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évêque de publier une sentence d'excommunication contre un prêtre scandaleux, celui-ci l'attaqua en diffamation, et M. Richard fut condamné à une amende énorme. Il ne pouvoit sortir des limites du comté. Quoiqu'il ne se fût point réuni à ses anciens confrères, il se regardoit cependant toujours comme du même corps, et n'avoit consenti de rester au Détroit que pour y faire plus de bien. Sa perte est d'autant plus fâcheuse, que le bruit se répand que M. Edouard Fenwich, évêque de Cincinnati, a été aussi victime du choléra. La mort simultanée du prêtre et de son grand-vicaire est une calamité pour cette église naissante.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Madame la duchesse de Berri est depuis le 15 dans le château de Blaye. La traversée avoit été pénible pour elle et pour ses deux compagnons d'infortune. Le mauvais temps a constamment contrarié la marche, et le mal de mer avoit fort incommodé les voyageurs. La princesse, ainsi que l'escorte qu'on lui avoit donnée, quitta auprès de Verdon le brick la Capricieuse, pour monter le bateau à vapeur le Bordelais. Ce n'est pas sans émotion qu'elle remit le pied sur ce bateau qui l'avoit reçue à sou bord dans des temps plus heureux. S. A. R. débarqua à sixheures du soir. Il pleuvoit beaucoup, cependant toute la population étoit allée à sa rencontre. Le général Jauin, accompagné da sous-préfet et du maire, la reçut et la conduisit à la citadelle. Madame la duchesse de Berri refusa de monter dans la voiture qui l'attendoit. Ún morne silence fut observé sur son passage. La princesse adressa quelques paroles de politesse au général, qui lui a donné des marques de respect et d'intérêt. Elle a paru satisfaite d'y retrouver le colonel Chousserie. Elle s'est louée d'ailleurs des égards dont elle a été l'objet pendant la traversée. Sa gaîté ne l'a point quittée. Lorsque la conversation tomboit sur la politique, elle parloit avec franchise. Mademoiselle de Kersabiec montre aussi beaucoup d'esprit et de caractère. Quant à M. de Ménars, il paroît souffrant et fort abattu. Les dispositions de sûreté extraordinaire ont été prises à la citadelle; elle est placée sur le pied de guerre il est défendu d'en approcher. Le souspréfet de Blaye a publié, aussitôt l'arrivée de la princesse, une proclamation, pour rappeler aux habitans qu'ils sont responsables aux yeux de la France des prisonniers qui viennent d'y être transférés.

Lorsque Louis XV fut assassiné par Damiens, il faisoit déjà nuit, puisque c'étoit la veille des Rois, à cinq heures trois quarts du soir. Il y avoit foule autour de lui, quand il fut frappé, au moment de monter en voiture. L'assassin se perdit d'autant plus facilement au milieu des gardes et des spectateurs, que l'obscurité favorisoit sa disparition. Mais malgré cette obscurité, et tout blessé quil étoit, d'un coup de couteau, le Roi sut conserver assez de sang-froid pour le suivre des yeux, et le désigner dans la foule. Une voie de fait plus audacieuse encore que celle de Damiens, une tentative d'assassinat, plus éclatante, a eu lieu ludi, en plein jour, et à la vue de plusieurs milliers de spectateurs, sur la personn

Louis-Philippe. L'auteur de l'attentat ne s'est point servi d'une arme cachée; il avoit contre lui, à la fois le grand jour, la vue, l'ouïe et jusqu'à l'odorat des spectateurs, puisqu'il s'agissoit d'une détonation d'arme à feu et de poudre brûTéc. Les journaux ajoutent, au récit de cet événement, que Louis-Philippe a dit tout haut aux officiers d'état-major qui l'entouroient: Je me suis vu ajuster. Le bonheur ayant voulu qu'il ne fût pas atteint, il est à regretter certainement que l'indication qu'il pouvoit donner n'ait pas eu de suite. Bien d'autres circonstances non moins étonnantes se présentent encore dans cette affaire.

Il semble que toutes les circonstances aient voulu se réunir pour répandre sur la personne de madame la duchesse de Berry, un intérêt toujours croissant. Comme s'il n'eût pas déjà été assez touchant de la voir sortir, presque suffoquée, de l'étroit et brûlant reduit où elle venoit de passer vingt quatre heures dans les angoisses, on a choisi, pour la diriger vers le lieu de sa captivité, la route là plus pénible et la plus lente. La mauvaise saison pouvoit faire aisément prévoir ce qui est arrivé. C'est à travers de longues fatigues et de longs périls qu'il lui a fallu atteindre sa destination, déjà si triste par elle-même. Pour diminuer les chances malheureuses de sa navigation, on s'est vu obligé de la pousser vers la haute mer, et de la tenir, une semaine entière, au milieu des accidens et des dangers. Par une exception qui n'étoit faite que pour elle, la ressource des ports de refuge, ce dernier espoir des navigateurs en péril, lui étoit formellement interdite. Le bâtiment qui la portoit ne pouvoit relâcher nulle part. Il n'y avoit de port ouvert et permis pour elle que celui qui conduisoit à sa prison!

Les journaux des deux oppositions s'accordent à harceler le ministère sur le coup de pistolet tiré sur le Pont-Royal ; ils veulent voir là une manœuvre de la police. Un assassin, disent-ils, n'auroit pas choisi le moment d'une si grande foule, il auroit visé plus juste, on auroit retrouvé la balle, on auroit arrété le coupable. Le Journal des Débats, qui croit à un attentat, insiste sur l'invraisemblance de la supposition qui attribue le coup à la police. Il annonce que quelques indices ont mis la police sur les traces de l'assassin. Une personne qui se trouvoit sur le trottoir, tout près de l'endroit d'où est parti le coup, mademoiselle Adèle Boury, a tout vu, dit-on, et pourra donner quelques renseignemens. Il est à désirer que l'on parvienne à éclaircir ce mystère.

A la manière dont les journaux représentent la situation actuelle du pouvoir, on seroit tenté de croire que le gouvernement est vacant et la doctrine détrônée. Ils prétendent que tous les vœux et toutes les forces de l'opinion publique se partagent entre la république et la légitimité. Si cela est, gare la république; car la légitimité est absenté ou prisonnière d'Etat ; et il est bien à craindre que sa rivale ne venille profiter de la circonstance pour passer la première. Dans cette alternative, où la mauvaise chance paroît si visiblement l'emporter sur l'autre, en vérité, ce seroit presque le cas de dire que, si le milieu n'existoit pas, faudroit l'inventer.

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bit mA la suite de la séance d'ouverture des chambres, et sur la nouvelle de l'é

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vènement qui venoit de se passer, des pairs et des députés se sont rendus aux Tnileries, pour offrir leurs félicitations à Louis-Philippe.

Les officiers de la garde nationale de Paris et de la banlieue ont été convoqués, pour le mardi 20, à l'effet d'exprimer leurs sentimens à Louis-Philippe, à l'occasion de l'événement du Pont-Royal. Ils se sont rendus à 11 heures au château. La même démarche a eu lieu de la part des officiers de la garnison et de la garde municipale. Les-autorités sont allées également présenter leurs félicitations au prince. Cette cérémonie s'est terininée par un dîner de 100 couverts.

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Le général Laferrière, colonel de la garde nationale à cheval, a offert à Louis-Philippe de le faire escorter, chaque fois qu'il sortiroit, par le poste de cette garde de service au château. Cette demande a été aussitôt acceptée.

– On dit que sur toute la route suivie le 19 par le cortège, et avant la détonnation du conp de pistolet, il se distribuoit à profusion un imprimé de 24 pages, intitulé: Projet de constitution.

Les députés ministériels se sont réunis le 19 au soir, à l'hôtel Choiseul, et ont résolu de porter à la présidence de la chambre M. Dupin aîné. MM. Benjamin Delessert, Bérenger, de Schonen et Etienne ont été désignés pour vice-présidens, et MM. Gannerou, Cunin-Gridaine, Martin et Camille Périer pour secrétaires. Une ordonnance du 9 novembre met à la disposition de M. Thiers une somme d'un million à titre de dépenses secrettes, à la charge de rendre compte de l'emploi à Louis-Philippe directement.

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Au 3o tour de scrutin, M. Joseph Périer a été élu député à Epernay, à la majorité de 106 voix sur 168. M. Salvandy, également candidat ministériel, en a eu 61. Les autres concurrens étoient MM. de Férussac et Vatry.

santé.

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M. Bastarrèche, député des Landes, a donné sa démission, pour cause de

Dans son audience du 16, la cour de cassation a rejeté les moyens de nullité présentés par M. Mandaroux-Vertamy, en faveur de la Gazette de l'Ouest, condamnée à 9 mois de prison et 1500 fr. d'amende, pour offense envers LouisPhilippe.

Le sieur Sugier, avocat, éditeur du Mayeux, avoit été sigualé comme l'individu qui arbora le drapeau rouge, à la place de la Bastille, le 5 juin; mais ce grief ne résultoit que d'une déclaration du sieur Peyron, et on a reconnu que celui-ci ne jouissoit pas bien alors de ses facultés mentales: ce dernier, appelé en témoignage, s'est entièrement rétracté. Le sieur Sugier, qui avoit été dernièrement condamné à mort par contumace, a été acquitté spontanément, sur la déclaration du jury. L'avocat-général avoit abandonné l'accusation, et l'avocat avoit renoncé a la défense.

Le jeune Deloffre, élève de l'école vétérinaire d'Alfort, qui avoit été condamné dans le principe à huit ans de travaux forcés pour tentative de pillage d'armes le 5 juin, et qui avoit été renvoyé par la cour de cassation devant la cour d'assises, a été acquitté.

Le 20, la cour d'assises a acquitté les sieurs Daban, Fossé, Baumgarden, Tute et Gabriel, prévenus de complicité à l'insurrection du 5 juin. L'accusation les représentoit comme ayant cherché à planter un arbre de la liberté à la porte St-Martin, et ayant lancé des pierres sur les troupes.

— Comme à la séance royale de 1831, on a remarqué, lundi dernier, l'absence de M. Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie.

Le tribunal de première instance a réçu, le 17, le serment de 240 gardes municipaux, afin qu'ils puissent, comme leurs camarades, avoir le droit de dresser des procès-verbaux.

1 M. Zéa-Bermudez, premier ministre d'Espagne, chargé spécialement des affaires étrangères, est arrivé le 18 de Londres à Paris.

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Ce n'est pas pour remplir une mission à Ancône que M. le marquis de Mornay est parti, c'est pour faire un voyage en Italie, par motif de santé.

Mardi matin, un individu assez bien mis s'est présenté à la porte du guichet du Louvre, du côté de la rue de l'Echelle, et, se plaçant devant l'état-major de la garde nationale, il s'est mis à crier: A moi, mes amis ! je veux entrer : je suis Louis XVII. Conduit au poste, on a reconnu qu'il étoit atteint d'aliénation mentale.

— D'après le dernier bulletin du choléra dans les départemens, il y a eu, le 17, 72 nouveaux cas et 49 décès dans le dép. des Côtes-du-Nord; 51 cas et 34 décis dans celui des Vosges; 34 cas et 20 décès dans celui du Nord; 26 cas et 16 décès dans celui de la Manche; 17 cas et 8 décès dans celui de la Meuse; 7 cas et 8 décès dans celui de l'Aisne; 3 cas et 1 décès dans celui de Maine-et-Loire; 3 cas et 3 décès dans celui du Morbihan; 1 cas et 2 décès, le 15, à Arles (Bouchesdu-Rhône).

Il a été ouvert, au journal royaliste Bagatelle, une souscription pour Marie Bossy, domestique de mesdemoiselles Duguigny, qui a résisté à toutes les instances, les offres et même les menaces qui lui furent faites, pour déclarer la retraite de madame la duchesse de Berri.

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Il paroît que M. Hennequin est un de ceux sur qui madame la duchesse de Berri a d'abord jeté les yeux pour sa défense; c'est ce qui résulte d'une lettre de cet avocat, insérée dans la Gazette de Normandie, pour qui il est allé plaider à Rouen. Pendant que la princesse arrêtoit sa pensée sur lui, M. Hennequin offroit, comme d'autres bonorables personnages, ses services à l'héroïque mère du jeune Heuri.

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M. Walsh, gérant de la Gazette de Normandie, a comparu le 19 devant la cour d'assises de Rouen, sous la prévention d'excitation à la haine et ɛu mépris du gonvernement, et de provocation, non suivie d'effet, à la guerre civile, en recommandant une souscription en faveur des victimes de l'arbitraire dans l'Ouest, pour les mettre à mème de poursuivre le général d'Erlon et les autres autorités du pays. La prévention a été soutenue par M. le procureur général Moyne, et combattue avec talent par M. Hennequin, avocat du barreau de Paris. Le jury n'a résolu affirmativement que la première question, et les juges

ont prononcé contre M. Walsh une condamnation à six semaines d'emprisonnement et 5000 d'amende. C'est le maximum de la peine pécuniaire. Partout on cherche à tuer les journaux de l'opposition par des amendes excessives.

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La Gazette du Maine, journal royaliste, qui étoit suspendu depuis 5 mois, reparoit depuis quelques jours, et se montre animé du même esprit.

La cour d'assises de Rennes a condamné par défaut, le 10 novembre, mademoiselle Julie Frout à six mois de prison et 2000 fr. d'amende pour un délit de la presse sur laquelle il avoit été déjà prononcé par défaut. Elle a ensuite condamné, par un nouvel arrêt de défaut, la même personne à six mois de prison et 1000 fr. d'amende; et mademoiselle Victoire Frout à un an de prison et 1500 fr. d'amende.

Le commissaire de police Joly, qui étoit chargé de la surveillance dans la traversée de Saint-Nazaire à Blaye, et qui ne cessoit d'avoir les yeux sur celle dont il a opéré l'arrestation, s'est rendu, peu après son arrivée à Blaye, à Bordeaux, pour y concerter avec les autorités les dispositions de sûreté nécessaires.

On a affiché à Bordeaux un avis portant qu'il est inutile d'adresser directement des demandes d'audience à madame la duchesse de Berri, ni au commandant de la citadelle; les ministres de la guerre et de l'intérieur s'étant réservés seuls la faculté de les autoriser.

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- L'élection d'un conseiller municipal de la commune de Ponthès (BassesAlpes) a été annulée, attendu que des bulletins avoient été écrits hors de la salle des siauces.

Le dimanche 1'1, pendant la grand'messe, des voleurs sont entrés avec effraction au presbytère de Choisel, canton de Chevreuse, diocèse de Versailles. Le curé, M. Potel, a perdu tout ce qu'il possédoit. Il avoit touché, depuis quelque temps, le résultat d'un pariage de famille. On lui a tout pris. Un frère, qui étoit chez lui, a été également dépouillé. Le curé est obligé d'emprunter pour les premiers besoins de la vie.

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Dès scènes de désordre se sont passées dans les soirées des 15 et 16 au théâtre de Caen, par suite du chant demandé de la Parisienne, où l'on couvrit de huées le couplet relatif à Louis-Philippe. Des cris séditienx se sont fait entendre, et l'autorité municipale a été méconnue. Le commissaire de police Grachard, qui a paru trop indulgent, à été suspendu par le préfet.

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· La cour royale d'Aix a assisté à une messe du Saint-Esprit avant de faire sa rentrée.

-M. Borely, procureur-général à Aix, qui a montré tant de zèle contre les royalistes arrêtés à Marseille, a reçu un charivari le 15 novembre.

Le gouvernement a ordonné l'établissement d'une ligne télégraphique de Bordeaux à Blaye, où est détenue madame la duchesse de Berri. ́ ́

Le conseil municipal de Grenoble a arrêté, à l'unanimité, que ses séances seroient à l'avenir tenues publiquement.

Par suite d'un démêlé entre les ouvriers et les maîtres tailleurs de Clermont,' démélé qui provient d'une demande d'augmentation de salaire de la part des ou

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