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suivante aux doyens de son diocèse, pour être communiquée aux autres curés:

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Monsieur, les nombreuses brochures publiées à l'occasion des réformes introduites dans notre système d'instruction publique, la fermentation qu'elles ont produite parmi le peuple, ont dû attirer mon attention. Je viens en conséquence, M. le doyen, vous inviter à prévenir amicalement les curés de votre décanat qu'ils aient à garder une attitude calme et tranquille dans cette affaire, et qu'ils s'en reposent sur les lumières et la piété des chefs. Vous les engagerez aussi à contribuer de tout leur pouvoir au maintien de la tranquillité et de l'ordre légal parmi leurs paroissiens; vous leur enjoindrez surtout de s'abstenir en chaire de tout ce qui peut avoir trait à la politique. Soleure, 18 octobre 1832. Josèphe-Ant., évêque de Bâle.

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- Deux ecclésiastiques belges, MM. de Seille et Lastries, qui étoient vicaires dans le diocèse de Gand, sont arrivés dernièrement aux Etats-Unis, pour se consacrer aux missions. Un autre missionnaire belge, qui est déjà depuis quelque temps dans ces contrées, M. Van Quickenborne, écrit qu'il est chargé de visiter les catholiques du territoire du Missouri et de celui des Illinois, qui n'ont pas de prêtre résidant parmi eux; que, dans sa dernière tournée, il a reçu onze protestans dans le sein de l'Eglise ; que les protestans viennent à ses sermons comme les catholiques, et que souvent même ils le prient de porter la parole dans les Court-Houses ou maisons de ville. Il avoit dans son voisinage des catholiques, en assez grand nombre pour avoir une église; elle est commencée, mais la pauvreté de ces bonnes gens fait qu'ils n'ont pu encore l'achever, quoiqu'elle ne soit qu'en bois. M.Van Quickenborne alloit partir pour une ville protestante des Illinois, où les habitans et le gouverneur l'avoient invité à venir leur exposer la doctrine catholique.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il n'est rien de tel que l'adversité pour faire ressortir les grands caractères, et donner du relief à la vertu. Dans le temps de sa prospérité, madame la duchesse de Berri n'étoit connue de la France que par sa réputation de bienfaisance et d'affabilité. Mais ces qualités ne suffisent pas pour séduire une nation telle que la nôtre, qui tient très-peu de compte de ce qui n'est que bon. La pre ve qu'elle ne se contente pas des vertus privées et de la générosité qui s'exerce sans ostentation, c'est qu'elle a exilé la famille royale la plus prodigue de charités et de bienfaits qu'elle eût jamais connue. Probablement la vie de madame la duchesse de Berri se seroit écoulée, comme celle de ses nobles parens, dans la pratique des vertus ordinaires, si des circonstances extraordinaires n'étoient pas venues révéler en elle une force d'ame admirable et un caractère plein d'énergie. Grâce à l'adversité, voilà une princesse qui prend rang parmi les noms qui ont le plus contribué à l'illustration de la France. Aussi les passions les plus

ardentes se sont refroidies tout à coup à son égard pour faire place au respect Un religieux silence a succédé à la clameur révolutionnaire; et ceux qui se croyoient les ennemis de l'auguste prisonnière de Blaye se sont étonnés de ne plus trouver pour elle, au fond de leur cœur, que de la sensibilité et des hommages.

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On diroit que la France a des majorités d'opinions en tout genre et pour toutes les circonstances. Voici le Journal des Débats qui nous annonce, au nom du ministère dont il est l'organe, qu'il n'y a plus que deux nuances politiques dans la nation, savoir : La nuance du juste-milieu, et celle du compte-rendu ; car c'est ainsi qu'il les désigne. Quant aux carlistes, dit-il, cela ne vaut pas la peine d'être mentionné; on ne les compte plus pour rien. Or, voyez un peu le changement qui s'est opéré depuis quelques années! On les comptoit alors pour tout, et le Journal des Débats lui-même étoit le premier à dire qu'il ne connoissoit pas autre chose en France. Il n'y a de cela que cinq à six ans tout au plus; et, dans ce temps-là, c'étoient les libéraux qui, à ses yeux, ne valoient pas la peine d'être mentionnés. De son côté, M. Benjamin Constant tenoit le même langage à la tribune. A telle époque, disoit-il, nous n'étions ici que trois libéraux ; à telle autre époque, nous n'étions que cinq, puis nous nous sommes trouvés au nombre de neuf, puis au nombre de douze, et, enfin, voilà que nous formons un petit noyau raisonnable.... Nous convenons que le petit noyau a beaucoup grossi. Mais le fruit, cependant, doit être devenu quelque chose, resté quelque part; et, quoique le Journal des Débats ne le compte plus pour rien, nous sommes persuadés qu'il ne s'agiroit que de le bien chercher pour le retrouver. Et soyez sûrs qu'il se retrouvera en effet tôt ou tard, quand la nation française se sera usé les dents à ronger inutilement le petit noyau.

On avoit cru que M. de Montlosier étoit mort et enterré. Nous n'entendions plus parler de lui, après qu'il y a quelques années il n'y avoit en quelque sorte que pour lui à écrire. Il remplissoit alors toute la France de sa renommée; les journaux ne suffisoient pas à rendre compte de ses écrits. Tout à coup un silence profond avoit succédé à ce déluge de pamphlets, et on en avoit conclu que l'infatigable auteur avoit payé le tribut à la nature, quand on a été fort étonné de le voir porté sur la liste des nouveaux pairs. Beaucoup de gens n'ont pu s'expliquer ce choix inattendu; mais un journal libéral a donné dernièrement le mot de l'énigme : il nous apprend l'existence bien ignorée d'une brochure publiée par le noble comte en l'honneur de la dynastie nouvelle. Cette brochure établit quatre points principaux que Louis-Philippe est arrivé au trône en vertu de l'ancienne loi de France et comme le plus prochain héritier; qu'il faut prendre en considération les craintes que la garde nationale inspire aux bons citoyens ; que les droits électoraux ont reçu une trop grande extension, et qu'il faut porter remède à la licence de la presse. Assurément, ces doctrines méritoient bien la récompense que vient d'obtenir M. de Montlosier : il avoit trop travaillé au renversement de l'ancienne monarchie pour ne pas être comblé des faveurs de la nouvelle. Qu'on

se rappelle tout ce qu'il écrivoit il y a sept ou huit ans, ses insultes au gouver nement, ́ses dénonciations contre les Jésuites, ses factums contre le parti-prêtre, et l'on jugera que pen d'hommes ont plus contribué à la dernière révolution. Ce qu'il y a d'assez plaisant, c'est que ce même homme parloit alors de son dévoûment et de sa fidélité : Viennent les événemens, disoit-il en 1826 dans sa dénonciation aux cours royales, et on verra. Les événemens sont venus, en effet, et on a vu. On a pu juger de la fidélité de ce vieux royaliste, et on conclura avec nous que Louis-Philippe lui devoit bien quelque faveur, d'autant plus que M. de Montloșier est son voisin de campagne dans ses propriétés d'Au

vergne.

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Quelques journaux annoncent que le sieur Vidocq est atteint d'une aliénation mentale, et que la police se trouve ainsi menacée de perdre son plus grand homme. Nous ne serions pas surpris qu'en se voyant surpassé par les nouveaux mérites que l'arrestation de madame la duchesse de Berri a fait surgir, il eût éprouvé, en effet, une de ces attaques de désespoir qui vont quelquefois jusqu'à déranger le cerveau; mais qu'on ne s'y fie pas trop cependant. Le rôle de fou étoit le seul dont le sieur Vidocq ne se fût pas encore avisé pour exercer son talent; et il seroit fort possible que ceux qui mordroient à son dernier hameçon se trouvassent, au bout du compte, beaucoup plus fous que lui.

- Le samedi 17, M. le curé de Blaye est allé à deux heures à la citadelle, et a présenté ses hommages à madame la duchesse de Berri. Sur la demande de la princesse, on a disposé une des salles de la citadelle pour servir de chapelle. M. le curé de Blaye y a dit la messe le dimanche 18, à neuf heures : Madame y a assisté.

M. le lieutenant - général Schneider est nommé directeur du personnel et des opérations militaires. M. le maréchal-de-camp Miot lui est adjoint comme sous-directeur, pour être chargé du personnel. M. le lieutenant-général Pelet, à qui l'on a donné le commandement d'une division de l'armée du Nord, 'conserve le titre de directeur du dépôt de la guerre, et sera supplée pendant son absence par le maréchal-de-camp baron de Saint-Joseph.

- M. de Morel, maréchal-de-camp, est nommé au commandement de l'école de cavalerie.

L'organisation des neuf bureaux de la chambre des députés, pour le premier mois, a donné au scrutin les résultats suivans: MM. Voysin de Gartempe, Viennet, Pelet (de la Lozère), Kératry, Duchâtel, de Schonen, Clément, Dupin aîné et Etienne, ont été élus présidens; et MM. Amilhau, Félix Bodin, de LasCazes fils, Gillon, Ch. Dupin, Thil, Aug. Giraud, Foy et Réal, secrétaires.

Les souscriptions pour les gardes nationaux et soldats blessés dans les événemens de juin, et pour les familles de ceux qui ont succombé, s'étoient élevées à 260,836 fr. Sur cette somme, 126,565 fr. de secours avoient déjà été distribués; le surplus vient d'être réparti, à la réserve de 9,088 fr. pour de nouvelles demandes. M. Vandermarq, syndic des agens de change, s'est chargé gratuitement de l'achat et du transfert des rentes accordées en pensions.

On vient de publier le budget de la ville de Paris pour l'année 1832. Les recettes et les dépenses sont évaluées à la somme de 62,313,213 fr. Ainsi le budget de 1832 dépasse d'une vingtaine de millions celui des années précédentes. L'académie des inscriptions et belles lettres a élu, à la place vacante par le décès de M. de Chézy, M. Reinaud, conservateur-adjoint des manuscrits à la Bibliothèque royale.

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M. le duc d'Istrie, pair de France, capitaine dans la 10 legion de la garde nationale, vient de partir pour se rendre comme simple volontaire à l'armée du Nord.

M. Jauge, banquier, arrêté pour avoir entretenu des corespondances avec la Vendée, a été mis en liberté le 21 de ce mois.

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La police fait, dit-on, les recherches les plus actives pour découvrir l'individu qui a tiré le coup de pistolet du 19. On a arrêté un certain nombre de personnes, et fait des perquisitions chez d'autres : toutes appartiennent au parti républicain. Les journaux ministériels assurent que l'on est sur les traces du coupable.

21.

Cinq membres de la Société des droits de l'homme ont été arrêtés le 21 On avoit, dit-on, des soupçons sur l'un d'eux, à l'occasion de l'évènement du Pont-Royal.

La cour royale, réunie en assemblée générale, a évoqué l'instruction de l'affaire du Pont-Royal. Elle a chargé de cette instruction MM. Vincent-SaintLaurent, président de chambre, et Lefebvre, conseiller.

— Dans la nuit du 21 au 22, des jeunes gens se sont rassemblés dans les halles et marchés, où ils ont chanté la Marseillaise et la Parisienne. La police a trouvé dans ces halles des écrits séditieux.

Le marquis de Lansdown, président du conseil des ministres d'Angleterre, est parti de Paris pour Londres le 22 de ce mois.

- Après deux jours de débats, la cour d'assises a, le 22, condamné à la déportation le sieur Buttoud, comme coupable d'attentat et d'homicide le 5 juin. Lés sieurs Cazalas, Vidal, Vialas, Chatard et Pirot, accusés d'avoir construit avec lui la barricade de la rue Thiroux, ont été acquittés.

La seconde section a condamné le même jour les sieurs Prosper à dix ans de détention, et Laporte à cinq ans de la même peine, pour complicité à l'insurrection de cette époque. Le sieur Schoff, leur co-accusé, a été acquitté. Les deux condamnés sont des décorés de juillet.

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Le misérable Deutz, qui réclamoit de M. Cremieux, avocat à la cour de cassation, et israélite de religion, l'appui de son talent pour la justification de son crime, a reçu une lettre qui repousse énergiquement cette demande. M. Cremieux lui a déclaré que toute relation étoit impossible entre eux, qu'il n'appartenoit désormais pas plus au culte israélite qu'au culte catholique, et que la France entière seroit sourde pour lui à toute justification.

Le Journal des villes et des campagnes, à Paris, et la Gazette de Normandie, à Rouen, ont aussi ouvert des souscriptions pour Marie Bossy. Cinquante élèves en droit ont établi à Caen une semblable souscription.

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· M. Duguigny, frère des demoiselles chez qui madame la duchesse de Berri a été trouvée, et que l'on avoit jugé à propos d'arrêter aussi, n'a été retenu que peu de jours en prison.

Une pétition des dames de la Halle de Bordeaux, au nombre de 207, a été adressée au commandant de Blaye, pour obtenir à quelques-unes la permission d'aller servir madame la duchesse de Berri dans sa captivité.

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La Gazette du Midi, journal royaliste de Marseille, a été saisie le 15 à la poste et dans ses bureaux.

Un combat affreux s'est engagé le 15, à Lorient, entre des militaires du 16° régiment d'infanterie de ligne et du régiment d'artillerie de marine. Plus de 200 hommes ont mis le sabre à la main. Cet horrible duel a laissé beaucoup de combattans sur la place; mais enfin la force publique a triomphé de l'obstination des combattans.

L'audience de rentrée de la cour royale de Montpellier a été présidée par un président de chambre, M. Rozier. L'avocat-général Pagès a prononcé un discours entièrement en l'honneur de la révolution de juillet et du gouvernement actuel. Les deux autres présidens, le premier président et un grand nombre de conseillers se sont abstenus, comme les années dernières, de se rendre à cette cérémonie. M. Rozier a signalé cette absence dans son allocution. Au tribunal civil, il manquoit le président et quatre juges sur cinq.

La rentrée de la cour royale de Limoges a été encore plus remarquable sous ce rapport. Le premier président, M. de Gaujal, et les trois présidens de chambre, n'y ont point assisté ; il n'y a eu que 13 conseillers sur 27.

Sur une plainte en diffamation par M. Boullay, sous-préfet de Compiègne, le tribunal correctionnel de cette ville avoit condamné à quatre mois de prison M. Haudiquier père, et à un mois de prison M. Haudiquier fils, contrôleur des contributions à Compiègne, destitué pour opinion royaliste. Sur l'appel de ces deux derniers, la condamnation a été réduite à un mois de prison et 100 francs d'amende contre M. Haudiquier père, et à 50 francs d'amende seulement contre son fils.

- Les derniers bulletins du choléra, dans les départemens, contiennent les résultats suivans: Côtes-du-Nord, le 19, 48 nouveaux cas et 19 décès; Nord; le 19, 36 cas et 16 décès; Nord, le 20, 14 cas et 6 décès; Ille-et-Vilaine, le 19, 4 cas et 7 décès; Finistère, le 17, 3 cas et 1 décès; Côte-d'Or, le 19, 3 cas; Arles (Bouches-du-Rhône), le 17, I décès.

Le gros de l'armée française se concentre autour d'Anvers. Le quartiergénéral a été établi le 20 à Merxem, village voisin. Le matériel de siége arrive par l'Escaut et se débarque à Boom. Le génie s'occupe avec activité des préparatifs nécessaires. Les généraux Haxo et Neigre dirigeront le siége. La sommation au général Chassé, commandant la citadelle, doit se faire au premier jour. Le duc

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