; et nous osons lui garantir qu'il rencontrera, par toute la France, assez de bras de bonne volonté qui se chargeront de l'affaire pour rien.

Il faut convenir que le roi des Belges est bien heureux d'avoir affaire à de braves gens d'alliés comme nous, qui veulent lui épargner jusqu'à la peine de se déranger pour battre ses ennemis. Les journaux assurent que toutes les précautions imaginables ont été prises, pour qu'il n'y ait de danger que pour nous dans le siége de la citadelle d'Anvers, pour que les coups, les fatigues et les pertes, ne tombent que sur nous seuls, et que les sujets du roi Léopold n'aient que la peine de faire enterrer nos morts. Réellement, jamais on n'a vu de gendre aussi gaté que celui-là. Encore dit-on que les Belges ne sont pas contens, et qu'on est obligé de les prier pour qu'ils nous permettent de dépenser notre argent et notre sang à leur rendre service. Vraiment, ils mériteroient bien qu'on leur laissât chercher des alliés plus désintéressés, et qui se piquassent de savoir faire les choses plus grandement que nous.

Lundi 19, au moment où Louis-Philippe, se rendant à la chambre des députés, passoit sur le Pont-Royal, la détonnation d'un coup de pistolet s'est fait entendre. Le bruit s'est répandu qu'un individu avoit tiré sur le prince; cependant personne n'a été atteint du coup. On a trouvé le pistolet à terre. Plusieurs individus ont été arrêtés; mais il paroît douteux que celui qui a fait feu

charmés de la part qu'on leur fait dans cet aimable et impartial portrait,

A la vérité, dans un article subséquent, l'auteur a essayé d'atténuer ce qu'il vient de dire; il reconnoît que le propriétaire et le prolétaire ont besoin l'un de l'autre, et que leur union fait leur vertu. Alors il ne falloit pas les diviser et les aigrir par un parallèle faux, injuste et passionné. On peut être assuré d'ailleurs que le correctif ne dissipera pas les mauvaises impressions qu'aura fait naître le parallèle entre le propriétaire et le prolétaire. Quand on jette un appât aux passions elles s'en saisissent avidement, et font peu d'attention aux calmans qu'on cherche ensuite à leur administrer. Quand on commence par adresser des injures à des gens, c'est une risée de prétendre les apaiser par quelques vaines formules de politesse qu'on leur adresse après coup.

Nous avons encore d'autres remarques à faire sur quelques cahiers du même Journal. Aujourd'hui nous nous bornons à annoncer un recueil conçu dans un esprit tout différent; c'est le Moniteur des villes et des campagnes, journal des intérêts moraux et matériels. Ce recueil est destiné principalement à remplacer ou à combattre le Journal des connoissances utiles; il sera en trois parties: la première de nouvelles, la seconde, qu'on peut appeler morale, et qui offrira des traits édifians et honorables, et la troisième, qui renfermera des articles sur l'agriculture, l'économie domestique, le commerce, l'industrie, les découvertes, etc. Il paroîtra chaque mois une livraison de 72 pages grand in-18; le prix est de 3 fr. 75 cent. franc de port pour toute la France.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 27 octobre, le saint Père a visité la basilique de SaintPaul sur le chemin d'Ostie, et a examiné avec beaucoup de soin les travaux qui se font pour la restauration de cet antique édifice. Ces travaux avancent, déjà beaucoup de colonnes sont posées. On a élevé l'ancien plan de l'église pour la rendre moins humide et une partie peut être consacrée au culte divin. Le même jour, Sa Sainteté a transféré sa résidence du Quirinal au Vatican. Le 29, elle a visité le couvent de la Trinité-du-Mont occupé par les dames du Sacré-Cœur, et a voulu même aller dans la chambre de la mère générale qui étoit retenue chez elle par indisposition. On sait que ces dames sont françaises, et ont formé un établissement d'éducation à Rome sous les auspices de Léon XII.

[ocr errors]

La veille de la Toussaint, on célébra les premières vêpres dans la chapelle de Sixte IV, au Vatican. Grégoire XVI y assista avec les cardinaux et prélats. Le lendemain, le pontife assista à la messe solennelle célébrée par M. le cardinal Falzacappa. Jean Diehl, élève du collége germanique, prononca le discours latin. Dans l'après-midi, le saint Père assista aux matines pour les morts; et le lendemain au service solennel, où M. le cardinal de Grégorio, grand pénitencier, officia.

PARIS. M. L'archevêque de Paris, à la prière de MM. les grandsvicaires-capitulaires de Versailles, a bien voulu aller faire dimanche dernier, dans cette ville, une ordination extrà tempora.

- M Patrice Mac Sweeny, supérieur du séminaire des Irlandais à Paris, vient de recevoir du saint Siége une marque éclatante de bienveillance et de satisfaction. M. le cardinal Pedicini, préfet de la Propagande, vient de lui adresser un diplôme de docteur en théologie. Ce diplôme, conçu dans les termes les plus honorables, est daté du 15 mai dernier. Il porte que M. Mac Sweeny devra seulement faire sa profession et prêter le serment de fidélité. En. effet, il a rempli l'une et l'autre formalités le 24 octobre dernier entre les mains de M. le docteur England, évêque de Charleston, qui se trouvoit alors à Paris. Un acte en a été dressé et signé par le prélat. M. Mac Sweeny est du diocèse de Cork en Irlande; il a imprimé une bonne direction au séminaire des Irlandais, qui compte aujourd'hui 72 élèves.

[ocr errors]

On savoit déjà que Châtel prétendoit ordonner des prêtres. Il avoit ordonné Plumet et peut-être Normant, Journiac et Jullien, qui ont paru successivement dans son église. On vient d'avoir la preuve authentique qu'il a ordonné le sieur Heurtaut, qui s'est fait intrus à Boulogne. Celui-ci, à qui on contestoit sa qualité de prêtre, l'a justifiée par un certificat en forme, où M. FerdinandFrançois Chatel, évêque, primat des Gaules, déclare avoir ordonné prêtre, le 24 décembre 1831, dans son église primatiale, avec les cérémonies prescrites par la sainte église, François - Bernardin Heurtaut, qu'il avoit ordonné sous-diacre et diacre la surveille. L'acte est daté du 28 décembre-et signé du vénérable primat et de son vicaire primatial, Auzou, qui n'avoit pas encore fait schisme avec son chef. Heurtaut appartenoit au diocèse de Chartres, il a été tonsuré en 1828 et minoré en 1829. Il paroît qu'au séminaire on n'a pas cru devoir l'admettre aux autres ordres, et en effet son éducation semble laisser quelque chose à désirer sous le rapport du style et même de l'orthographe. On dit que, dans une lettre adressée au sergent-major de la garde nationale, il se plaint d'être obligé de rappeler à chaque instant à l'autorité locale sa stupide et crasse ignorance concernant les lois sorties des pavés ensanglantés des barricades de 1830 que tout cœur français, c'est-à-dire aimant sa patrie,

devroit avoir gravées intérieurement en caractère ineffaçable. Nous laissons le lecteur admirer ce style gracieux, ces épithètes polies, ces barricades qui devroient être gravées dans tous les cours. Heurtaut signe șa lettre à l'instar d'Auzou, curé par élection du peuple; sur quoi il est à remarquer que le peuple qui l'a élu se borne à moins d'une douzaine d'individus, et qu'à ce compte il pourroit y avoir dans une paroisse bien des curés élus par le peuple; ce qui contribueroit beaucoup sans doute à y entretenir la paix et la bonne harmonie.

La Gazette de Picardie, en se félicitant d'avoir à annoncer la cessation du choléra à Amiens après six mois d'alarmes et de ravages, paye un tribut d'éloges au zèle des autorités, au dévoûment des médecins, à la bienfaisance des habitans. N'oublions pas surtout, dit-elle, ce clergé si charitable, si modeste, qui, parmi nous comme dans toute la France, ne s'est pas contenté de porter aux agonisans ces paroles de paix et de consolation qui adoucissent et sanctifient l'heure suprême des chrétiens, mais qui a concouru avec tant d'abnégation de lui-même, non-seulement à sauver les malades vivans, mais encore à aider les familles en deuil dans les derniers devoirs à rendre aux morts.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. L'arrestation de madame la duchesse de Berri a donné lieu à une foule d'actes de dévoûment et d'offres généreuses que l'histoire doit recueillir. Dès que M. de Châteaubriand a appris à Genève cet événement, il s'est mis en route pour Paris. Il a envoyé au ministre de la justice, avec prière de la faire parvenir à la princesse, une lettre dans laquelle il supplioit S. A. R. de l'admettre au nombre de ses défenseurs. Il demande cette faveur en mémoire d'un prince dont Madame vouloit bien le nommer l'historien. Il l'espère, ajoute-t-il, comme le prix du sang de sa famille, son frère ayant eu la gloire de mourir avec son aïeul, M. de Malesherbes, défenseur de Louis XVI, sur le même échafaud, et pour la même cause. D'autres voix non moius honorables se sont fait entendre pour l'auguste princesse. M. Hyde de Neuville a fait parvenir à la princesse une lettre fort touchante, où, dans l'espoir qu'on ne refusera pas un conseil à S. A. R., il la prie de l'agréer pour tel. M. Pardessus, ancien conseiller de cassation, qui alloit partir pour l'Italie, est resté à Paris, attendant la réponse à des offres semblables. M. de Montarand, ancien magistrat à la cour royale d'Orléans, a aussi sollicité auprès de la princesse l'honneur de la défendre. M. de Conny exprime le vœu que de tous côtés s'élèvent d'énergiques protestations contre l'arrestation de la duchesse. M. L. de Givry a proposé à tous les royalistes de faire parvenir une adresse à Madame. M. le comte de Vaucelle, maréchal-de-camp, et ancien inspecteur des gardes nationales de la Vienne, a écrit de La Roche-Amenon le 11 novembre, à la Gazette de l'Ouest, qu'il s'offroit comine otage pour Mme la duchesse de Berri. M. de Mey, docteur-médecin, à Paris, a écrit au ministre de l'intérieur, pour offrir

de se constituer prisonnier à Blaye, et y donner les soins de son art à la princesse, si elle l'egréoit. Il proposoit de payer 1500 fr. de pension à l'Etat. Le ministre lui a répondu qu'il n'y avoit pas lieu de donner suite à sa demande, ni même de la communiquer à madame la duchesse de Berri, et que cette mesure étoit générale. A ces déclarations, nous devons joindre celle de M. Janvier, avocat à Angers, qui, dès le 8, et tout en faisant l'aveu de son libéralisme, a écrit à la mère du duc de Bordeaux pour la prier de l'admettre au nombre de ses défenseurs. Dans sa lettre, il ne dissimule pas son opinion, mais professe son profond respect et sa sincère admiration pour la princesse.

En voyant accorder l'autre jour des pensions de 500 francs sur l'Etat à tout ce qu'on a pu retrouver des vainqueurs de l'ancienne Bastille, on ne se seroit jamais imaginé que nous étions à la veille d'en voir rétablir une nouvelle. C'étoit cependant ce qui devoit arriver peu de jours après; car tous les journaux du ministère annoncent que madame la duchesse de Berri ne sera ni jugée ni renvoyée de France, et que le château de Blaye est converti pour elle en une prison d'Etat et de bon plaisir, où elle sera détenue sans autre forme de procès. Or, il nous semble que l'ancienne Bastille n'avoit pas une destination différente de celle là, et que, dans un pays où l'on se piqueroit d'être conséquent, il faudroit aussi accorder des pensions de 500 francs à ceux qui pourront la démolir. Au surplus, quand le gouvernement de juillet aura repris ses sens, et qu'il en sera venu à comprendre comme tout le monde combien la nouvelle Bastille ressemble à l'autre, il ne tiendra qu'à lui de faire une grande économie sur les travaux de démolition. Il n'aura qu'à laisser faire l'opinion publique; et nous osons lui garantir qu'il rencontrera, par toute la France, assez de bras de bonne volonté qui se chargeront de l'affaire pour rien.

[ocr errors]

Il faut convenir que le roi des Belges est bien heureux d'avoir affaire à de braves gens d'alliés comme nous, qui veulent lui épargner jusqu'à la peine de se déranger pour battre ses ennemis. Les journaux assurent que toutes les précautions imaginables ont été prises, pour qu'il n'y ait de danger que pour nous dans le siége de la citadelle d'Anvers, pour que les coups, les fatigues et les pertes, ne tombent que sur nous seuls, et que les sujets du roi Léopold n'aient que la peine de faire enterrer nos morts. Réellement, jamais on n'a vu de gendre aussi gaté que celui-là. Encore dit-on que les Belges ne sont pas contens, et qu'on est obligé de les prier pour qu'ils nous permettent de dépenser notre argent et notre sang à leur rendre service. Vraiment, ils mériteroient bien qu'on leur laissât chercher des alliés plus désintéressés, et qui se piquassent de savoir faire les choses plus grandement que nous.

Lundi 19, au moment où Louis-Philippe, se rendant à la chambre des députés, passoit sur le Pont-Royal, la détonnation d'un coup de pistolet s'est fait entendre. Le bruit s'est répandu qu'un individu avoit tiré sur le prince; cependant personne n'a été atteint du coup. On a trouvé le pistolet à terre. Plusieurs individus ont été arrêtés; mais il paroît douteux que celui qui a fait feu

« PrécédentContinuer »